Connaissances et pratiques de la population du quartier Bujovu sur l'importance de l'utilisation de latrines hygiéniquespar Deborah Kabuo Mantola Université Libre des Pays de Grands Lacs - Graduat 2019 |
I.2. ProblématiqueDans le monde 375000 tonnes d'excréments humains finissent dans les rivières chaque année, contaminant les eaux de surface, voire les nappes phréatiques, alors que 1gramme de matière fécale humain peut abriter 1000 oeufs de parasites, 10000 virus, un millions de bactéries. En 2015 ,39 % de la population mondiale soit 2,9 milliards de personnes avait accès à des installations d'assainissement améliorées permettant aux excréments d'être éliminés sur place ou traités hors site en toute sécurité. Tandis que 2.3 milliards de personnes ne disposent toujours pas de toilettes ou de latrines, parmi elles 892 millions défèquent à l'air libre ,par exemple dans des caniveaux, derrière des buissons ou dans des flancs d'eau .8(*) Un assainissement insuffisant est associé à la transmission de diverses maladies, comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l'hépatite A, la typhoïde. 1/3 de la population mondiale utilise les seaux, les sacs, les plastiques, les vulgaires trous, les installations partagées ou publiques, latrines moins profonde ou tout simplement la défécation à l'air libre. En 2016, enHAITI, on a enregistré 41421 cas de choléra et 447 décès, ont été notifiés pour la seule année.9(*) Dans le continent africain, l'accès à un assainissement amélioré n'est pas garanti, la population se divise en 3 catégories ; celle qui utilise des toilettes partagées ou publiques, celle qui dispose d'une installation non-améliorée, notamment une fosse non étanche et celle déféquant à l'air libre. Ces systèmes sont des facteurs de propagation de certaines maladies, comme la diarrhée. Celle-ci a tué environ 760000 enfants de moins de 5 ans en 2013, soit 2000 par jour, selon l'OMS. Le nombre de personnes déféquant à l'air libre a augmenté depuis 1990 dans 26 pays du continent africain. En Afrique subsaharien, seuls 30 % de la population disposent d'un assainissement amélioré, 1/4 de populations africaines défèque à l'air libre, contre 14 % pour le monde entier. En 2016, au Benin, on a enregistré 761 cas de choléra, la Somalie avec une sècheresse accrue a connu en 2015 une épidémie de choléra qui a touché 2 fois plus de personnes avec 15619 cas de cholera 10(*) Le manque de toilettes est un problème de santé publique dans plusieurs pays africains. La RDC n'est pas épargnée, 70 % de la population n'ont pas accès à des latrines améliorées. Dans plusieurs coins du pays on observe un état d'insalubrité alarmant suite à la mauvaise gestion des ordures ; certains habitants se permettent même de déverser les déchets issus de leurs latrines et fosses septiques dans des caniveaux. Ces déchets ne sont pas stockés dans un endroit clos, ni évacués loin des lieux d'habitation pour être traités. A certains endroits, les toilettes sont impossibles à trouver. Dans d'autres elles sont insalubres ou dangereuses, mais aussi elles sont installées de façon très précaire et risquent de s'écrouler à tout moment. Alors que les excréments sont des réservoirs des microbes, ils se disséminent dans l'environnement. Il y a la pollution de cours d'eaux, l'infiltration dans le sol, la propagation des maladies par les mouches et par les personnes. Ces personnes ne se rendent pas compte du tort qu'elles causent à l'environnement.11(*) La RDC a notifié 28093 cas de choléra, dont 759 décès, TL=2,7% au cours de l'année 2016. La flambée épidémique majeur a survenu à Tshopo on a enregistré 3573 cas.12(*) On observe également dans les milieux ruraux, notamment dans la province du Nord-Kivu, la brousse et les endroits délaissés sont les secours immédiats pour se soulager. Une petite pluie suffit pour propager les excréments dans l'environnement.13(*) Ce problème est aussi observé en milieu urbain, notamment dans la ville de Goma, dans certains quartiers les latrines sont construites de façon anarchique. Il n' y a pas de toitures, non désinfectées, pas de lave main, pas de porte, porte à accès difficile, planches détachés, les enfants sont les plus souffrant, il y a même les enfants qui tombent dans ces latrines et meurent. Et l'hygiène n'est pas appliquée dans ces latrines, ce qui a des effets négatifs sur la santé.14(*) Dans le rapport du centre de santé Bujovu, parmi les 10 principales causes de la morbidité, au cours de l'année 2019, à partir du mois de janvier jusqu'au mois d'avril, nous avons trouvé 3 maladies liées aux mauvaises conditions d'hygiène telles que :la fièvre typhoïde, la diarrhée surtout chez les enfants de moins de 5 ans, les infections urinaires. Au cours de cette période il y a eu en général 120 cas de maladies.15(*) La fièvre typhoïde a une fréquence de 10 cas en janvier soit 8,3 % en février : 12 cas soit 10%, en mars : 8 cas soit 6,6%. En avril :10 soit 10 %. La diarrhée chez les enfants de moinsde 5 ans a une fréquence de 6 cas en janvier soit 5%,en février :12 cas soit 10 %, en mars :4 cas soit 3,3 %, en Avril :8 cas soit 6,6 %. Les infections urinairesont une fréquence de 3 cas en janvier soit 2,5 %, en février :6 cas soit 5 %, en mars :4 cas soit 3,3 %, en avril :6 cas soit 5%.16(*) L'entretien des latrines est une tache peu plaisante qu'on a tendance à repousser sous le moindre prétexte. D'après notre pré-enquête dans le quartier Bujovu, il a été remarqué que la promiscuité et l'insuffisance en eau potable est plus observée. Les latrines sont en mauvais état, les excréments risquent de constituer un foyer d'infestation où les insectes vont proliférer et propager les maladies. On observe dans une parcelle où il y a plus de 8 ménages mais disposant qu'une seule latrines alors que L'OMS fixe une norme de 1/7 cad une latrine peut servir au moins 7 personnes.17(*) Après nos observations nous avons trouvé 20 latrines dans 20 parcelles avec 67 ménages, d'où 15/20 sont sans toitures, 9/20 sont déjà pleines, 18/20 contiennent les mouches et les odeurs, 13/20 sont tout près de la maison, à moins de 5 m, 16/20 sont sales,18(*) Il ressort de ce qui précède la nécessité de formuler les questions ci-dessous ; * 8OMS, Rapport sur eau, hygiène, assainissement, Genève 2016.Disponible sur www.who.int/watersanitationhelthdeseases, consulté le 12.4.2019 à 11h * 9 Idem * 10 Jeune Afrique, Releveepidemiologique, disponible sur www.jeune afrique.com/releveepidemiologique, septembre 2016, consulté le 12.4.2019 à 14h * 11Radio okapi, environnement et santé, disponible sur www.Radiookapi.net,consulté le 14.4.2019 à 10h. * 12OMS, Rapport sur le choléra, disponible sur www.int.cholera , consulté le 14.4.2019. * 13 MSF,lutte contre la propagation des epidemies,rue lausanne,Genève 2016. * 14Médecins d'Afrique, RDC, rapport de mission , GOMA, juillet 2017. * 15 Rapport SNIS du centre de santé Bujovu, 2018 * 16 Idem * 17 Notre pré-enquête sur terrain. * 18 Idem |
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