3.2. Etat de dégradation des terres au Togo
Au Togo, la dégradation des sols a été
signalée depuis 1986 suite aux travaux réalisés par
l'Institut national des sols. Les sols non dégradés ne
représentent que 14,8% du territoire national et plus de 50% des terres
cultivables sont naturellement pauvres et caractérisés par une
grande susceptibilité au lessivage58. La dégradation
des sols s'étend de plus en plus à des zones autrefois à
l'abri, comme la zone forestière (Kloto, Danyi, Amou, Wawa) où la
déforestation, les feux de brousse et l'érosion qui s'en ont
suivis ont laissé plusieurs poches rocailleuses comme en pays
Kabyè. De façon générale, l'apparition du
phénomène de dégradation des sols peut être
analysée comme découlant d'une part de la politique agricole mise
en oeuvre par le Togo sans intégration de la dimension environnementale
et d'autre part du déboisement à des fins de bois d'oeuvre et
d'énergie, de la mise en exploitation des carrières
minières sans souci de réhabilitation des sites
endommagés.
De plus, la coexistence des régimes fonciers
traditionnel et moderne, crée une incertitude quant aux droits sur la
terre et décourage ainsi les investissements à long terme comme
les reboisements et les aménagements anti-érosifs. Les secteurs
les plus dégradés du Togo (au sud dans les terres de barre, au
nord en pays Kabyè, Tamberma et Moba) associent en effet une forte
densité de population rurale et une disparition ou une forte
réduction de temps de jachère. Les populations de ces zones sont
alors soumises à la théorie néomalthusienne mettant en
rapport la population, les ressources et leur
dégradation59.
En ce qui concerne la réparation des terres
dégradée, Au plan régional, il 'existe de
différences entre les cinq Régions administratives du pays. La
Région Centrale est celle qui compte le plus de terres peu
dégradées, tandis que la Région des Savanes totalise, en
même temps, le pourcentage le plus élevé des terres
protégées, mais aussi celui des terres fortement
dégradées60.Les politiques agricoles doivent en tenir
compte pour une lutte contre l'insécurité alimentaire. La
situation pourrait cependant évoluée rapidement au début
des siècles prochains sous les effets conjugués de la forte
croissance démographique en cours et de la migration des agriculteurs
quittant les zones dégradées pour exploiter de nouvelles terres,
souvent sans contrôle et avec des pratiques qui ne ménagent ni la
végétation ni les sols. C'est ce que montre la carte 4.
58 MERF, 2007, p. 17.
59 En effet, selon les malthusiens et les
néomalthusiens, la pression démographique constitue un frein au
développement économique.
60 MERF, 2007, p. 12.
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Carte n° 4: La dégradation des terres au
Togo
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Burkina
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0° 1°
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W
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N
S
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E
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Limite d'Etat
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Dégradation des terres
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Terres sédimentaires
peu fertiles
Ghana
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Terres fortement
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Terres dégradées
Terres moyennement
dégradées
dégradées et lessivées
Terres peu dégradées Terres
menancées par la dégradation
0 50km
0° 1°
Source : Réalisé par nous
à partir MERF, 2007 :71.
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A l'issu de ce premier chapitre, on peut retenir que le Togo
appartient au domaine des climats chauds. Etiré en latitude, il est
couvert au nord par le climat tropical soudanien et au sud par le climat
tropical guinéen. Cette forme étirée offre au pays une
diversité de reliefs et de végétations qui, par leur
truchement permettent de produire une gamme de produits aussi bien vivriers que
d'exportation. Ainsi la zone sud-ouest reste le domaine de la production des
cultures d'exportation alors que le reste du territoire offre la
possibilité de produire les cultures vivrières avec bien
sûr des zones de prédilection pour chacune d'entre elles. Le
coton, culture d'exportation par excellence se produit sur toute
l'étendue du territoire à l'exception de la zone du sud-ouest
où prédominent le café et le cacao. Mais depuis quelques
années (1980), sous l'effet du bouleversement climatique, les variables
climatiques ont subi d'énormes perturbations. L'on assiste alors
à des décalages pluviométriques, des inondations, des
sécheresses et de l'érosion. Ces phénomènes
qualifiés de catastrophes naturels ont des effets très
néfastes sur la production agricole. D'abord, cette situation ne permet
plus aux producteurs agricoles de maîtriser le calendrier
pluviométrique afin de mieux régler les dates de semi et de
bonnes récoltes. Cela influent négativement sur la
productivité agricole. Ensuite, le retard des pluies ou leur absence
à certains moments de la saison rend impossibles la production de
certaines denrées. Enfin on assiste bouleversements dans la production,
cette situation a des répercussions sur les habitudes alimentaires. Un
des paramètres à ne pas négliger dans la politique de la
sécurité alimentaire. Il est donc opportun que la
définition des politiques agricoles en tiennent compte aussi bien dans
leur élaboration que dans leur exécution pour une agriculture
capable d'assurer une sécurité alimentaire durable au pays.
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