3.2.Des diasporas guinéennes du Bénin
Potentiellement estimés à 1759 habitants,
répartis dans 824 ménages dont 1198 ayant 18 ans et plus, et 561
de moins de 18 ans. (CONSULAT HONORAIRE, 2008), les guinéens du
Bénin sont très diversifiés. Cette diversité se
fait sentir dans les raisons ayant entraînés leur départ du
pays, les activités qu'ils exercent au Bénin et surtout les
conditions indispensables à leur retour en Guinée. En analysant
cette situation, il est préférable de les considérer au
pluriel comme des diasporas et non comme une diaspora. Dans les lignes qui
suivent, une classification de cette pluralité diasporique a
été faite en fonction des raisons de départ, des
activités exercées au Bénin et des conditions de retour en
Guinée.
3.2.1. Les raisons de départ
En posant la question de savoir : pour quelles raisons
avez-vous quitté la Guinée nous avons obtenus de nos
enquêtés, des réponses variées
représentées par ce graphique qui suit:
51
Graphique 1: Répartition des
enquêtés selon les raisons de départ
30%
25%
20%
15%
10%
0%
5%
Difficultés économiques
(30)
28%
Etudes (21) Désir de
voyager (21)
Raisons de départ des
enquêtés
20% 20%
Mariage (17) Chômage (9) Instabilité
politique (5)
15%
8%
5%
Travail (4)
4%
Source : Enquêtes de terrain
2011-2012
En partant des réponses fournies par les
enquêtés, il a été retenu sept (07)
catégories de raisons ayant motivé les guinéens à
immigrer au Bénin. La première catégorie est celle des
enquêtés ayant quitté le pays pour des raisons de
difficultés économiques. C'est d'ailleurs la catégorie
dominante car, elle représente 28 % de la taille de
l'échantillon. Mais il faut retenir que la majorité de ces
enquêtés sont des personnes ayant des niveaux d'étude
primaire ou secondaire et qui ont opté pour l'apprentissage d'un
métier. D'autres parmi eux sont sans instruction. Ce qui explique que
dans la société guinéenne, les personnes sans instruction
ou ayant un niveau d'étude faible, sont plus confrontées aux
difficultés économiques et la plupart d'entre eux s'orientent
dans la recherche du matériel financier où qu'il soit. Une fois
hors du pays, beaucoup se mettent à la recherche de l'argent facile.
La seconde catégorie est celle des
enquêtés (20%) qui ont affirmé avoir quitté le pays
pour des raisons d'études supérieures. La presque totalité
d'entre eux sont des étudiants en cycle doctoral. Ce qui justifie le
manque cruel d'écoles doctorales en Guinée. Mais cela peut
s'expliquer d'une part par le manque de volonté politique et d'autre
part le non retour au pays des intellectuels guinéens formés
à l'étranger sous le régime Sékou Touré. Par
peur d'être des victimes du régime Sékou, ces
intellectuels, qui auraient dû être les promoteurs de grandes
écoles aptes à former les nouvelles générations
pour un développement national, sont
52
malheureusement restés hors du pays, au service
d'autres nations et au détriment de la jeunesse guinéenne.
Après l'obtention d'une maîtrise, pour suivre une formation de
troisième cycle, les jeunes guinéens sont dans l'obligation
d'aller vers d'autres pays avec tous les frais que cela engendre.
En dehors des programmes de bourses offerts par des organismes
internationaux, les bourses doctorales gouvernementales sont presque
inexistantes ou sont données par affinités si elles existent.
Beaucoup de jeunes guinéens sont ainsi contraints à se limiter au
niveau maîtrise même s'ils ont la volonté et la
capacité intellectuelle de faire de brillantes études doctorales.
19 % des enquêtés sont de cette catégorie au même
titre que ceux qui ont quitté le pays par simple désir de
s'aventurer et de découvrir d'autres cieux. Parmi ceux-là, il y a
principalement des artisans, des informaticiens et des commerçants. Ce
qui explique aussi la volonté manifeste de certains à
découvrir d'autres pays.
La catégorie suivante est celle des interviewés
qui sont au Bénin pour des raisons de mariage. Elles sont toutes des
femmes mais les circonstances de mariage sont aussi différentes car,
certaines vivent au Bénin avec leurs maris guinéens tandis que
d'autres se sont mariées à des béninois. On comprend ici
que les femmes guinéennes du Bénin sont arrivées soit par
mariage soit par des personnes proches. Elles représentent 15 % de
l'échantillon. La catégorie suivante est celle des
guinéens qui ont quittés le pays pour des raisons de
chômage (manque d'emploi). Ils représentent 8 % de la population
touchée. Ce qui explique aussi l'existence du chômage qui
contraint beaucoup de guinéens à immigrer.
Une autre catégorie est celle des répondants
qui, pour des raisons d'instabilité politique, se sont installés
au Bénin. Cela s'explique par les violences politiques dont fait l'objet
certaines personnes qui ne sont pas favorables au régime en place. Pour
éviter d'être la cible du pouvoir, ces personnes quittent le pays
pour aller vivre ailleurs. Ils représentent 5 % de la taille de l
échantillon. Enfin, il y a les guinéens arrivés au
Bénin pour des raisons de travail. Ce sont des fonctionnaires
guinéens travaillant au Bénin. Ce qui explique la
coopération bilatérale entre les deux pays. Ils
représentent 4 % de l'échantillon.
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Encadré 1 : extraits
d'entretiens
`' J'ai quitté la guinée pour pouvoir
poursuivre des études de troisième cycle en Sciences
Mathématiques. La guinée ne dispose pas d'une formation de
troisième cycle en maths `'
`'Moi je me suis mariée à un béninois
c'est pourquoi je suis venu vivre dans son pays `'
`' Moi j'ai quitté la Guinée parce que
j'avais l'ambition de voyager et de découvrir d'autres
pays»
`'Après l'université, nous étions
confrontés au chômage. On passait notre temps dans les
hôpitaux pour chercher du travail et ça ne marchait pas. J'ai donc
décidé de quitter la Guinée dans l'espoir de trouver du
travail au Bénin»
`'Moi j'ai soutenu en 1987 et je n'avais pas de travail.
C'est ainsi que j'ai quitté la Guinée pour venir chercher du
travail au Bénin»
`'J'avais des difficultés économiques en
Guinée, mon frère et moi avons décidé de nous
rendre en Guinée équatoriale pour chercher de l'argent. C'est
ainsi que je lui ai rejoint au Bénin et nous cherchons comment trouver
le nécessaire pour le voyage en Guinée
équatoriale»
Source : Enquêtes de terrain
2011
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