MASTER AGPS 2013-2014 Rapport de stage
Présenté par Abdou TRAORE
Route et développement dans les villes
secondaires du Mali : cas Diéma
Tuteur Universitaire : Pr Marie-Hélène
de Sède Marceau Tuteurs Professionnels : Monsieur Karamogo TRAORE,
Directeur de l'ADTRK
Dr Siaka FANE, Professeur à la Faculté
d'Histoire et de Géographie de l'université de
Bamako
1
Avril 2015
2
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
|
..5
|
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
|
6
|
LISTE DES TABLEAUX
|
7
|
LISTE DES CARTES ET DES GRAPHIQUES
|
.7
|
LISTE DES PHOTOS
|
8
|
INTRODUCTION
|
9
|
METHODOLOGIE DU TRAVAIL
|
16
|
PREMIERE PARTIE : LA VILLE DE DIEMA ET SES
EVOLUTIONS
RECENTES
CHAPITRE 1 : CONTEXTES HISTORIQUE ET
GEOGRAPHIQUE
L'EVOLUTION DE DIEMA
1.1. Historique de l'évolution de la ville
1.2. Le site de la zone d'étude
|
18
DE
19
19
20
|
1.2.1. Le climat, l'hydrographie et la végétation
|
21
|
1.2.2. Le relief et les sols
|
..23
|
1.2.3. La réalisation de la route et le cadre physique
|
23
|
1.3. L'évolution démographique
|
..25
|
1.3.1. L'évolution générale de la population
de Diéma
|
.25
|
1.3.2. L'accroissement démographique entre 1987-1998
|
.26
|
1.3.3. L'accroissement démographique entre 1998-2009
|
..26
|
1.3.4. L'évolution démographique et l'environnement
|
..27
|
CHAPITRE 2 : CONTEXTES SOCIO-ECONOMIQUES DU
DEVELOPPEMENT DE
DIEMA 28
2.1. Bref aperçu sur la situation
socio-économique d'avant route 28
2.2. Les actions d'aménagement 29
2.3. Le développement socio-économique
facteur d'urbanisation de la ville 33
2.3.1.
|
Le besoin de la mobilité
|
.33
|
2.3.2.
|
Le changement des habitudes alimentaires
|
.36
|
2.3.3.
|
L'Hygiène et l'assainissement
|
37
|
2.3.4.
|
Le foncier et le logement
|
40
|
DEUXIEME PARTIE : LA ROUTE, UN FACTEUR CREATEUR
ET
ORGANISATEUR DES TERRITOIRES 42
CHAPITRE 3 : LE CARREFOUR, UNE ZONE D'ACTIVITES PAR
EXCELLENCE .43
3
Evolution générale des flux de transport
|
44
|
3.1.1. Flux de véhicules
|
.45
|
3.1.2. Flux humains
|
47
|
3.1.3. Flux marchandises
|
48
|
3.2. Les activités au carrefour de Diéma
|
50
|
3.2.1. Le commerce
|
50
|
3.2.2. Les services autour du goudron
|
51
|
3.2.3.1. Le transport inter-cité et inter-villageois
|
52
|
3.3. Les relations entre le carrefour et ses territoires
environnants
|
..53
|
CHAPITRE 4 : LE CARREFOUR, UNE ZONE SPONTANEE QUI
NECESSITE DES
AMENAGEMENTS URBAINS 56
4.1. Les enjeux d'aménagement au carrefour
56
4.1.1. La circulation et le stationnement 56
4.1.2 L'occupation anarchique du site 57
4.2. La réalisation de la gare routière de
Diéma, un début d'aménagement urbain 58
CHAPITRE 5 : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
DE LA
MISE EN PLACE DU CARREFOUR 59
5.1. Le développement des métiers source de
création d'emploi et de revenus 60
5.2. L'apparition de nouveau mode de transport facteur
d'insertion socio-
professionnelle des jeunes en chômage
61
5.3. Les petites unités de production et de
transformation, véritable facteur de
valorisation des produits locaux ..62
TROISIEME PARTIE : INTERETS, ENJEUX, PERSPECTIVES ET
RECOMMADATIONS POUR LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF
D'OBSERVATION DANS LA COMMUNE DE DIEMA 64
CHAPITRE 6 : QU'EST-CE QUE L'OBSERVATION ET QUELS OUTILS
POUR
OBSERVER? 65
6.1. Aperçu historique
|
65
|
6.2. Définition du concept
|
.66
|
6.3. Les composantes d'un observatoire territorial
|
69
|
CHAPITRE 7 : LA NECESSITE DE DISPOSER D'UN OUTIL
D'OBSERVATION A
DIEMA 71
7.1. Les besoins d'information à Diéma
..72
4
7.2. Les conditions d'obtention de l'information
géographique et de la statistique
officielle à Diéma 74
7. 3. Les avantages et limites des observatoires
existants : les observatoires thématiques
de l'ADTRK 82
CHAPITRE 8 : PROPOSITIONS TECHNIQUES,
ORGANISATIONNELLES ET METHODOLOGIQUES DE LA MISE EN PLACE D'UN
DISPOSITIF
D'OBSERVATION DANS LA COMMUNE DE DIEMA 90
8.1 Les objectifs de l'observatoire 90
8.2. L'organisation et le fonctionnement de
l'observatoire de Diéma 92
8.3. Le partenariat pour assurer la dynamique d'acteurs
autour de l'observatoire
100
CONCLUSION GENERALE 101
BIBLIOGRAPHIE ..103
ANNEXES .106
5
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont
participé à la réussite de ce mémoire de Master II
et singulièrement :
L'équipe pédagogique du Master
Aménagement et Gouvernance dans les Pays des Suds (AGPS) de
l'Université de Franche-Comté et plus précisément
Madame Marie-Hélène de Sède Marceau, la tutrice
universitaire. Ses conseils ont été précieux dans
l'élaboration du présent mémoire.
Monsieur Karamogro TRAORE, le tuteur professionnel, Directeur
de l'Agence de Développement Territorial en Région de Kayes
(ADTRK) son suivi attentif, sa confiance, ainsi que celle de toute
l'équipe d'ADTRK.
L'équipe du Collectif Régional pour la
coopération Nord Sud (CORENS), pour leur confiance et leur
accompagnement.
Monsieur N'Tji KEITA, l'ancien Directeur de l'ADTRK pour ses
conseils et ses encouragements.
Monsieur Sadio TOUNKARA, Maire de la commune de Diéma
et les agents de la Mairie notamment Monsieur Issa Yassa TRAORE,
Secrétaire Général de la Mairie pour leurs
accompagnements.
Docteur Siaka FANE, professeur au département de
géographie de la Faculté d'Histoire et de Géographie de
l'université de Bamako pour son accompagnement tout au long de la
formation.
Mon épouse Mariam DIALLO pour son soutien, ainsi que
mes soeurs et frères, Astan, Achaîta, Mountaga et Mamadou pour
leurs soutiens.
6
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
A.D.T.R.K : Agence de Développement Territorial en
Région de Kayes
A.N.P.E : Agence Nationale pour la Promotion de
l'Emploi
B.A.D : Banque Africaine de Développement
B.D : Base de Données
C.O.R.E.N.S : Collectif Régional pour la
coopération Nord-Sud
D.N.S.I : Direction Nationale de la Statistique et de
l'Informatique
I.G.M : Institut Géographique du Mali
I.N.S.T.A.T : Institut National de la Statistique
O.N.G : Organisation Non Gouvernementale
P.U.S : Plan d'Urbanisme Sectoriel
R.G.P.H : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
S.D.U : Schéma Directeur d'Urbanisme
S.I.G : Système d'Information
Géographique
S.L.P.S.I.A.P : Service Local de la
Planification, de l'Informatique, de l'Aménagement et de
la Population
ThéMA : Théoriser pour
Modéliser et Aménager U.F.C : Université
de Franche-Comté
7
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Evolution de la population de la ville de
Diéma depuis 1976 ..25
Tableau n°2 : Les types de véhicules de transports
voyageurs au carrefour 46
Tableau n°3 : Situation des véhicules de transports
marchandises ..47
Tableau n°4 : les activités du commerce
général .50
Tableau n°5 : les services au carrefour de Diéma
51
Tableau n°6 : L'évolution des mototaxis dans la ville
de Diéma 61
Tableau n°7 : les unités de production et de
transformation pour la ville de
Diéma 62 Tableau n°8 : Statistiques officielles et
l'information géographique disponibles à
Diéma 75
Tableau n°9 : Les indicateurs de suivi des
phénomènes liés à la route 83
Tableau n°10 : Budget de mise en oeuvre de l'Observatoire
Routes, Métiers et
Accidents ..87 Tableau n°11 : Proposition des indicateurs
suite aux besoins d'information exprimés par les
acteurs de Diéma .95
LISTE DES CARTES ET GRAPHIQUES Liste des
cartes
Carte n°1 : Les principaux axes routiers du Mali .12
Carte n°2 : Réseau routier et villes principales de
la région de Kayes 14
Carte n°3 : Le site d'étude dans la commune de
Diéma .21
Carte n°4 : La ville de Diéma d'avant en 2004 ..28
Carte n°5 : la ville de Diéma en 2014 ..33
Carte n°6 : Dépôts anarchiques et
autorisés dans la ville de Diéma 38
Carte n°7 : Flux de transport inter-cités ou
inter-villageois 53
Liste des graphiques
Graphique n°1 : courbe de variation de la
pluviométrie entre 2002 et 2012 22
Graphique n°2 : courbe d'évolution de la population
..27
Graphique n°3 : Moyenne journalière de
déplacement des populations et des véhicules de
marchandise entre la zone d'habitation et le carrefour 35
Graphique n°4 : Importance des déplacements et moyens
utilisés (moyenne journalière) par la
population entre la zone d'habitation et le carrefour 36
Graphique n°5 : Plan du Carrefour de Diéma .44
Graphique n°6 : Evolution des flux de véhicule
(moyenne journalière) au carrefour entre
2011-2014 45
Graphique n°7 : Moyenne journalière des flux de
voyageurs au carrefour 48
8
Graphique n°8 : Les flux de marchandises au carrefour de
Diéma .49
Graphique n°9 : Zone d'influence du carrefour et de la ville
de Diéma .55
Graphique n°10 : Fenêtre de la cartographie de la
République du mali (extrait commune de
Diéma à droit) .80
Graphique n°11 : De l'observatoire à l'action 85
Graphique n°12 : Schéma d'organisation et du
fonctionnement de l'observatoire
|
|
100
|
LISTE DES PHOTOS
|
|
Photo n°1 : Les logements sociaux à Diéma
|
32
|
Photo n°2 : Place des mototaxis au carrefour
|
.34
|
Photo n°3 : dépôt d'ordure anarchique dans une
rue à Diéma
|
39
|
Photo n°4 : Une rue de Diéma pendant la saison des
pluies
|
39
|
Photo n°5 : Stationnement désordonné des
remorques et semi-remorque au carrefour 57
Photo n°6 : les Grilleurs de viande installés devant
des boutiques 58
9
1. INTRODUCTION
1.1.Présentation de l'organisme d'accueil :
Agence de Développement Territorial en Région de Kayes
(ADTRK)
Le stage s'effectue dans le cadre d'un contrat professionnel
en qualité d'Assistant Géographe Cartographe à l'Agence de
développement Territorial en Région de Kayes.
