0.2. Problématique
La consommation d'alcool est donc un problème mondial
de santé publique et compromet autant le développement
intégral de l'individu. L'alcool provoquerait près de 2,5
millions de décès chaque année et entraîne
également des dommages qui vont au-delà de la santé
physique et psychologique de celui qui le consomme. En effet, le
bien-être et la santé de l'entourage du buveur sont
également atteints. Près de 320.000 jeunes gens âgés
de 15 à 29 ans meurent de causes liées à l'alcool, ce qui
représentent 9% de la mortalité totale dans cette tranche
d'âge ; L'alcool est le troisième facteur de risque de
morbidité; c'est le principal facteur de risque dans les régions
du Pacifique occidental, des
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Amériques et le deuxième en Europe. L'alcool est
associé à de nombreux problèmes sociaux dont la violence,
maltraitance ou négligence des enfants, et absentéisme sur le
lieu de travail (16).
En Afrique près de 22,8% d'adolescents consommaient
l'alcool, particulièrement plus élevée chez les
garçons les plus scolarisés. En République
Démocratique du Congo, des études ont montré que la
composition de la clientèle serait dominée par les
élèves et étudiants à près de 50%
(17).
Plusieurs autres études à travers le monde ont
invoquées les facteurs déterminant la consommation des boissons
alcoolisées. Notamment des facteurs familiaux, les facteurs
socio-économiques, les facteurs culturels, les facteurs psychologiques
et les facteurs de dépendance physiologiques. Parmi les facteurs
familiaux, les effets de l'alcoolisme parental et de l'exposition
prénatale à l'alcool sur le développement des enfants
affectés, ont été invoqué sur la scolarité
des enfants. Les études sur les facteurs de dépendance
physiologiques, ont montré l'influence des facteurs individuels de
sensibilité aux effets de l'alcool, comme le sexe ou la corpulence du
sujet (18).
L'analyse sur les déterminants psychologiques a
montré que l'utilisation de l'alcool ou des drogues avant le rapport
sexuel était fréquente chez les étudiants sexuellement
actifs et aussi une longue période d'abstinence pourrait être
suivie de consommations occasionnelles et massives à risque. Aussi il a
été démontré que l'alcool peut être un
recours contre l'émergence d'une angoisse; il semble apparaître
comme une possibilité de fuir du réel, une fuite de la
réalité sociale. L'alcool semble compenser l'insatisfaction des
besoins sociaux.
Les études ont aussi montré que la consommation
d'alcool serait enracinée dans le contexte culturel et social par
l'influence des pairs, de la situation personnelle et des attitudes sociales
vis-à-vis de la consommation d'alcool ; de l'image transmise par la
publicité et les médias de la consommation d'alcool comme; du
statut juridique de l'alcool et de l'existence de sanctions pénales
à l'encontre des personnes occasionnant des traumatismes sous
l'influence de l'alcool. De même les éléments relatifs aux
aspects relationnels de l'alcoolisme aigu dans certains groupes, la
consommation d'alcool constituerait un facteur d'intégration, le refus
de consommer conduirait à une marginalisation(16).
Sur le plan socio-économique, les études ont
montré que l'alcoolisme serait perçu comme un moyen de
compensation face à des difficultés sociales, économiques
ou professionnelles.
Des études ont montré que la prévalence de
la consommation d'alcool chez les patients jeunes a montré que 18,36% de
patients de sexe féminin versus 25,56% de sexe masculin était
positifs à la consommation d'alcool et aussi que l'entrée dans la
consommation d'alcool se faisait souvent dans un contexte familial, que ce soit
à la maison ou au restaurant. Entre 19 et 20 ans, les trois-quarts
consommaient plutôt hors de leur domicile, le week-end et le soir. Les
jeunes consommaient
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principalement le week-end, pour 90% d'entre eux et, avec
l'âge, le vendredi prenait la place du dimanche. Fait surprenant, c'est
plutôt le goût et l'occasion offerte de boire que le prix qui
motivaient la consommation de telle ou telle boisson. Du côté des
garçons, le fait d'avoir un parent ayant fait des études
supérieures était susceptible de favoriser la consommation de
boissons alcoolisées. De même, la pratique d'un sport semblait
augmenter la fréquence de consommation. Pour ce qui concerne les filles,
les facteurs ont été plutôt d'ordre psycho-environnemental
: une communication difficile avec les parents ou des difficultés
d'adaptation scolaire. La famille semblait être le facteur de
régulation le plus évident.
D'autres études ont montré clairement
l'existence d'une relation entre les résultats scolaires et la
consommation d'alcool. Ces études ont conclu au fait que l'alcool
pourrait être à la fois le résultat et la cause de
l'échec scolaire. Les problèmes scolaires, les attitudes
négatives vis-à-vis de l'école et le comportement
difficile seraient souvent des déclencheurs et des conséquences
d'un abus d'alcool (18).
En République Démocratique du Congo, la
consommation d'alcool par les jeunes adolescents, notamment des
élèves susciterait encore des préoccupations
particulières et la fréquentation des débits de boissons
par les adolescents serait fortement interdite par l'autorité de la
place mais elle souffrirait actuellement du manque d'exécution. Parmi
les conséquences de cette consommation, il a été
constaté l'excès de la violence, des comportements sexuels
à risque, des accidents de circulation, des bagarres, des IST/SIDA. Il
est indéniable que l'alcool jouerait un rôle important dans leur
comportement.
Les parents et la société et la famille seraient
insensibles à cette consommation d'alcool par les jeunes. L'étude
a déterminé que les promotions, les promenades des jeunes, les
rencontres avec les pairs, les manifestations des jeunes toujours
agrémentées par l'alcool seraient à l'origine de cette
forte consommation. L'étude a aussi montré que la composition de
la clientèle sur le plan professionnel était fort dominée
par les élèves et étudiants (les jeunes) à 50%
(5).
D'autres études ont montré que les facteurs
d'environnement qui conditionneraient particulièrement les gens à
consommer des boissons alcooliques étaient entre autres la pression
sociale du lobby du vin et des autres boissons alcooliques.
Face à cette ampleur de la consommation d'alcool et aux
multiple facteurs d'exposition, actuellement, l'Assemblée mondiale de la
Santé a adopté la Stratégie mondiale visant à
réduire l'usage nocif de l'alcool, fondée en partie sur une somme
considérable d'éléments attestant l'importance de l'alcool
dans la charge mondiale de morbidité, d'une part, et, d'autre part,
l'efficacité
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des politiques destinées à en atténuer
les méfaits. Malgré cette stratégie, plusieurs nouveaux
défis sont restés encore à relever. Notamment, celui des
pays à revenu faible et intermédiaire où la consommation
d'alcool augmente et où l'action est encore timide, celui de la
politique efficace aux niveaux national et international et enfin
l'étude systématique de l'industrie de l'alcool elle-même
en tant que vecteur de maladies et d'incapacités liées à
l'alcool. Au vue des différentes lacunes qui demeurent encore sans
réponses, plusieurs interrogations nécessitent une observation
approfondie.
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