4. 4 Conflits autour des ressources et les modes de
Gestion
Le mouvement des éleveurs pour la recherche du
pâturage et leur retour coïncident avec les périodes
cruciales des travaux champêtres. Ce qui permet d'assister à une
fréquence de conflits entre acteurs. Ces derniers constituent une
entrave à la mobilité pastorale. Avant de se déplacer,
l'éleveur ou le groupe d'éleveurs se renseigne sur l'état
des ressources, les conditions d'accès et le climat social qui
règnent sur le parcours. Malgré toutes ces dispositions prises en
amont, plusieurs cas de conflits ont été enregistrés
(figure 9). Les causes de ces conflits sont le plus souvent liées aux
dégâts champêtres, fonçage de puits entre deux puits
d'une même ethnie (c'est le cas de Gadabéji), l'extension des
champs vers les puits pastoraux. Les agriculteurs s'installent de plus en plus
autour d'un puits d'un terroir d'attache donné sans informer et sans
l'accord de chef de terroir. Cela crée des vives tensions dans la
cohabitation. Certains agropasteurs revendiquent les champs après un
long abandon ou après la vente d'un puits (Maigochi, Oubankadi, Zongon
Amayo et Maitourou). Cette situation peut être à l'origine des
conflits.
Selon le Secrétaire Permanent de la COFODEP de Dakoro,
les conflits agriculteurs-agriculteurs sont les plus fréquents dans tout
le département (figure 7).
Agriculteurs- Agriculteurs
Agriculteurs-Eleveurs
Eleveurs- Eleveurs
28%
22%
50%
Figure 7:Répartition des conflits par acteurs
L'analyse de cette figure montre que les conflits
agriculteurs-agriculteurs sont plus fréquents avec 50% des cas
enregistrés dans le département de Dakoro. Les conflits
agriculteurs-éleveurs ne représentent que 28%. Les conflits
éleveurs-éleveurs sont moins fréquents avec 22%. Ce
dernier type de conflit est enregistré autour des points d'eau et sur le
pâturage.
46
Figure 8:Les couloirs internationaux de transhumance dans la
région de Maradi
Source : PASEL 2006
47
Cette figure fait ressortir les couloirs de transhumance et
les aires de pâturage dans la région de Maradi. Ainsi presque tous
les couloirs de passage en direction du Nord se jettent dans la vallée
de la Tarka. Ces couloirs sont guidés par les aires de pâturage.
Ces dernières sont menacées par le front agricole, ce qui a
poussé le PASEL à initier le balisage de ces aires et des
couloirs de passage. Cette pression foncière a conduit les agriculteurs
à aller plus loin à la recherche des terres. Cela explique cette
implantation des champs au-delà de la limite officielle des cultures
(figure 8). Les sites enquêtés dans le cadre de cette étude
se sont coïncidés avec la fin de ces couloirs et de nombreux champs
dans la vallée. C'est pour cela que cette vallée est
convoitée à une occupation anarchique de l'espace couplée
à une forte pression animale avec une dégradation
accélérée des ressources naturelles. Cette carte des
ressources pastorales et les cartes d'occupation des sols ont permis de
dégager des localités où les ressources naturelles sont
partagées entre les éleveurs, les autochtones et les
agriculteurs. L'exploitation de ces ressources provoque des confrontations
entre utilisateurs. Voyons à présent les différents
conflits enregistrés dans la vallée de la Tarka.
48
Figure 9:Localisation des types de conflits enregistrés
Source : Données terrain, juillet-août 2012
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De l'analyse de cette figure, il ressort qu'un certain nombre
de localités à risque de conflit ont été
identifiées. Ces localités ont été
distinguées en fonction de l'avancée du front agricole ;
l'existence des points d'eau traditionnels comme les puits, la forte pression
des animaux qui traversent ces localités en partant pour la transhumance
et la forte demande des terres pour une agriculture pluviale. Tout cela est
combiné à une croissance démographique de plus en plus
galopante. Dans certaines localités tels que Maitourou et Zongon Amayo,
c'est le phénomène de réserve foncière qui serait
source des conflits dans un proche avenir. La vente des champs par les chefs
traditionnels risque d'engendrer des rivalités avec la cohabitation des
différentes communautés et ethnies.
4.4.1 Conflits liés à l'accès aux
points d'eau
Les conflits liés à l'accès aux points
d'eau (environ 4,44%) sont enregistrés dans la plupart des cas pendant
la descente des éleveurs où la majorité des mares est
tarie. Les conflits sont dus aux refus des éleveurs à payer le
droit d'accès aux puits. Ces conflits touchent presque tous les
systèmes de mobilité sauf les chameliers qui peuvent faire
plusieurs jours sans abreuver leurs troupeaux.
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