2.3- PROBLEMATIQUE
La décentralisation, étant un moyen par
excellence de la promotion du développement local et de l'expression de
la démocratie à la base, est devenue une réalité au
Bénin avec l'organisation des élections communales et municipales
de 2002. Cette réforme a permis au pouvoir central de faire le transfert
de certaines de ses compétences et attributions aux collectivités
décentralisées afin de leur doter d'une personnalité
juridique et d'une autonomie financière. (Les art. 94 à 107 de la
loi N° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en
République du Bénin). Les maires et les conseillers communaux ont
pris en mains depuis ce temps la conduite de la destinée des
communautés dont ils ont la charge dans les domaines politique,
économique, socioculturel et environnemental. Pour ce faire, de
multiples outils de développement sont élaborés au niveau
des communes (Plan de Développement Communal PDC, Plan de
Développement Economique et Social PDES, Plan d'Action Environnementale
PAE,...) afin de relever le niveau de vie et d'améliorer la condition
d'existence des populations. Mais il se remarque un véritable handicap
à la réalisation de ces plans : le manque de ressources. Il est
rare de voir ces outils réalisés, au bout du temps à leur
consacrer, à un taux de 50%.
En effet, des études menées dans le cadre du
financement des communes ont mis l'accent sur la situation d'amenuisement
progressif des ressources propres ou locales. Les statistiques
enregistrées nous renseignent qu'il y a eu beaucoup de fluctuations
fiscales au niveau des communes. Le taux des ressources fiscales est descendu
de 95% jusqu'à 45% entre 2008 et 2011 selon les communes. Cette
situation n'a pas manqué d'avoir logiquement de répercussions sur
l'investissement local. En effet, étant donné que la
participation locale devient de plus en plus limitée, l'investissement
territorial des communes en reflète l'image. Les taux d'exécution
des communes sur l'étendue du territoire national montrent que les
espoirs certains qui fondaient le processus de décentralisation ne sont
pas en voie d'être réalisés. (La territoriale, 2012).
Par ailleurs, dans la commune de Bohicon, déjà
en 2003, le taux de réalisation des recettes de fonctionnement est
passé de 80% en 1999 à 30% en 2003 pendant que celui des recettes
d'investissement est passé de 50% en 1999 à 10% en 2003.
(Monographie de Bohicon, 2006).
Cette situation d'amenuisement des ressources locales
dénote d'un manque de participation des citoyens. Mais qu'est-ce qui
pourrait expliquer ce comportement de ces derniers en face des projets de
développement arrêtés à leur intention ?
L'ANCB, se basant sur les résultats de son
évaluation, note une contre-performance dans la gouvernance
locale. Celle-ci se justifie en général par de
faibles scores enregistrés en matière de fonctionnalité
des commissions, du respect des procédures de passation des
marchés publics, d'information des citoyens et de consultation des
organisations et associations féminines. (Rapport ANCB, 2012)
De même, les diagnostics du Programme de Gouvernance et
de Droits de la Personne (PGDP) dans le département du Zou ont
montré qu'il y a une faible implication des acteurs du
développement dans le processus de la gestion
décentralisée. Ce faible taux d'implication des acteurs a pour
cause directe le manque d'information et de communication autour de la
gouvernance communale. On peut en déduire qu'il n'y a pas de bons
rapports de collaboration entre les dirigeants et les citoyens. Ces derniers,
dans ces conditions, ne s'acquittent pas de leur devoir fiscal. Cela justifie
donc les disputes, conflits et tensions qui surgissent chaque fois entre les
agents collecteurs d'impôts ou taxes et les populations. Il urge alors,
comme le préconisait Adotevi, qu'une communication « verticale
et ascendante » s'instaure entre les différents acteurs
locaux : les autorités communales, les agents techniques, les PTF
et les populations cibles.
Pour ce faire, le PGDP de la Danida a fait élaborer
pour chacune des neuf communes du département du Zou en 2006 une
stratégie de communication dans le but qu'elles mettent en amont et en
aval de la gestion, une communication locale qui sera un infaillible outil de
gouvernance et un moyen ad hoc de mobilisation des populations à la
participation en vue d'une réelle promotion du développement
local. Si dans la commune de Bohicon, il se remarque un manque criard de
participation aux actions de développement de la part des populations,
nous sommes en droit de nous demander certaines questions :
Questions de recherche
Ø le plan de communication élaboré par le
PGDP est-il véritablement mis en oeuvre dans la commune de
Bohicon ?
Ø les citoyens sont-ils impliqués dans la
gouvernance locale de la commune ?
Ø quel est le niveau d'information de la population de
Bohicon sur la gestion communale ?
Il est essentiellement question de mettre en exergue, dans
cette étude, le rôle cardinal de la communication pour
l'implication et la participation plus grandissantes des populations aux
actions de développement. En d'autres termes, il s'agit de montrer le
lien étroit qui existe entre la communication dans la gestion et la
participation populaire.
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