C. HABITAT, USAGES ET REPRESENTATIONS
Les fonctions et usages dont la zone des Bentenaus fut l'objet
au fil du temps sont très divers : habitation, activités
agricoles, activités pastorales, de loisirs et même symboliques
(croyances, légendes). Quand on se promène sur le site, on
constate rapidement la présence de nombreux vestiges d'habitations, de
bâtiments agricoles divers et surtout un très grand
23 Explication fournie par Stephane Bourdoncle
Figure 9: (réalisation E.L)
Figure 10: (réalisation E.L)
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La photographie de 1890 (ci-dessus), provenant du
Muséum d'histoire naturelle de Toulouse24, permet aussi de se
rendre compte qu'il y avait encore à cette époque un habitat
permanent et une utilisation agricole soutenue au niveau des terrasses de
cultures, vraisemblablement, il s'agissait surtout de céréales.
De façon sûre, et grâce au cadastre Napoléonien, nous
savons qu'il y avait de la vigne. La photo actuelle permet de constater
l'abandon agricole de ces parcelles et le retour d'une végétation
abondante. La partie située entre l'abri et les terrasses monumentales
reste tout de même assez dégagée. L'une des zones
nettoyée par la Fajip et identifiée sur les photos permet d'avoir
un point de repère pour se situer.
1. A propos des habitants et propriétaires
Le dépouillement des matrices cadastrales a permis de
retracer les noms et professions des propriétaires successifs pour la
maison à la citerne en montant le chemin des asperges, pour la maison
située en contrebas de l'abri rond en pierre sèche et pour la
zone des terrasses dites « monumentales ». Les derniers habitants du
Pech y ont vécu jusque dans les années soixante, mais
l'exploitation des terrasses pour la culture a vraisemblablement pris fin dans
les années 1920 / 1930. A cette période les maisons du hameau
Jean Germa commencent à être mentionnées comme : « en
ruines » ou « démolie » dans les registres des matrices
cadastrales. Les qualificatifs des parcelles évoluent aussi. Par
exemple, pour la parcelle N°204, mentionnée « vigne »,
devient « pâture » dans les années 20.
-La maison de monsieur Barona :
L'une des maisons, située aux abords de l'abri rond et
qui fut habitée jusque dans les années 1960 par un certain M.
Barona25 d'origine espagnole, n'apparait pas sur le cadastre pour la
période qui a été consultée. Il est un des derniers
habitants de la zone des terrasses et probablement un des derniers à
avoir utilisé les terrasses pour y faire quelques cultures.
24 Voir photo ci-dessous
25 Information issue du recoupement de plusieurs
témoignages recueillis lors d'entretiens
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« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison
qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse, il avait
des lapins, il était puisatier... il cherchait des points d'eau pour
faire des puits, il en aurait trouvé un, plus bas là ou il y a la
baraque au drapeau... je l'avais vu rempli à ras. f...] Les types avant,
ils vivaient de peu. Barona il n'était pas
méchant ». (M.Alozy)
|
Figure 11: maison habitée jusqu'aux années
1960 (cliché E.L)
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-La maison à la citerne :
Pour cette maison située au bord du chemin, en montant
le chemin des asperges, et les parcelles autour voici ce que nous avons pu
recueillir comme informations concernant ses différents
propriétaires successifs:
Figure 12: "maison à la citerne" (cliché E.
L)
1847 : M. Jean Bicheyre, « employé, demeurant
à Foix », également propriétaire d'une autre maison
à Foix donc peut-être qu'il ne vivait pas dans cette maison.
1853 : M. Jacques Rousse « capitaine de Dragon en
retraite ».
1856 : « Jean Eychenne époux de Denjean
Anne, Fermiers de Bellissen au château du cap de la ville
». On observe les mentions : « Maison reconstruite » et «
augmentation de construction ».
1882 : la maison appartient à Pierre Dupla «
instituteur au Bosc ».
