2.3.2. L'analyse quantitative, cause de faiblesses dans
l'évaluation
La PNCDBF présente deux faiblesses majeures, qui
fragilisent la satisfaction de ses missions et l'atteinte des objectifs qu'elle
se fixe. D'abord, comme nous l'avons exposé dans la première
partie de ce document, une PNCD doit pour atteindre ses objectifs prendre en
compte un enjeu majeur : celui de faire des outils d'information et de
communication des mécanismes d'appui à l'atteinte des objectifs
de développement. En ce sens il est crucial de mettre davantage
l'accent sur la qualité que sur la quantité. Or, une analyse des
documents de la PNCDBF démontre que lors des études de la
situation des structures de communication, l'accent a davantage porté
sur le nombre d'outils disponibles plutôt que sur leurs
compétences, et leurs capacités à assurer le rôle
d'outils de développement.
Un second point qui mérite réflexion est le
diagnostic qui a été fait des atouts et des contraintes des
différentes structures de communication. En effet, tel que celui-ci a
été présenté dans le document de la PNCDBF (FAO
& Min. Com., 2001b, pp.23-27), le diagnostic ne prend pas en compte un des
objectifs fondamentaux de la politique à savoir être un appui aux
programmes et aux projets de développement, afin qu'ils utilisent dans
leurs pleines potentialités les outils de communication pour l'atteinte
de leurs objectifs. Il aurait sans doute été plus pertinent que
le diagnostic des atouts et des contraintes se justifie directement par la
pertinence de leurs exploitations par rapport aux initiatives de
développement. De cette manière, les recommandations de la PNCDBF
peuvent objectivement se considérer comme de véritables
stratégies de développement.
Or, une analyse qualitative plutôt que quantitative des
structures de communication aurait assurément permis de définir
des objectifs réellement axés sur un renforcement des
compétences de ces structures, qui viennent appuyer les initiatives de
développement ; ainsi que l'importance de l'autonomisation des
communautés.
2.3.3. Une politique contextualisée
Toutefois, au vu de ce qui a justifié son
élaboration et en accord avec les missions qu'elle se fixe, la PNCDBF a
à son avantage des atouts non négligeables qu'il faut souligner.
D'abord, le fait qu'elle soit axée sur le monde rural fait d'elle une
politique véritablement contextualisée, et de ce fait à
l'écoute des préoccupations des communautés locales.
Ensuite, l'analyse du document de la PNCD du Burkina Faso révèle
que, ses stratégies et recommandations s'articulent harmonieusement
autour de trois types de communication complémentaires :
- la promotion du dialogue par la communication sociale
(griots, crieurs, conteurs, musiciens, relations interpersonnelles, etc.). Il
s'agit d'une volonté explicite de donner une place « aux
moyens de communication issus de la société
traditionnelle » (FAO & Min. Com., 2001b, p.33);
- un partage d'expériences et de savoir-faire par la
communication éducative, cela suppose notamment d'accompagner les prises
de décisions par des « formations en communication
[à l'attention] des agents de développement
communautaire » (FAO & Min. Com., 2001b, p. 34) ; ce
qui est une des recommandations des ateliers régionaux
considérées dans la PNCDBF;
- inciter le partage de flux d'information et d'expertises
entre les différents acteurs dudéveloppement local par la
communication institutionnelle.
Toutefois, il faut souligner ici qu'au vu des objectifs de la
PNCDBF, il aurait été plus pertinent que l'accent soit mis sur la
communication sociale plutôt que sur la communication institutionnelle et
éducative comme cela est le cas. Car c'est ce type de communication qui
répond à la question essentielle de l'engagement des
communautés aux efforts de développement.
Néanmoins, il est certain que le fait que la PNCDBF
soit circonscrite aux enjeux liés au monde rural dénote de
l'importance que la PNCDBF accorde à faire de sa politique une
stratégie contextualisée. Ce que réaffirme d'ailleurs la
relecture de la politique dix ans plus tard, dans un contexte différent.
En effet, un des arguments qui ont justifié cette relecture est
notamment les transformations d'ordre structurel dans le domaine de la
communication et de l'information, surtout en milieu rural où
l'accès au NTIC notamment s'est démocratisé. De nouvelles
donnes et des contextes actualisés ont donc imposé une nouvelle
analyse des besoins et une réévaluation des outils.
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