2.3. Cadre théorique de
l'étude
Lorsqu'on parle de théories en matière de
déterminants du travail des enfants, deux auteurs reviennent souvent. Il
s'agit de Basu et Van (1998) qui expliquent le travail des enfants à
travers l'approche de bien-être des ménages. Dans cette approche,
la pauvreté est l'unique facteur qui explique le travail des enfants.
2.3.1. Approche en termes de
bien - être des ménages
Cette approche explique le travail des enfants par le
bien-être de leurs ménages. Elle analyse le travail des enfants
sur la base du revenu de leurs parents et à travers l'état de
pauvreté des ménages. Pour ces auteurs, le travail des enfants
est un problème de pauvreté des parents qui se voient contraints
de faire travailler leurs enfants pour des raisons de survie. Ce qui revient
à dire qu'une augmentation des salaires des parents entrainerait le
retrait des enfants du marché du travail (Fouedjio, 2008 ; Diallo
et Koné, Sd :2-3).
Le modèle théorique de Basu et Van repose sur
deux hypothèses appelées axiomes :
v L'axiome de luxe : il stipule
qu' « une famille fera travailler les enfants lorsque son revenu
devient relativement faible avec la suppression du travail des
enfants » (Basu et Van, 1998 : 416). Ainsi, le travail des
enfants est utilisé pour le financement du bien-être du
ménage. Les loisirs sont perçus dans cette approche comme un bien
de « luxe » que ne peuvent se procurer les
ménages que lorsqu'ils disposent d'un revenu supérieur au seuil
critique de subsistance.
Cette hypothèse de pauvreté des ménages a
été vérifiée par l'étude menée sur le
travail des enfants dans la filière vanille précédemment
citée, ainsi que celle réalisée par l'IITA dans les
plantations de cacao.
v L'axiome de substitution : il implique
que « les adultes sont remplaçables par les enfants sur le
marché du travail dans une entreprise » (Basu et Van,
1998 : 416). Ces auteurs identifient deux catégories
d'équilibre possibles sur le marché du travail. Il s'agit
du :
§ « bon
équilibre » qui prévaut lorsque les
enfants ne travaillent pas. En effet, les salaires des parents atteignant un
niveau suffisamment élevé, ils n'ont plus besoin de recourir au
travail de leurs enfants. Par ailleurs, les industries, ayant atteint
également un niveau élevé de développement ne
feront plus recours à la main d'oeuvre infantile ;
§ « mauvais
équilibre » : dans ce cas, les enfants sont
fortement présents sur le marché du travail, en raison des
niveaux de salaires très bas des parents. Ainsi, la main d'oeuvre
infantile entre en concurrence avec celle des adultes. Le résultat de
cette situation est une baisse des niveaux de salaire sur le marché du
travail. En outre, lorsque le « mauvais
équilibre » prévaut, une suppression du travail
infantile, rétablirait le « bon équilibre »
toutes choses étant égales par ailleurs (Basu et Van,
op.cit)
Les résultats de plusieurs études empiriques ont
confirmé l'hypothèse de Basu et Van,relative à l'existence
d'un lien entre la pauvreté des ménages et le travail des enfants
en agriculture.
Les études précédemment citées,
menées par l'IITA dans les plantations de cacao et par l'OIT dans la
filière vanille, ont identifié la pauvreté des
ménages et la faiblesse des revenus, comme étant le premier
facteur déterminant le travail des enfants.
Cependant, certaines études empiriques font état
de la non linéarité entre pauvreté des ménages et
travail des enfants. Les études de Rajan (2000) au Pérouet de
Canagarajah et Coulombe (1997)au Ghana infirment cette hypothèse.
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