B. OBJECTIFS, TERRITOIRES D'ACTIONS ET MISSIONS
Elle met en place une animation pastorale menée par une
équipe d'ingénieurs et de techniciens spécialisés
dans différents domaines (foncier, estives et transhumance, patrimoine,
environnement, système d'information géographique, etc.)
Profondément ancrée dans le système montagnard, elle
intervient auprès des acteurs locaux sur trois types de territoires qui
diffèrent selon l'étagement montagnard. L'organisation et la
gestion à mettre en oeuvre pour structurer les territoires d'estive, de
zones intermédiaires et de fonds de vallées.
Figure 1: schéma de l'étagement montagnard
relatif aux usages pastoraux (Source: fédération pastorale de
l'Ariège)
Elle fut pionnière en France dans la structuration de
l'activité pastorale et la gestion des grands espaces pastoraux
grâce à l'utilisation des outils que sont les associations
foncières
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pastorales(AFP)6 et les groupements
pastoraux(GP)7. Ils sont issus des lois pastorales de 1972 qui ont
permis de poser les bases d'une politique en faveur de l'Agriculture de
montagne. Le but était alors de rénover l'économie
pastorale traditionnelle en donnant un cadre légal aux pratiques
collectives d'utilisation des pâturages (EYCHENNE, 2003).
L'action de la FPA s'inscrit dans une logique de
développement territorial. La lutte contre la déprise agricole et
la dynamisation des villages sont des objectifs transversaux à toutes
les actions de la FPA. Et bien que la FPA agisse principalement dans le domaine
du pastoralisme, le caractère transversal de cette activité et
ses interrelations avec différents domaines la place au coeur des enjeux
actuels relatifs aux territoires de montagne.
« Le pastoralisme occupe une place particulière
dans le Massif des Pyrénées. Système d'exploitation
agricole constitutif de l'identité culturelle du massif, il doit
être considéré au travers de sa fonction globale et de
l'ensemble de ses composantes qui touchent aux domaines de l'économie,
du social, du patrimoine, de l'environnement, de l'aménagement des
territoires, des paysages, du tourisme,... » (Extrait du schéma
pastoral départemental 2008-2013, Fédération Pastorale de
l'Ariège)
Dans l'esprit d'une démarche de développement
territorial global, certaines actions de la fédération pastorale
se sont tournées vers la valorisation du patrimoine pastoral et rural.
C'est dans les années 1990 que des opérations de restauration ont
débutés grâce au Fond de Gestion de l'Espace Rural
(lavoirs, chemins, murets, paysages bocagers, etc.) mis en place par le Conseil
Général de l'Ariège. En 2000 débute le programme
1001 terrasses d'Ariège dans le cadre duquel s'inscrit le projet de
valorisation des terrasses de Foix, son contenu sera développé
plus loin. L'un des enjeux de la valorisation du petit patrimoine est de
répondre aux attentes des propriétaires fonciers qui se sont
engagées dans des démarches collectives telles que les AFP
(Association Foncière Pastorale).
6 Cet outil permet de mettre en
place une gestion d'espaces situés généralement en fond de
vallées et en zone intermédiaire. Ces zones sont le plus souvent
constituées de multiples parcelles appartenant à de nombreux
propriétaires. « Une Association Foncière Pastorale est une
association syndicale libre ou autorisée, constituée entre des
propriétaires de terres pastorales et de terrains boisés en zone
de montagne ou défavorisée. Sa création a pour objectif de
regrouper les terrains privés ou publics en vue d'améliorer les
conditions d'exploitation, d'aménagement et d'entretien des fonds
regroupés dans le cadre d'une gestion collective de ces biens ».
(Document de présentation édité par le conseil
général de l'Ariège intitulé : «
l'Aménagement Foncier en Ariège : une compétence
transférée »)
7 Un groupement pastoral rassemble des
éleveurs transhumants afin de mettre en place la gestion collective
d'une zone d'estive (pâturages de haute-montagne où les troupeaux
de plusieurs éleveurs sont rassemblés en été) On
peut par exemple : embaucher un berger, programmer des travaux
d'amélioration des infrastructures de l'estive (cabane, parcs de
contention, héliportage de matériel, etc.)
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En fonction des projets, la FPA est soutenue
financièrement par le Conseil Général de l'Ariège,
le Conseil Régional de Midi Pyrénées, l'Etat et la
Communauté Européenne à travers différents
programmes de développement.
LES MISSIONS DE LA FPA
? Organisation des acteurs du pastoralisme
ariègeois : encourager
l'organisation de la propriété foncière
par la création d'AFP. Inciter à l'organisation des
éleveurs en GP (groupements pastoraux) pour maintenir une approche
collective de la gestion des espaces. Assurer l'animation de ces structures par
leur accompagnement technique et leur suivi administratif.
? Aménagement des territoires :
accompagner le développement des territoires pastoraux
par la mise en oeuvre de travaux d'amélioration pastorale (cabanes,
parcs de contention, points d'eau, débroussaillement, etc.). Les AFP et
les GP peuvent bénéficier d'aides publiques pour la
réalisation de ces travaux. La FPA propose chaque année une
programmation de ces travaux aux partenaires financiers (Conseil
Général, Conseil Régional, Etat, Europe).
