EPIGRAPHE
Cernea, 1998
« Mettre les acteurs sociaux, les
gens au premier plan dans les projets n'est pas un appel à la bonne
volonté, ni un plaidoyer commandité par l'éthique ..
.C'est une requête reposant sur des fondements théoriques,
adressée aux dirigeants, aux planificateurs et aux experts techniques
pour que soit reconnue la place centrale de ce qui est le facteur principal
dans les processus de développement : la participation populaire.
»
INTRODUCTION
En Afrique, avec l'avènement de la démocratie,
bon nombre de pays en voie de développement ont procédé
à de salutaires réformes. Le centralisme ou l'étatisme
absolu, comme mode de gestion des peuples a été modifié
dans ces pays en faveur de la gestion concertée, de la gestion
participative. En effet, « Face à
l'incapacité grandissante de l'Etat central, à faire face
à ses engagements vis-à-vis de ses populations et aux
résultats décevants de ses politiques dirigistes de conduite du
développement, les décideurs politiques de nombre de pays en
développement se sont vus obligés, sous la contrainte des
bailleurs internationaux, de procéder à de profondes
réformes sur la gestion de leurs nations. Au nombre des objectifs
visés dans le cadre des réformes, on compte entre autres la
responsabilisation des populations locales dans la gestion de leurs affaires,
notamment par le mécanisme de la
décentralisation«. (Hounmenou, 2001). Au
Bénin, si l'existence des collectivités territoriales a
été consacrée depuis 1990 par le constituant
béninois lors de la Conférence des Forces Vives de la Nation
(Constitution béninoise : art.150), la mise en oeuvre de cette
réforme administrative a été d'une progressive
évolution. En effet, de la détermination des grandes options de
décentralisation en 1993 à l'adoption des textes de loi sur sa
mise en vigueur en 1999, le processus est devenu une réalité en
2002 avec l'organisation des élections communales et municipales. Ce
processus a procédé à l'institutionnalisation de 77
communes constituées chacune d'arrondissements et de quartiers ou de
villages pour une véritable communalisation de la gouvernance. Depuis la
mise en place des premiers conseils communaux et municipaux en février
et mars 2003, les espoirs dans la décentralisation n'ont cessé de
grandir. Car ainsi engagé, le processus a créé une
nouvelle réalité au niveau local marquée essentiellement
par une autonomie financière et juridique ainsi qu'un domaine de
compétences plus élargi aux communes. Désormais, les
élus locaux ont la responsabilité d'assurer le
développement et la démocratie à la base et de
gérer l'économie locale. Cette nouvelle orientation de la
gouvernance dans notre pays a pour objectif premier de confier la direction et
la gestion des affaires locales aux communautés concernées pour
qu'elles puissent, elles-mêmes, décider de leur propre vie, se
donner le chemin à suivre pour une véritable résolution de
leurs problèmes ou une réelle satisfaction de leurs besoins
à travers la valorisation de leurs potentialités. Dans cette
optique, le processus de décentralisation devrait permettre une
meilleure participation des citoyens aux affaires publiques et faciliter leur
accès aux services publics de base.
Après quelques années d'expérience en
matière de gouvernance locale, vu que les fruits ne tiennent pas la
promesse des fleurs, il semble nécessaire de faire un bilan du
système de gestion de nos communes en vue de réorienter, par des
mesures correctionnelles, le processus en faveur d'une prise en compte des
actions d'amélioration des imperfections. L'évaluation à
mi-parcours des communes au Bénin révèle que les attentes
escomptées ne sont généralement pas comblées.
L'étude-bilan menée sur l'impact de la décentralisation
sur la pauvreté et les conditions de vie des ménages au
Bénin montre que «la relation entre le conseil communal et les
citoyens souffre de beaucoup de carences par rapport à la participation
populaire, à la bonne gouvernance locale, au renforcement du capital
social et de la citoyenneté active«. (L'Observatoire du
Changement Social, 2010, 28p).
Par ailleurs, d'autres problèmes de fonctionnement
interne et externe ont été enregistrés par ANCB lors de
sa deuxième édition de l'auto-évaluation en 2012. Ils sont
relatifs à l'adoption du budget, à l'information entre
conseillers communaux et à la participation des citoyens et
organisations de la société civile.
Il existe ainsi un dysfonctionnement interne des
administrations communales et un faible niveau de vie des populations
approuvés par ces différents rapports qui ont mis un accent
particulier sur la participation active des citoyens aux affaires
communautaires. Cette participation n'est possible que grâce à une
information périodique, source d'une réelle implication de ces
derniers. Des recommandations issues de différents ateliers ont,
à cet effet, mis l'accent sur l'importance de la communication dans la
gouvernance locale. Ainsi, nous nous demandons si ces recommandations sont
vraiment mises en vigueur dans la commune de Bohicon. En d'autres termes, la
population de Bohicon est-elle, comme de droit, informée et
impliquée dans la gestion de ses affaires ?
Cette préoccupation a attiré notre attention et
nous a fait nous intéresser au domaine de la gouvernance locale avec
pour thème « Communication dans la gestion des
collectivités locales : cas de la commune de
Bohicon » afin de montrer la place de la communication dans
la gestion communale.
OBJECTIF
L'objectif principal de cette étude est de montrer le
rôle fondamental de la communication locale dans la réalisation
des actions de développement.
OBJECTIFS OPERATIONNELS
Ø analyser les modes de communication et d'information
des populations mis en place dans la commune de Bohicon ;
Ø déterminer le taux d'implication de la
population dans la gestion communale ;
Ø évaluer le degré d'information des
citoyens sur la mise en oeuvre de la gouvernance locale.
Cette étude s'articule autour de quatre grandes
parties. D'abord après une introduction, la première partie
présente la contextualisation de la recherche. La deuxième partie
est consacrée à la problématisation à savoir la
revue de littérature, le cadre théorique, la problématique
et les hypothèses de l'étude. Ensuite, la troisième partie
met en exergue la démarche méthodologique utilisée pour
recueillir les données. Et enfin, la dernière partie est
consacrée à la présentation, l'interprétation et
l'analyse des résultats issus de l'enquête. Suivent quelques
suggestions et la conclusion pour l'amélioration de la gouvernance
locale dans la commune.
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