La communication pour le développement. Pour une approche participative des stratégies de développement. Etude de cas : la politique nationale de communication pour le développement du Burkina Faso.( Télécharger le fichier original )par Hawa Ba Université Laval de Québec - Communication publique - internationale et interculturelle 2015 |
2. La politique nationale de communication pour le développement du Burkina Faso2.1. Un appui aux objectifs de développement2.1.1. Une politique de communication pour le développement ruralLa politique nationale de communication pour le développement du Burkina Faso (PNCDBF) s'inscrit dans une volonté du gouvernement burkinabé de promouvoir la participation communautaire. Toutefois, la PNCD n'est pas la seule initiative dans ce domaine ; en effet, plusieurs autres politiques encouragent la participation des communautés et des OSC dans les initiatives de développement (Min. éco et dév, 2004, p. 5). C'est dans ce sens qu'il faut saisir l'élaboration de la PNCDBF comme une stratégie visant à promouvoir l'engagement des communautés locales burkinabé aux efforts de développement. En effet, la définition de la politique « est née de la volonté politique du gouvernement burkinabé d'utiliser la communication afin d'impliquer les populations de façon active et consciente au processus de développement économique, social et culturel »(FAO & Min. Com., 2001b15(*), p.3) Cette position défend résolument l'importance de la communication dans les actions de développement. L'idée sous-jacente est que la mobilisation des communautés aux actions de développement est une condition essentielle à l'atteinte des objectifs de développement. Ces objectifs sont d'ailleurs présentés comme des élémentsqui justifient la définition d'une PNCD (FAO & Min. Com., 2001a.16(*)). Ainsi, la PNCDBF a été conçue comme un volet d'appui aux stratégies nationales de développement durable, d'abord pour le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), puis pour la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD). En effet, ces deux documents stratégiques encouragent largement l'engagement des communautés aux actions de réduction de la pauvreté ; ce qui implique, entre autres, une délocalisation des efforts de développement au niveau des communautés (Min. éco et fin.17(*), 2011). La PNCDBF est donc un important support à l'atteinte des objectifs de ces stratégies de développement. Les fondements de la PNCDBF rejoignent ceux de ces stratégies. Celles-ci défendent le principe de l'appropriation nationale, qui se traduit par une volonté de mettre en oeuvre des stratégies de développement « conformes aux priorités et besoins des populations » (Min. éco et fin., 2011, p.35). De plus, il y est reconnu qu'une faible participation des acteurs du développement, particulièrement des communautés, peut constituer un facteur de risque d'échec des actions de développement, et qu'une participation effective de tous les acteurs est un élément fondamental à l'atteinte des objectifs fixés. Or, la communication se trouve être au centre de la participation. Un principe reconnu autant dans le CSLP18(*) que dans la SCADD qui plaident pour un renforcement des capacités de dialogue des populations. D'ailleurs, le document du CSLP défend la promotion des nouvelles technologies de l'information et de la communication comme un des principes directeurs des efforts de développement. Ensuite, la SCADD présente, dans ses principes, les technologies de l'information et de la communication comme un puissant levier de développement. Le fondement essentiel qui justifie cet appui est que les efforts de développement doivent se nourrir des préoccupations des communautés. En effet, une PNCD aboutie est assurément une politique contextualisée, qui repose sur les enjeux liés au sous-développement national. C'est ainsi qu'au Burkina Faso, la PNCD est axée sur la communication pour le développement rural. Ce qui s'explique aisément par le fait que la population burkinabé est essentiellement rurale. En effet, « l'économie du Burkina Faso repose sur le secteur du développement rural qui emploie plus de 86 % de la population active, représente 30 % du PIB et participe à 80 % des recettes des exportations » (FAO & Min. Com.2001b, p.99). Il s'agit de fait de la principale source de revenus des populations burkinabé, dont le développement est donc au centre des préoccupations. En plus des enjeux spécifiques liés à la communication pour le développement, la PNCD s'inspire également des causes du sous-développement recensées dans les documents de stratégies de développement nationales : causes socio-culturelles et socio-économiques notamment. Ce qui est un élément essentiel à la légitimité et à la réussite de la PNCD, car comme nous l'avons souligné précédemment, les diagnostics diffèrent selon les contextes nationaux et doivent donc inspirer des recommandations spécifiques. Au Burkina Faso, la PNCD se dessine clairement comme un appui aux documents de stratégies de développement nationales. Elle affirme être une politique qui encourage l'ensemble des acteurs du secteur agricole à s'organiser pour venir en appui à la mise en oeuvre des stratégies de développement. Une telle démarche est essentielle dans un contexte marqué par la reconnaissance de l'importance de l'engagement des communautés et de la communication dans le processus de développement (FAO & Min. Com., 2001b), À ce titre, la PNCDBF doit s'attacher à : - fournir un cadre institutionnel aux efforts en communication pour le développement défendus dans les stratégies nationales de développement ; - renforcer les structures de communication et d'information, particulièrement en milieu rural ; notamment soutenir une approche de la communication à dimension communautaire, que celle-ci ne soit pas uniquement le monopole des médias ; - faire des outils de communication et d'information des mécanismes d'appui à l'atteinte des objectifs de développement ; et en ce sens mettre davantage l'accent sur la qualité de ces outils plutôt que la quantité fournie ; de sortequ'ils soient de réels outils de promotion d'objectifs partagés, qui favorisent la participation des communautés, tout en étant multidimensionnels, car soutenant toutes les initiatives de développement. C'est dans ce cadre que la PNCDBF devrait se justifier, avec une emphase sur les questions liées au monde rural. Une politique qui stimule et encourage la communication axée sur le dialogue, qui permette aux initiatives de développement d'être à l'écoute des communautés cibles et qui favorise l'engagement de ces dernières. * 15 FAO & Ministère de la Communication. 2001b. Le document de la communication pour le développement au Burkina Faso - Tome 2. Rome. FAO. 107p. [En ligne]. http://www.information.gov.bf/files/pncd2.pdf * 16 FAO & Ministère de la Communication. 2001a. La situation de la communication pour le développement au Burkina Faso -- Tome 1. Rome. FAO. 111p. [En ligne]. http://www.information.gov.bf/files/pncd1.pdf. * 17Ministère de l'Économie du Burkina Faso. 2011. Stratégie de croissance accélérée et développement durable SCADD 2011-2015. 116p * 18 Le CSLP est le qualificatif donné, au Burkina Faso, au Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Mis en place en 2000, il a été révisé en 2004, en vue de la réalisation des OMD 2015. Il a finalement été remplacé par le document de la SCADD (Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable) pour la période 2011-2015. |
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