B. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE
L'idée de s'intéresser à cette question a
été proposée par le bureau d'étude l'Humain
Volontaire, très attaché à la notion d'ancrage
territorial, au début du stage afin d'élargir le travail
d'enquête présenté en deuxième partie du
mémoire en s'intéressant aux perspectives de dynamisation du
site. Le but était de proposer des pistes pour que le projet reste
ancré dans le territoire, que la dynamique d'action collective, à
l'oeuvre actuellement, perdure, le tout afin que le site vive dans le temps.
Des entretiens ont donc été menés auprès de divers
acteurs clés. Tout d'abord, la quasi-totalité des membres du
groupe-projet a été rencontré (ces différentes
personnes ou structures ont été présentées dans la
première partie du mémoire)39. Ensuite les
gestionnaires, ou acteurs clés, d'autres sites 1001 terrasses
d'Ariège ayant une visée principalement touristique ou de loisirs
ont été rencontrés. Ainsi l'angle de vue a pu être
plus large et bénéficier de leur recul sur leur propre
expérience. L'idée était d'identifier ce qui
était
39 Voir aussi en annexe le tableau
récapitulatif des personnes rencontré pour cette partie du
travail.
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transposable ou pas, de voir les points communs et les
différences avec le projet du site de Foix.
C. LES LIMITES
L'étude menée a permis de voir comment cela
fonctionne sur d'autres sites de terrasses ouverts au public, de
répertorier des idées de projets à mettre en oeuvre, de
s'interroger sur les possibilités de pilotage, notamment pour la mise en
oeuvre de nouveaux projets, et de faire quelques propositions pour des pistes
d'approfondissement.
Toutefois, ce travail a de nombreuses limites. Il aurait pu
être beaucoup plus développé en ayant plus de temps
à y consacrer et peut-être aussi en ayant été
menée plus en aval dans l'avancée du projet. Le faible nombre
d'acteurs présents, notamment en raison de la période estivale,
lors de la réunion dont le programme était « Quels projets
pour faire vivre le site de terrasses du Pech de Foix ? Quel fonctionnement
pour le groupe projet ? » n'a pas non plus aidé à enrichir
les réflexions de ce travail. Cette réunion devait permettre
d'avancer plus sur ce sujet mais certains acteurs clés pour les
activités à développer sur le site comme la FAJIP ou
Mélanie Savès (Guide culturelle) n'était pas
présents. De plus, aucun des propriétaires n'étaient
là. Le plan de dynamisation demandé n'a pas vraiment
été réalisé mais l'accent a été mis
sur toutes les possibilités que ce site offre et sur ce qui apparait
comme prioritaire à mettre en oeuvre.
II. AUTRES SITES DE TERRASSES : ACTIONS MISES EN OEUVRE,
MODALITES DE GESTION
Identifier ce qui était transposable ou pas,
préciser les points communs et les différences n'a pas vraiment
pu être fait pour chacun des sites car les informations recueillies
n'étaient pas suffisamment conséquentes. Une vraie comparaison
aurait nécessité un travail beaucoup plus poussé. Il
aurait fallu pour cela y consacrer plus de temps et rencontrer plusieurs
acteurs clés pour chacun des sites. Toutefois, nous pouvons restituer
ici un aperçu du fonctionnement de chacun des sites. De plus, chacun a
ses propres particularités et s'inscrit dans un contexte avec ses
caractéristiques géographiques, ses composantes humaines,
matérielles etc. C'est pourquoi on ne peut pas transposer tel quel un
mode d'approche ou de fonctionnement. Toutefois, cela permet d'avoir des
éléments de comparaison avec d'autres
70
sites qui ont été l'objet d'une valorisation
patrimoniale. Un certain nombre de remarques ou conclusions
intéressantes peuvent être tirées de cette prospection.