L'Agence de Développement Territorial de Diéma a
été créée en Septembre 2010 dans le cadre du RATP
(Renforcement des Appuis Techniques et des Partenariats), programme triennal
(2010-2012) cofinancé par la Région Nord-Pas-de-Calais en
partenariat avec la région de Kayes au Mali et le Ministère
Français des Affaires Etrangères, Européenne.
Durant trois ans, l'Agence de Développement Territorial
de Diéma a renforcé les capacités des collectivités
territoriales de la région de Kayes notamment les
intercommunalités et inter-collectivités dans la connaissance de
leur territoire, la mise en réseau de leurs acteurs, le partenariat
public/privé et l'augmentation des investissements sur leur
territoire.
Avec l'achèvement du programme triennal
susmentionné, les collectivités bénéficiaires ont
décidé de porter l'agence en lui conférant un cadre
juridique et réglementaire. C'est ainsi que l'Agence de
Développement Territorial en Région de Kayes ADTRK en
remplacement à l'Agence de Développement Territorial de
Diéma a été créée.
L'ADTRK a un statut associatif. Elle est composée des
collectivités territoriales, des intercommunalités et
inter-collectivités, des chambres consulaires et des structures
associatives d'intérêt public.
Les objectifs de l'ADTRK sont :
- renforcer la dynamique de coopération entre
collectivités d'une part et d'autre part entre collectivités et
acteurs du territoire;
- favoriser les investissements dans les Territoires des
collectivités membres ;
- augmenter le pouvoir de négociation des élus
et responsables des structures publiques membres de l'association ;
- améliorer l'efficience d'action.
La mission fondamentale de l'Agence est de documenter,
d'équiper les intercommunalités, inter-collectivités et
collectivités territoriales membres afin qu'elles prennent leur propre
décision.
10
Cela se traduit plus spécifiquement par :
- L'observation, l'analyse du territoire et l'animation ;
- La capitalisation et le partage d'information ;
- La prospective et la planification locale et régionale
;
- L'harmonisation des projets des membres de l'association ;
- L'assistance des membres dans leurs projets ;
- Enfin, l'appui à la contractualisation entre les
différentes échelles du territoire
(intercommunalités, inter-collectivités, conseil de
cercle, conseil régional).
Les organes de décision et de gestion de l'Agence sont
: l'Assemblée Générale, lé Conseil d'Administration
et l'Equipe Technique. Cette dernière est l'organe d'exécution
des activités de l'Agence. Elle est dirigée par un Directeur.
Actuellement, l'ADTRK est dotée : d'une direction, et
de quatre services dont le service Observatoire et Cartographie.
1.2.Présentation du stage : Assistant
Géographe Cartographe au Service d'Observatoire et de Cartographie
à l'ADTRK
Le poste d'Assistant Géographe Cartographe est
rattaché au Service d'Observatoire et de Cartographie. La mission
fondamentale assignée à ce service est de rassembler toutes les
données utiles à la compréhension des dynamiques en oeuvre
dans les territoires et d'en assurer le suivi et l'analyse, afin de mettre en
place un fond documentaire fonctionnel permettant aux élus et autres
partenaires de comprendre les enjeux du développement. En outre, il
assure la tenue régulière des observatoires « Routes et
métiers » et « finances locales » ; et la production de
diagnostic territorial sur les territoires des collectivités membres.
Dans le cadre de ce stage, la mission confiée à
l'Assistant Géographe Cartographe est d'apporter une assistance
technique à la Mairie de Diéma sur les questions de transport et
de la mobilité. Elle consiste à proposer aux acteurs des
méthodes et outils de connaissance des flux de transport, de la
mobilité et des dynamiques à l'oeuvre dans la ville de
Diéma. Sa mission fait l'objet de fortes attentes de la Mairie. Cette
dernière y tire les profits de connaissance approfondie des flux de
transport, des métiers et autres activités économiques
menés au carrefour. Il en résulte, pour la Mairie,
l'amélioration des recettes fiscales liées aux activités
et de prévoir des aménagements pour contenir les flux
importants.
11
2. Problématique étudiée : Route
et Développement
D'une superficie de 1 241 238 km2 situé au
coeur de l'Afrique de l'ouest, le Mali est un pays enclavé dont
près de 90 % des échanges internationaux dépendent du mode
maritime (rapport BAD, 2008). C'est-à-dire que l`économie
nationale est fortement tributaire du transport en général et du
transport routier en particulier qui présente de nombreuses
contraintes.
Le Mali, entouré par sept (07) pays à savoir le
Sénégal, la Mauritanie, l'Algérie, le Niger, le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire et la Guinée Conakry. L'ssujettissement de
ses échanges extérieurs aux recours à ses voisins
côtiers constitue un handicap, dont il a toujours souffert. A cela
s'ajoute un fort enclavement intérieur.
Le principal port de desserte du Mali est celui d'Abidjan
(Côte d'Ivoire) à environ 1 000 km de Bamako. Par contre, le port
de Conakry (Guinée Conakry) se trouve à seulement 600 km de
Bamako. Le rôle second qu'il joue s'explique par l'équipement
insuffisant et l'accès difficile.
La Côte d'Ivoire détenait 80% des importations et
exportations (BAD, 2008) du Mali jusqu'en 2002. Cette réalité,
structurant les relations commerciales du Mali, a connu une perturbation en
2002 avec la survenue de la crise politique ayant conduit à la fermeture
successive des frontières Ivoiriennes. La volonté du Mali de
diversifier ses ports d'attache (Dakar, Nouakchott, Conakry, Lomé) se
fut concrétisée par la réalisation de plusieurs axes
routiers internationaux. Ainsi, sont créés les corridors :
- Bamako- Diéma- Kayes- Dakar (au
Sénégal) ;
- Bamako- Diéma- Nouakchott (en Mauritanie) ;
- Bamako- Narena- Conakry (en Guinée Conakry);
- Bandiagara- Koro- Ouagadougou (en Burkina Faso)- Lomé
(au Togo) ;
- etc.
Carte n°1 : Les principaux axes routiers du
Mali
12
Le nouveau maillage routier a fait de Diéma, autrefois
bourg enclavé et exclu des circuits de commercialisation et de
l'économie nationale, une ville avec une position de carrefour
international. Depuis, la ville de Diéma fait face à un flux
important de population, de transports voyageurs et de marchandises. Il en
résulte l'accroissement démographique de Diéma
accompagné de son corollaire d'expansion spatiale rapide de la ville.
D'une superficie de 240 hectares en 1998 pour une population de 7 007 habitants
(recensement de la population 1998, DNSI), Diéma est passée en
2009 à 905 hectares pour une population de seulement
13
14 000 habitants (recensement de population 2009, INSTAT). Cet
accroissement spatial se pose des problèmes :
- des difficultés d'approvisionnement de la population
en eau potable, en l'électricité, en infrastructures de base
(école, centre de santé, transport etc.) ;
- d'insuffisance de moyen de la Mairie de Diéma pour
faire face aux besoins susmentionnés ;
- des conflits fonciers entre la ville de Diéma et les
villages environs. La ville de Diéma a largement dépassé
les limites de son territoire et occupe les champs des villages voisins.
