4.2 Jeux des acteurs
4.2.1 Acteurs internes : De la prolifération des
champs et des puits traditionnels
La prolifération des champs est l'oeuvre des chefs
traditionnels comme l'a été dit précédemment.
L'objectif de cette pratique est d'avoir beaucoup d'administrés afin de
profiter de l'impôt et avoir une grande part en cas des dons. Certains
chefs réclament même que la zone pastorale soit transformée
en zone agropastorale pour la simple raison d'avoir des champs, procéder
à des transactions foncières et profiter des aides d'urgence en
cas de déficit céréalier. Selon la COFOCOM de
Gadabédji, les champs ont occupé plus de la moitié de la
commune. Les occupants sont plus de 60% des Haoussas du sud qui ont vendu leurs
champs et installer en zone pastorale avec la complicité des chefs
souvent pour être des bras valides. Ces champs ont évolué
jusqu'à moins de 3 km au sud du village de Gadabedji alors qu'ils
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étaient à 25 km dans les années 60 et 70.
Le grand problème des champs dans cette zone est l'absence de
contiguïté de ceux-ci en laissant des poches de pâturage.
Actuellement, même la réserve totale de faune et de flore de
Gadabedji est menacée avec l'installation de quatre(4) campements
à savoir Zongon Boubacar, Amoulas, Tiguitaout et Bammo. Plusieurs
campements mobiles se sont greffés autour de ces derniers notamment au
niveau de zongon Boubacar (Gadabédji) et Bammo.
Dans la zone agropastorale, c'est le phénomène
de transaction foncière qui est couramment opéré par les
chefs locaux. Il s'agit souvent des gages moyennant une somme de 40 000Fcfa par
champ de 2 à 3 ha notamment dans la commune d'Azagor. A Zongo Amayo,
c'est le phénomène de réserves foncières (terres
réservées pour l'avenir). Cette situation peut créer des
vives tensions dans un proche avenir car c'est dans une vallée à
vocation pastorale avec des fortes pressions animales et humaines.
Les puits traditionnels sont foncés de manière
anarchique souvent sans autorisation. Selon Ardo Roua Gara, à
Koré Adoua après leur installation (il y a 46 ans), il n'y avait
que deux puits mais actuellement il existe 24 puits aux alentours.
Au classement de la réserve de Gadabeji en 1955, il
n'existait que 5 puits le long de la réserve mais actuellement, on
compte plus de 150 puits sur les 111km que constitue son
périmètre. Les textes de classement de la réserve ont
prévu qu'il ait un puits à 500 m de la limite de celle-ci. Mais
actuellement à moins de 100 m il y a un puits. Après les
inondations de 2010 qui ont ravagé 33 puits c'est un total de 117 puits
traditionnels qui restent et 13 puits cimentés dont 7 non fonctionnels.
Ces points d'eau sont tantôt gérés par les chefs
traditionnels ou les privés (Figure 6).
45%
11%
44%
Chef du village Privés
Village
Figure 6:Répartition d'appartenance des points d'eau selon
les personnes enquêtées
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Il ressort de cette figure que, 45% des enquêtés
affirment que les points d'eau, notamment les puits, appartiennent aux
privés, 44% monopolisés par les chefs traditionnels et 11%
affirment que les puits appartiennent au village avec un comité de
gestion.
Toutes ces pratiques aboutissent à un seul objectif qui
est sans nul doute la maitrise de l'espace.
Les éleveurs qui voient leur espace menacé
tentent eux aussi d'avoir une assise foncière malgré qu'ils
partent en transhumance.
Les élus locaux sont dans la plupart des cas les
proches du chef de village, ce qui les permet de monopoliser les biens du
village et de s'imposer dans la gestion du bien public.
De nombreux éleveurs foncent des puits pour les vendre
à des agriculteurs du sud. Cela crée aussi une mauvaise
cohabitation surtout avec la forte taxation sur l'eau. Mais les membres de la
famille refusent cette vente tout en proposant un prix au propriétaire
du puits.
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