2. Problématique étudiée : Route
et Développement
D'une superficie de 1 241 238 km2 situé au
coeur de l'Afrique de l'ouest, le Mali est un pays enclavé dont
près de 90 % des échanges internationaux dépendent du mode
maritime (rapport BAD, 2008). C'est-à-dire que l`économie
nationale est fortement tributaire du transport en général et du
transport routier en particulier qui présente de nombreuses
contraintes.
Le Mali, entouré par sept (07) pays à savoir le
Sénégal, la Mauritanie, l'Algérie, le Niger, le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire et la Guinée Conakry. L'ssujettissement de
ses échanges extérieurs aux recours à ses voisins
côtiers constitue un handicap, dont il a toujours souffert. A cela
s'ajoute un fort enclavement intérieur.
Le principal port de desserte du Mali est celui d'Abidjan
(Côte d'Ivoire) à environ 1 000 km de Bamako. Par contre, le port
de Conakry (Guinée Conakry) se trouve à seulement 600 km de
Bamako. Le rôle second qu'il joue s'explique par l'équipement
insuffisant et l'accès difficile.
La Côte d'Ivoire détenait 80% des importations et
exportations (BAD, 2008) du Mali jusqu'en 2002. Cette réalité,
structurant les relations commerciales du Mali, a connu une perturbation en
2002 avec la survenue de la crise politique ayant conduit à la fermeture
successive des frontières Ivoiriennes. La volonté du Mali de
diversifier ses ports d'attache (Dakar, Nouakchott, Conakry, Lomé) se
fut concrétisée par la réalisation de plusieurs axes
routiers internationaux. Ainsi, sont créés les corridors :
- Bamako- Diéma- Kayes- Dakar (au
Sénégal) ;
- Bamako- Diéma- Nouakchott (en Mauritanie) ;
- Bamako- Narena- Conakry (en Guinée Conakry);
- Bandiagara- Koro- Ouagadougou (en Burkina Faso)- Lomé
(au Togo) ;
- etc.
Carte n°1 : Les principaux axes routiers du
Mali
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Le nouveau maillage routier a fait de Diéma, autrefois
bourg enclavé et exclu des circuits de commercialisation et de
l'économie nationale, une ville avec une position de carrefour
international. Depuis, la ville de Diéma fait face à un flux
important de population, de transports voyageurs et de marchandises. Il en
résulte l'accroissement démographique de Diéma
accompagné de son corollaire d'expansion spatiale rapide de la ville.
D'une superficie de 240 hectares en 1998 pour une population de 7 007 habitants
(recensement de la population 1998, DNSI), Diéma est passée en
2009 à 905 hectares pour une population de seulement
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14 000 habitants (recensement de population 2009, INSTAT). Cet
accroissement spatial se pose des problèmes :
- des difficultés d'approvisionnement de la population
en eau potable, en l'électricité, en infrastructures de base
(école, centre de santé, transport etc.) ;
- d'insuffisance de moyen de la Mairie de Diéma pour
faire face aux besoins susmentionnés ;
- des conflits fonciers entre la ville de Diéma et les
villages environs. La ville de Diéma a largement dépassé
les limites de son territoire et occupe les champs des villages voisins.
En outre, l'arrivée massive de la population et surtout
citadine a eu comme effet : les changements de comportement et de consommation
avec leur corollaire de production importante de déchets solides et
liquides, mais aussi des pollutions de l'air et des nuisances sonores des
véhicules. A cela s'ajoute le manque d'équipements et
d'infrastructures routières pour accueillir les flux importants de
véhicules et de passagers. Du coup, il se pose la question de la
caducité du Schéma Directeur d'Urbanisme (SDU).
Les problématiques liées à la route sont
une question d'actualité en région de Kayes. Par le passé,
la région était desservie seulement par la voie ferrée
(Bamako-Dakar en passant par la ville de Kayes, chef de lieu de la
région). Ainsi, la question « route et développement »
se posa en préoccupation majeure tant à l'échelle locale
que régionale. Avec la réalisation de multiples routes
internationales traversant les villes principales et secondaires de la
région : la route de Diéma en 2006, la route Bamako-Dakar en
passant par la ville de Kita et de Kéniéba, la route
Kayes-Bafoulabé-Kita est en cours de réalisation. Sa
première tranche Kayes-Bafoulabé est terminée. La carte
ci-après récapitule l'ensemble du réseau routier de la
région de Kayes.
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Carte n°2 : Réseau routier et villes
principales de la région de Kayes
C'est dans ce cadre que l'Agence de Développement
Territorial en Région de Kayes a inscrit dans son activité la
question « Route et Développement » puisqu'elle constitue une
problématique aux collectivités membres. Elle s'inscrit dans le
champ thématique du développement économique territorial
et de l'observatoire de l'Agence, ce qui fait de la problématique une
question transversale.
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Cette étude vise un double objectif professionnel et
personnel. A travers l'étude de cas de Diéma, l'ADTRK veut
engager la réflexion sur « l'apport des routes sur le
développement des villes secondaires au Mali ».
Elle veut plus spécifiquement doter ses
collectivités membres :
- d'un support de réflexion pour engager le
débat sur les questions de transport, de la mobilité et du
développement urbain en général ;
- d'un cadre structuré notamment en réseau
d'acteurs pour échanger et partager leurs expériences sur leurs
projets (gare routière, aires de stationnement, espace vert) ;
- d'un moyen de sensibiliser les élus surtout de
Bafoulabé et de Kéniéba dont les routes sont en cours de
réalisation ou achevées récemment, à l'anticipation
des actions au lieu de laisser faire.
Enfin, elle vise des objectifs personnels. A travers la
présente étude, nous voulons nous approprier des questions de
transport, de la mobilité et des mutations que la réalisation de
la route peut procurer à une ville ou un territoire donné.
L'objectif visé par la présente étude est
de proposer aux élus et acteurs du développement des
méthodes et outils de connaissance des flux de transport et de la
mobilité, afin de leur permettre de comprendre les mutations en cours et
d'anticiper sur l'avenir.
Il s'agit plus spécifiquement :
- d'actualiser et d'analyser les informations
géographiques disponibles ;
- de faire la cartographie des flux de transport et des
dynamiques en cours ; - de faciliter la prise de décision.
Les hypothèses de recherche sont :
- Les élus et acteurs de développement sont
conscients l'ampleur des mutations.
- Des actions d'anticipation sont envisagées pour un futur
meilleur.
- Enfin, la réalisation de la route à un impact
social, économique et culturel décelable de l'espace de
Diéma.
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