5.3.3. Des affrontements politico-ethniques pendant la
période électorale
Les dernières élections présidentielles
ont montré la fragilité du tissu social guinéen car, tout
au long des campagnes électorales, des violences se sont poursuivies
entre des militants de partis différents notamment ceux du RPG, de
l'UFDG et de l'UFR. Entre les deux tours, les violences prenaient de l'ampleur
suite à des discours ethnocentriques de la part des deux parties. A
Kankan, Siguiri et Kissidougou, des peuls furent attaqués par des
malinkés qui les accusaient de soutenir l'UFDG dans les fiefs du RPG.
Les enquêtés ont des positions différentes par rapport
à ces violences.
Pour les uns (52% de l'échantillon), ce sont les peuls
qui ont mené des campagnes ethniques en disant : « C'est notre tour
». Ces enquêtés soutiennent aussi que des boissons
rafraichissantes avaient été empoisonnées et vendues par
les peuls à Conakry. Cette tendance est soutenue par des
interviewés de la mouvance présidentielle mais aussi des
interviewés issus d'autres groupes socioculturels et d'appartenance
politique différente.
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Pour les autres (38 % des interviewés), essentiellement
des peuls, c'est les malinkés qui avaient commencé à
violenter les peuls et le pouvoir est resté indifférent face
à ces violences. Pour eux, c'est le signe du soutien du président
de la transition au candidat du RPG puisque les militants de ce parti n'ont pas
été inquiétés pour avoir commis des violences
contre des peuls. Les uns accusent le président de l'UFDG de faire une
campagne ethnique et les autres accusent le candidat du RPG d'avoir
donné l'ordre à ses militants de piller les commerces des peuls.
Ces violences constituent un obstacle au dialogue entre les deux partis
politiques et entre les deux groupes socioculturels qui les forment parce que
chacun accuse l'autre d'être le commanditaire des violences et donc aucun
ne veut reconnaitre sa culpabilité dans ces violences.
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