CONCLUSION GENERALE
114
Avant de commencer par parler de la politique de
développement agricole, il urge de savoir si les conditions naturelles
sont propices ou non à la pratique de cette agriculture. Le Togo, de par
sa forme étirée, présente plusieurs possibilités de
cultures. De la savane boisée au nord du pays à la zone du
littoral au sud en passant par les savanes humides au centre, une panoplie de
spéculations peut être développée. Les études
ont montré que les zones agro-écologiques et les
écosystèmes sont riches et diversifiés, du fait de
l'étirement du pays et de son relief. Ils sont marqués par la
Chaîne montagneuse de l'Atakora, qui traverse le pays dans le sens du
sud-ouest vers le nord-est. Celle-ci est constituée par une série
de plateaux qui, par endroits, culminent à plus de 900 m d'altitude. Sur
ses contreforts, plusieurs rivières et fleuves prennent naissance et se
déversent vers l'Ouest dans l'Oti et dans le bassin de la Volta au Ghana
et vers l'Est dans le bassin du fleuve Mono qui fait frontière avec le
Bénin. Cette situation et la position particulière du Togo
montrent l'importance d'une gestion concertée des eaux entre ces trois
pays. Le climat est de type intertropical et varie sensiblement des
régions méridionales (avec quatre saisons) aux régions
septentrionales (avec deux saisons marquées). La pluviométrie
moyenne sur les 20 dernières années est de l'ordre de 1 100 mm
par an. Le pays dispose de ressources abondantes en eau de surface,
évaluées entre 8 et 12 milliards de m3 d'eau en moyenne par
année. L'étude éco-géographique du Togo,
réalisée dans le cadre du projet PNUD/FAO/TOG/83/009,
découpe le territoire national en six zones agro-écologiques du
Nord au Sud. Sur ces six zones, trois présentent un déficit
alimentaire structurel (en quantité et en valeur). Il s'agit de la zone
des savanes sèches continentales du Nord, la zone montagneuse-Est
sèche de l'Atakora septentrional et la zone sèche
pré-littorale et littorale. Le Togo compte 3,6 millions d'ha de terres
cultivables, ce qui représente 60 % de la superficie totale du pays,
dont 1,4 million d'ha sont mis en culture (soit respectivement 41 % de la
superficie cultivable et 25 % de la superficie du pays). Les
potentialités en terres irrigables sont estimées à 86 000
ha (en tenant compte des ressources souterraines mobilisables), dont seulement
2 300 ha ont été aménagés en maîtrise totale
ou partielle et 1 200 ha sont exploités. Ces aménagements se
situent pour l'essentiel dans les Régions Maritime, des Plateaux et
Savanes et sont cultivés pour le riz, la canne à sucre et dans
une moindre mesure les cultures maraîchères. Les massifs
forestiers couvraient 1 396 200 ha en 1993. Les aires protégées
(forêts classées, réserves de faunes et parcs nationaux)
qui renferment l'essentiel de la biodiversité couvraient en 1990 une
superficie d'environ 800.000 ha soit 14 % du territoire national. Le pays
dispose de ressources halieutiques maritimes, lagunaires et continentales en
115
quantité relativement limitée dont
l'exploitation représente respectivement 75 %, 15 % et 10 % environ de
la production nationale225. A la sous exploitation des
potentialités du pays, s'ajoute une gestion de façon non durable
de celles-ci. En conséquence, le changement climatique apparaît
inexorablement conduisant progressivement vers la disparition de la petite
saison au sud, et de l'avancée du désert dans le nord.
La politique de développement rural menée par le
Togo depuis le lancement de la politique de la révolution verte en 1977
à l'aube du troisième millénaire (2008) se
caractérise par une prolifération de structures institutionnelles
plus ou moins coordonnées, des investissements insuffisants et pas
toujours judicieusement orientés, et des résultats de production
agricole très en deçà des ambitions. En
effet, selon une étude menée par l'ORSTOM226 en 1984,
dans le domaine de la production vivrière, les autorités
togolaises affirmèrent avoir atteint l'objectif de l'autosuffisance
alimentaire dès l'aube de la décennie 1980, si tant est qu'un
bilan de ce type, en l'absence de données statistiques fiables, peut
être établi valablement. Cette étude montra qu'au terme de
la campagne agricole 1983, le Ministre du développement rural d'alors,
reconnaissait cependant que :
« A la suite des deux années
consécutives de sécheresse qu'avaient connues le pays, la
production pourrait à nouveau être inférieure aux besoins
»(Schwartz, 1984 : 7-10).Ainsi, « Du pays
excédentaire en produits alimentaires, le Togo des années 1980,
malgré les efforts que déployèrent les paysans, le parti
et le Gouvernement, arriva à un point où la production
était inférieure aux besoins alimentaires ou à peine
équilibrée »(Schwartz, 1984 : 7-10).
