2.3. La traction animale comme moyen de mécanisation
agricole
Pour les autorités du pays, la mécanisation
agricole devait se réduire à la traction animale, après
l'échec de la tentative de motorisation agricole lancée dans le
cadre de la révolution
140 Par l'ordonnance n° 12 du 16
février 1974, le Togo promulguait la réforme
agrofoncière.
141 Direction générale du plan,
1990, Installation des jeunes agriculteurs, évaluation et actions
futures, pp. 9-10.
142 Direction générale du plan,
1990, Installation des jeunes agriculteurs, évaluation et actions
futures, pp. 1011.
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verte143. En effet, la volonté des
autorités togolaises de transformer l'agriculture traditionnelle en une
agriculture modernisée utilisant les machines rencontra une forte
résistance des paysans 144(par exemple, l'essouchage de
parcelle par le bulldozer coûtait entre 60 et 80 000 FCFA145,
ce montant paraît insupportable pour le petit paysan togolais)
aggravée par une mauvaise gestion des matériels acquis pour la
cause. La situation étant aggravée par les faillites
répétées des structures en charge de la gestion de ces
matériels modernes, en l'occurrence la société de
GEMAG146, qui avait réduit à néant tout le
matériel agricole du passif dont elle hérita. En 1988 lors de sa
liquidation, il n'existait que trois machines de génie rural, dont une
presse hydraulique, une tronçonneuse, et une grue PPM
3609147.Cette situation avait amené l'Etat togolais à
donner la priorité à l'attelage dans le cadre de la NSDR, qui
avait alors reçu une attention particulière et
méritée, en recevant de multiples projets pourvus d'un volet
traction animale estimé à une trentaine sur toute l'entendu du
territoire148.De nombreuses initiatives ont été
menées pour vulgariser cette technique moderne intermédiaire,
notamment la publication d'un bulletin technique du PROPTA
dénommé « Force animale » qui sensibilisait
médiatiquement les populations sur les bonnes pratiques de l'utilisation
des animaux de trait. Des concours de la culture attelée étaient
souvent organisés dans plusieurs localités du pays. En juillet
1987, l'Association française des volontaires de progrès (AFDP),
avait organisé un concours de culture attelée à l'endroit
de 7 groupements des préfectures du Zio et de l'Avé, dont le
meilleur prix revenait au groupement de Todomé de Tsévié
avec une enveloppe de 50 000 FCFA sur carnet de la CNCA149. Ces
initiatives entreprises ça et là ont permis d'accroître le
nombre d'attelage dans le pays, mais pas à un niveau souhaitable, car en
1985-1986, on ne dénombra que 4 195 paires de boeufs de trait, dont 3
214 dans la seule Région des Savanes, 637 dans la Kara, 257 dans la
Région Centrale, 55 dans les Plateaux et 32 seulement dans la
Maritime150. Plusieurs causes expliquent cette situation. Entre
autres, le coût très élevé d'une paire de boeufs,
estimé à 325 000 FCFA, ce qui paraît péniblement
143 Nous en avons fait cas largement dans le chapitre
précédent.
144 L'une des raisons de ce échec en était
l'inadaptation des terres aux bulldozers et tracteurs mis à la
disposition des paysans.
145Ministère du développement rural,
1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques
de production, p.20.
146 Gestion des matériels agricoles.
147 Fiduciaire conseil de l'Afrique de l'Ouest (FICAO),
faillite GEMAG, assemblée des créanciers, du 7 juin 1991,
annexe 5.
148 Ministère du développement rural, 1986,
Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de
production, p.18.
149 Force animale, n ° 2, Octobre 1987, p. 10.
150 Ministère du développement rural, 1986,
Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de
production, p.19.
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supportable pour un paysan togolais, sans le recours à
un crédit, lequel n'est octroyé qu'à un agriculteur
intégré à un groupement, chose jusque-là
méconnu par la plus part des ruraux du pays. Aussi, la formation des
encadreurs qui devaient assister les paysans n'incluait souvent pas le volet
attelage comme le reconnaissent certains documents officiels :
«...Aujourd'hui, nombreux sont encore les encadreurs qui n'ont aucune
notion de la technique de la traction animale »151.L'une
des raisons expliquant la décroissance du nombre d'attelage au fur et
à mesure qu'on va au sud, est la diminution de l'effet du pastoralisme
du nord vers le sud. L'élevage (surtout de bovins) prospère dans
le nord plus que dans le sud. De plus, les sols sont plus légers au nord
qu'au sud. Mais pour mieux réussir cette traction animale, il fallait
d'abord, entretenir un bon matériel animal.
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