En outre, l'arrivée massive de la population et surtout
citadine a eu comme effet : les changements de comportement et de consommation
avec leur corollaire de production importante de déchets solides et
liquides, mais aussi des pollutions de l'air et des nuisances sonores des
véhicules. A cela s'ajoute le manque d'équipements et
d'infrastructures routières pour accueillir les flux importants de
véhicules et de passagers. Du coup, il se pose la question de la
caducité du Schéma Directeur d'Urbanisme (SDU).
Les problématiques liées à la route sont
une question d'actualité en région de Kayes. Par le passé,
la région était desservie seulement par la voie ferrée
(Bamako-Dakar en passant par la ville de Kayes, chef de lieu de la
région). Ainsi, la question « route et développement »
se posa en préoccupation majeure tant à l'échelle locale
que régionale. Avec la réalisation de multiples routes
internationales traversant les villes principales et secondaires de la
région : la route de Diéma en 2006, la route Bamako-Dakar en
passant par la ville de Kita et de Kéniéba, la route
Kayes-Bafoulabé-Kita est en cours de réalisation. Sa
première tranche Kayes-Bafoulabé est terminée. La carte
ci-après récapitule l'ensemble du réseau routier de la
région de Kayes.
14
Carte n°2 : Réseau routier et villes
principales de la région de Kayes
C'est dans ce cadre que l'Agence de Développement
Territorial en Région de Kayes a inscrit dans son activité la
question « Route et Développement » puisqu'elle constitue une
problématique aux collectivités membres. Elle s'inscrit dans le
champ thématique du développement économique territorial
et de l'observatoire de l'Agence, ce qui fait de la problématique une
question transversale.
15
Cette étude vise un double objectif professionnel et
personnel. A travers l'étude de cas de Diéma, l'ADTRK veut
engager la réflexion sur « l'apport des routes sur le
développement des villes secondaires au Mali ».
Elle veut plus spécifiquement doter ses
collectivités membres :
- d'un support de réflexion pour engager le
débat sur les questions de transport, de la mobilité et du
développement urbain en général ;
- d'un cadre structuré notamment en réseau
d'acteurs pour échanger et partager leurs expériences sur leurs
projets (gare routière, aires de stationnement, espace vert) ;
- d'un moyen de sensibiliser les élus surtout de
Bafoulabé et de Kéniéba dont les routes sont en cours de
réalisation ou achevées récemment, à l'anticipation
des actions au lieu de laisser faire.
Enfin, elle vise des objectifs personnels. A travers la
présente étude, nous voulons nous approprier des questions de
transport, de la mobilité et des mutations que la réalisation de
la route peut procurer à une ville ou un territoire donné.
L'objectif visé par la présente étude est
de proposer aux élus et acteurs du développement des
méthodes et outils de connaissance des flux de transport et de la
mobilité, afin de leur permettre de comprendre les mutations en cours et
d'anticiper sur l'avenir.
Il s'agit plus spécifiquement :
- d'actualiser et d'analyser les informations
géographiques disponibles ;
- de faire la cartographie des flux de transport et des
dynamiques en cours ; - de faciliter la prise de décision.
Les hypothèses de recherche sont :
- Les élus et acteurs de développement sont
conscients l'ampleur des mutations.
- Des actions d'anticipation sont envisagées pour un futur
meilleur.
- Enfin, la réalisation de la route à un impact
social, économique et culturel décelable de l'espace de
Diéma.
16
3. METHODOLOGIE DU TRAVAIL
Notre démarche de travail est organisée autour des
points suivants : 3.1. L'observation directe du
terrain
Elle nous a permis de cerner les dynamiques en cours dans la
ville de Diéma, de caractériser les flux et d'en mesurer leur
importance. Il est important de signaler que nous nous sommes servis de moyens
appropriés. Il s'agit de différentes fiches d'observation que
nous avons élaborées : fiches de comptage des véhicules,
de comptage de la mobilité des personnes entre les zones d'habitation et
le carrefour.
3.2. La revue de la littérature :
Le souci de maîtriser la thématique nous a
conduire à explorer des travaux d'intérêt
général et spécifique, des mémoires et
thèses, des rapports et des revues. Des visites sur internet ont
été effectuées.
Les documents d'ordre général et
spécifique ont été consultés dans les
bibliothèques et centres de documentation de l'ADTRK, de la Mairie de
Diéma, de la Faculté d'Histoire et de Géographie, de
l'Ecole Normale Supérieure, de l'Institut Français de Bamako, de
la subdivision des Routes et des transports à Diéma, de
l'Institut National de la Statistique, du site internet de laboratoire
ThéMA de l'université de Franche-Comté.
3.3. Les enquêtes de terrain :
Elles ont porté sur l'évaluation de l'impact
socio-économique de la réalisation de la route sur les conditions
de vie de la population de Diéma. A cet effet, les documentations des
précédents diagnostics réalisés en 2003 et les
données du recensement de l'habitat et des ménages de 1998 ont
été exploitées. De même, ont été
utilisées les données actuelles sur les activités et les
flux de transport au carrefour. Pour ce faire les méthodes
d'enquêtes suivantes ont été utilisées :
3.3.1. L'enquête qualitative :
Des causeries débats ont été
effectuées et des personnes ressources ont été
ciblées. Des guides d'entretien ont été
élaborés à cet effet.
3.3.2. L'enquête quantitative :
17
Elle a porté sur l'administration de quatre
questionnaires, un questionnaire ménage, un questionnaire à
l'attention des petites unités de production et de transformation, un
questionnaire à l'attention des commerçants ou boutiquiers et un
questionnaire à l'attention des artisans.
Les différents questionnaires et guides d'entretien ont
fait l'objet d'administration personnelle. Les fiches d'observation et de
comptage ont été administrées par des enquêteurs
recrutés à cet effet.
3.3.2.1. L'échantillonnage :
Pour l'enquête ménage : la méthode de
sondage systématique est choisie. La base de sondage se rapporte au
nombre de concessions du recensement de 2009 (R.G.P.H., 2009) dernier
recensement de la population et de l'habitat au Mali.
3.3.3. Le traitement des données :
Les différentes données collectées ont
fait l'objet de traitement automatique sous les programmes de Microsoft Word,
Excel, Access et les logiciels de retouche d'image et de cartographie comme
Adobe Illustrator.10, Mapinfo.8 et Arcgis.9.3.
PREMIERE PARTIE :
18
LA VILLE DE DIEMA ET SES EVOLUTIONS RECENTES
19
CHAPITRE 1 : CONTEXTES HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE DE
L'EVOLUTION DE LA VILLE
1.1. Historique de l'évolution de la ville de
Diéma
On peut distinguer trois grandes phases dans le
développement de la ville Diéma : Diéma avant la
colonisation, pendant la colonisation et après l'indépendance du
Mali, de 1960 à nos jours.
1.1.1. Diéma avant la colonisation :
Comme partout en Afrique, l'histoire de Diéma commence
par une série de mythes et légendes1. Le village de
Diéma fut fondé en 1872 par Djéguéry SISSOKO
à la suite d'un conflit de chefferie éclaté à
Farabougou, village situé à 30 km du site actuel de
Diéma.
Déjà à cette période, le village
de Diéma comptait vingt deux (22) familles. L'agriculture et l'artisanat
étaient les principales activités. Le village était
divisé en deux (2) quartiers : Konté-Kounda et Boula-Kounda.
1.1.2. Pendant la période coloniale :
Diéma, chef lieu de canton du Kaarta a
été érigé en chef-lieu d'arrondissement en juillet
1959 juste avant l'indépendance du Mali. Un quartier administratif fut
constitué par la construction du bureau et le logement du chef
d'arrondissement et le premier puits à grand diamètre a
été creusé pour leur besoin d'alimentation en eau.
1.1.3. Après l'indépendance du Mali, de 1960
à nos jours :
En juillet 1977, Diéma devint chef-lieu de cercle
(département) par l'ordonnance N°77/44/CMLN avec cinq (5)
arrondissements : Diéma Central, Béma, Diangounté-Camara,
Dioumara et Lakamané.
Depuis, le quartier administratif se renforça au fur et
à mesure de l'installation des infrastructures. Un premier lotissement a
été effectué en 1979. Ceux-ci ont eu un effet
d'entrainement sur la structure du village qui prend de plus en plus la forme
d'une ville où les rues sont bien dessinées.
1 Meillassoux C (1963), histoire du
Kafo de Bamako selon la tradition des Niaré, Cahiers d'études
africaines vol 4, pp 186 à 227. Voir aussi Diakité D. et
Sanankoua B. (1987) ; Camara M. K. (1989) ; Diarra B. (1997).
20
En plus de ses fonctions d'agriculture et d'élevage,
elle voit attribuer les fonctions d'administration à ses villages
environnants.
1.2. Le site de la zone d'étude
Chef lieu de la commune et du cercle (ou département)
de Diéma, la ville est située entre le 14° de latitude Nord
et le 9° de longitude Ouest dans la région de Kayes en
République du Mali.
Située sur les axes routiers (Bamako-Kayes-Dakar
(Rép. Sénégal) et (Bamako-Nioro-Nouakchott (Rép.
