Le travail des enfants dans l'agriculture, mythe ou réalité ? : une étude de cas dans les exploitations cotonnières au Bénin( Télécharger le fichier original )par Christhel Sonia Jesugnon Padonou Université Catholique de Louvain, Belgique - Master complémentaire en développement, environnement et sociétés 2013 |
4.1.2.2. Généralités sur la production agricole au niveau des exploitations cotonnièresv Modes d'accès à la terre par les RUP Sur l'ensemble des exploitations cotonnières, le mode d'accès à la terre dominant est l'héritage (55,8%) suivi du prêt (19,1%) et du don (15,2%). La location et l'achat des terres représentent respectivement 3,9% et 2,9% des modes d'acquisition du foncier. Les prêts peuvent être à durée déterminée ou indéterminée, mais sans contrepartie financière. La grande majorité des responsables d'unités de production sont des autochtones. D'où le mode d'accès dominant à la terre est l'héritage. Le graphique 6 présente les modes d'acquisition de la terre au niveau des exploitations cotonnières. Graphique 6: Mode d'accès à la terre au niveau des exploitations cotonnières Source :Graphique réalisé à partir de la base de données de l'enquêtede référence PROCOTON, 2009 ; N.d. non défini v Superficies cultivées et assolements pratiquées au niveau des exploitations cotonnières La moyenne des superficies totales cultivées pour la campagne agricole 2008-2009 est de 5,74 ha. Au niveau des superficies cultivées en coton, elles varient de 0,20 ha à 35 ha. La moyenne observée est de 1,90 ha (C.f. tableau 14). « Les exploitations ayant de grandes emblavures de coton, se rencontrent dans la zone cotonnière Alibori (Angaradébou, Goumori, Bakoussarou). En effet, dans cette zone, la culture attelée est utilisée pour certaines opérations culturales comme le labour et le sarclo-buttage. Ceci permet aux exploitants de cultiver de grandes superficies » (SNV, 2010 : 18). Par ailleurs, les superficies moyennes emblavées par les chefs de ménage sont plus élevées que celles des autres responsables d'unités de production. Tableau 14: Superficies cultivées par les responsables d'unités de production
Source :Tableau réalisé à partir de la base de données de l'enquête de référence PROCOTON, 2009 Dans l'ensemble des villages, les céréales occupent une place importante dans les assolements (42,2%). La culture cotonnière vient en deuxième position avec 14,1% des superficies cultivées. « Considérant la situation au niveau de chaque village, le coton occupe une place importante dans les villages de Goumori, Angaradébou, Yedekanhoun, Namoutchaga, Bakoussarou et Makrou Gourou. Moins de 8% des superficies ont été allouées au coton au niveau des autres villages » (SNV, 2010 : 83). Cette situation trouve son explication dans les multiples problèmes de la filière coton au Bénin, ayant obligé un bon nombre de cotonculteurs à abandonner cette culture et à rechercher d'autres alternatives. Au nombre de ces difficultés, on peut citer : § « La stagnation de la productivité physique du coton, attribuable à la baisse de la fertilité des sols ; § La résistance des ravageurs aux pesticides, qui a entraîné une augmentation des charges liées à l'achat des pesticides ; § La baisse des prix du coton et l'entrée en masse sur les marchés mondiaux de nouveaux gros producteurs telles que la Chine et l'Inde ; § La promotion de la diversification des productions agricoles, notamment les vivriers marchands et l'anacarde ; § les difficultés dans l'organisation de la filière (gestion des dettes des producteurs et des modes d'applicationdu principe de caution solidaire...) » (SNV, op.cit : 2). Le tableau 15 présente les types d'assolements pratiqués dans les exploitations cotonnières. Tableau 15: Assolements pratiqués dans les zones cotonnières
Source : SNV (2010b). Enquête de référence PROCOTON, 2009. Annexe 1-Données par village (p.3) L'analyse du tableau montre la place importante qu'occupe la production vivrière au sein des exploitations. En effet, les spéculations vivrières marchandes sont utilisées par les agriculteurs comme sources de revenus alternatives au coton.La diversification agricole encouragée par le pays, ainsi que l'augmentation de la valeur marchande des spéculations vivrières justifient en partie cette situation (SNV, 2010 : 86 ; PSRSA, 2010 : 53) v Liste des opérations culturales et calendrier cultural du cotonnier Plusieurs opérations culturales sont nécessaires à la production de coton comme le montre le tableau 16. « Dans les systèmes de