I.2. Indicateur de la crise agricole
Le secteur primaire englobant l'agriculture et
l'élevage, contribue très fortement à la valeur
ajoutée nationale, malgré les contraintes agro climatiques,
affectant négativement la productivité agricole et pastorale
à Kabare.
Signalons qu'on ne peut pas développer tous les
indicateurs dans ce travail, raison pour laquelle nous allons détailler
l'un des indicateurs en donnant toutes ses dimensions, ses composantes et ses
sous-composantes.
L'insécurité
alimentaire
Parmi les facteurs contribuant à
l'insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, les fortes
fluctuations de la production agricole semblent les plus déterminantes.
En effet, contribuant pour près de 90% à la couverture des
besoins alimentaires, et constituant la principale source du produit
intérieur, les performances du secteur agricole déterminent
à la fois la disponibilité et l'accès aux denrées
alimentaires pour la grande majorité de la population. Par
conséquent, l'instabilité du secteur agricole se traduit par de
fortes fluctuations des prix des produits alimentaires, des revenus, des
balances de paiement, et des budgets des Etats. (Niama Nango
Dembélé, 2001).
Les facteurs influençant
l'insécurité alimentaire
Selon les objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), l'insécurité alimentaire est une
situation préoccupante. Ces objectifs visent la réduction de la
moitié, à l'horizon 2015, du nombre de sous alimentés et
celui des plus pauvres en général. Le manque de la nourriture
suffisante et équilibrée dans les milieux ruraux, cela peut
paraitre peu logique puisqu'on estime qu'ils ont la terre à leur
disposition; ne peuvent-ils pas produire au moins la quantité de
nourriture nécessaire à l'amélioration de leur famille ?
(Aimé Valentin Jambere Bajoje, 2011).
La pauvreté des paysans et leur
insécurité font que les paysans vendent leurs produits agricoles
directement après la récolte, voire même avant, afin de
subvenir à leurs différents besoins financiers
immédiats.
17
Il est observé que la situation de nombreux paysans est
précaire, d'où l'examen des facteurs à la base de ce
corollaire est d'une importance capitale. Les voici :
Les aléas inhérents à
l'exploitation agricole
Le changement climatique représente une menace majeure
pour le développement et la sécurité alimentaire dans les
prochaines décennies (Pachauri et Reisinger cités par (Sunray,
2012)
L'augmentation des températures appauvrit plus
rapidement la terre de son humidité et peut entraîner une
pénurie d'eau au niveau régional, la salinisation des terres
agricoles et la destruction des cultures. Au fur et à mesure que les
températures augmentent, les précipitations deviennent plus
variables sur la plus grande partie de l'Afrique. Dans certaines
régions, la variabilité et l'imprévisibilité des
précipitations ont été importantes durant les 4050
dernières années. Selon Boko et al. (2007) cité par
Sunray(2012), il y a eu chaque année depuis la fin des années
1960, une baisse générale des précipitations sur l'Afrique
; certaines régions connaissant une plus grande diminution que d'autres.
Par exemple, le Sahel et l'Afrique australe sont devenus plus secs au cours du
XXe siècle. Les pluies très irrégulières ou
inondations dues aux aléas du climat, les fortes sécheresses, les
tornades, sont toutes néfastes à la production agricole, car
elles détruisent ou endommagent les récoltes. Dans les pays
riches comme dans les pays pauvres, les agriculteurs sont très attentifs
aux variations du climat vu leur importance pour la production agricole.
La pauvreté
Plusieurs questions permettent dans l'enquête INCA
(Individuelle nationale sur les
consommations alimentaires) d'appréhender les
problèmes ressentis vis-à-vis de l'alimentation. Ainsi, une
question porte sur l'« inquiétude à l'idée de manquer
d'aliments » et une autre porte sur la «difficulté, pour des
raisons financières, à manger de la viande, de la volaille ou du
poisson tous les deux jours ». De plus, lorsque les individus avaient
répondu ne pas avoir assez à manger souvent ou parfois, ou avoir
assez à manger mais pas toujours les aliments souhaités, une
question complémentaire leur était posée afin d'identifier
les raisons de cette réponse positive (question de régime, de
temps, d'argent, problèmes pour se déplacer, choix limité
en restauration hors foyer, question de place ou d'équipement). Les
personnes ayant répondu oui à l'une des trois dernières
modalités pour des raisons financières ont alors
été considérées comme étant en «
situation d'insécurité alimentaire pour raisons
financières » ( Nicole Darmon et alii,2010).