Mauritanie), Diéma est devenue une ville carrefour. A environ 275 km de
Kayes (chef lieu de la région) et 350 km de Bamako (capitale nationale),
elle symbolise aujourd'hui l'espoir de tout le cercle dans le cadre du
développement urbain. Elle est appelée à être un
noyau central du cercle, un territoire d'accueil et de destination dans
l'avenir. Ses capacités ou ses potentialités en sont les
critères considérés.
Avec une population d'environ 14 000 habitants (INSTAT, RGPH
2009), la ville de Diéma est limitée au Nord par les villages de
Fangouné-Bamabara et Fangouné-Kagoro, au Nord-Est par le village
de Dampa, à l'Est par le village de Sikata, au Sud-Est
Dianguirdé, au Sud Tinkaré, à l'Ouest Nafadji.
Rappelons que l'avènement de la démocratie et de
la recomposition territoriale engagé au Mali depuis 1999, Diéma
est devenue une commune rurale composée de seize villages (voir carte
n°3). En effet, le processus de la décentralisation a
élargit les attributions et les compétences des
collectivités locales. Celles-ci doivent pouvoir conduire le
développement dans ses phases ultimes. Pour cela, elles doivent mieux
connaître leur territoire, afin de prendre les bonnes
décisions.
Carte n°3 : Le site d'étude dans la
commune de Diéma
21
1.2.1. Le climat, l'hydrographie et la
végétation du site d'étude
Le climat de Diéma est de type sahélien sud avec
l'alternance de deux saisons : une saison pluvieuse qui dure (04) mois de juin
à septembre et une saison sèche qui dure (08) mois d'octobre
à Mai. Cette dernière se subdivise en deux périodes : une
période froide de Novembre à février et une saison chaude
de Mars à Mai.
La température moyenne annuelle est de 28°C avec
un maximum de 42° C et un minimum de 15° C. II souffle deux vents :
l'harmattan un vent chaud et sec soufflant du Nord-est au Sud-ouest de Novembre
à Mai et la mousson soufflant du sud-ouest au Nord et qui apporte ces
pluies de Juin à Septembre.
22
La pluviométrie moyenne annuelle de Diéma est
estimée à 500 mm avec une variation de 450 à 650 mm selon
les années.
Graphique n°1 : courbe de variation de la
pluviométrie entre 2002 et 2012
900 800 700 600 500 400 300 200 100
0
|
|
|
|
|
QUANTITES DE PLUIES
|
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Source : Secteur d'agriculture de Diéma
Dans le graphique ci-dessus, on dénote une très
grande variabilité de la pluviométrie. On observe que la ville de
Diéma a enregistré une faible pluviométrie
inférieure à 500 mm en 2002 ainsi qu'à 2004. Les
années de forte pluviométrie sont 2003, 2005, 2012 avec
respectivement 764 mm, 734 mm et 783 mm.
L'agriculture de la zone est tributaire de la
pluviométrie qui se caractérise par une très grande
irrégularité. Cela se traduit par des sécheresses
répétées (une année sur deux).
Le réseau hydrographique est constitué
principalement par le marigot Sanaba à l'Est de la ville coulant du Nord
au Sud-est. Le courant d'eau survient pendant la saison des pluies avec les
eaux de ruissellement, il reçoit différents chenaux comme les bas
fonds. Le réseau hydrographique est soumis à un ensablement
notable.
Pour la ville de Diéma, le marigot constitue une ligne
de rupture entre le noyau et le tissu d'habitation en formation au Nord. Ledit
espace qui est une zone marécageuse ne favorise pas une
continuité urbaine de la ville (voir carte n°4).
23
Enfin, Selon le PIRT (Projet Inventaire des Ressources
Terrestres) et le PIRL (Projet Inventaire des Ressources Ligneuses), la
couverture végétale est dominée par la savane arbustive
où la densité des ligneux est très faible
(inférieure ou égale à 10 pieds \ ha) et un tapis
herbacé abondant dominé par Cenchrus biflorus (Noronan) et Zornia
glocidiata.
Cependant, on constate une forte densité des ligneux le
long du marigot Sanaba qui constitue l'armature verte de la ville.
Malheureusement, celles-ci subissent de plein fouet le phénomène
d'étalement de la ville où le domaine est de plus en plus
occupé par les maisons à l'usage d'habitation.
1.2.2. Le relief et les sols
Diéma se situe sur un bas-fond de 256 m d'altitude.
Cette unité paysagère occupe une bonne partie de la zone
d'étude surtout à l'Est et au Sud-est de la ville. Mais, elle est
soumise aux phénomènes d'ensablement.
On y rencontre d'autres unités paysagères telles
que : Le glacis d'érosion : on le trouve surtout au Nord, à l'Est
et au Sud-est de la ville. Il est affecté par l'érosion en nappe.
Les dunes mortes sont localisées essentiellement au sud, sud-ouest et
à l'ouest du territoire. Elles sont affectées par
l'érosion éolienne. Les glacis d'accumulation sont
dispersés sur l'ensemble de la zone avec des parties sablo-limoneuses et
des parties limono-sableuses. Ils subissent les effets de l'érosion
éolienne.
Les types de sols dominants dans la zone sont les sols sablo
limoneux qui couvrent plus de 75%. Les sols argileux se localisent
essentiellement dans le lit des cours d'eau, les mares et quelques plaines
d'épandage.
1.2.3. L'impact de la route sur le cadre physique :
De l'analyse de l'état actuel du cadre physique,
l'impact de la réalisation de la route est perceptible à
plusieurs niveaux et inversement.
Dans la commune de Diéma, les deux axes routiers
mesures 56 km de longueurs pour 37 mètres de largeurs dont 15
mètres de part et d'autre de l'emprise de la route bitumée.
L'espace occupé par la route dans la commune est estimé à
207 hectares. Or selon le PIRL (Projet d'Inventaire des Ressources Ligneuses),
la densité des ligneux est estimé à 10 Pieds à
l'hectare dans la zone de Diéma. Partant de cette base, nous constatons
que la réalisation de la route a causé la destruction d'environ
2070 pieds d'arbre pour 207 hectares dans la commune.
24
Ces dégâts devraient être corrigés
par des actions de reboisement sur le long de la route, malheureusement, ces
mesures n'ont pas été appliquées.
Aussi, l'ouverture des carrières pour le
prélèvement des matériaux de construction
(latérite, moellon, sable) a beaucoup impacté le cadre physique
par l'ouverture des trous profonds. A la fin des travaux, ces sites de
carrières n'ont pas été fermés et les mesures de
restauration du sol n'ont pas suivie.
Des anomalies ont été observées dans
l'approvisionnement des mares, des forages. Il a été
constaté qu'à la suite de la réalisation de la route
certaines mares sont mal ou ne sont plus approvisionnées. Cela est
dû à la réalisation des ouvrages d'art sur la route tel que
les ponts qui n'a pas respecté la réalité du terrain.
C'est-à-dire, suivant le sens d'écoulement naturel des eaux de
ruissellement des pluies. Cela occasionne l'assèchement rapide des mares
(source d'approvisionnement des animaux) pendant la saison sèche et le
non renouvèlement des nappes souterraines d'où
l'assèchement des forages et puits modernes source d'approvisionnement
de la population de Diéma.
Des dépôts d'ordure anarchiques sont
étalés sur les voies au carrefour ainsi qu'à
l'intérieur de la ville (cette partie sera développée
ultérieurement). Les déchets pneus et plastiques se
révèlent les plus importants à cause de la
fréquence des véhicules, mais aussi de l'utilisation
incontrôlée des sachets plastiques par les passagers. Il n'existe
pas un système de ramassage, ni de recyclage de ces déchets, ce
qui à termes détruisent les sols.
En outre, des cas de pollutions de l'air et de nuisances
sonores sont observés au carrefour, car le parc-automobile est trop
vieux. Ces véhicules le plus souvent issus du secours ne sont pas
protégés par des pots catalytiques qui empêchent
l'échappement des fumés.
Bref, les dégâts causés par la
réalisation de la route sur l'environnement sont visibles. Cependant, la
route subit les effets de l'environnement notamment l'érosion hydrique
qui dégrade les berges de la route. Certaines parties de la route sont
emportées par les eaux de la pluie à cause de l'occupation
anarchique (maisons d'habitation) des lits des mares. De ce fait, les eaux de
ruissellement dévient leur sens d'écoulement normal et
s'installent sur la route. Cette situation coûte très chère
à l'Etat qui dépense beaucoup d'argent à l'entretien
routier. Les cas de l'érosion éolienne (ensablement) existe sur
les axés routiers mais très éloigné
(frontière Mauritanienne) de la zone d'étude.
25
Enfin, les systèmes d'exploitation des ressources de la
zone, restent la pratique de l'exploitation extensive ; cela se traduit par un
processus de dégradation des ressources naturelles (sols, eaux, faune et
végétaux) et la progression significative du climat
sahélien. Cette avancée progressive dénote de la
désertification qui résulte des effets combinés du climat
et des facteurs anthropiques.
1.3. L'évolution démographique
L'augmentation de la population est un fait réel au
Mali. Elle est passée de 8 775 311 habitants en 1998 à 14 528 662
habitants en 2009 (INSTAT, RGPH 2009) soit un taux d'accroissement annuel moyen
de 3,6%.