culture en milieu contrôlé, la production du coton est conduite sur la base des besoins en temps réel de la plante » (Bourland, 1992 cité par Lawson, 2008). Mais au Bénin, où la culture du coton est pluviale, la conduite de la production est basée sur les saisons des pluies. Les périodes de semis sont fixées au mois de juin (plus tôt au Nord :1er juin et un peu plus tard au sud) (Lawson, op.cit). Ainsi, les travaux champêtres pour la production du coton vont du mois de juin au mois de décembre avec des variabilités selon les différentes zones agroécologiques. La grande partie de la période de culture de coton, notamment la période avant récolte, ne coïncide pas avec le calendrier scolaire au Bénin. En effet, l'année scolaire au Bénin va du mois d'octobre au mois de juin, après les examens nationaux (Certificat d'études primaires, le Brevet d'études du premier cycle...)Mais la période de récolte du coton quant à elle, coïncide avec le calendrier scolaire. Par ailleurs, la plus grande partie des opérations culturales se fait manuellement, à l'exception du labour et du sarclobuttage, qui sont effectuées par certains producteurs (18%) à l'aide de la culture attelée (SNV, 2010 : 18). Somme toute, pour l'atteinte d'un niveau de productivité satisfaisante, la culture du coton requiert un accès, un contrôle suffisant et une allocation judicieuse des facteurs de production (équipements : attelages ; main d'oeuvre...)
Source : Calendrier réalisé sur la base de données de l'enquête Procoton et de Lawson, 2008 Nettoyage des lieux de stockage
Tableau 16: Calendrier cultural du cotonnier L'analyse du temps alloué aux opérations culturales montre qu'en moyenne 109 H/J de travail sont nécessaires pour la culture d'un hectare de coton, contre 56H/J pour le maïs. « L'équivalent adulte servant de standard est un homme adulte en situation de travail. Les femmes non impliquées dans une activité reproductive (allaitement, grossesse) et âgées de 15 à 50 ans sont également considérées comme un équivalent-adulte. Les enfants et les personnes âgées sont comptés pour moins d'un équivalent adulte » (SNV, 2010 : 36). La production de coton utilise plus le facteur travail que d'autres cultures de l'exploitation. Le labour, le sarclage et surtout la récolte apparaissent comme les opérations les plus pénibles et consommatrices de temps au regard du nombre d'actifs qu'elles peuvent consommer. v Organisation du travail agricole et allocation de la main d'oeuvre au niveau des exploitations cotonnières Le temps de travail des membres du ménage dont l'âge est supérieur à 5 ans est réparti entre quatre (4) catégories d'occupations : § Les activités sociales et culturelles, puisles loisirs : ils regroupent les jeux, les cérémonies coutumières, les réunions communautaires... ; § Les activités de formation : elles consistent à la scolarisation ou aux formations professionnelles § Les tâches domestiques : elles comprennent la collecte de l'eau, du bois et toutes autres activités du ménage ; § Le travail sur les unités de production : il concerne exclusivement les travaux au champ. Ce travail productif concerne non seulement la production cotonnière, mais aussi les autres spéculations pratiquées dans l'exploitation. Le graphique 7 montre l'allocation du temps de travail de 9,3 personnes (les enfants de moins de 5 ans ne sont pas pris en compte) dans un ménage moyen de 10,3 membres pendant une année. Graphique 7: Répartition du temps de travail au sein d'un ménage pendant une année Source :Graphique réalisé à partir de la base de données de l'enquête de référence PROCOTON, 2009 L'analyse du graphique montre que les actifs du ménage allouent 37% de leur temps de travail à la production. Les activités sociales et de loisirs occupent également une part importante dans le ménage. Les personnes âgées allouent une grande partie de leur temps aux activités sociales, et les enfants quant à eux, pour les loisirs. Viennent ensuite les activités domestiques et les activités de formation. Quant à l'organisation de la main d'oeuvre, elle varie d'un village à un autre.La main d'oeuvre familiale et la main d'oeuvre salariée sont utilisées. La main d'oeuvre familiale est beaucoup plus mobilisée à Aplahoué (100%) et Kandi (90%), comparativement aux communes de Dassa, N'Dali, Djidja, Glazoué et Banikoara, où c'est la main d'oeuvre salariée qui est majoritairement utilisée. * 44 Temps alloué exprimé en Homme jours par hectare |
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