8.2.5-
Relégation du statut des femmes âgées
La société Odjukru à l'instar de
plusieurs sociétés traditionnelles a une conception
d'infériorité du rôle et du statut de la femme bien qu'elle
soit de type matrilinéaire. Cette relégation de la femme se
perçoit notamment à travers les cérémonies de
sacre, d'investiture et des assemblées villageoises.
8.2.5.1- Low
Les jeunes filles appartiennent au même titre que les
jeunes garçons à des générations et classes
d'âge. Cependant, on ne célèbre pas leur fête de
génération comme leurs congénères hommes. Il nous
arrive de parler d'une célébration indirecte c'est-à-dire
qu'elles ressentent, vivent et festoient en marge du low de leurs
congénères hommes. Toutefois, on trouve un équivalent du
low chez la femme, appelé dediakpo.
8.2.5.2- Angbandji
La femme est un élément de la richesse et de la
noblesse de l'homme. Par conséquent, elle se tient aux
côtés de son époux pour célébrer son
angbandji. C'est l'homme qui se trouve au premier plan de la
célébration de l'angbandji et non la femme. Cela est logique
d'autant plus que la femme n'a pas droit à la propriété
foncière. Or, dans les sociétés traditionnelles, le
travail de la terre est l'activité qui crée la richesse et la
détention de capital économique. En fait, on pense que la femme a
tendance à s'enorgueillir quand elle acquiert la richesse.
8.2.5.3- Êbeb
Il s'inscrit dans la même logique de marginalisation de
la femme que le low. Les femmes ne pouvant pas prétendre à
gouverner et diriger ni la famille ni le village, elles ne sont pas directement
sacrées et investies êbebu. Ce sont leurs congénères
hommes qui reçoivent les insignes du pouvoir et sont soumis à des
rituels. Les femmes âgées accompagnent les hommes lors des
cérémonies. Une fois que les cérémonies de sacre
prennent fin, sur toutes les scènes on ne voit plus que les êbebu.
Les femmes âgées retournent à leurs rôles et
activités quotidiens. A titre honorifique, on leur décerne le nom
d'êbebyow.
Aussi, si nous avons de part et d'autre des hommes et des
femmes lêlessel ou lakpikine, le plus souvent c'est le titre des hommes
qui est prononcé et mis en relief.
8.2.5.4- Ethique de la parole
Il faut dire que les femmes ne sont pas concernées par
les assemblées villageoises puisqu'elles n'ont pas droit à la
parole. Si la femme a des choses à dire, elle doit s'adresser en
principe à l'homme le plus âgé de sa
génération qui à son tour rapporte l'information à
la réunion. Toutefois, elle peut être autorisée, dans des
circonstances exceptionnelles, à s'exprimer en public. Dans ce cas, elle
s'assoit à même le sol, les pieds joints et tendus.
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