La région de Kayes ne fait pas exception à cette
explosion démographique du Mali. Sa population est passée de 1
374 316 habitants en 1998 à 1 996 812 habitants en 2009 (INSTAT, RGPH
2009), soit un taux d'accroissement annuel moyen de 3,5%. Cette croissance est
la plus importante constatée depuis 1976 (premier recensement national
du Mali). Les augmentations les plus importantes sont constatées dans
trois cercles sur sept de la région : le cercle de Kayes (+57%), de
Diéma (+49%) et de Yélimané (+47%).
Le taux d'accroissement annuel moyen du cercle de Diéma
est de 4,45%, il dépasse largement le taux d'accroissement
régional et national.
1.3.1. Evolution générale de la population de
Diéma
Le peuplement de la ville de Diéma a connu plusieurs
étapes, le tableau ci-dessous récapitule l'évolution de la
population depuis 1976.
Tableau n°1 : Evolution de la population de
la ville de Diéma depuis 1976
ANNEES
|
POPULATIONS
|
ECART
|
TAUX
D'ACCROISSEMENT/AN
|
SOURCE
|
1976
|
2 260
|
En
Nombre
|
%
|
RGPH
|
1987
|
4 005
|
1745
|
4,3
|
RGPH
|
1998
|
7 007
|
3002
|
4,2
|
RGPH
|
2009
|
14 077
|
7070
|
5,0
|
RGPH
|
2013
|
17 015
|
|
|
Population
|
26
|
|
Projetée
|
2020
|
24 000
|
Population Projetée
|
Source : Institut National de la Statistique (INSAT)
1.3.2. Accroissement de la population entre 1987 et
1998
Durant cette période, la population de Diéma est
passée de 4005 à 7007 habitants, soit un taux d'accroissement de
4,2%. A cette période, les dynamiques de population se reposaient sur
les mouvements naturels (naissance, décès).
L'explosion démographique s'explique par la
précocité des mariages (l'âge médian d'entrée
en union était de 14 ans ; l'âge médian à la
première maternité (16 ans). La non adoption de la contraception
par les populations dans leur grande majorité.
La mortalité infantile en 1997 était de 500 pour
1000 avant le premier anniversaire 470 avant l'âge de 5 ans (infanto
Juvénile). Problème de malnutrition, manque d'hygiène, la
pauvreté, insuffisance de la couverture sanitaire.
1.3.3. Accroissement de la population entre 1998 et
2009
Avec une population de 14 077 Habitants en 2009, la ville de
Diéma a connu une évolution de 49,77% ; soit une augmentation de
7070 habitants en 11 ans, près du double de la population de 1998. Alors
que le schéma d'aménagement et d'urbanisme de la ville
prévoie en 2013 14.988 habitants.
Entre 1998-2009, le taux d'accroissement annuel moyen atteint
5%. C'est ce dernier taux (issu du dernier recensement de la population et de
l'habitat) qui sera utilisé dans la projection de la population de la
ville avec une estimation de 17 015 habitants en 2013, et 24 000 habitants en
2020.
27
Graphique n°2 : courbe d'évolution de
la population
30 000 25 000 20 000 15 000 10 000
5 000
0
|
|
|
|
|
POPULATIONS
|
1998 2009 2013 2020
Cette croissance rapide de la population s'explique par
l'augmentation du croît naturel, mais aussi par l'arrivée massive
de la population. Au niveau du service de l'état civil de la Mairie,
nous avons dénombré en moyenne 200 déclarations de
naissance par an pour la ville de Diéma au cours des cinq
dernières années. Alors que les données du recensement
général de la population de 2009 prouvent que la population de la
ville de Diéma augmente chaque année de 643 habitants soit un
écart de 443 habitants. Par cette analyse, nous pouvons confirmer que la
croissance de la population de Diéma est du fait du solde migratoire.
1.3.4. Evolution démographique et environnement
:
On dénote que cette croissance
accélérée de la population a des impacts négatifs
sur l'environnement. Lors de l'enquête ménage, 80% des
ménages enquêtés utilisent le bois de chauffe et le charbon
de bois comme source d'énergie dans la préparation de la
nourriture. Ce qui entraine la destruction du couvert végétal.
En plus de l'étalement de la ville, la croissance
démographique a entrainé la production de déchets (solides
et liquides) importants à cause des changements des habitudes
alimentaires. Ces changements d'habitude et le phénomène
d'étalement sont les conséquences des mutations observées
dans l'économie de la ville. Celles-ci entrainées par la
réalisation de la route.
28
CHAPITRE 2 : CONTEXTES SOCIO-ECONOMIQUES DU
DEVELOPPEMENT DE LA VILLE DE DIEMA
2.1. Bref aperçu sur la situation
socio-économique d'avant route
Avant la réalisation de la route, les activités
économiques étaient largement dominées par celles du
secteur primaire : agriculture, élevage, chasse et exploitation
forestière. Elles occupaient plus de 80% de la population active. Cette
situation s'explique par l'existence des potentialités hydro-agricoles
et des échanges établis essentiellement autour des produits
agricoles. Les autres secteurs de l'économie (secondaire et tertiaire)
étaient timidement exercés. Les activités du commerce
étaient largement focalisées sur le jour de foire hebdomadaire
(les jeudis) et quelques boutiques autour du Marché. La ville
était desservie par une seule compagnie de transport (Diéma
transport) et quelques taxis-brousses. Il n'y avait ni
électricité, ni eau de la fontaine.
D'après le témoignage des autochtones de la
ville, avant la réalisation de la route les passagers pouvaient faire 15
jours de voyage entre Bamako et Diéma distant de 350 Kilomètres
et de 7 jours entre Diéma et Nioro distant de seulement 95
Kilomètres surtout pendant la saison des pluies.
D'autres témoignages et informations recueillies sur la
ville d'avant route, confirment que la ville de Diéma était
exclue des circuits de commercialisation et de l'économie nationale par
défaut d'existence d'une route praticable pendant toute
l'année.
Carte n°4 : la ville de Diéma d'avant route
en 2004
29
2.2. Les actions d'aménagement
L'évolution spatiale de la ville de Diéma et les
dynamiques actuelles de son paysage sont les résultats des politiques
d'aménagement et leurs corollaires sur l'espace. Au cours de ces
derniers temps, nous observons une volonté affichée des
décideurs de maîtriser l'espace afin d'éviter la
création spontanée des quartiers.
Dans l'aménagement de la ville, nous identifions deux
phases : une première phase dite des opérations de lotissements
et leurs extensions successives qui correspond à la création du
cercle de Diéma en 1977 ; et une seconde phase d'aménagement
basée sur l'élaboration et la mise en oeuvre des outils de
planification qui coïncide avec la mise en oeuvre de la
décentralisation au Mali en 2000.
2.2.1. Les opérations de lotissements
En 1977, avec la création du cercle (ou
Département) de Diéma et la nomination de la ville de
Diéma comme chef-lieu de cercle (réforme administrative), un
premier lotissement fut effectué en 1979 au sud et à l'ouest du
noyau central du village. Ce lotissement comportait une zone d'habitation, une
zone commerciale notamment le marché et une zone de loisir qui comporte
le terrain de sport. Il a été suivi par quatre autres
lotissements d'extensions que sont : les lotissements de 1989, de 1991, de 1995
et 2001, situés au sud, à l'Est et à l'ouest du premier
lotissement. Ces différents lotissements comportaient des zones
d'habitation, un champ d'hippisme, une zone scolaire notamment un lycée,
une école professionnelle et deux écoles primaires (voir carte
n°4 ci-dessous P.29).
Ces différentes politiques de lotissement ont
donné à Diéma un début d'organisation de son site
et les prémisses d'une ville en devenir. Surtout avec la reforme
administrative de 1977, du chef-lieu d'Arrondissement en chef-lieu de cercle,
le quartier administratif se renforce avec l'ouverture d'autres services
déconcentrés de l'Etat notamment la construction du bureau du
préfet, le Palais de justice, les services financiers (Impôts et
contrôle financier) etc.
2.2.2. La volonté de maîtriser l'espace par
l'utilisation des outils de planification
Avec le processus de la décentralisation engagé
au Mali depuis 1999, les collectivités territoriales se voient attribuer
les compétences de conduire leur développement. En ce sens, elles
ont la latitude de programmer, de planifier et de mettre en oeuvre des projets
de développement, afin d'améliorer les conditions d'existence de
leurs concitoyens.
30
Pour mener à bien cet exercice, les
collectivités locales font recours aux outils de planification à
long terme 20 à 30 ans, que sont : le Schéma Régional
d'Aménagement du Territoire (SRAT), le Schéma Local
d'Aménagement du Territoire (SLAT) pour le cercle, le Schéma
Communal d'Aménagement du Territoire (SCAT) pour la commune, le
Schéma Directeur d'Urbanisme (SDU) pour la ville et le Plan Urbanisme
Sectoriel (PUS) qui détaille le SDU.
C'est dans ce cadre que le Schéma Directeur d'Urbanisme
(SDU) de la ville de Diéma et environs a été
élaboré en 2004 pour un horizon de 20 ans par la Mairie de la
commune de Diéma, en collaboration avec sa ville jumelle
Française Chilly Mazarin et l'Etat Malien à travers ses services
techniques déconcentrés.