1915 : « Authié Bellerose Baptiste époux de
Dupla Jeanne habitant aux Arcades du capitole à Toulouse »
Grâce aux entretiens, nous pouvons estimer que cette
maison fut habitée jusque dans les années 1960. A cette
époque, les propriétaires de cette maison seraient des espagnols.
Vers cette même période, plusieurs personnes se souviennent d'un
monsieur espagnol avec une jambe de bois et un chien blanc, il fut apparemment
le dernier habitant de cette maison. Cet
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homme qui n'était pas commode, faisait peur à
ceux qui s'approchaient de sa maison. M. Alozy qui avait alors environ 14 ans
ne passait pas trop près avec ses copains, car ils en avaient peur.
Cette maison est actuellement en ruines, on peut toujours y voir une citerne de
récupération des eaux de pluie.
Selon M. Danis, les Portet qui vivaient à Flassa
utilisaient cette maison. En été, ils amenaient leurs vaches sur
le Pech. Il se souvient qu'il venait y chercher du lait quand il avait environ
10/12 ans c'est-à-dire dans les années 1960.
Ceux qui ont connu cette maison habitée se rappellent
d'une terrasse magnifique avec une glycine. Une vigne ancienne pousse toujours
devant. D'une certaine façon cette maison est toujours un habitat
utilisé car il y a un campement de fortune fait de tentes de camping
à côté, occupé par des sans domicile fixe.
A proximité de cette maison, des personnes ont
vécu dans des sortes de cabanons. Tout d'abord un certain M. Louxaiou,
qui « vivait de ce qu'il récoltait », vers la fin des
années 1930, avant la guerre, il faisait peur aux gens et
possédait un âne pour se déplacer.
Ensuite, une femme a vécu un an et demi avec son mari
et ses enfants en bas-âge dans une sorte de cabane très
rudimentaire toujours au début des années soixante.
-La maison au dessus du chemin en arrivant sur le site de
terrasses :
Au moment de l'établissement du cadastre en 1847, le
propriétaire est « Caralp Jérôme dit jean de Livou (ou
liou ?) Cultivateur ».
1882 : Marfaing Françoise, « veuve de Caralp
Jérôme » et ses enfants deviennent propriétaires
1922 : Charles Rouch « automobiliste place Saint volusien
»
1923 : Soula Pierre « cultivateur au Pech », il est
le père du jeune Jean Soula qui disparut en janvier 1914 (voir plus loin
au paragraphe « faits divers »). Il est
également l'arrière grand-père de l'un des
propriétaires actuels de parcelles sur les Bentenaus et le dernier
cultivateur qui fut en activité sur cette zone du Pech. Il y vécu
jusqu'aux années 1950 dans la maison qu'il a ensuite vendu à
M.Barona. Son arrière petit-fils se souvient notamment qu'il travaillait
les parcelles à l'aide de ses boeufs, qu'il avait des ânes pour se
déplacer et qu'il faisait surtout pousser des pommes de terres et du
maïs pour ses bêtes. Il avait trois filles et un garçon :
Jean, Catherine, Augusta et Louise.
1924 : la mention « démolition » est
portée sur le cadastre.
On remarque deux parcelles de vigne à proximité
de cette maison, dont une est toujours mentionnée « vigne » en
1927.
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-Hameau de Jean Germa :
Plusieurs maisons composent ce hameau situé au-dessus de
la zone des terrasses. Le dépouillement du cadastre permet d'avoir une
idée de la période où il a été
abandonné. C'est dans les années 1920/1930 que les maisons
changent de statut sur le cadastre :
1926 : « Fourment Joseph cordonnier à Foix »
maison mentionnée « démolie ».
1933 : « Couzy Jean cultivateur au Pech » maison
mentionnée « en ruines » à cette
date.
-Professions ou qualités diverses
des propriétaires apparaissant dans la matrice cadastrale :
Marchand de vin à Foix, chaudronnier, cultivateur
à Flassa, cultivateur au Pech, célibataire au Pech, cultivateur
à Jean Germa, boulanger, charron, marchand de papiers peints, tailleur
de pierre, fermier des places, épicier, employé du
télégraphe, etc.
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