1.1.4 Martingales en temps continu
Les martingales continues sont l'analogue des martingales
discrètes mais à temps continu, il s'agit d'un processus
stochastique dont l'espérance à l'instant t
dépend de l'information disponible à un certain temps s
= t .
Définition 1.1.9. Un processus
stochastique (M(t))t~0 à valeurs réelles,
Ft-adapté et intégrable est une martingale continue
si
E(M(t)/Fs) = M(s),s =
t
Sous-martingale si
E(M(t)/Fs) =
M(s)
Sur-martingale si
E(M(t)/Fs) =
M(s)
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
1.2 Marche aléatoire
1.2.1 Marche aléatoire sur Z
Définition 1.2.1. Soit
(Mn)n>0 une suite de variables aléatoires
indépendantes et identiquement distribuées toutes à
valeurs dans {-1,1} avec :
P{Mn = 1} = p et
P{Mn = -1} = 1-p = q
On pose :
S0 = 0
{
Sn =
Xn i=1
Mi
La suite (Sn)n>0 est
appelée marche aléatoire sur Z.
La marche aléatoire simple est dite symétrique
lorsque p = q = 21
Pour la suite on concentre sur la marche aléatoire
symétrique.
Proposition 2. ·
E(Sn) = 0
· V (Sn) = n
On a
Puisque
|
E(Sn) =
|
n i=1
|
E(Mi) = 0
|
|
E(M1) = E(M2) = ... =
E(Mn) = 0
Par calcul on trouve :
E(S2n) =
|
Xn i=1
|
Xn j=1
|
E(MiMj) = 0
|
|
Puisque
E(MiMj) =
|
{
|
1 sii=j
E(Mi)E(Mj) = 0 si i j
|
|
11
Définition 1.2.2. (Chemin)
Soit n > 0 ,m > 0 et a,b E Z
on appellera chemin du point (m,a) au point
(n,b) une ligne brisée, c'est-à-dire une suite
de segments joignant des points successifs du plan
(m0,a0),(m1,a1), · · ·
,(mr,ar), qui commence au point
(m0,a0) = (m,a) et se termine au point
(mr,ar) = (n,b).
Notation : On note un chemin pour une marche
aléatoire de n pas par
(S0,S1, · · ·
,Sn) E Zn+1. Pour la suite
nous nous concentrons surtout sur les chemins qui joignent ((m,a) =
(0,0) au point (n,b) = (n,Sn).
Notons nd : le nombre de fois où Mi =
+1 et ng : le nombre de fois où Mi = -1
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
12
alors
|
{ n = nd +ng sn
= nd - ng
|
donc
|
{ nd = 2
n+sn
n--sn
ng = 2
|
|
La position Sn = sn est
donnée par
sn = nd - (n -
nd) = 2nd - n
nd admet les valeurs
0,1,2,··· ,n ainsi
sn ?
{-n,-(n-2),···,n-2,n}
Proposition 3. La probabilité d'un
chemin (S0,S1,···
,Sn) pour une marche aléatoire à n pas
est égale à 2n1 .
Remarque 3. Tous les chemins sont
équiprobables.
Démonstration. Considérons un chemin
(S0 = s0,S1 =
s1,··· ,Sn =
sn).On a s0 = 0 et si - si_1 ?
{-1,+1} pour i = 1,2,···
,n. On a
P{S0 = s0,S1 =
s1,··· ,Sn =
sn}
Alors
P{S0 = s0,S1 =
s1,···,Sn =
sn} = P{M1 = s1 - s0,M2
= s2 - s1,···,Mn
= sn -sn_1}
= Yn
i=1
1
P{Mi = si - si_1}
=
2n
PuisqueP{Mi =si-si_1}=
12,?i ? {1,···
,n}
n+sn
2
Proposition 4. Considérons un point A
= (n,sn). Le nombre de chemins possibles entre l'origine et
le point A est
Nn,sn = Cnd
n = Cn
Le nombre de chemins di~érents avec n pas est
égale à 2n.