2.2.2.1. Le SDU de Diéma et environs :
Le Schéma Directeur d'Urbanisme de la ville de
Diéma et environs a été élaboré et
approuvé par le Décret N°04-560/P-RM du 01 Décembre
2004 pour une période de 20 ans (20042024). Après une
décennie d'exécution du schéma, la version d'origine n'a
pas connu de révision alors que les textes d'urbanisme en
République du Mali prévoient une révision tous les cinq
ans. Cependant, le schéma prévoit l'élaboration du Plan
d'Urbanisme Sectoriel (PUS) ; élaboré en 2008 qui divise la ville
en deux secteurs : le secteur du PUS I et le PUS II. Brièvement, ce
schéma donne des orientations et précise des actions
d'aménagement notamment :
- La réhabilitation et la restauration du tissu existant
notamment le noyau central ; - L'extension du tissu par de nouvelles zones
d'habitation ;
- L'aménagement de nouvelles zones d'activités
(bureau, secteur du transport, gare routière, zone d'hydrocarbure, zone
industrielle, artisanat, verdure).
Le schéma prévoit l'extension de la ville dans
sa partie Nord. C'est pourquoi après son approbation qu'un lotissement a
été effectué en 2005 au quartier Koulouba au Nord de la
ville. Ce lotissement a été suivi de deux lotissements
d'extension situés à l'Est et à l'Ouest de ce dernier.
Aussi, la construction d'équipements collectifs (gare
routière, centre de santé de référence, centre
d'accueil, marché à bétail moderne, le lycée
privé etc.), mais aussi la localisation des zones industrielles et
hydrocarbures dans cette partie de la ville confirme le développement de
la ville dans sa partie Nord.
31
Il prévoit également la construction des aires
de stationnement mais localisés au sud de la ville,
déconnectés des circuits de transport routier. Cela ne favorise
pas leur utilisation car les flux de transport sont localisés au centre
de la ville notamment au carrefour.
En outre, tous les équipements prévus par le SDU
n'ont pas été réalisés ou soufrent du retard
d'exécution de leurs travaux tels que les écoles et le centre de
santé de référence, alors que les zones d'habitation
affectées à cette partie de la ville sont déjà
occupées. Les habitants de ce nouveau quartier soufrent de
l'éloignement des infrastructures de base (école, centre de
santé).
Enfin, certains espaces ont été
détournés de leur occupation initiale telle que la partie
réservée à l'espace vert occupée actuellement par
la Base vie de la subdivision des routes, construite pendant la
réalisation de la route. Cette réalisation est intervenue
après l'élaboration du Schéma Directeur d'Urbanisme de la
ville.
2.2.2.2. La réalisation des routes nationales
:
En 2006, les autorités nationales procèdent
à la réalisation des routes nationales (n°1 et 3) afin de
relier Bamako la capitale Malienne aux capitales des pays côtiers
notamment Dakar (Rép. du Sénégal) et Nouakchott
(Rép. de la Mauritanie). Ces différents axes routiers se joignent
à Diéma et lui confèrent sa position de carrefour. De ce
fait, Diéma est devenu un lieu d'échange, de brassage culturel
des populations nombreuses venues d'horizons divers.
Dès lors les fonctions de la ville se renforcent avec
l'installation des activités économiques au carrefour. Cela se
traduit par l'épanouissement du secteur secondaire dominé par
l'artisanat (métiers autour du goudron) et le secteur tertiaire
notamment le commerce (formel et informel), le transport urbain et
inter-cité, et d'autres services autrefois inexistants dans la ville de
Diéma telle que les banques, les assurances et les centres des
sociétés de télécommunication.
2.2.2.3. Les logements sociaux du président ATT,
quartier chic de Diéma
La ville de Diéma a bénéficié en
2008 du programme national des logements avec la construction de vingt (20)
logements sociaux. Ces logements, localisés sur le lotissement du
quartier Koulouba, sont construits sur un terrain viabilisé,
dotés d'éclairage public, du réseau d'eau potable et du
réseau de drainage des eaux de pluies. Malheureusement, la construction
de ces logements n'était pas prévue dans le SDU.
32
A coté de ces villas se trouve le centre d'accueil, le
nouveau Centre de Santé de Référence et plus loin mais
toujours au Nord le nouveau marché à Bétail moderne. Tout
ceci contribue à l'éloignement des zones d'habitations aux zones
d'activités, à l'étalement de la ville.
Photo n°1 : les logements sociaux à
Diéma
En définitive, l'analyse des aménagements
initiés par l'Etat central d'une part et la collectivité locale
d'autre part, ont donné le paysage actuel de la ville de Diéma.
La carte ci-dessous récapitule l'ensemble des lotissements et des
équipements collectifs cités précédemment.
33
Carte n°5 : la ville de Diéma en
2014
Cependant, l'évolution des fonctions de la ville de
Diéma et des dynamiques de son paysage font apparaître des
problématiques nouvelles inexistantes avant la réalisation de la
route.
2.3. Le développement socio-économique
facteur d'urbanisation de la ville
La ville de Diéma, classée au plan national dans
le rang des petites villes (rapport Direction Nationale de l'Urbanisme, 2008),
partage les problématiques de grandes villes Maliennes. Celles-ci font
face à des difficultés de gestion des déchets solides et
liquides, du problème de logement, des difficultés de
stationnement des véhicules, des besoins de mobilité, tout ceci
occasionné par l'évolution rapide de la population et
l'étalement de la ville.
La ville de Diéma n'échappe pas à ces
problématiques d'urbanisation des grandes villes du Mali. En effet, elle
fait face au problème d'assainissement et d'hygiène, au
problème foncier et de logement, au phénomène
d'étalement de la ville et au besoin de la mobilité
favorisé par la croissance rapide de la population et le changement des
habitudes de consommation.
2.3.1. Le besoin de la mobilité
L'évolution de la population a favorisé
l'extension des quartiers existants et la création de nouveaux quartiers
(Koulouba et le carrefour) ; ainsi que la réalisation de certains
34
équipements cités dans les passages
précédents (le centre d'accueil, le centre de santé de
référence et le marché à bétail) au Nord de
la ville. Ce phénomène d'étalement de la ville a
augmenté la superficie de la ville de 240 hectares. Désormais,
lieu du travail et de résidence sont séparés, ainsi que le
centre d'achat (carrefour).
Les déplacements et mobilités sont surtout
basés sur les moyens privés (Moto, voiture personnelle,
vélo, charrette etc.). Le transport collectif est
représenté à Diéma par des mototaxis. Ces mototaxis
assurent le déplacement entre le carrefour et les zones d'habitation.
Photo n°2 : Place des mototaxis au
carrefour
Source : A. TRAORE, Juillet 2013
Selon les données de l'Agence de Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK), la ville de Diéma
comptait en 2008 quatre mototaxis. En 2010, le nombre des mototaxis a connu une
augmentation, il est passé de quatre à onze mototaxis. Au cours
de nos enquêtes en juillet 2014, nous avons dénombré dix
huit mototaxis dans la ville de Diéma. Cette évolution des
mototaxis, moyen essentiel de transport en commun, s'explique par la croissance
rapide de la population mais aussi par l'attractivité du carrefour comme
centre des affaires.
Les observations sur le terrain montrent que les dix huit
mototaxis font en moyenne Deux Cent Quatorze (214) fois par jour l'aller-retour
entre la zone d'habitation et le carrefour dont une mototaxi fait en moyenne
douze (12) fois par jour l'aller-retour entre les deux zones. Les
35
heures de pointes restent 08 heures du matin (l'heure d'aller
au travail) et 18 heures du soir (l'heure de descente du travail).
Cependant, le moyen de déplacement le plus
utilisé dans la ville reste la moto. Les motocyclistes font 1 300 fois
(graphique 3 et 4) par jour l'aller-retour entre la zone d'habitation et le
carrefour. Nous pouvons confirmer que chaque concession a sa moto. Alors que
les tuyaux d'échappement de ces motos ne sont pas dotés de pot
catalytique ce qui cause des dégâts à l'environnement.
Les véhicules de transport en commun observés
dans le graphique ci-dessous sont des taxis-brousses qui relient le
Marché de Diéma aux villages environnants.
En outre, on observe l'entrée des gros porteurs dans la
ville pour acheminer des marchandises dans les magasins. Cela pose
d'énormes problèmes de circulation et de stationnement puisque
les voies sont trop exiguës et il n'existe pas d'aire de stationnement
dans la ville.
Le graphique ci-dessous résume les flux de
déplacement des personnes entre les zones d'habitation et le carrefour
(centre d'achat).
Graphique n°3 : Déplacement des
habitants et des véhicules entre la zone d'habitation et le
carrefour
800
700
600
500
400
300
200
Flux vers carrefour
Flux vers zone d'habitation
100
0
Source : enquête ADTRK, juillet 2014
36
Le graphique ci-dessus nous renseigne sur les flux de la
population des zones d'habitat vers le carrefour et inversement. Il
révèle que le nombre de personnes ou d'engins quittant la zone
d'habitation pour le carrefour le matin (heure du travail), c'est à peu
près le même nombre de personnes qui y retourne le soir. Ce qui
prouve que le carrefour est une zone d'activités par excellence parce
que près 50% de la population active de Diéma y va pour
travailler.
