5.3. Proximité spatiale et diffusion du mode de
vie
La proximité spatiale entre le canton d'Anfoin et les
villes d'Aného et de Lomé favorise le déplacement des
populations du canton vers ces villes et vice-versa pour des raisons diverses.
Ce contact permanent entre ces populations développe des échanges
socioculturels et n'est pas sans effet sur le mode de vie des ruraux. En
référence au tableau 9 et au graphique 7 présentés
ci-haut, 91,4 % des enquêtés déclarent qu'ils se
déplacent très souvent en ville (Lomé ou Aného)
pour des raisons diverses. La plupart des personnes interrogées laissent
entendre que leur durée de séjour en ville va au-delà
d'une semaine.
En se référent à la théorie du
diffusionnisme, la thèse centrale (Boas, (1928), Sapir, (1967), est que
certains traits culturels ont pu passer d'une société à
l'autre à l'occasion de migration ou d'échange. La culture d'un
groupe social serait donc plus le fait d'emprunts et d'imitations que
d'invention, bien que ces emprunts puissent faire l'objet de
réinterprétations dans le cadre de la société
d'accueil. Celle-ci interprète et prend ce qui est bon pour elle et lui
donne son sens.
Selon Rogel Thierry (2003 :119), la thèse
diffusionniste est d'autant plus plausible que l'on retrouve des traits
semblables sur des aires géographiques différentes et que ces
traits ont tendance à se transformer ou à disparaître
à mesure que l'on s'éloigne de ces aires. L'approche
diffusionniste a alors le gros avantage de rappeler que les
sociétés sont rarement des entités closes sur
elles-mêmes ; mais elle repose cependant, sur trop
d'hypothèses pour pouvoir être conservée telle qu'elle.
Dans le cadre de cette étude, le canton d'Anfoin tout
comme toute aire géographique n'est pas une entité close, mais
ouvert à d'autres communautés qui vont et viennent laissant ainsi
différends traits culturels et des modes de vie différentes de
ceux du milieu. C'est ce qui explique la perte des valeurs de solidarité
mécanique au profit de la solidarité organique pour employer les
termes d'Emile Durkheim.
Georges Balandier cité par Rogers Thierry (Id :
119), de son côté rappelle que les sociétés
africaines ont toujours changé à cause du commerce et du contact
avec l'Islam. Les changements sont donc de deux types : la
« dynamique du dedans » due à l'évolution de
structures aux temporalités différentes et la
« dynamique du dehors » due au contact entre les
sociétés et, qui selon Balandier, occupe une place de plus en
plus importante au XXe siècle.
Les obstacles internes et externes à l'autopromotion
communautaire du canton d'Anfoin peuvent être assimilés à
la « dynamique du dedans » et à la
« dynamique du dehors » de Balandier Georges. En effet, il
convient de dire que les obstacles internes à l'autopromotion de ladite
communauté sont dus à une évolution sociale et du
changement social qu'a connue le canton sur une échelle de temps ;
pendant que les obstacles externes résultent de l'influence
extérieure que connaît la population du canton et qui
l'empêche de s'autopromouvoir.
|