L'humanitude auprès de la personne à¢gée Alzheimer en situation palliative.( Télécharger le fichier original )par Stéphanie PHILIPPE Université de Nancy - Diplôme Universitaire de Médecine Palliative et Accompagnement 2015 |
2.4-La symptomatologie :2.4.1-Les symptômes cognitifs :1-Les troubles de la mémoire : -La mémoire autobiographique ou épisodique : Ce trouble fait partie des premiers symptômes, elle est touchée très rapidement. Il s'agit de la mémoire de notre histoire, de notre vécu et de nos souvenirs personnels. En début de maladie, le malade va oublier les faits récents alors que les faits anciens concernant des épisodes ou des événements de sa vie vont rester quant à eux présents. -La mémoire de travail : elle est utilisée temporairement pour mémoriser une information à court terme. Son atteinte est précoce et des difficultés de concentration vont se faire ressentir avec une incapacité d'attention divisée. Le malade se verra donc dans l'impossibilité de traiter plusieurs informations simultanément ou d'exécuter plusieurs tâches en même temps. -La mémoire sémantique : c'est la mémoire qui permet de stocker des connaissances générales et la connaissance du sens des mots. Ses troubles apparaissent plus tardivement. -La mémoire procédurale : cette mémoire rassemble les savoir-faire, les apprentissages intellectuels et les capacités gestuelles de chacun d'entre nous. Dans la maladie d'Alzheimer, celle-ci reste longtemps préservée. Par exemple, une personne malade peut continuer de tricoter « par automatismes » sans toutefois reconnaître les objets que sont les aiguilles et une pelote de laine ou jouer aux échecs. -La mémoire PRS (perception, représentation sensorielle) semble peu touchée. La mémoire émotionnelle permet, de manière implicite, par exemple d'écouter et d'écrire en même temps ce que l'on entend, d'associer la pensée de « la tarte au citron » lorsque l'odeur nous en parvient. A travers la littérature en psychogérontologie, j'ai pu constater que les émotions, la mémoire et les souvenirs émotionnels continuent à exister chez les malades et que parfois une hypersensibilité émotionnelle et relationnelle peut apparaitre chez certaines personnes. Marcel PROUST, écrivain du XIXème siècle, en fait la description suivante : « Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. »5 Il est donc important voir essentiel de susciter le souvenir agréable et de créer des émotions positives au travers d'une rencontre, d'un événement heureux, d'un soin, d'un contact ou d'un geste, d'une odeur, d'un 5Du côté de chez Swann, Marcel PROUST, édition Gallimard, 1987 10 souvenir ancien, d'un toucher doux et enveloppant ou d'une musique qui remémore le souvenir de l'ancien temps. 2-Les troubles du langage (aphasie) : le langage va peu à peu s'appauvrir chez le malade. Une altération des facultés linguistiques se fera remarquer par l'utilisation de mots basiques, simples, « passe partout » au détriment de phrases complexes. En fin d'évolution, il est possible que le malade ne puisse plus parler et que des difficultés de compréhension verbales s'installent. 3-Les troubles des gestes (apraxie) : au cours de la maladie, des difficultés dans la réalisation des actes quotidiens vont apparaitre et les gestes acquis au cours de la vie vont peu à peu s'oublier. « La personne éprouve d'abord de réelles difficultés à exécuter des gestes élaborés (écriture, tâches ménagères, utilisation des appareils électroménagers) puis, à un stade plus avancé, elle ne peut plus produire les gestes les plus simples (utilisations des couverts, mâcher, s'habiller). »6 4-Les troubles de la reconnaissance (agnosie) : il s'agit d'une perte de la fonction cognitive, survenant en général plus tardivement. La personne malade aura des difficultés à reconnaitre ou à comparer des informations visuelles, auditives, olfactives ou tactiles lui permettant une identification. « Une des manifestations spectaculaires de l'agnosie est la difficultés à reconnaitre les visage (prosopagnosie). Le patient pourra même avoir des difficultés à reconnaitre sa propre image dans le miroir, croyant parfois qu'il s'agit de quelqu'un d autre. »7 Il faut aussi évoquer l'importance de l'anosognosie, qui fait que le malade n'est pas en mesure de reconnaitre lui-même les troubles dont il est atteint. Elle survient parfois très précocement, à des degrés variables, et surtout gène la prise n charge car pour le malade « tout va bien » alors que l'entourage décrit des situations parfois catastrophiques. 5-Les troubles des fonctions exécutives : de grosses difficultés peuvent apparaitre rapidement dans la gestion, l'organisation, la planification ou la réalisation des tâches provoquant des difficultés au quotidien, comme suivre une recette pour préparer un gâteau ou faire une lessive. 6-L'atteinte de l'orientation temporo-spatial : précoce et plus ou moins importante, elle s'installera systématiquement lors de l'évolution de la maladie. Elle peut être à l'origine de comportements à risque pour le patient comme par exemple lorsqu'il sort de chez lui et se perd du fait d'une désorientation spatiale. Elle peut également générer des inversions de rythme nycthéméral. 6 http // alzheimer-recherche.org/269/symptomes 7 Maladie d'Alzheimer comment communiquer avec le malade ?, Romain PAGER ? Edition Frison-Roche, année 2010, p15. 11 |
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