A. LES TERRASSES DE LA CAROLLE A
AUZAT
La revalorisation du site d'Auzat a été
initiée par la communauté de Communes d' Auzat et du Vicdessos et
mis en place techniquement par la Fédération Pastorale de
l'Ariège. Les travaux de remise en état des terrasses ont
été réalisés par l'AAPRE (Association
Ariègeoise de Personnes en Recherche d'Emploi). L'étude
scénographique pour un sentier audio guidé a été
réalisée par Jacques Degeilh. Il est le premier des sites de
terrasses d'Ariège à avoir été
équipés de dispositifs scénographiques. La
communauté de communes a ensuite décidé de poursuivre
l'équipement du sentier en mettant en place des panneaux didactiques.
Les gestionnaires constatent que les dispositifs audio nécessitent une
maintenance et un entretien, pour l'instant elles ne fonctionnent d'ailleurs
plus. Au niveau foncier, il s'agit de terrains municipaux qui font partie de
l'association foncière pastorale d'Auzat-Saleix.
Le site est ouvert au public et gratuit. Ensuite, la Maison
des Patrimoine qui dépend de la Communauté de Communes fait en
sorte qu'il y ait de l'animation et qu'on parle du site en organisant
ponctuellement des animations. Chaque année un stagiaire est
chargé de créer une animation autour de l'un des quatre sentiers
thématiques gérés par la maison des patrimoines , dont
celui des terrasses. Diverses thématiques d'animation ont pu avoir lieu
sur les terrasses : atelier de land art, jeu de piste, etc. Dans le cadre d'une
journée organisée par le Parc Naturel des Pyrénées
Ariégeoises sur le thème des produits locaux, une visite du site
faisait partie des animations. Si la mise en valeur paysagère est
satisfaisante, le sentier n'est toutefois pas très
fréquenté et il ne génère pas d'économie
directe. Quant aux écoles, selon les gestionnaires du site, le sujet ne
les motive pas.
Concernant la gestion de l'entretien du site, les services
techniques de la commune débroussaillent environ deux fois par an.
B. LE MAS D'AZIL : SITE DE SOURIBET
Ce site se trouve au dessus de la grotte préhistorique
du Mas d'Azil. La valorisation de ces terrasses a la particularité
d'avoir été initiée par les propriétaires des
terrains eux-mêmes. Au nombre de quatre, ils ont décidé de
réaliser une plantation expérimentale de chênes truffiers
en partenariat avec le syndicat des trufficulteurs de l'Ariège. Les
restaurations des
71
terrasses et des cabanes ont ensuite été
réalisées, à l'initiative de la Fédération
Pastorale, par l'AAPRE. Puis, un dispositif audio guidé a
été mis en place par Jacques Degeilh, et enfin, le site a
été ouvert au public.
Ici, comme à Auzat, c'est la communauté de
communes de l'Arize qui a ensuite pris en main la gestion du site et l'Office
du Tourisme a pris le relais pour l'animation du sentier. Des panneaux
supplémentaires ont également été mis en place et
des visites thématiques (notamment avec animation musicale et
pique-nique) sont ponctuellement organisées dont certaines sont
animées bénévolement par l'un des propriétaires. En
plus du chemin de pierre qui est un sentier jalonné d'oeuvres de land
art, un autre projet de sentier géologique est en cours. Il est
financé par le Pays des Portes d'Ariège. Beaucoup de gens
viennent visiter la grotte donc le site de terrasses bénéficie de
cette affluence.
L'entretien du sentier est réalisé par une
association d'insertion (ALICE09) qui a mis en place un conventionnement avec
la communauté de communes qui finance ces chantiers pour l'entretien de
tous les sentiers de randonnées de la communauté de communes
Des dégradations et des actes de vandalisme (la
batterie solaire qui alimentait le dispositif audio a été
dérobée, celui-ci ne fonctionne donc plus) sont à
déplorer sur le site. Ce serait lié à la grande
fréquentation occasionnée par la proximité de la grotte du
Mas d'Azil. Quant aux plantations de truffes, elles ne sont apparemment pas
toujours respectées par les visiteurs ce qui génère de la
réticence chez certains propriétaires et une clôture aurait
même apparu au milieu d'un des chemins d'accès.
