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La police communautaire au Cameroun. Le cas de la sureté nationale.

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par Désiré BESSALA
Université de Yaoundé II (Institut des Relations Internationales du Cameroun) - Master II 2015
  

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IX - PLAN

Notre étude se déploie en deux parties subdivisées chacune en deux chapitres. La première partie est intitulée Paradoxe entre un contexte indiqué et une internalisation mitigée de la police communautaire. Elle se propose, dans son premier chapitre baptisé une internalisation mitigée de la police communautaire, de démontrer, dans la configuration actuelle de la Sûreté Nationale, que la doctrine de police communautaire y occupe une place marginale en dépit, et c'est le second chapitre, d'un contexte indiqué.

La deuxième partie porte le titre : les avantages et le processus d'internalisation de la police communautaire. Dans son premier chapitre, les avantages de la police communautaire, cette partie montre le bénéfice que la Sûreté Nationale tirerait d'une intégration accrue de l'approche de police communautaire. Le dernier chapitre, le processus d'internalisation de la police communautaire, balise la voie à suivre pour adopter cette approche réformiste.

1 Couteau-Bégarie, 2003, pp. 24-25.

PREMIERE PARTIE :

PARADOXE ENTRE UN CONTEXTE

INDIQUE ET UNE

INTERNALISATION MITIGEE DE

LA POLICE COMMUNAUTAIRE

18

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Cette partie se propose, par la vérification de nos hypothèses principale et secondaire, d'une
part, d'établir le niveau d'appropriation de la doctrine de police communautaire par la Sûreté
Nationale ; d'autre part, d'évaluer les possibilités de succès qu'offre l'environnement
camerounais à la mise en oeuvre éventuelle de la police communautaire.

Cette partie est subdivisée en deux chapitres respectivement intitulés :

? Une internalisation mitigée de la police communautaire ? Un contexte indiqué pour la police communautaire.

CHAPITRE PREMIER : UNE INTERNALISATION MITIGEE
DE LA POLICE COMMUNAUTAIRE

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En s'inspirant de la doctrine de police communautaire de Robert Peel et de son expérimentation dans plusieurs pays, on se rend à l'évidence que le caractère communautaire de la police peut se lire à travers l'existence d'une orientation claire de la politique sécuritaire (la doctrine), une organisation appropriée des services (maillage territorial affiné), la nature des acteurs impliqués (étatiques et non-étatiques), les stratégies (de prévention) et les modes d'action (participatifs). Ces paramètres seront confrontés à la Sûreté Nationale, les deux premiers constituant la première section et les trois derniers la deuxième, pour apprécier son niveau d'imprégnation de la police communautaire.

SECTION I : DOCTRINE ET ORGANISATION

Les premiers paramètres que nous allons soumettre à l'épreuve de la structure et des fonctions de la Sûreté Nationale sont la doctrine d'emploi et l'organisation de ce corps de métier avec pour objectif de vérifier son degré communautaire et sa fidélité aux principes de Robert Peel.

PARAGRAPHE 1 : Une doctrine de police communautaire quasi-inexistante

Le ton avait été donné par l'initiateur de l'approche communautaire de la police, Robert Peel. Pour marquer l'entrée en vigueur de la nouvelle doctrine, l'intéressé n'avait pas trouvé mieux qu'un « acte métropolitain »1. Depuis cette date, la pratique qui consiste à prendre un acte juridique ou une orientation politique à cette fin s'est généralisée au point de devenir un indicateur de l'adoption de l'approche communautaire à la police.

Au Canada, c'est par une orientation politique intitulée « Politique Ministérielle : Vers une police plus communautaire »2 publié en décembre 2000 que le Ministère de la Sécurité Publique a jeté les nouvelles bases de « ... la manière de dispenser les services de police au Québec »3 appelée police communautaire.

1 Service de la Prévention de la Criminalité en coll. Avec le CIPC, 2000, p. 4.

2 Ministère de la Sécurité Publique, 2000, p. ii.

3 Id. p.5.

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En Belgique, c'est la circulaire CP1 du SPF Intérieur du 27 mai 2003 concernant la définition de l'interprétation du community policing applicable au service de police intégré1 que la réforme de la police de proximité s'est mise en place.