Graphique n°4 : Importance des
déplacements et moyens utilisés (moyenne journalière) par
la population entre la zone d'habitation et le carrefour
3%
9%
13%
3%
8%
7%
57%
Motocycliste
Voiture personnelle
Vélo
Mototaxi
Piéton
Véhicule de transport en
commun
Charrette
Source : enquête ADTRK, juillet 2014
On observe sur le graphique ci-dessus que 57% de la population
de Diéma privilégie la moto comme premier moyen de
déplacement. Cela a diverses raisons : d'abord la moto coûte moins
chère et elle demande peu d'entretien (économique selon certains)
ce qui fait que le Malien moyen peut y accéder facilement ; ensuite elle
semble adaptée au contexte de la circulation de Diéma car il
n'existe aucune piste bitumée à l'intérieur de la ville. A
cet effet le déplacement n'est pas chose aisée à
l'intérieur de la ville, et la plupart des voies sont impraticables
pendant une certaine période de l'année (la saison des
pluies).
2.3.2. Le changement des habitudes de consommation et de
comportement :
L'arrivée de la route a facilité le transport
des personnes et des biens. Les produits qui étaient introuvables sur le
marché sont aujourd'hui disponibles. 95% des personnes
enquêtées témoignent cette affirmation. L'utilisation de
l'eau du robinet, de l'électricité et la consommation du riz, des
légumes (salade, haricot vert etc.) et des fruits (banane, orange,
37
papaye etc.) étaient considérés autrefois
comme une habitude citadine ou plutôt une civilisation. L'arrivée
des citadins a changé les habitudes alimentaires.
Particulièrement, l'arrivée de
l'électricité en 2007 a favorisé l'utilisation par les
ménages du matériel électronique
(téléviseur, réfrigérateur, ordinateur et
accessoires) et développé certains métiers liés
à l'électricité (soudure, menuiserie métallique
etc.).
En plus, autrefois la prostitution n'existait pas ou
était très peu dévoilée, mais avec l'arrivée
de la route les maisons de passe poussent partout au carrefour. Alors que les
maladies sexuellement transmissibles tel que le sida sont tabou.
Ce changement des habitudes de consommation a
été accompagné par une production importante de
déchets solide et liquide, mais aussi de déchet
électronique.
2.3.3. Le problème d'assainissement et
d'hygiène :
Le changement des habitudes de consommation et le recours des
habitants de Diéma aux produits de luxes ont été
accompagnés par une production importante de déchets solides et
liquides. A cela s'ajoute les eaux de pluies dans la mesure où le
réseau de drainage prévu pour l'évacuation de celles-ci
n'a pas été réalisé.
Ces déchets sont constitués en majorité
par des ordures ménagères, qui concernent tout déchet
résultant de l'activité des ménages. Ainsi, on constate
qu'à Diéma ces ordures sont : les déchets-plastiques, les
déchets-pneus, les boîtes de conserve (poulet, sardine), les
déchets-papiers, les résidus ou excréments d'animaux, les
coupons de tissu des couturières, des résidus de vente (tomate,
gombo, maïs, pomme de terre etc.) qui sont déposés le long
des artères de la ville. On remarque aussi des déchets autrefois
inexistants tels que les déchets électroniques
(réfrigérateur, téléviseur, ordinateur et
accessoires, etc.).
38
Carte n°6 : Dépôts anarchiques
et autorisés dans la ville de Diéma
On observe sur la carte ci-dessus que Diéma ressemble
à un dépotoir. Au cours de nos enquêtes, nous avons
recensé plus de vingt dépôts anarchiques et chaque
devanture de concession constitue un lieu de dépôt des ordures. Il
n'existe pas un système de ramassage des ordures dans la ville. On
dénote l'absence de Groupements (association de femmes ou GIE)
chargés du ramassage.
Cependant, on constate que chaque ménage est
responsable du ramassage de ses ordures (le nettoyage de la cour et la
devanture de la concession). Il ressort de nos enquêtes que 25% des
ménages enquêtés balayent au moins trois fois par jour
leurs concessions, 60% des ménages enquêtés balayent au
moins deux fois par jour leurs concessions et 15% balayent au moins une fois
par jour leurs concessions. Seulement 2% des ménages
enquêtés balayent leur devanture au moins une fois par jour.
(Selon l'enquête 80% des ménages pensent qu'il revient à la
Mairie de ramasser les ordures dans la rue).
39
Photo n°3 : dépôt d'ordure
anarchique dans une rue à Diéma
Source : A. TRAORE, Mai 2014
Aussi, à l'absence d'un système de ramassage, les
ordures ramassées dans les concessions sont directement
déversés dans la rue. Ce qui explique l'expansion des
dépôts d'ordure anarchique dans la ville.
En outre, on observe sur la carte qu'il existe dans la ville de
Diéma quatre dépôts transitoires et deux dépotoirs
finaux autorisés. Ces dépôts autorisés ne sont pas
aménagés, par conséquent méconnu du grand
public.
Photo n°4 : Une rue de Diéma pendant
la saison des pluies
Source : A. TRAORE, Août 2014
Enfin, ces déchets étalés sur le long des
voies provoquent des accidents et favorisent la stagnation des eaux de pluies.
Ces eaux usées sont le nid des moustiques et des bactéries qui
40
sont à la base des maladies dont les plus
fréquents restent : le paludisme, la bilharziose, l'onchocercose etc.
2.3.4. Le problème foncier et le logement :
La demande croissante du foncier constructible pousse les
autorités communales de concert avec les services techniques
déconcentrés de l'Etat à exécuter des travaux de
lotissements d'extension. Ces parcelles loties souvent non prévu par le
SDU ou des parcelles détournées de leur destination initiale font
l'objet d'une spéculation foncière terrible.
Au cours de nos enquêtes, nous avons constaté que
malgré les lotissements et leurs extensions successives, la demande du
foncier constructible demeure à Diéma. Cette situation nous
pousse à en savoir plus.
Le phénomène se déroule dans presque
toutes les villes secondaires en expansion au Mali. Il s'agit de l'achat du
foncier constructible des villes en émergences par les citadins des
grandes villes du pays (Bamako, Kayes etc.). Ces citadins offrent plus de somme
d'argent au foncier que la population autochtone. Le cas de Diéma se
spécifie par la présence de ses ressortissants nombreux à
Bamako, à Kayes et ses émigrés en France, en Espagne et en
Afrique central.
L'enquête ménage confirme cette affirmation. Sur
les ménages enquêtés dans les lotissements d'extensions et
le nouveau quartier, 90% des ménages sont en location et 60% des maisons
construites appartiennent aux ressortissants de Diéma et autres citadins
installés dans les villes principales du pays. Cette situation a rendu
le coût de la location d'une maison très exorbitant (une chambre
salon coût 12 500 Fcfa) parce que comparable à celui de Kayes
(capitale de région) et Bamako (capitale nationale).
Aussi, la détention d'une ou de plusieurs parcelles
constructibles supposent un acte de notoriété pour la population
de Diéma, mais aussi un moyen d'économie d'argent. De ce fait,
une personne peut posséder 10 parcelles constructibles.
Ces différents facteurs combinés ont rendu le
coût du foncier constructible très élevé.
Actuellement, on assiste à une spéculation foncière sans
précédent. Cela est favorisé par l'attribution du foncier
constructible par plusieurs intervenants (les chefs coutumiers, la Mairie, le
préfet, les services déconcentrés de l'Etat (domaine,
urbanisme).
Enfin, le phénomène d'extension de la ville
occasionne des conflits entre Diéma et les villages environnants. Le cas
récent fut celui de Nafadji, un village situé à 04 km de
Diéma.
41
Conclusion partielle :
Les contextes d'évolution de la ville de Diéma
requièrent une planification rigoureuse. Pour cela, les urbanistes ou
les agents territoriaux ont besoin des informations localisées pour
suivre les dynamiques spatiales, les flux de la population, faire l'inventaire
des dépôts d'ordure etc...., afin d'aider les acteurs du
développement à la prise de décision.
Singulièrement, le problème de la
révision du schéma soulevé précédemment
révèle la question de la disponibilité de l'information
géographique et de son utilisation. Celle-ci (révision du
schéma) demande la collecte de données dans tous les secteurs de
l'économie.
Enfin, ce besoin d'information s'accentue avec l'installation
des activités économiques au carrefour et de ses flux
énormes.
42
DEUXIEME PARTIE :
LA ROUTE, UN FACTEUR CREATEUR ET ORGANISATEUR DES
TERRITOIRES
43
« Non seulement l'amélioration des transports
joue un rôle important dans le développement économique
général d'un pays, mais encore, ... joue un rôle essentiel
dans la localisation des activités » [B.PAUL,
1964]2.
Crée à la suite de la réalisation des
axes routiers, le carrefour est devenu depuis un certain temps un centre
commercial important pour la ville de Diéma. Son processus de mis en
place a commencé dès le démarrage du chantier de la
construction des axes routiers en 2002, pour offrir aux ouvriers les services
de restauration, de réparation de téléphone et la vente
des cartes de recharge téléphonique.
En 2006, avec la mise en usage des nouvelles routes nationales
et internationales, on assiste à la prolifération des
activités de tout genre qui fait du carrefour un lieu prisé par
les opérateurs économiques notamment les commerçants et le
secteur informel (vendeurs ambulants). Cette fois-ci pour approvisionner les
résidents, les personnes en transit.