C. CAMON : LES CABANES EN PIERRES
SECHES
C'est la municipalité qui a lancé les
premières phases de mise en oeuvre pour valoriser ces espaces. L'enjeu
était au départ de permettre une valorisation agricole. Puis dans
le même temps, il y a eu la volonté de mettre en avant les atouts
touristiques de ce petit village fortifié où se trouve
également une abbaye. Une centaine de cabanes ont pu être
inventoriées par l'association Montagne et Patrimoine. Ensuite, des
chantiers de restauration réalisés par l'AAPRE ont
commencé. Le choix a été fait de ne pas laisser le site en
libre accès pour éviter des problèmes de déchets,
d'oubli de fermeture des clôtures, de non respect des prés de
fauche, etc. C'est donc dans le cadre d'une visite guidée que l'on peut
accéder au site. Pour continuer à restaurer, des chantiers
internationaux ont eu lieu. Des jeunes du village et des propriétaires
ont aussi participé aux restaurations de cabanes.
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Dès 1999, deux emplois aidés se consacrent
à la valorisation patrimoniale et touristique dans le village dont un
uniquement sur les cabanes. Au fil des années, cette balade a pris
beaucoup d'essor et fonctionne très bien. Leur lien avec le programme
1001 terrasses d'Ariège se traduit surtout par un intérêt
pour le réseau départemental d'acteurs et pour les
possibilités de formation aux techniques de la pierre sèche pour
les gens du village et des alentours, pour former des bénévoles
et pour les propriétaires de terrain. L'office du tourisme de Camon est
géré par une animatrice qui assure les visites du village et du
site de cabanes. Les gestionnaires du site se demandent jusqu'où il faut
aller dans le « devoir de mémoire » sachant que ces terrasses
ne sont plus adaptées à l'activité agricole d'aujourd'hui.
Les vaches font tomber des murs qu'il faudrait remonter chaque année. Un
projet de plantation de vigne est en cours actuellement dans le village et une
partie devrait être sur terrasses, une culture qui sera plus
adaptée à la conservation des murs en pierres sèches. Au
fil des années, il y a eu différents type de visites et
d'animation sur le site. Des visites de groupe, des visites en individuel, des
balades avec des ânes bâtés, un pique nique avec des
produits du terroir etc. Des journées et des demi-journées sont
aussi organisées pour les centres de loisirs de la communauté de
communes.
L'entretien du site est réalisé par les
propriétaires ou par les fermiers, l'un des propriétaires a
planté des chênes truffiers qu'il entretient. Mais il y a aussi
des chantiers avec des bénévoles du village pour du
débroussaillage, de l'entretien. Il y a entre 12 et 25 personnes qui
participent un samedi par mois de septembre à avril et la mairie fourni
le piquenique. Cette entreprise originale permet une réappropriation du
site par les habitants du village, de créer du lien social. Des
associations s'intègrent également dans le projet. Cette
réappropriation passe par l'existence d'une cabane plus grande que les
autres et que différents types d'acteur du village utilisent pour des
usages divers (jeunes, chasseurs, familles, etc.).
Le succès de ce projet tient en grande partie à
une grande implication du maire dans le projet. La présence d'une
activité agricole et de propriétaires motivés est aussi
certainement un facteur important. Le travail de l'animatrice joue aussi un
rôle capital, car sinon il n'y aurait plus de visites. Elle s'occupe
aussi de gérer le réseau de bénévoles, d'organiser
les stages, de « travailler à faire le lien ».
Sur le site de Camon, sont développés à
la fois des activités agricoles, de tourisme, pédagogiques, et
des événementiels. Grâce à une conjoncture
particulière qui n'est pas transposable partout directement, ce site
pourrait être cité en exemple car il remplit différentes
fonctions positives pour le territoire. Il y a un effet activateur de lien
social du à l'implication des acteurs locaux dans la vie du site, une
plus-value touristique et une volonté d'aller plus
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loin encore dans la valorisation des potentiels du site pour
favoriser son succès sur le long terme.
III. QUELS PROJETS POUR LE SITE DE FOIX ?
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