18
L'indisponibilité des terres
Bon nombre des agriculteurs travaillent comme métayers,
pour un faible salaire, sur des terres qui ne leur appartiennent pas, et dont
ils ne peuvent pas utiliser librement les produits, ni pour leur
autoconsommation, ni pour la vente. Ces paysans n'ont aucune
sécurité d'emploi, ils peuvent être renvoyés du jour
au lendemain. Pour certains, l'exode rural sera la seule solution. Il arrive
que les paysans obtiennent en fermage un petit lopin de terre. Ils peuvent donc
disposer de tout ou d'une partie de la production qu'ils consomment ou qu'ils
commercialisent. Cette production demeure insuffisante suite à
l'infertilité du sol pour payer le fermage, souvent exorbitant, pour
acheter les semences et les outils et pour acquérir des biens qu'ils ne
produisent pas, comme du savon, de l'huile, des vêtements... Beaucoup de
paysans ne possèdent pas de terre : une minorité de grands
propriétaires possèdent la plus grande part des terres, souvent
les meilleures. Peu de surfaces cultivables restent à partager entre la
grande majorité des paysans. Cette répartition inéquitable
des terres concerne surtout l'Amérique et l'Asie (Fogel et Audate,
1997).
Les paysans avec des parcelles trop petites
Vu que certains paysans sont propriétaires mais avec
une exigüité des parcelles qui ne leur permet pas d'obtenir de bons
rendements, le volume de leur production reste insuffisant pour atteindre des
revenus leur permettant de faire face à tous les besoins de la
famille.
Les terres cultivables disponibles diminuent, souvent à
cause de l'urbanisation des zones agricoles. La taille moyenne des
exploitations diminue elle aussi et de plus en plus d'agriculteurs cultivent
des terres écologiquement fragiles. Le manque d'eau et
d'électricité, l'accès difficile à l'irrigation de
même que l'absence d'investissement dans le développement
agricole, y compris la recherche développement, ont réduit les
possibilités de développer la production agricole et le rendement
des terres et des cultures. (AQOCI, 2009).
La forte croissance démographique
La croissance démographique est la cause principale de
l'augmentation de la demande alimentaire mondiale. En l'an 2020, nous serons
d'après les chiffres de l'ONU, huit milliards d'habitants. Entre les
années 1990 et 2020, la terre aura donc vu sa population augmenter de
deux milliards 700 millions de personnes. Cela veut dire que jusqu'en l'an
2020, tous les ans et pendant trente ans, en moyenne la terre devra nourrir 90
millions de personnes en plus. Cela veut dire que sans parler
d'amélioration de l'alimentation mondiale, en 2020, il faudra 750
millions de tonnes de céréales de plus qu'en1990 soit 40% de
plus. Les plus fortes
19
augmentations de population auront lieu en Afrique qui a le
plus fort taux de croissance démographique et ce continent verra le
nombre de ses habitants doubler et la population de l'Asie augmentera de 1,5
milliard de personnes. Faire face à une telle croissance
démographique sera d'autant plus difficile pour l'Afrique et l'Asie que
c'est justement dans ces deux régions que se situent les grosses
difficultés alimentaires actuelles (Fogel et Audate, 1997).
Des disponibilités des stockages
limités
Les récoltes sont dévastées par les
insectes et les rongeurs dans de nombreuses régions, si elles ne sont
pas stockées rapidement. Même dans les greniers à
céréales, il arrive que les ravageurs parviennent à
attaquer les vivres entreposés. Les pertes occasionnées par
l'absence ou l'insuffisance de moyens de stockages dépassant parfois 50%
de ce qui y a été récolté. Le stockage de certains
aliments requiert des conditions assez exigeantes, comme un certain
degré d'humidité, des températures correctes et
constantes. Faute d'être stockés dans de telles conditions, une
partie des aliments peuvent pourrir assez rapidement. En même temps,
soulignons que pendant que les prix des produits agricoles n'évoluent
pas, le prix des biens de l'échange sont défavorables aux petits
producteurs qui se trouvent, ainsi en situation d'insécurité
économique (nos investigations sur terrain).
Le manque d'infrastructure rurale.
Dans beaucoup de pays pauvres, les routes sont en mauvais
état ou inexistantes. Généralement, les axes routiers sont
conçus pour permettre le commerce avec les pays étrangers ou pour
faciliter les échanges entre les grandes agglomérations. Les
routes permettent aux agriculteurs de commercialiser leurs produits et
d'acheter ceux qui leur font défaut. Les voies de communications qui
mènent d'une région à une autre sont souvent
négligées. Les agriculteurs ne produisent pas tout ce dont ils
ont besoin pour une alimentation équilibrée. Il leur faut acheter
une partie de leur nourriture : plus de 60% de la population rurale en Afrique
subsaharienne sont des acheteurs nets de nourriture, c'est-à-dire qu'ils
achètent plus des produits agricoles qu'ils n'en vendent. Le manque de
route et de moyen de transport ne facilite pas le ravitaillement ni en temps
ordinaire ni en cas d'urgence (nos investigations sur terrain).
20
|