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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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PARAGRAPHE 2 : LES DEFICITS CHRONIQUES DE GOUVERNANCE

La gestion des affaires courantes en RCA, l'une des plus chaotiques dans la sous-région, a plongé ce pays dans une situation de sous-développement endémique. L'absence de bonne gouvernance (A) et la corruption galopante (B) ont contribué à entretenir des tensions au sein de la société.

A- LA CONFIGURATION DISTENDUE DE L'ADMINISTRATION

On note des insuffisances dans l'édification d'une administration performante. Il s'agit de faiblesses d'ordre fonctionnel et organisationnel. Tout se joue à Bangui. Pourtant, la gouvernance doit se reposer sur une approche territoriale, entendue comme un ancrage local tenant compte de la complexité et de la réalité et tachant d'en apporter des réponses appropriées. Elle doit également reposer sur la subsidiarité qui combine trois idées fondamentales: le partage de la responsabilité commune entre les différents niveaux de gouvernance, l'élaboration par chaque niveau de réponses spécifiques et adaptées à la diversité des situations rencontrées et enfin, aucun des niveaux ne doit disposer d'une souveraineté absolue. Car faut-il le rappeler, ils ne sont que de simples gestionnaires et comptables de gestion devant toute la communauté. Dit autrement, le pouvoir et l'exécution des taches doivent être une affaire de tous. Il n'y a pas une véritable décentralisation: toutes les régions de la RCA ne sont pas associées aux prises de décisions. Elles ne bénéficient pas des mêmes investissements en termes d'infrastructures. Les infrastructures qui constituent également un véritable goulot d'étranglement. Déjà que 90% des bâtiments sont un legs de la colonisation française203(*). On assiste à une répartition approximative : la plupart des fonctionnaires sont dans les grandes villes du pays. Les problèmes de faibles effectifs sont chroniques. Il y'a des problèmes de compétence et de compétitivité qui pourtant sont des leviers d'une bonne administration. On note également l'absence flagrante des services publics renforcée par l'insécurité dans certaines parties du territoire. Le spectre tribal est on ne peut plus manifeste. Certaines populations au Nord et à l'Est notamment se sentent abandonnées par le pouvoir de Bangui. Il continue de s'agir d'une ethnie, d'une religion au lieu de la RCA.

B- LA CORRUPTION

L'administration centrafricaine tarde à mettre fin aux pratiques jusque-là observées dans la gestion courante des affaires publiques du pays. Des réformes institutionnelles ne sont pas initiées.La lutte efficace contre la corruption en prenant exemple sur d'autres pays plus aguerris dans le domaine notamment le Cameroun avec la CONAC, est loin d'être effective au fil des régimes et semble ne pas figurer dans les priorités des dirigeants. Les recrutements à la fonction publique continuent de se faire non pas sur les bases de la compétence et du mérite, mais celles tribales et clientélistes. Toutes les tribus ne peuvent toujours pas accéder aux sphères de décision et encore moins être représentées.

D'où la corruption galopante qui se manifeste de différentes manières. D'abord dans la désignation des cadres et agents d'Etat. Les recrutements se font sur les critères ethniques, tribalistes et confessionnels. D'autre part, les candidats qui n'ont pas d'affinité achètent leur poste. C'est plus récurrent dans l'armée, la police etla douane (service des impôts). On note également l'absence de probité (toutes les couches sociales sont touchées), le manque de responsabilisation et d'obligation de rendre des comptes, le manque de transparence, d'efficience, d'efficacité, de satisfaction dans l'administration en RCA.En outre, l'accès à la justice est également un défi majeur et un obstacle à la construction démocratique et à l'équilibre social; et l'efficacité des mesures de promotion et de protection des Droits de l'Homme (en) est tributaire. L'impunité règne en maitre aux plans social et politique. L'exacerbation des frustrations au sein des populations est si manifeste qu'elles ne croient plus aux institutions. Avec le temps,ces institutions sont devenues interlocutrices, peu crédibles parce que très peu motivées et très peu outillées pour remplir leurs rôles. Autant d'éléments qui créent et nourrissent des crispations.

* 203 Cf. Dieudonné MOZOUALA, « Fragilité de l'Etat et sous-développement en Centrafrique », Enjeux,numéro 38, Mars 2008, p. 77.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery