5.2 Facteurs naturels
Ces facteurs concernent le système très mobile
à faible ancrage foncier, le système mixte à faible
ancrage foncier et le système de grande mobilité des bergers
moutonniers. Le troupeau de ces éleveurs est essentiellement
dominé par les ovins et bovins qui sont moins résistants aux
catastrophes naturelles (figure 11). La fréquence des épizooties
(tableau 7) joue un rôle important dans cette vulnérabilité
à travers la perte massive des animaux. Un autre phénomène
est celui des feux de brousse qui ravage des milliers d'hectares par an dans le
département de Dakoro surtout en zone pastorale ou dans la
réserve de Gadabédji. Cela provoque une insuffisance de
pâturage qui rend aussi les systèmes pastoraux
vulnérables.
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Tableau 7: Les épizooties fréquentes dans la
vallée de la Tarka
Epizooties
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Nom local de la maladie
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Période de manifestation
|
Charbon symptomatique
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bougao
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Saison des pluies et sèche
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La peste
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Mourra dabba
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Saison des pluies
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Pasteurellose
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Tchiwon souhé
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Saison des pluies
|
Source : enquête terrain juillet-août 2012
12%
7%
82%
Bovins et ovins Ovins
Ne sais pas
Figure 11:les espèces les moins résistantes aux
catastrophes naturelles
Après l'analyse de cette figure, 82% des
enquêtés affirment que les bovins et ovins sont moins
résistants en cas de catastrophes naturelles. Cela est du au fait que
ces animaux ont de gros ventres et préfèrent dans la plupart de
temps de l'herbe verte. Ces catastrophes naturelles se résument à
des sécheresses récurrentes (1966, 1969, 1974, 1984, 1988, 1998,
2005, 2010). A titre d'exemple, Shefou Jaé de Torodi Rouga a perdu 20
bovins et 50 ovins et caprins pendant la sécheresse de 2010.
5.3 Stratégies d'occupation de l'espace face aux
catastrophes naturelles
5.3.1 Stratégies d'occupation des terres en zone
pastorale
Malgré l'interdiction par l'ordonnance 2010-29 du 20 mai
2010 des champs de subsistance
qui sont autorisés par la loi 61-005 du 26 mai 1961, ce
phénomène prend de plus en plus de l'ampleur avec des nouveaux
champs sous prétexte de la 61-005 du 26 mai 1961 qui permet
57
les champs de subsistance. Avec l'avancée des
agriculteurs vers le nord, les éleveurs créent des «
ceintures agricoles autour des terroirs pastoraux» pour arrêter le
front agricole des Haoussas. Ces champs deviennent à leur tour des vrais
champs. Tout un village peut se déplace vers la zone pastorale pour dire
aux chefs traditionnels qu'ils ont eu des problèmes avec leurs chefs du
sud en faisant une requête pour être des administrés de ces
chefs. Deux ans après, ils demandent des lopins de terre pour cultiver
et procèdent au fonçage de puits. Ces cas sont rares mais ils ont
été notifiés par quelques enquêtés. Ces
agropasteurs laissent des espaces libres entre les champs facilitant
l'occupation de l'espace vide. Ils procèdent aussi frauduleusement
à une extension des champs car les chefs qui leur donnent des champs ne
limitent pas la superficie et c'est à travers des gestes qu'ils
délimitent le champ donné. Une autre stratégie, c'est la
création des villages et campements à une date récente
(cas de Torodi Rouga). Cela est une forme d'accaparement des terres en zone
pastorale avec la création des champs et le fonçage des puits. La
gestion d'un point d'eau en zone pastorale et agropastorale constitue un enjeu
majeur dans le contrôle et l'accès aux pâturages. C'est une
dynamique d'appropriation de l'espace et de contrôle de pâturage
à travers la gestion des points d'eau. Cette gestion est une forme
d'appropriation de l'espace et de contrôle des pâturages.
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