2.2. Théories
participatives
De ces critiques du diffusionnismea émané une
autre approche de la communication pour le développement, qui met
l'accent sur l'engagement des bénéficiaires aux processus de
développement. Selon cette approche, la communication pour le
développement requiert la participation de toutes les parties prenantes.
Elle met l'accent sur« the importance of local communities and of
democratization and participation at all levels [...]. It is at the community
level that the problems of living conditions are discussed, and interactions
with other communities are elicited» (Servaes, 2008, p.21).
De ce fait, l'approche participative explique les
échecs des efforts de développement par le manque d'engagement
des bénéficiaires à la définition et à la
mise en oeuvre des stratégies. En effet, les partisans de cette approche
considèrent que pour un réel développement, il faut qu'une
collaboration soit initiée entre tous les acteurs - dont les
bénéficiaires. Ces derniers ne sont pas des cibles passives,
maisdes acteurs. Il est reconnu qu'ils ont des connaissances et des
savoir-faire dont il est important de tenir compte ; le changement doit
donc être initié par le dialogue, et par le partage
d'expérience et d'expertise. L'engagement des
bénéficiaires est primordial, car ils doivent eux-mêmes
identifier les problèmes auxquels ils font face et définir les
enjeux qui y sont liés.
L'un des pionniers de l'approche participative est le
pédagogue brésilien Paulo Freire, qui a expérimenté
cette approche lors d'une campagne d'alphabétisation pour adultes, au
cours de laquelle il a défendu l'idée d'une communication
dialogique basée sur la parole et l'écoute. La conception
freirienne de la communication pour le développement met en exergue que
« subjugated peoples must be treated as fully human subjects in
any political process » (Servaes, 2008, p.171). Elle est
bâtie autour de trois concepts : connaissance, reconnaissance et
appropriation. L'idée sous-jacente est celle-ci : il ne faut pas
ignorer les bénéficiaires dans les démarches de
développement, et il est nécessaire de reconnaitre leurs attentes
- attentes qu'il faut non seulement faire valoir, mais dont il faut
également s'inspirer. C'est ce qui garantit un authentique
développement social et qui favorise l'autonomisation et la
pérennité des résultats acquis. Cette approche
résume parfaitement la conception que nous nous faisons de la
communication pour le développement ; à savoir, une approche
du développement participative, qui au-delà du fait de donner une
voix aux populations, reconnait la richesse de leurs apports, assure une
appropriation des acquis et affirme leur capacité, ainsi que leur besoin
d'autonomie.
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