Proposition 5. Notons la probabilité
que la particule arrive au point Sn = sn
à l'instant n, par pn,sn.Ainsi :
1 1 n+sn
P{Sn = sn} = pn,sn
= 2n Nn, = 2n Cn 2
Démonstration. Si Sn =
sn,et s'il y a eu nd pas vers la droite et
ng pas vers la gauche, on a nd
-ng = sn et nd
+ng = n. On trouve nd =
n+sn
2 et ng = n_sn
2 . Le nombre de chemins
distincts est le nombre de manières de placer les nd
pas vers la droite parmi les n pas,
n+sn
soit Cnd
n = Cn . Tous les chemins ont la
même probabilité 1
2 2n , d'où le résultat.
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
13
Principe de réfléxion
Théorème 1.2. Soient n,b
> 0 et sn > 0, alors le nombre de chemins
joignant (0,b) à (n,sn)
et touchant l'axe des abscisses est exactement le nombre de chemins
joignant (0,-b) à
(n,sn)
Théorème 1.3. Soit
n,sn ? Z +, le nombre de chemins
(s0,s1,···
,sn) de l'origine s0 = 0 au point
(n,sn) tel que
s1 > 0,s2 >
0,···,sn-1 >
0,sn > 0
est donné par
sn
Nn-1,sn-1 -
Nn-1,sn+1 = n
|
Nn,sn
|
|
Retour à l'origine
Remarque 4. Pour un retour à
l'origine à un instant n, l'instant n considéré doit
être nécessairement pair. Nous allons donc considérer des
instants de la forme 2n. On note u2n la probabilité
qu'il y ait un retour à l'origine à un instant
2n.
Lemme 1. la probabilité qu'il y ait
un retour à l'origine à un instant 2n est égale
à
= P{S2n = 0ll
1
u C
2n T I = P2n n
,0 = 2n 2n
u2n = 1 pour n = 0.
Démonstration. On applique la proposition 5 au
points (0,0) et (2n,0)
1 1 2n+0
2
P{î2n = 0} =
p2n,0 = 22n N2n,0 = 22n
C2n
d'où le résultat.
Approximation de u2n
par la formule de Stirling
Approximation de la probabilité d'un retour à
l'origine à l'instant 2n par la formule de Stirling pour un n
grand
1
Démonstration. Formule de Stirling n! '
v2ðn (ne ) n
On a donc (2n)! ' v4ðn
(2é) n et (n!)2 '
2ðnl(é)2n
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
alors
(2n)!
u2n = (n!)2 2-2n
(2n 1)2n
v4ðn e-2n
' 27rn (7,,,) 2n 2
eJl
1
Premier retour à l'origine
Définissons l'instant du Premier retour à
l'origine par
T0 = inf{n = 0, n = 0} avec
convention inf(Ø) = +8
La probabilité que le premier retour à l'origine
soit à l'instant 2n. Noté par f2n tel
que
f2n = P{T0 = 2n}
Relation entre u2n
et f2n
Pour n = 1
Théorème du retour à
l'origine
Théorème 1.4. La
probabilité qu'il y ait un retour à l'origine jusqu'à
l'instant 2n compris est égale à la probabilité
qu'il y ait un retour à l'instant 2n :
P{ 1 # 0, 2 # 0,··· ,
2n # 0} = P{ 2n = 0} = u2n (1.1)
Les i étant tous positifs ou tous
négatifs (avec la même probabilité), on a :
1 1
P{ 1 > 0, 2 >
0,··· , 2n > 0} =
2P{ 2n = 0} = 2u2n (1.2)
Démonstration. Nous démontrons
l'équation (1.2) On ana
P{ 1 > 0, 2 >
0,···, 2n > 0} =
14
00
P{ 1 > 0, 2 >
0,···, 2n =
2sn} sn=1
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
(Les termes de la somme avec sn > n sont
nuls). d'après le théorème(1.2)
l 1
P{ 1 > 0, 2 >
0,··· , 2n =
2sn} = 2n
N2n-1,2sn-1 -
N2n-1,2sn+1
Alors
|
P{ 1 > 0, 2 >
0,···, 2n > 0} =
|
00 sn=1
|
2n 1
{N2n-1,2sn-1 -
N2n-1,2sn+1}
|
|
Elle reste
|
1 2n
|
1 n 1
N2n-1,1 = 2nC2n-1
= 2u2n
|
|
D'après le théorème du retour à
l'origine, la particule n'est pas retournée à l'ori-gine
jusqu'à l'instant 2n - 2 compris avec la probabilité
u2n-2. Au temps 2n, soit elle revient à
l'origine (c'est donc pour la première fois) avec la probabilité
f2n, soit elle n'y revient pas avec la probabilité
u2n. Autrement dit, Pour n =
1,2,··· ,N
f2n = u2n-2 -
u2n
On particule
1n-1
f2n = 22n-1C2n-2
-u2n
Alors
1 (2n - 2)!
