INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Dans tous les pays du monde et chaque année, la
population active ne cesse de croître, et à cela il faut ajouter
en particulier la croissance de nombre des diplômés
universitaires. Cette dernière entraine souvent le problème de
chômage, l'inadéquation entre l'offre de travail et la demande de
ce facteur de production, le sous-emploi (emploi non relié au domaine
d'études, surqualification, emploi à temps partiel etc.).
Ces difficultés d'insertion sont à la base de la
grande crise sociale aujourd'hui dans le monde, et constituent de ce fait un
frein non négligeable à la croissance économique et un
impact négatif sur le bien-être social. C'est ainsi que l'O.I.T
milite pour la promotion d'un emploi décent et l'insertion des jeunes
diplômés dans le milieu professionnel.
La RDC n'est pas en reste. Le nombre des diplômes
universitaires délivrés dans ce pays a connu, ces
dernières décennies, un afflux croissant. Selon l'annuaire
statistique de MESU(2008), 308739 étudiants étaient inscrits
à l'année académique 2007-2008 et 379867 étudiants
en 2008-2009, soit une augmentation de 71.128 étudiants. En proportion,
la croissance est donc de 23%. Cet accroissement est théoriquement
favorable à l'amélioration de la qualité de la
main-d'oeuvre de haut niveau, facteur indispensable pour amorcer le processus
du développement économique et social. Cependant, cette
augmentation de diplômés déversés sur le
marché de l'emploi rencontre toujours le problème d'absorption,
dû à la faible capacité de structures d'accueil, autrement
dit la demande du facteur travail.
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En outre, il est à noter que la production du
système éducatif évolue indépendamment des
possibilités d'emploi du système économique (Lututala,
2002). C'est ainsi que lorsqu'il y a dans le marché d'emploi plus de
travailleurs potentiels (offre de travail) que de postes disponibles (demande
du marché), il y a inévitablement des exclus, des chômeurs.
De même, pour les jeunes diplômés sortis du système
éducatif, le chômage se manifeste par la non-insertion dans le
tissu professionnel. C'est dans cette optique que Norro (1969) soulignait
déjà que : «... plus loin ces futurs diplômés
diront que le problème n'est pas que l'université formerait trop
de diplômés, il est que le secteur économique n'emploie pas
assez ».
En considérant les résultats des enquêtes
1-2-3 effectuées en RDC de 2004 à 2005, il est à signaler
que 11,3% de docteurs, 10,74% de gradués et 9,27% de licenciés
sont au chômage. Alors que les occupés, c'est-à-dire la
population employée, se retrouvent confinés dans des emplois de
qualité souvent critiquables et très peu stables. En plus, une
analyse des chômeurs dans les groupes d'âges en relation avec le
diplôme le plus élevé, met en évidence des taux de
chômage très élevés dans les rangs des jeunes (25-34
ans). En effet, les graduats représentent un taux de chômage de
20,75%, les licenciés en représentent 21,38% et enfin 21% pour
les docteurs. D'autre part, les enquêtes ont également
considéré les chômeurs par rapport au niveau
d'études atteint: les non formels 10,52%, les secondaires 5,32% et les
universitaires 9,73%. Les moyens utilisés pour rechercher l'emploi sont
repris comme suit: les relations personnelles (78,7%), puis directement
auprès des employeurs (13,5%) et enfin auprès de l'ONEM (0,6%)
qui est un service de placement (Enquête 1-2-3, 2004-2005).
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En somme, le taux de chômage est élevé
pour l'ensemble du pays et cela touche, en particulier, plus les
diplômés universitaires. Cette réalité n'est pas la
caractéristique de la RDC seulement. On constate quasiment la même
chose pour le Cameroun (Mambou, 2006), la Côte d'Ivoire (Bomisso, 2008)
et le Canada (Boudarbat et Chernoff, 2009), etc.
A ce niveau, il est impérieux de constater que
l'insertion professionnelle n'est donc pas évidente. Il serait logique
de penser que les différents problèmes que rencontrent les
diplômés universitaires dans le marché d'emploi en RDC
procèdent de la conjugaison de plusieurs facteurs. Mais quels sont les
facteurs qui handicapent le plus l'insertion professionnelle des
diplômés de l'E.S.U à Kinshasa ? Telle est la
préoccupation de cette recherche.
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