En France, la réflexion sur la police de proximité, bien qu'amorcée depuis 1998 voire 1995, a été couronnée par la loi d'orientation du 29 août 2002 qui consacre la réforme sur la police de proximité2.

En revanche, au Cameroun, aucun texte spécifiquement dédié à la police communautaire ne figure dans la réglementation et la législation, notamment relatives à l'encadrement juridique des activités de la police. Dans ce chapitre, trois textes émergent : la loi no la loi no 90/54 du 19 décembre 1990 relative au maintien de l'ordre, la loi no 90-47 du 19 décembre 1990 relative à l'Etat d'Urgence et le décret no 2012/540 du 19 novembre 2012 portant organisation de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale.

? La loi no 90/54 du 19 décembre 1990 relative au maintien de l'ordre. Dans la forme, cette loi qui abroge celle no 59-33 du 27 mai 1959 sur le maintien de l'ordre public, est constituée de huit articles étalés sur quatre chapitres.

Dans le fonds, elle donne une idée de l'orientation politique de la sécurité au Cameroun, notamment à la Sûreté Nationale : la répression. Plus précisément, elle accorde aux autorités administratives, des pouvoirs, entre autres, de réquisition des forces, des personnes et des biens ; de restriction de la liberté ; réglemente l'usage des armes au cours des opérations de maintien de l'ordre et définit le cadre juridique de punition des infractions à ses dispositions. L'article 6 stipule : « Les infractions aux dispositions de l'article 3 alinéa1et 4 ci-dessus sont punies des peines prévues par l'article 275 du code pénal. ».

Cette loi, en dépit de son orientation répressive, n'est applicable qu'en temps de paix ou, pour emprunter sa propre terminologie de l'article 1, « en temps normal ». C'est dire qu'en temps de crise, l'orientation répressive est plus accentuée et ce ne sont pas les lois en la matière qui nous démentiraient.

? La loi no 90-47 du 19 décembre 1990 relative à l'Etat d'Urgence par exemple, donne des pouvoirs étendus tant aux autorités de police qu'aux forces de police, renforçant de ce fait, le caractère répressif de l'orientation sécuritaire camerounaise. A titre d'illustration,

1 Conseil d'Europe, 2007, p. 28.

2 Ober, 2002, p. 7.

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à l'article 6 alinéa 6, la durée de la garde à vue administrative est prolongée, passant de quinze jours renouvelables à deux mois renouvelables « ... la garde à vue pour une durée de deux mois renouvelables une seule fois des individus jugés dangereux pour la sécurité publique. ». Par ailleurs, le maintien de l'ordre qui, en temps de paix, est de la compétence des forces de sécurité, peut associer en permanence l'Armée par simple réquisition tel que prévoit l'article 5 alinéa 5 : «requérir les autorités militaires pour participer en permanence au maintien de l'ordre dans les formes légales. ».

? Le décret no 2012/540 du 19 novembre 2012 portant organisation de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale qui comporte les missions de la Sûreté Nationale et tient donc lieu de document d'orientation sécuritaire de ce corps n'intègre pas la doctrine communautaire de la police. L'article 3 (1) résume ses missions en ces termes : « La Sûreté Nationale a pour mission fondamentale d'assurer le respect et la protection des institutions, des libertés publiques, des personnes et des biens. ».

En filigrane de l'expression « assurer le respect » transparaissent la surveillance en vue de la détection des violations ainsi que la répression de celles-ci. Par ailleurs, dans l'énumération des bénéficiaires de l'action de la Sûreté Nationale, la figuration en tête de liste des institutions est significative. Elle est indicative du centre des activités policières, les institutions, au détriment des personnes.

En somme, nous pouvons affirmer que dans l'arsenal juridique du Cameroun, aucun texte encadrant spécifiquement la police communautaire n'apparait. Bien plus, la législation et la réglementation de l'activité policière qui existent, ont une orientation traditionnelle vers le maintien de l'ordre, donc vers la répression. L'organisation de la Sûreté Nationale nous réserve-t-elle des lendemains meilleurs?

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