Quoi qu'il en soit, 1'autosuffisance alimentaire n'est pas un
état auquel l'on accède une fois pour toute, mais une situation
qui doit se reproduire chaque année. La production agricole est
largement tributaire des aléas climatiques et caractérisée
par une agriculture pluviale de subsistance, des exploitations de petite taille
faiblement équipées et des systèmes de production
extensifs. Dans leur ensemble, les producteurs, éleveurs et
pêcheurs sont également fortement confrontés aux
difficultés de sous-équipement pour la transformation, la
conservation et la commercialisation des produits, qui se traduisent par des
pertes très importantes. On distingue généralement le
système pastoral, le système agro-pastoral, qui est le
système prédominant sur
225MAEP, Programme national de
sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action
à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 10.
226ORSTOM : Officie de la
recherche scientifique des territoires outre-mer. Ce centre est de nos jours
transformé en Institut de la recherche scientifique (IRIS),
implanté dans ex-pays outre-mer. Au Togo, ses portes sont restées
fermées jusqu'ici.
116
l'ensemble du territoire et le système agricole. A
partir des années 1980, la stabilité économique devait
céder sa place à un déséquilibre budgétaire,
qui obligea le pays à réduire son train de vie par une gestion
plus rigoureuse de ses fonds. Ainsi, l'Etat amorça la politique de
libéralisation économique. La plupart des sociétés
d'exploitation agricole et/ou agro-industrielles furent dissoutes ou
cédées aux privés. L'investissement agricole baissa,
considérablement, les subventions sur les intrants disparurent, en
même temps que les partenaires financiers se faisaient rares. Alors que
l'investissement public dans le secteur agricole provient en grande partie des
fonds extérieurs. Ceux-ci ne feront leur retour sur la scène de
l'économie rurale togolaise qu'à partir des années 2000.
C'est alors que le Togo initia de nombreux programmes de lutte contre
l'insécurité alimentaire allant des mesures régionales
(politique agricoles de l'UEMOA, de la CEDAO, et de l'UA) à celles
internationales dans le cadre des objectifs du millénaire pour le
développement dont le tout premier était der réduire de
moitié la proportion des personnes mourant de faim. Dans ce
troisième millénaire naissant, le combat de
l'insécurité alimentaire reste l'une des principales
préoccupations de l'Etat togolais.
I. Références bibliographiques
I-1- Sources orales, publications officielles et sources
web.
I.1.1. Sources orales
Noms et références des
enquêtés
N°
|
Noms et
Prénoms
|
Ages
|
Qualités de l'interviewé
|
Date et lieux de
l'interview
|
1.
|
ABOLO K.
Houemabou
|
53 ans
|
Producteur agricole, président de
l'Union des producteurs de céréales du canton
d'Agbélouvé (UGPCC)
|
Entretien du 28 mai 2014 à 16
h 15, à son domicile
à Agbélouvé
|
2.
|
AGBAGNON Komi 57 ans
|
47 ans
|
Cultivateur à Davié
|
Entretien du 10 avril 2013 à 16h15 dans son champ
à Davié (péage)
|
3.
|
ABOFLAN Elias
|
56 ans
|
Président de la Centrale
togolaise des organisations paysannes (CTOP)
|
Entretien du 26 mai 2014 à 11h50, dans son bureau à
Lomé
|
|
117
AKONDO Bézébou Sadzé
|
62 ans
|
Ingénieur agricole, ancien Chef régional de
protection végétale de Kara
|
Entretien du 24 mai 2014 à 17 h 05, à son domicile
à Agoé.
|
5.
|
AYENA Apélété
|
25 ans
|
Etudiant en licence de
phytotechnie à l'ESA
|
Entretien du 09 Avril 2013 à 15h 00 à l'UL
|
6.
|
DEKPO Akuélé
|
35 ans
|
Cultivatrice à Davié
|
Entretien du 10 avril 2013 à 16h35 dans son champ
à Davié (péage)
|
7.
|
KOUBI komi
|
24 ans
|
Etudiant en licence d'Agroéconomie à l'ESA
|
Entretien du 09 Avril 2013 à 14h 30 à l'UL
|
8.
|
MAMAN Yacoubou
|
67 ans
|
Agriculteur à Bafilo
|
Entretien du 25 Mars 2013 à
son domicile à Bafilo à 10h10
|
9.
|
MEATCHI Nandji
|
43 ans
|
Chef division des statistiques
à la direction des statistiques
agricoles, Lomé
|
Dans son bureau à la DESID à Lomé le 25
Février 2011
|
10.
|
NAGNANGO A. Y.
|
54 ans
|
Ingénieur agricole, et Directeur
exécutif de la Centrale des producteurs de
céréales (CPC) du Togo
|
Entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau
à Tsévié
|
11.
|
TCHABA Assoumanou
|
30 ans
|
Chargé d'étude à la chambre nationale
d'agriculture
|
Entretien du 26 mai 2014 à 08h10, dans son bureau
à Lomé
|
12.
|
TCHEDRE S. Gnozirou
|
52 ans
|
Ancien producteur de coton à Djarkpanga dans la plaine du
Mô
|
Entretien du 31 mai 2014 à 10 h 00, à
Djarkpanga
|
13.
|
TREKU Mawéna
|
49 ans
|
Ingénieur agronome au MAEP
|
Entretien du 10 octobre 2013, à 09h15, dans son bureau au
MAEP
|
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118
|
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