(( n - 1)!)2 - u2n
f2n =
22n-1
Donc
1 (2n)! 4n2
f2n =
22n ((n)!)2 (2n - 1)2n
- u2n
15
D'où
1
f2n = (2n -
1)u2n
Dernier retour à l'origine
Rappel La fonction de répartition de
la loi arc sinus standard est donnée par :
2 arcsin(vx) F (x) =
ð
Pour 0 < x < 1, et dont la densité de
probabilité est donnée par :
f(x) =
1
\I ð x(x -1)
sur ]0,1[ . La loi arc sinus est un cas particulier de
la loi bêta avec les paramètres á = â
= 12. Ainsi si X est de loi arc sinus
standard alors X ti Beta(12,
12)
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
FIGURE 1.1 - Représentation graphique
de F(x)
Théorème 1.5. La
probabilité que la dernière visite à 0 avant le temps
2n se produise au temps 2k est donné par
á2k,2n =
P{î2k = 0,î2k+1 #
0,··· ,î2n # 0} =
u2ku2n-2k Théorème
1.6. Si î0 = 0, pour n = 0
P{î1 ×î2
×···×în #
0,în = sn} = |sn|
n
|
P{în = sn}
(1.3)
|
|
Par conséquent
P{î1 × î2
×···× î2n # 0} =
n
E{|în|}
1
X
snEZ
|
X
P{î1 ×î2
×···×în #
0,în = sn} =
snEZ
|
|sn|
n
|
P{în = sn}
|
|
16
Démonstration. Prenons d'abord sn
> 0. Le nombre de chemins dans l'événement
considéré par le théorème (1.2) snn
Nn,sn, et chaque chemin a n+sn
2 pas vers la droite et n-sn
2 vers
la gauche. Donc
P{tt tt tt S1 ×
S2 × ··· × în
# 0,Sn = sn} =
sn
|
(
Nn sn G)2
n+sn)
(2)
1 12 (n )--sn
|
|
. Même our sn < 0 (on applique le
principe de réflexion) d'où le résultat. On a
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
FIGURE 1.2 - Représentation graphique
de f(x)
Donc
1
P{?sn?Z (S1 × S2
× ··· × Sn # 0) n Sn
= sn} =
n
|
E{|Sn|}
|
|
P{S1 ×S2 × ···
×Sn # 0n(?snEgn =
sn)} =
n
1
E{|Sn|}
sn=2m
= E P{S1 ×S2 × ···
× S2m # 0,S2m =
sn} sn=-2m
=
|
sn=2m
E
sn=-2m
|
|sn|
2m
|
P{S2m = sn}
|
|
17
1
P{S1 × S2 × ···
× Sn # 0 n Ù} =
n
|
E{|Sn|}
|
1
P{S1 ×S2
×···×Sn # 0} = n
|
E{|Sn|}
|
|
Démonstration. (théorème 1.3)
tt
á2k,2n = P{S2k
= 0,S2k+1 # 0,···
,S2n # 0}
= P{S2k = 0}P{S2k =
0,S2k+1 # 0,···/S2n
# 0}
= P{S2k = 0}P{S2k =
0,S2k+1 # 0,···
,S2n-2k # 0}
On pose m = n- k montrons que
P{S2k = 0,S2k+1 #
0,··· ,S2m # 0} = P{S2m
= 0}
P{S2k = 0,S2k+1 #
0,··· ,S2m # 0} = P{S1
×S2 × ··· × S2m #
0}
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS
FONDAMENTAUX
P{î1 X î2 X ··· X
î2m # 0} = 2
|
Xm k=1
|
2k 2m
|
P{î2m = 2k}
|
|
Xm k=1
= 2
2k 1
Cm+k
2m
2m22m
Montrons que
2k Cm+k
2m = Cm+k-1
2m-1 - Cm+k
2m-1
2m
On a
(2m - 1)! (2m - 1)!
