5.9. Synthèse générale des
résultats de l'étude
L'objectif général de cette étude a
été de déterminer et d'analyser le revenu global et les
dépenses de consommation en produits alimentaires de base (riz,
maïs, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les exploitations
agricoles de la commune de Jean-Rabel. Après avoir analysé d'un
point de vue statistique les résultats de la recherche dans les sections
précédentes (5.1 à 5.8), cette section se propose d'en
faire une synthèse suivant les objectifs spécifiques et les
hypothèses de recherche.
Le revenu global des exploitations agricoles de la commune de
Jean-Rabel provient non seulement des sources agricoles (végétal
et animal) mais aussi des sources non agricoles (les activités
extra-agricoles et les transferts). Dans tous les types d'exploitations
agricoles, les sources non agricoles de revenu contribuent plus fortement au
revenu global. Cette contribution varie de 62.02% à 95.15%. Elle est de
plus en plus faible à mesure que les exploitations agricoles
s'impliquent dans les activités agricoles (les cultures et
l'élevage).
Les dépenses globales de vie concernent celles en
alimentation, les frais de scolarité, l'habillement, le logement et la
santé. Les résultats nous ont permis de déceler de grandes
différences entre le poste de l'alimentation et les autres postes de
dépenses. Il est de loin le premier poste de dépenses des
exploitations agricoles. Comparés au revenu global, les exploitations
agricoles dépensent 74.9% de leurs revenus dans les produits et services
de base. Ce résultat fait un prolongement théorique sur la loi
d'Engel selon laquelle plus une famille est pauvre, plus grande est la part du
revenu qu'elle doit consacrer à son entretien physique dont la
nourriture représente la plus grande part.
Les données sur les dépenses en produits
alimentaires de base montrent que le groupe des céréales (riz,
maïs et sorgho) occupe les premières places dans les
dépenses de consommation des produits alimentaires de base. Les parts de
dépenses en ces produits dans le revenu global nous montrent aussi leur
importance au niveau des exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel.
Plus de 30% du revenu global des exploitations agricoles sont consacrés
à la consommation des produits alimentaires de base. Le maïs vient
en tête avec 8.98%. Viennent ensuite le sorgho (7.9%), le riz (5.86%),
l'igname (3.88%), la patate douce (2.68%) et le manioc doux (1.36%). De la
même manière, quand on analyse les dépenses alimentaires
globales, 54.21% de ces dernières sont des dépenses de
consommation en produits alimentaires de base.
On remarque que toutes les sources de revenu contribuent d'une
manière ou d'une autre aux dépenses de consommation des produits
alimentaires de base. Cependant, les sources non agricoles de revenu
contribuent plus fortement aux dépenses de consommation. Elle est en
moyenne de 79% et varie de 54.19% à 94.67%. Cette contribution varie
avec la superficie exploitée et l'importance du cheptel.
Les exploitations agricoles se réfèrent beaucoup
plus au marché qu'à leurs propres jardins pour l'acquisition des
produits alimentaires de base. L'autoconsommation est globalement faible dans
tous les types d'exploitations agricoles. Elle contribue en moyenne à
13.39% des dépenses de consommation des produits alimentaires de base
contre 86.61% pour les achats alimentaires. Le maïs est le produit le plus
autoconsommé tandis que le riz occupe globalement la première
place dans les achats alimentaires. Les données statistiques sur la part
de chacune des sources d'approvisionnement dans les dépenses de
consommation de chacun des produits alimentaires de base montrent des
différences significatives entre les types d'exploitations agricoles.
Les résultats de l'étude nous ont finalement
montré que la consommation des produits alimentaires de base dans les
exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel est
déterminée par certaines variables. Pour les
céréales (riz, maïs et sorgho), les variables
déterminantes sont le prix du riz, le prix du maïs, le prix du
sorgho, le revenu animal, le revenu des activités extra-agricoles et
celui des transferts. Pour les tubercules (manioc doux, igname et patate
douce), outre les différentes sources de revenu, leur consommation est
déterminée par d'autres variables comme leur prix, le prix du
hareng saur et celui du hareng sel. Les résultats des modèles de
regression dans tous les types d'exploitations agricoles nous montrent que le
prix d'un produit est globalement la variable la plus déterminante dans
sa consommation.
ü Pour les modèles de consommation de riz, le prix
du riz n'est pas significatif seulement au niveau des types I, VII et
VIII. Suivant les signes des autres variables significatifs, le maïs est
substituable au riz dans les types IV et VIII ; le sorgho l'est dans les
types I et IV. Le haricot ne montre aucune significativité dans tous les
modèles de régression. La consommation du riz augmente avec le
revenu des activités extra-agricoles et le revenu des transferts dans le
type VIII.
ü Le prix du maïs n'est insignifiant que dans les
types I et IX. Le riz ne substitue le maïs qu'au niveau des types VII et
IX tandis que le sorgho est substituable au maïs dans les types I, IV, V
et IX. Le prix du haricot influence la consommation du maïs au niveau du
type VII et reste un complément au maïs. Le revenu des
activités extra-agricoles est significatif seulement au niveau du type
II et le revenu des transferts dans les types V et VI.
ü Les résultats des modèles de regression
nous montrent la significativité du prix du sorgho dans les types I, II,
IV, V, VI et VIII. Le riz est substituable au sorgho dans le type IX alors que
le maïs ne l'est que dans les types I, VI, VII et IX. Le haricot est
complémentaire au sorgho dans les types I, IV et IX. Seul le revenu
animal est significatif au niveau du type III.
ü Le prix du manioc doux est significatif dans les
modèles de consommation du manioc doux au niveau des types II, IV, VI,
VIII et IX. La patate douce en est un substitut au niveau des types II, III,
VII et VIII alors que l'igname ne l'est que dans les types II et VIII. Les
produits complémentaires (hareng saur et hareng sel) n'influencent que
cette consommation au niveau des types II et III (pour le hareng saur) et des
types I et II (pour le hareng sel). De toutes les sources de revenu, seule le
revenu des transferts est significatif au niveau du type V.
ü Le prix de la patate douce est significatif dans tous
les types. Le manioc doux est substituable à la patate douce au niveau
du type II tandis que l'igname ne l'est qu'au niveau des types II et VIII. Dans
les produits complémentaires, le prix du hareng sel au est significatif
au niveau du type II alors que le prix du hareng sel l'est au niveau du type
VIII. Les différentes sources de revenu ne montrent aucune
significativité dans les régressions.
ü Les résultats des modèles de regression
de la consommation de l'igname montrent que le prix de l'igname est
significatif dans les modèles de régression sauf au niveau du
type VI. Le manioc doux en est un produit substituable dans les types II alors
que la patate douce l'est au niveau des types II et VIII. Des salaisons, seul
au niveau du type que le hareng sel montre sa significativité. Dans les
sources de revenu, seul est significatif le coefficient du revenu de transfert
au niveau du type VI.
|