b. La littérature consacrée aux
méthodes et stratégies des acteurs
La présence d'observateurs ne va pas sans soulever des
questions d'ordre éthique. Le simple fait de se trouver au coeur d'une
campagne électorale et sur les
30 Ndoumou, (F ÀD), Les missions
d'observation des élections, Paris, Edition L'Harmattan, 2012, p.
10.
31 Abdoulkarimou, La pratique des
élections au Cameroun 1992 - 2007. Regards sur un système
électoral en mutation, Yaoundé, Edition Clé, p.
92.
32 Parmi ces missions diplomatiques
accréditées au Cameroun pour les élections qui sont
l'objet du présent mémoire on peut citer en 1992 : Les
Etats-Unis, la France, le Haut-Commissariat du Canada ; 1997 : Les Etats-Unis,
la France ; 2004 : La France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, le
Haut-Commissariat ; en 2011 : La France, l'Angola, les Etats-Unis, la CEEAC, le
Commonwealth, la Grande Bretagne, le Haut-Commissariat du Canada, le
Haut-Commissariat de la République Fédérale du Nigeria....
Etc. (voir liste complète en annexe).
33 Abdoulkarimou, Op. cit., p. 92.
34 Ibidem, p. 93.
35 National Democratic Institute for international
Affairs (NDI), L'élection présidentielle du 11 octobre 1992
au Cameroun.
7
Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
lieux du scrutin peut amener un observateur à se
trouver dans des situations parfois fort délicates. Certaines
organisations internationales qui se consacrent à la promotion des
droits démocratiques et parrainent des missions de monitoring des
élections ont élaboré, à l'intention des
observateurs, des codes d'éthique qui concourent à un plus grand
professionnalisme de l'observation. Il s'agit notamment de l'Institut
International pour la Démocratie et l'Assistance Electorale, de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en
Europe, de l'Union Interparlementaire, de l'Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF)36 et du Commonwealth.
L'Institut international pour la démocratie et
l'assistance électorale (IDEA), précise que les devoirs de
l'observateur se résume à la reconnaissance et au respect de la
souveraineté du pays hôte ; les agissements de l'observateur
doivent se faire dans l'indépendance et l'impartialité ;
l'observateur doit faire preuve d'exhaustivité et prendre en compte
toutes les circonstances pertinentes ; la pratique de l'observation doit se
faire avec la plus grande transparence et l'exactitude37 dans le
processus électoral.
L'Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE) a aussi élaboré un certain
nombre de règles éthiques que devraient respecter les membres
d'une Mission d'Observation Electorale (MOE). Elle recommande aux observateurs
d'adopter les conduites suivantes : une plus grande impartialité,
c'est-à-dire qu'aucune préférence à l'égard
des autorités nationales, des partis, des candidats, ou tout ce qui fait
l'objet de la campagne électorale38. Pour cette organisation,
les observateurs doivent poursuivre leurs activités sans
interférer dans le processus électoral, les procédures, le
jour du scrutin ou le dépouillement et la compilation des
résultats. Ils doivent être munis des pièces
d'identification prescrites par le gouvernement hôte ou la commission
électorale, et doivent s'identifier auprès des autorités
compétentes sur demande. Ils ne doivent pas porter ou afficher de
symboles, couleurs ou bannières associés à un parti
politique ou un candidat. Ils peuvent porter à l'attention des membres
du personnel électoral local certaines irrégularités, mais
ne doivent jamais leur donner des instructions ou contredire les
décisions des responsables électoraux. Et c'est à cela que
se réduit le pouvoir d'intervention des acteurs non étatiques.
Ils doivent observer si toutes les lois et tous les règlements du pays
hôte39 sont respectés.
Quant aux principes de conduite que recommande l'Union
interparlementaire, ils sont similaires à ceux qui
préconisés par les autres organisations internationales
impliquées dans le domaine de la promotion des droits
démocratiques. Ainsi, de façon générale, le Code de
conduite pour les élections recommande que «Le comportement des
observateurs internationaux, outre qu'il doit être respectueux de la
législation nationale, est régi par les principes
généraux de la responsabilité : les observateurs doivent
s'en tenir à leur mandat, faire preuve de professionnalisme, être
honnêtes et impartiaux40». Pour cela, il
énonce les règles à respecter par les observateurs : agir
avec la plus stricte neutralité et sans parti pris à
l'égard des autorités nationales, des partis et des candidats,
des électeurs, de la presse et des
36 Le Directeur Général des Elections
du Québec, L'observation électorale, Guide pratique à
l'intention des membres des missions d'observation électorale à
l'étranger, Québec, 1997, p. 5.
37 Institut International pour la Démocratie
et l'Assistance Electorale, (IDEA), Code de conduite. Observation
électorale éthique et professionnelle, p. 10.
38Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE), Election Observation Handook,
2ème Edition, Varsovie, 1997, p. 39.
39Ibidem, pp. 5-6.
40 Goodwin-Gill, (G.S), Codes de conduite pour les
élections, Genève, 1998, Union Interparlementaire, p. 45.
8
Le monitoring des élections
présidentielles au Cameroun de 1992 à 2011
médias et de l'organisation des observateurs
électoraux ; s'abstenir de tout acte pouvant porter préjudice au
système électoral ou à l'administration électorale
; faire connaître tout fait qui pourrait donner lieu à un conflit
d'intérêts ou à l'apparition d'un conflit
d'intérêts, pendant l'observation ; fonder toutes ces conclusions
sur des faits vérifiables et utiliser les normes de
référence reconnues41.
L'OIF s'est dotée de principes directeurs devant guider
l'envoi d'une mission d'observation d'élections. Ces principes ont
été adoptés par le Conseil permanent de la Francophonie
(CPF), à Marrakech, les 17 et 18 décembre 1996. On y
précise que les observateurs doivent avoir une réputation
d'indépendance d'esprit, d'impartialité et
d'objectivité42.
Ces travaux ont le mérite de nous montrer
qu'au-delà des particularités de l'un ou l'autre de ces codes de
conduite, il faut comprendre que le comportement43 des membres des
missions d'observation électorale est un facteur déterminant pour
assurer la crédibilité de la mission et, partant, son
succès. La connaissance des codes de conduite et le respect des
règles d'éthique reconnues internationalement dans ce domaine
sont donc un impératif. La mission d'observation, qui s'inscrit dans le
cadre plus large de l'appui au processus de démocratisation
engagé par nombre de pays francophones, doit se dérouler dans le
respect de la souveraineté de l'État demandeur et de la
législation en vigueur44. Munis des termes de
références et ordres de missions appropriés, les membres
de la mission doivent avoir une réputation d'indépendance
d'esprit, d'impartialité et d'objectivité. Ils doivent plus
particulièrement avoir une bonne connaissance des règles et
techniques électorales. On attend de plus qu'ils aient une connaissance
du pays demandeur ou tout au moins de la région où doit se
dérouler la mission. Cependant cet ensemble de codes et règles
éthiques est standards aux différentes élections pour
lesquelles elles sont le plus souvent invitées à
couvrir45.
Notre apport consistera donc dans le cadre de notre recherche
à évaluer le rapport, entre la théorie et la pratique, de
l'appropriation de ces codes de conduite et des règles éthiques
dans le cadre de l'élection du Président de la République
au Cameroun depuis 1992 à 2011.
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