CHAPITRE II : Faiblesses relatives
aux moyens employés
Le continent africain en général, manque d'un
certain nombre de moyens pour faire face aux crises qui hantent la zone. Ainsi,
dans la zone Ouest-africaine, une organisation de maintien de la paix a
été créée. Il s'agit en l'espèce de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O).
Cette organisation intervient dans les zones de conflits de la région
Ouest-africaine par le biais du Groupe de Contrôle de la
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (E.C.O.M.O.G). Cette
institution sous-régionale, dans ses actions de paix, fait usage
à la fois de moyens humains (SECTION I) et de moyens
matériels (SECTION II).
SECTION I : Les moyens humains
La zone Ouest-africaine qui a été toujours
considérée comme la partie du continent la plus stable, est
devenue, depuis quelques temps, le foyer de tensions presque, à la
limite, inqualifiables et in qualifiées. Ainsi, l'organe de
défense de la C.E.D.E.A.O (E.C.O.M.O.G) doit se déployer en tout
temps et en tout moment soit pour restaurer la légalité soit pour
protéger les citoyens.
Il est également à noter que de la même
façon que la C.E.D.E.A.O se déploie dans la zone, l'U.A joue un
rôle déterminant dans cette recherche permanente de paix dans le
continent. Malgré que la C.E.D.E.A.O, l'U.A et la société
civile aient toujours mis en place des moyens pour éradiquer les
conflits dans la zone, des critiques parfois fondées lui fusent de nulle
part. Celles-ci sont, dans une moindre mesure, inhérentes aux personnels
utilisés sur le terrain des combats. Qu'il s'agisse de la crise du
Libéria, de la Sierra Léone ou de la Côte d'Ivoire, les
troupes déployées ont suscité des questionnements.
Celles-ci sont relatives aux effectifs limités des troupes
déployées dans les zones de conflits (PARAGRAPHE I)
et à la qualité du personnel agissant dans la zone
(PARAGRAPHE II).
PARAGRAPHE I : Un personnel mobilisable insuffisant
Le continent africain dispose d'un
ensemble d'organisations de paix et de sécurité qui ont une
vocation soit régionale (U.A) soit sous-régionale (C.E.D.E.A.O,
S.A.D.C) etc.
Toutefois, dans le cadre de cette partie, notre analyse porte
spécifiquement sur les organes intervenant dans la zone Ouest-africaine.
Il s'agit entre autre autres, de l'U.A, de la C.E.D.E.A.O et
de la société civile ou des personnes de bonne volonté.
Toutes ces organisations, avec leurs moyens, s'investissent pour la paix de la
région.
La C.E.D.E.A.O constitue la première organisation
africaine sous-régionale à mettre en place un organe de paix et
de défense dans le continent. Celle-ci, malgré ses efforts de
paix et de sécurité, a toujours rencontré des
difficultés dans l'exécution de ses résolutions.
Il convient de se pencher sur les causes de ces
difficultés si on veut être édifié sur la
réalité des déploiements de la C.E.D.E.A.O. A prime abord,
il faut savoir que les effectifs des forces de l'E.C.O.M.O.G sont
extrêmement réduits. L'essentiel de ses composantes sont d'origine
Nigériane. Par exemple, lors du conflit qui a eu lieu en Sierra
Léone, le Nigéria avait envoyé 4908 hommes devant la
Guinée, la Sierra Léone, la Gambie ; qui avaient
déployé respectivement 1028 hommes, 609 hommes, 359
hommes29. Cette domination du Nigéria qui plane sur
l'institution sous-régionale Ouest-africaine, a parfois fait
échouer ou rendu plus délicate la mission de l'E.C.O.M.O.G. Dans
le cadre de son intervention en Sierra Léone, le Nigéria avait
procédé à une décision qui avait surpris
d'aucuns30. Un matin de l'année 1999, le président
Obasanjo s'est cristallisé par l'envoi d'une correspondance au
Secrétaire Général des Nations-Unies dans la quelle, il
informe qu'il est contre l'arrivée des troupes des Nations-Unies si
elles n'acceptaient pas de se mettre en place.
