Approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes à¢gées : le cas de l'êbeb chez les Odjukru (côte d?ivoire)( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université Félix Houphouet Boigny de Cocody-Abidjan - Thèse Unique de Doctorat en Sociologie 2013 |
8.1.2- Prééminence du lien social et socioculturel sur l'internement malgré les affres de l'âgePour affirmer la prédominance du lien social et socioculturel des enquêtés sur l'internement, nous avons pris des situations désespérées ou attrayantes (maladies, les lieux de référence (la ville)), la répugnance pour la vieillesse et nous avons donné la possibilité à l'individu de quitter son village. Les questions qui servent d'office d'"expérimentation" révèlent ce qui suit dans les tableaux. · Possibilité de quitter son village Nous constatons que 95,9%209(*) des personnes refusent l'exode en affirmant leur attachement au village et à leur famille. Cela est encore vrai quand les personnes âgées ne sont pas satisfaites de la prise en charge (3%), quand elles trouvent inopportunes de quitter leur village au regard de l'âge (10,6%). Les individus favorables à quitter leur village sont ceux qui disent vivre dans un environnement hostile soit 1,9%. · Préférence du village à la ville Tableau 42 (PC) : Choix du lieu de résidence en temps de retraite
Source : enquête personnelle, 2010. A la lecture du tableau, nous remarquons que 62% et 12% des personnes âgées qui ont résidé en ville pendant leur période d'activité ou pendant la période d'activité de l'époux sont venues s'installer au village bien qu'ayant une pension de retraite. Or, la ville avec ses conforts en termes d'infrastructures (routes, hôpital, eau, électricité etc.) attire le monde. Elles vont au village pour exercer leur fonction d'êbebu, pour se reconvertir à une activité ou pour retrouver leur classe d'âge. · Préférence de la vie communautaire à l'hospice Tableau 43 : Perception de l'hospice
Source : enquête personnelle, 2010. Nous avons expliqué l'hospice aux enquêtés en tant qu'institution de prise en charge des personnes âgées. Malgré l'explication qui a présenté sciemment les avantages de l'hospice, nous avons constaté paradoxalement que la majorité des personnes âgées ayant un état de santé fragile mais satisfaite du statut d'aîné social refuse d'aller y vivre. Nous comptons dans ce cas 17,5% et 49,4% d'individus ayant respectivement un état de santé mauvais ou assez bon. En outre, nous avons 1,2% et 1,6% de personnes âgées déçues de leur statut d'aînés sociaux et ayant une santé instable qui ne veulent pas de la vie à l'hospice. En revanche, nous avons 1,2% et 3,7% de personnes âgées qui ne sont pas satisfaites de leur statut d'aînés sociaux et ayant une mauvaise santé qui sont favorables à la vie à l'hospice. Si de façon générale, la tendance est le refus de la vie à l'hospice, il faut dire que la dépréciation du statut de la personne âgée et la mauvaise santé favorisent l'envie d'être admis dans une maison de retraite. Pourquoi les individus sont-ils attachés à leur village ? Selon nos sachants, la place de l'individu Odjukru est de résider dans son village, d'où sa fonction d'êbebu. Le mot êbebu, nous le rappelons, est tiré de la racine eb qui veut dire la société ou la culture210(*). C'est une infortune, un déshonneur que d'être enterré hors de son village et de l'abandonner. Les individus Odjukru doivent moralement fidélité à leurs parents morts et enterrés au village. Le village natal est la raison d'être de l'individu, eb, et être êbebu, c'est-à-dire chef de terre et de communauté est la plus grande reconnaissance du village à l'individu attaché à son village. C'est ce que fait savoir un homme âgé de 78 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-kata qui dit ne pouvoir vivre nulle part ailleurs que dans son village natal, parce qu'il leur est défendu de le faire surtout qu'il est le gardien de tout l'héritage de ses aïeux. Outrepasser la volonté de ses parents serait, provoquer leur colère qui s'exprimera par des sanctions. En dépit de tout, il faut dire que la vie dans une maison de retraite n'est pas l'idéal. Elle est une solution de dernier recours qui doit s'offrir aux personnes âgées en situation de dépendance et n'ayant plus de famille pour s'occuper d'elles. C'est pourquoi, en vue d'encourager les aînés sociaux à se maintenir à domicile, la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse211(*) (CNAV) en France accordent des aides financières pour la rénovation, l'adaptation et l'entretien de logement. * 209Voir infra, p. 244 tableau 41: Attachement aux liens familiaux et au village d'appartenance. * 210Harris Memel-Fotê, op. cit., p. 116, 118, 122. * 211www.marne.fr/index.php/public/vivre/familles/personnes-agees/la-vie-sociale-et-les-loisirs. |
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