? Gestion raisonnée de l'espace :
réalisation d'expertises techniques. Aide à la
gestion raisonnée de l'espace et des ressources fourragères
(diagnostics pastoraux, plans de gestion, suivis de végétation,
mise en place de contrat de gestion de l'espace.
? Valorisation du patrimoine naturel et bâti
: prise en compte de la valeur environnementale des surfaces
pastorales et des milieux pour une gestion plus respectueuse du patrimoine
naturel. Valorisation du patrimoine bâti montagnard en relation avec
l'activité pastorale (programme 1001 terrasses d'Ariège,
inventaire de cabanes et de granges, etc.)
II. LE PROGRAMME « 1001 TERRASSES D'ARIEGE
»
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Pour pouvoir mieux comprendre ses enjeux nous allons dans un
premier point préciser en quoi consiste un espace organisé en
terrasses à la fois dans sa dimension mondiale et locale avant de
rentrer plus précisément dans le contenu et les modalités
de mise en oeuvre de ce programme d'actions.
A .LE SYSTEME TERRASSE
1. Definition et principes
En maints endroits du monde depuis l'Amérique latine
jusqu'aux confins de l'Asie en passant par le Moyen-Orient et l'Europe on
trouve des terroirs aménagés en terrasses résultant
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de la mise en oeuvre des mêmes principes. Ce sont «
des nécessités communes » qui ont amené dans bien des
régions de la planète, « des réponses proches ».
Il s'agit de construire des ouvrages de soutènement, le plus souvent en
pierre, afin de réduire, d'annuler, voire d'inverser la pente naturelle
des terrains, avec pour objectifs essentiels de les cultiver. Cela permet aussi
de valoriser les matériaux issus de l'épierrement (FRAPA,
1996).
« Une terrasse est une bande de terre horizontale ou de
très faible pente soutenue par des murs ou des talus qui ont
été créés pour stabiliser le sol et permettre ou
faciliter l'exploitation agricole. » (PIOL, 2001 p.17, à partir des
définitions des Chambres d'Agricultures de la Région
Languedoc-Roussillon).
2. Un savoir-faire paysan complexe
De ces aménagements d'espaces naturels résultent
des paysages en escaliers qui sont qualifiés de culturels voire
même d'artificiels car ils résultent du travail de l'homme sur le
milieu et sont bien souvent construits de toutes pièces.
L'aménagement de la pente est extrême. Sur un espace comme le Pech
de Foix, massif calcaire subissant des influences
méditerranéennes, la technique est la suivante : la terre est
enlevée, souvent jusqu'à la roche mère, puis un mur est
bâti. On tapisse le fond de la terrasse avec de grosses pierres pour un
meilleur drainage et enfin on remplit à nouveau avec la terre
enlevée à laquelle s'ajoute un apport extérieur de terre.
Combler ainsi la profondeur créée génère un sol
plus propice à l'accueil de cultures8. Ces techniques
diffèrent selon le climat, la nature du sol et le type de cultures que
l'on souhaite mettre en place (cultures sèches, irriguées ou
inondées). Mais il s'agit toujours d'un savoir-faire paysan plus
complexe qu'il n'y parait au premier abord.
« Ces paysages, que l'on retrouve un peu partout à
travers le monde, impressionnent et irritent l'esprit, probablement parce que
plus que d'autres, ils suggèrent spontanément le travail
démesuré de l'homme, un passé laborieux au cours duquel la
terre vivait et faisait vivre, mais aussi et surtout ils témoignent
d'une technologie, d'un savoir-faire et d'une capacité à
gérer le milieu dont on ne sait finalement que peu de choses »
(BLANCHEMANCHE, 1990)
8 Explications recueillies lors d'un entretien avec
Jean-Paul Métailié, Géographe au laboratoire GEODE de
l'université de Toulouse le-Mirail.
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Une fois ce constat établi, on comprend mieux la
fragilité et la « sensibilité à l'abandon » de
ces espaces. Pour rester en bon état ils nécessitent un entretien
régulier : maintenir les murs, remonter la terre qui descend lors des
fortes pluies, etc.
« Plus un espace naturel a subi de transformation pour
l'adapter aux besoins humains, plus il est instable et fragile en cas
d'abandon. [...] La densité de leur population est à la fois
à leur origine, leur problème et leur condition indispensable de
pérennité » (FRAPA, 1996).
L'abandon de ces espaces peut avoir des répercussions
écologiques à divers niveaux. Notamment, leur préservation
permet d'éviter certains risques naturels différents selon les
territoires : limitation de l'érosion et des coulées de boue en
cas de précipitation, lutte contre les incendies grâce au maintien
d'espaces ouverts, etc.
« Les versants n'ont pas été
aménagés pour lutter contre l'érosion mais pour
créer un espace de production et le préserver : lorsque la
production n'est plus nécessaire ou possible, pour des raisons
économiques et ou sociales, l'entretien des aménagements cesse et
par conséquent la lutte anti-érosive » (FRAPA, 1996).
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