4.1.Atouts et faiblesses des transitions militaires
Les transitions militaires sont des périodes de la
transition, périodes pendant les quelles les dirigeants politiques
étaient des officiers militaires de l'armée nationales. On
distingue deux périodes de transitions militaires : la première
dirigée par le Capitaine Moussa Dadis Camara du 23 décembre 2008
au 15 janvier 2010 et la seconde dirigée par le General Sékouba
Konaté du 15 janvier 2010 au 21 décembre 2010. Ces
périodes ont été marquées par des
évènements politiques que les guinéens ne
perçoivent pas de la même manière. Les investigations ont
porté sur les atouts et faiblesses de ces deux périodes de
gestion militaire du pays.
4.1.1. Atouts des transitions militaires
4.1.1.1.Atouts de la présidence du Capitaine
Moussa Dadis Camara
Les discours des enquêtés sur la transition du
capitaine Dadis sont quelques fois contradictoires. Mais la majorité se
sont prononcés positivement quant aux atouts de sa présidence.
D'abord, concernant son arrivée au pouvoir après la mort du
président Conté, presque toutes les personnes interrogées
(96 % de l'échantillon) affirment l'avoir perçu comme un espoir.
Ce qui s'explique par le fait que les guinéens avaient perdu l'espoir
durant les dernières années de gestion du pays par le General
Lansana Conté. Ils étaient en majorité, dans l'attente de
la fin du règne du président Conté qui, vraisemblablement,
était fatigué par la maladie et s'éloignait du jour au
jour, des affaires du pays. Cet espoir des guinéens à
l'arrivée du Capitaine Camara, fut un soutien de poids de l'opinion
publique (input intra sociétal) pour les actions et décisions de
la junte militaire au pouvoir. Ce soutien donnait au Capitaine Camara une
légitimité intra sociétale et extra sociétale
puisque les leaders politiques avaient désormais l'espoir de concourir
à une élection juste et transparente. La communauté
international de son coté, après quelques moments de doute, avait
finalement prit
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l'engagement d'accompagner la junte dans l'accomplissement du
processus de transition avec la création du groupe international de
contact pour la Guinée.
Encadré 3 : extraits
d'entretiens
`' J'étais très content à
l'arrivée au pouvoir du CNDD de Moussa Dadis Camara. Mais j'avais des
doutes parce que je ne fais pas confiance aux militaires. Mais puisqu'on
était fatigué de la gestion du General Lansana Conté,
ça ne pouvait qu'être un espoir de voir des hommes nouveaux
à la tête du pays»
`'J'étais content comme tout bon patriote qui pense
à l'avenir de la Guinée»
`'L'arrivée du CNDD était un soulagement et
un réconfort vis-à-vis de la situation politique et
économique du pays. Le CNDD était venu avec un objectif clair et
précis et il y avait plus de pratiques que de théories dans leurs
faits»
`'J'avais bonnement apprécié
l'arrivée du CNDD au pouvoir parce que je voyais en eux les sauveurs de
la Guinée»
Source : Enquêtes de terrain
2011
Au total, 81 % des personnes interrogées reconnaissent
que des actes positifs ont réellement été posés.
Parmi ces actes, il a été retenu principalement :
- Le goudronnage des rues de Conakry et de certaines villes de
l'intérieur du pays ;
- Le désenclavement des quartiers situés en
banlieue de Conakry ;
- La lutte contre la corruption ;
- La poursuite des débiteurs de l'Etat ;
- La révision des contrats miniers ;
- La lutte contre le narco trafic et le démentellement de
plusieurs réseaux de mafia ;
- La rénovation de l'aéroport international de
Conakry Gbessia ;
- La réduction de l'insécurité ;
- La mise à la retraite des Généraux de
l'armée ;
- La liberté de la presse ;
- La liberté politique ;
- La lutte contre l'ethnocentrisme et le favoritisme ;
- La reconstruction des casernes militaires ;
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On s'est rendu compte que les guinéens du Bénin
en général, de diverses appartenances politiques et
socioculturelles, gardent un bon souvenir quant aux actes posés par le
Capitaine Moussa Dadis Camara. Mais celui-ci, suite à un incident,
transmettra le pouvoir au General Konaté pour « finaliser la
transition ».
4.1.1.2.Atouts de la présidence transitoire du
General Sékouba Konaté
Le General Sékouba Konaté fut mandaté par
les accords de Ouagadougou du 15 janvier 2010, d'organiser des élections
présidentielles dans un délai de six mois afin de transmettre le
pouvoir aux civils. 72% des enquêtés lui sont reconnaissant quant
à l'organisation des élections présidentielles et sa
volonté affichée de remettre le pouvoir aux civils. Mais la
majorité (44% de l'échantillon) de ceux qui ont qualifié
de positif le bilan de son règne, sont des membres de son groupe
socioculturel. Toutes les personnes interrogées qui en ont fait un bilan
négatif, sont du groupe socioculturel peul (28% de la taille de
l'échantillon). Ce qui n'est pas étonnant, car, en Guinée,
les peuls et les malinkés ont toujours des positions opposées.
Chacun apporte son soutien aux membres de son groupe socioculturel. En dehors
de ces positions socioculturelles, 28 % des enquêtés issus
d'autres groupes socioculturels ont reconnu l'oeuvre du General Sékouba
Konaté : celle d'avoir conduit la Guinée à des
élections présidentielles. Ce qui traduit la reconnaissance des
autres groupes socioculturels sur la conduite des élections par le
General Konaté.
Parmi les actes cités par les enquêtés il y
a:
- L'organisation des élections présidentielles ;
- La création des institutions de la transition ;
- La reprise de la coopération avec le monde diplomatique
;
- La liberté politique ;
- La mise en place du CNT ;
- La discipline au sein de l'armée ;
- Le maintien de la paix.
Cependant, il n'ya pas eu que des atouts de ces deux
présidences militaires. Il y a eu aussi l'enregistrement des
défaillances ou des faiblesses.
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