La communication pour le développement. Pour une approche participative des stratégies de développement. Etude de cas : la politique nationale de communication pour le développement du Burkina Faso.( Télécharger le fichier original )par Hawa Ba Université Laval de Québec - Communication publique - internationale et interculturelle 2015 |
Deuxième partieLes recommandations du Congrès de Rome, ainsi que celles des partenaires au développement, ont nourri notre intérêt pour la communication pour le développement ; notamment la recommandation portant sur le renforcement des structures de communication ainsi que celle qui encourage la mise en place d'une PNCD. Une question nous a alors particulièrement intéressée : dans quelles mesures les gouvernements appliquent-ils ces recommandations dans leurs politiques? Nous avons alors décidé de prendre comme cas d'étude un pays de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso. Ce choix se justifie doublement : - D'abord parce que le Burkina Faso se place, à notre avis, comme une référence dans le domaine du développement participatif. En effet, l'engagement du Burkina Faso dans la participation des communautés à leur propre développement n'est pas nouveau (Gumicio-Dragon, 2001) ; car déjà dans les années 80, Thomas Sankara, alors ministre de l'Information, avait initié plusieurs radios communautaires. Au Burkina Faso sur cinquante radios autorisées, la moitié sont des radios communautaires ou rurales12(*) (Tionon, 2004, p. 11). - Ensuite parce que le Burkina Faso fait partie des rares pays de l'Afrique de l'Ouest à avoir mis en place une PNCD13(*). En 1999, le ministère de l'Information, avec l'appui technique et financier de la FAO, a organisé un séminaire portant sur la situation de la communication pour le développement au Burkina Faso. Ce qui a été une première phase méthodologique dans le processus d'élaboration de la PNCD. Cette politique a été entérinée en 2002, puis une révision a été faite en 2011. 1. Fondements et objectifs selon la FAO et ses partenaires en Afrique de l'OuestSuite à nosprécédentes recherches et analyses, nous sommes arrivés à la conclusion qu'une politique nationale de communication pour le développement devrait être fondamentalement axée sur les questions suivantes : - Comment, via les outils d'information et de communication, motiver le dialogue avec les communautés vers lesquelles sont tournés les efforts de développement ? - Quels canaux communicationnels sont les mieux à même de favoriser l'accès et de motiver la participation des communautésaux efforts de développement, selon leurs spécificités (urbains ou ruraux) et leurs préoccupations? - Comment utiliser les outils d'information et de communication pour porter le débat sur la place publique afin d'insuffler un échange d'informations et un partage d'expériences au sein de, et avec, la communauté ? - Comment, via les outils d'information et de communication, motiver la communauté à centrer la réflexion sur les domaines dans lesquels des décisions qui les touchent directement s'imposent, et comment les motiver à proposer des idées pour résoudre leurs problèmes? En d'autres termes, comment promouvoir la participation ? L'enjeu central étant de quelle manière soutenir les outils d'information et de communication afin qu'ils favorisent au mieux l'accès des communautés à la communication ainsi que leur participation active aux processusde développement.Ce qui implique naturellement de motiver et d'encourager l'engagement des structures médiatiques et communicationnelles aux efforts de développement. Toutefois, puisque notre intérêt pour cette recherche a été porté dès le départ par le Consensus de Rome ainsi que la mise en oeuvre des PNCD en Afrique de l'Ouest, il nous est important, par souci de méthodologie et de cohérence, de nous appuyer également pour cette partie sur des documents s'y rapportant. Ainsi, nous allons principalement appuyer notre analyse critique sur deux documents. Le premier est un rapport méthodologique de Jean Pierre Ilboudo, spécialiste de la communication pour le développement de la FAO, qui présente les fondements, principes et objectifs d'une PNCD, notamment ceux qui ont été considérés pour l'élaboration des PNCD de cinq pays ouest-africains avec l'appui de la FAO. Le second document est le rapport final de l'atelier régional de Niamey, organisé en 200214(*) portant notamment sur les processus d'élaboration d'une PNCD, ainsi que les documents méthodologiques annexés. 1.1. Les différentes étapes de la mise en oeuvre d'une PNCDLes étapes de la mise en oeuvre d'une PNCD sont des points fondamentaux à analyser d'emblée lorsqu'on étudie une PNCD. Car, ces étapes garantissent que le processus est participatif et que toutes les thématiques et secteurs d'activités sont pris en compte dés le début du processus. Il est important que tous les acteurs du développement participent à la définition des étapes du processus, et qu'un ensemble d'outils d'information et de communication soit pris en considération. Cette démarche garantit que la PNCD est consensuelle et exhaustive. Ainsi, le rapport de l'Atelier de Niamey, appuyé par le document de la FAO, stipule que le processus d'élaboration d'une PNCD doit suivre les étapes suivantes : - Un inventaire des thématiques et des secteurs concernés ; - l'élaboration d'un document de référence pour des consultants nationaux, chargés d'entreprendre des études thématiques et sectorielles préliminaires ; - un atelier pédagogique destiné aux consultants afin d'uniformiser les définitions, les concepts, les principes ainsi que les méthodes de la communication pour le développement ; - la mise en oeuvre d'études thématiques et sectorielles par des consultants experts. - la mise en place de rencontres régionales sur la base des études thématiques et sectorielles, afin d'identifier les besoins en communication des communautés et de collecter des propositions de solutions auprès d'elles ; - l'élaboration d'un document de synthèse des conclusions des études et des concertations ; - un atelier national de définition de la PNCD. Il est important de mentionner ces étapes, car ce sont elles qui assurent qu'il y a un consensus dans la définition de la PNCD, afin de garantir son appropriation et sa réussite. Il est ainsi important que son processus de définition et de mise en oeuvre soit validé par toutes les parties prenantes, et qu'il recouvre tous les secteurs d'activité liés à l'information et à la communication. Cela ne peut être assuré que si les parties prenantes sont toutes associées aux processus d'élaboration des stratégies. À chacune des étapes précitées, l'ensemble des partenaires est associé aux processus de définition et de mise en oeuvre.L'inventaire ainsi que les études thématiques et sectorielles sont des étapes importantes, car ce sont elles qui vont permettre de répertorier l'ensemble des secteurs clés afin de s'assurer qu'ils seront tous associés aux stratégies de la PNCD. Ces étapes vont également permettre d'entamer un état des lieux de la situation actuelle de la communication pour le développement, ce qui est essentiel pour recenser les lacunes et les potentiels des secteurs ciblés. Toutefois, c'est la mise en oeuvre des concertations régionales qui est une phase de participation cruciale, car ce sont ces rencontres qui vont permettre de récolter auprès des communautés les enjeux liés à la communication pour le développement sur tout le territoire, grâce au recensement de leurs besoins en information et en communication, et de leurs recommandations. Ces étapes garantissent que tous les acteurs, y compris les communautés à la base, sont associés à la définition des enjeux et des stratégies, afin que la PNCD soit légitime pour tous. * 1250 radios autorisées, ainsi réparties : 19 radios communautaires, 11 radios publiques (dont 6 rurales) et 20 radios commerciales. * 13 Les autres pays étant le Mali (1993), la Guinée Bissau (1995), la Centrafrique (1999), le Cap-Vert (1999) et le Niger (2001). * 14Il s'agit d'un atelier régional, organisé par la FAO, qui a réuni des pays d'Afrique de l'Ouest ayant déjà une PNCD ainsi que ceux qui prévoient d'en définir. Il s'est déroulé à Niamey (Niger) et a porté sur les méthodologies d'élaboration et de mise en oeuvre des stratégies sectorielles de communication multimédia et des politiques nationales de communication pour le développement. |
|