1 .1 .2 L'autonomie de la volonté morale
Pour Kant, la bonne volonté est cette volonté
d'agir par devoir, avec une intention désintéressée de
bien faire et avec pour seul motif le respect de la loi morale. Et comme
telle,« la bonne volonté consiste dans la volonté
d'accomplir par devoir: le devoir est accompli non pas seulement lorsque l'acte
est conforme au devoir mais lorsqu'il est fait par devoir; on peut en effet
accomplir des actes conformes au devoir, s'abstenir de mentir, soulager son
prochain par des motifs tout autres que le devoir, par intérêt
personnelpar exemple, ou par un sentiment de pitié : l'acte n'estpas
moralement bon ».43
Une telle volonté se garde de tirer son
universalité du contenu matériel de l'expérience ; elle se
déploie de façon autonome. L'autonomie peut se définir
comme une absence de contrainte extérieure mais aussi et surtout comme
une législation propre de la raison pure pratique. Par exemple,
« traiter l'humanité en ma personne et en la personne de tout
autre tou jours comme une fin et jamais comme un moyen
»44est une maxime rationnelle exigible universellement.
Parce qu'elle se soumet librement à la loi de la raison pure pratique,
la volonté qui détermine son action à partir de cette
maxime est autonome.
L'unique raison qui doit orienter notre volonté est le
devoir pour le devoir, la loi pour la loi, en un mot l'action
désintéressée. Lorsqu'il s'agit de l'observation de son
devoir, l'homme doit renoncer à sa fin naturelle le bonheur (...)
lorsque intervenant le commandement du devoir, qu'il était
nécessaire de n'en faire aucun égard la condition de
l'observation de la loi qui lui est prescrite par la raison, et même
autant qu'il lui était possible, de veiller à ce qu'aucun mobile
dérivé du bonheur ne se mêlât subrepticement à
la détermination du devoir.45Dans l'esprit de Kant, l'agir
moral doit êtredébarrassé de tout mobile. La mesure de la
moralité dans cette perspective doit êtredétachée de
l'expérience qui ne suffit pas à la fonder ou à la
justifier.
43 Bréhier(E),Histoire de la
philosophie, PUF, 1931-1932, p 484.
44Kant. (E), Métaphysique des moeurs I,
Fondement et Introduction, Trad., Alain Renant, Paris, G-F Flammarion,
1994, p.108
45Kant (E), Sur le lieu commun, in OEuvres
philosophiques, Paris, Ed. Gallimard, 1986, p.256.
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Le devoir kantien est un commandement absolu de la raison
exigeant que l'agir humain soit subordonné à la loi de la raison
sans se référer à une fin extérieure.
Comme on peut le constater, Kant trouve en l'homme le seul
principe de la moralité. La valeur émane du sujet et de son
vouloir, contrairement à la philosophie grecque qui fait de la vertu
morale une affaire de science. Cette exigence de la raison lui impose d'aligner
toujours ses maximes derrière la loi universelle des êtres
raisonnables.
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