Cm+k-1
2m-1 - Cm+k
(m+k -1)!((2m-1-(m+k
-1))! (m+k)!((2m-1-(m+k))!
2m-1 =
"= (2m -1)!
|
#
1 1
(m+k -1)!(m-k)!
-(m+k)!(m-k -1)!
|
|
= (2m -1)!
Lm+k)!(m-k)!]
(m+k)-(m-k
(2m -1)! =2k (m+k)!(m
- k)!
2k 2m
(2m)!
=
(m+k)!(m - k)!
= 2k Cm+k
2m 2m
Donc
P{î1 X î2 X ··· X
î2m # 0} = 2
|
Xm k=1
|
2 1 rCm+k-1 - Cm+k
1
L 2m-1 2m-1]
|
|
1 m
= 2 X 22m C2m-1
1 =Cm = P{î2m = 0}
22m 2m
Alors
18
á2k,2n =
P{î2k = 0}P{î2m = 0}
= P{î2k = 0}P{î2n-2k}
= u2ku2n-2k
La représentation graphique de la distribution
discrète de l'arc-sinus à n = 50
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
Remarque 5. La distribution
á2k,2n est symétrique par rapport à n,
on a donc :
á2k,2n =
á2n-2k,2n
On donne maintenant l'approximation de la probabilité
á2k,2n à l'aide de la formule de
Stirling.
Rappelons que :
1 1
P{î2k = 0} ' v et
P{î2n-2k = 0} ' q
ðkð(n - k)
Alors
1 1
Ck 2kCn-k
2n-2k ' q
22n ð
á2k,2n =
(n - k)
' 1
n
1
q k
ð n(1 -
kn)
Si on pose
1
f(x) =
qð x(1 - x)
On voit que
á2k,2n '
1 f(tk) avec tk = k
n n
si n -? 8 alors tk devient une variable
continue et t ? [0,1] On intégrant f
X
F(t) =
n<t
k
|
X
á2k,2n '
n<t
k
|
1 n
|
k !f n
|
|
19
ft f(x)dx = 2 arcsinvt
F(t) donnera la probabilité que le
dernier retour à l'origine arrive avant le temps relatif
k n
T.Souali CHAPITRE 1. LES NOTIONS FONDAMENTAUX
20
Interprétation de f(t) et
F(t) à l'aide d'un exemple Prenons une marche
aléatoire de 30 pas, c'est-à-dire n = 30. Choisissons
l'intervalle I = [0,12] et regardons la probabilité
que le dernier retour à l'origine soit dans l'intervalle
considéré. L'aire bleu foncée visualisé sur la
figure ci-dessus sous la courbe de f(t) et dans l'intervalle
I donne la probabilité approximée que le dernier retour à
l'origine soit avant le temps k = 12. La valeur approximative de
l'aire est donné par:
où t = k n
comme n = 30 et k = 12 on a t = 12
30 = 0.4. Ainsi
2
F (0.4) ' ð
|
J
arcsin 0.4 0.4359
|
|
La probabilité que le dernier retour à l'origine
soit avant le temps 12, dans une marche
aléatoire de 30 pas, est d'environ 0,4359.
|