Le Nigéria ne pouvait à cet effet supporter que
des troupes extérieures entrent en compétions avec celles de la
C.E.D.E.A.O et sous d'autres commandements. Ceci avait valu le retrait des
troupes du Nigéria en Sierra Léone. Ce leadership du
Nigéria se fera sentir d'abord du fait que dès son annonce de
retrait de ses troupes, il sera suivi par d'autres pays comme le Ghana et la
Guinée. Ainsi, le retrait des troupes du Nigéria constitua un
handicap majeur de la mission de la C.E.D.E.A.O. De ceci, certains sont
allés jusqu'à dire que le Nigéria constitue la «
vache laitière » de l'organe de défense de la
C.E.D.E.A.O. du point de vue du nombre d'hommes qu'il envoie. C'est pour cette
raison que des dissensions ont parfois eu lieu au sein des Etats membres de
l'institution. Faute de personnels suffisants pour les nécessités
des missions, l'organisation sous-régionale a parfois joué au
pire, notamment en précipitant le retrait de l'E.C.O.M.O.G.
29 Sidy SADY «La résolution des conflits
en Afrique », Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
30 Jean-Marc CHATAIGNER, « l'O.N.U dans la crise
e Sierra Léone, 2005.
L'évolution de cet organe de défense
sous-régionale, depuis sa création, est paradoxale.
L'intervention au Libéria a été laborieuse et ne s'est pas
vraiment soldée par un bilan positif31. L'intervention en
Sierra Léone a été un échec, conduisant au
déploiement des troupes Britannique et à la mise en place d'une
force des Nations-Unies (M.I.N.U.S.I.L)32. Son intervention en
Guinée-Bissau s'est soldée par le renversement du
président Joao Bernardo Viéra par la Junte militaire.
Comme nous l'avons fait mention dès le début de
ce paragraphe, l'Union Africaine n'est pas aussi du reste dans cette recherche
de paix soit dans la zone Ouest-africaine soit dans le continent tout entier.
Ainsi, de la même manière que la C.E.D.E.A.O est confrontée
à un problème de personnels, il en est également de
même pour l'Union Africaine. Beaucoup d'Etats membres de l'institution
(U.A) son confrontés à des problèmes d'effectifs
suffisants capables de jouer leur véritable rôle dans les
opérations de maintien de la paix (O.M.P). De même, partout dans
le monde, la société civile a gagné en visibilité
et en influence dans le domaine de la prévention des conflits et de la
consolidation de la paix33. Les acteurs de la société
civile jouent de plus en plus un rôle essentiel dans les discussions, les
initiatives et les programmes visant à promouvoir la paix et la
sécurité dans le monde. La société civile a
notamment influencé la nouvelle conceptualisation de la
sécurité axée non plus sur l'État mais sur les
personnes.
L'accent mis sur la sécurité des personnes
s'explique par la conviction qu'au fond, seule la sécurité des
peuples peut garantir la sécurité durable des États. Cette
idée est répandue dans les régions du monde qui ont connu
des conflits ouverts et des guerres civiles ayant ravagé des
communautés et dévasté la vie des gens ordinaires. Il n'en
reste pas moins qu'elle se heurte toujours à certaines
difficultés en Afrique de l'Ouest. Les relations entre l'État et
la société civile ; malgré le changement au niveau de la
Commission de la C.E.D.E.A.O s'agissant de la prévention des conflits et
de l'importance d'inclure la société civile dans les
activités de prévention structurelle et opérationnelle, au
niveau national, la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest estiment que la
prévention des conflits reste une question de sécurité de
l'État. Par conséquent, les activités de la
société civile sont souvent mal accueillies voire compromises et
même vouées à l'échec.
Tous ces échecs sont en partie liés aux
effectifs très limités dont fait usage la C.E.D.E.A.O, l'U.A et
la société civile même s'il existe d'autres facteurs
explicatifs.
31 Cf. Politique Etrangère 2/2003 « le
conflit Ivoirien : enjeux régionaux et maintien de la paix en Afrique
».
32 Eric G. Berman et Katie E. Sams sont des auteurs
prolifiques sur les questions liées à la sécurité
en Afrique et aux Nations Unies. Parmi leurs derniers ouvrages, citons
Constructive Disengagement: Western Efforts to Develop African Peacekeeping,
monographie ISS, no 33, décembre 1998; et African Peacekeepers: Partners
or Proxies?, Pearson Paper, no 3, 1998. Cet article est basé sur leur
livre Peacekeeping in Africa: Capabilities and Culpabilities, Genève,
Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement et
Institute for Security Studies, 2000, 572 pages.
33 Thelma Ekiyor, Le rôle de la
société civile dans la prévention des conflits : les
expériences ouest-africaines
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