Situé au coeur de la ville, c'est-à-dire entre
l'ancienne ville et le nouveau quartier au Nord ; il est aujourd'hui
considéré comme le centre ville de Diéma.
Cette seconde partie de notre travail est consacré
à l'analyse de l'évolution des flux de transport, de la
mobilité inter-cité et des activités au carrefour. Elle
fait l'état du niveau d'aménagement de celui-ci et de son impact
sur le développement socio-économique de la ville de
Diéma.
CHAPITRE 3 : LE CARREFOUR, UNE ZONE D'ACTIVITES PAR
EXCELLENCE
Le carrefour de par sa position (noeud de trois réseaux
routiers) offre des potentialités d'épanouissement du commerce,
des services, des métiers autour du goudron. Cela à cause de ses
flux importants du transport routier, de la mobilité des personnes et
des biens.
2 Bourrières Paul. Science des transports et
décision politique. In: Tiers-Monde. 1964, tome 5 n°20. pp.
777-793. doi : 10.3406/tiers.1964.1149
44
Graphique n°5 : Plan du Carrefour de
Diéma
3.1. Evolution générale des flux de
transport
Signalé précédemment, près de 90%
des échanges internationaux du Mali dépendent du mode maritime.
Jusqu'en 2002, 80% des importations et exportations du Mali passait par le
port
45
d'Abidjan. Cependant, avec la crise Ivoirienne en 2002 et
l'ouverture du corridor Bamako-Diéma-Dakar,
Bamako-Diéma-Nouakchott, ce taux a chuté de 33% en 2008. Au
même moment, le trafic international de marchandises du Mali qui passait
par le port de Dakar était de 51% (rapport BAD, 2008) et celui de
Nouakchott 0,1 %.
En plus de ces flux de transport marchandise, le transport
voyageur occupe une place importante car il constitue le mode de transport le
plus utilisé par le Malien moyen.
Diéma étant le noeud de jonction de ces
réseaux, tous ces flux de transport transitent ou marque une escale.
3.1.1. Flux de véhicules
Graphique n°6 : Evolution des flux de
véhicule (moyenne journalière) au carrefour entre
2011-2014
1200 1000 800 600 400 200
0
|
|
|
|
|
Flux journalier des véhicules
|
2011 2012 2013 2014
Source : Subdivision des Routes de Diéma, 2014
Le graphique ci-dessus montre la baisse des trafics au
carrefour. Cette baisse est due essentiellement à la réouverture
du corridor Ivoirien pour le trafic marchandise et à la crise
politico-sécuritaire que le Mali a connu entre 2012-2013. Cette
dernière a freiné l'économie nationale, ce qui fait que
les trafics marchandises ont baissé sur tous les corridors
d'approvisionnement du Mali singulièrement le corridor
Dakar-Kayes-Diéma-Bamako.
Cependant en 2014, avec le retour à la normalité
au niveau de l'Etat central (organisation des élections
présidentielles et législatives ; et la libération des
parties du territoire occupé), on
46
observe à la reprise des activités
économiques au Mali et des trafics routiers internationaux. Cela nous
amène à déduire que les relations entre le local et le
national voire sous-régional sont interdépendantes. La
vitalité de l'économie nationale impacte fortement sur le
développement local et sous-régional.
En Juin 2014, le carrefour de Diéma reçoit en
moyenne 861 véhicules par jour dont 498 véhicules de transport
marchandises (camions, semi-remorques et citernes) soit 58% du trafic, et 363
véhicules de transport voyageurs (bus, minibus, taxi et voiture
personnelle etc.) soit 42%.
3.1.1.1. Les véhicules de transports
voyageurs
Tableau n°2 : Les types de véhicules
de transports voyageurs au carrefour
Années
|
Total
|
Type de véhicules de transports
voyageurs
|
Véhicule personnel
|
Bus
|
Minibus
|
Taxi-brousse
|
2014
|
363
|
78
|
81
|
55
|
149
|
2013
|
341
|
79
|
77
|
54
|
131
|
2012
|
390
|
134
|
72
|
81
|
103
|
Source : Subdivision des routes de Diéma, 2014
Le tableau ci-dessus nous informe sur les types de
véhicules de transports voyageurs qui transitent ou desservent la ville
de Diéma par jour.
Ces véhicules sont de tous ordres, pour les besoins de
l'étude, nous les avons classé en quatre catégories : bus,
minibus, taxi-brousses et véhicules (personnels).
Les proportions sont les suivantes :
- Les véhicules de transport collectif occupent une
place importante avec 79% du trafic et 99% des voyageurs en 2014 ;
- les véhicules personnels concernent 21% du trafic et
moins de 1% des voyageurs en 2014.
Parmi les véhicules de transport collectif 22% sont des
compagnies de transport (bus) qui transportent environ 70% des voyageurs.
Toutes ces compagnies (nationales et internationales) ont leur agence (escale)
à Diéma. Cela constitue une opportunité d'emploi pour la
population locale.
En outre, ces bus marquent un arrêt de 15 à 20mn
au carrefour, ce qui augmente les opportunités d'affaire (commerce
ambulant et les activités de restauration).
La carte (en Annexe I) récapitule l'état des
flux de transport au carrefour de Diéma ainsi que dans la région
de Kayes. Selon cette carte l'axe Bamako- Diéma- Kayes- Dakar reste le
plus emprunté dans les deux sens. Les proportions sont les suivantes
:
47
- 92% pour l'axe Bamako- Diéma- Kayes et 90% sur Kayes-
Diéma- Bamako; - 8% Bamako- Diéma- Nioro et 7% Nioro-
Diéma- Bamako.
3.1.1.2. Les véhicules de transports
marchandises
Tableau n°3 : Situation des véhicules
de transports marchandises
Années
|
Total
|
Type de véhicules de transports
marchandises
|
Camions
|
Remorques
|
citernes
|
Autres
|
2014
|
498
|
420
|
29
|
42
|
7
|
2013
|
473
|
379
|
35
|
52
|
7
|
2012
|
486
|
391
|
44
|
38
|
13
|
Source : Subdivision des Routes de Diéma, juin 2014
En 2014 nous dénombrons au carrefour en moyenne 420
camions, 29 remorques, et 42 citernes par jour. Ces véhicules de
transport marchandise représentent 58% des trafics au carrefour (carte
des flux de transport marchandise en Annexe II). Ils marquent tous un
arrêt au carrefour (sauf quelques camions vides) et 10% de ces
véhicules y passent la nuit aux abords du goudron. Les arrêts sont
effectués pour la réparation des véhicules, certains
chauffeurs s'arrêtent pour se reposer. En plus de ces opportunités
d'affaire liées à la réparation des véhicules
(garage auto, collage de pneus, soudure), la construction de latrine publique,
d'auberge ou de centre d'accueil pour le dortoir des chauffeurs constitue des
opportunités d'affaires pour la ville de Diéma.
3.1.2. Flux humains
Sur la base des observations et enquêtes
répétitives menées au carrefour, nous pouvons confirmer
qu'en moyenne 5420 personnes transitent par jour au carrefour. Ce nombre est
constitué de :
- Des voyageurs : environs 4920 personnes par jour, qui
profitent de l'arrêt des bus ou minibus (pour manger, aller aux
toilettes, etc.) ;
- Des gérants ou ouvriers des services offerts au
carrefour (station d'essence, commerçants, gargotières, bouchers,
mécaniciens, etc.) ;
- Des acheteurs venant des villages environnants
s'approvisionner au carrefour (farine, sucre, huile, essence, etc.) ;
- Enfin, les résidents de Diéma qui viennent
pour des besoins divers.
Ces flux énormes de voyageurs sont dus essentiellement
aux faits que 99% des voyageurs à l'intérieur du Mali empruntent
la voie terrestre (principalement la route, et le rail qui concerne uniquement
la région de Kayes en reliant Bamako à Dakar en passant par
Kayes). La région
48
de Kayes ne fait pas exception à cette
réalité nationale bien qu'elle soit dotée d'un
aéroport les voyageurs empruntent à 95% les voies terrestres
(route, rail) seul les migrants de la région installés (en
France, en Espagne etc.) empruntent les voies aériennes lors de leur
vacance dans la région. Cette réalité nationale et
régionale se répercute sur le niveau local (ville, commune).
Enfin, ces flux importants de voyageurs constituent des opportunités du
commerce, d'écoulement de produits locaux (lait, viande,
céréales etc.).
Le graphique ci-après synthétise le flux de
voyageurs au carrefour de Diéma.
Graphique n°7 : Moyenne journalière
des flux de voyageurs au carrefour
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
6000
5000 4000 3000 2000 1000
0
|
|
Nombre de voyageurs
|
|
|
|
Source : enquête ADTRK, Juin
2014
Parmi ces voyageurs :
- 90% empruntent le trajet Bamako-Diéma-Kayes- Dakar
dans les deux sens ;
- Et que les jours de voyage les plus prisés restent le
Mardi, le Jeudi et le Samedi (sachant qu'en région de Kayes, le Jeudi et
le Samedi sont traditionnellement des jours de voyage).
3.1.3. Flux marchandises
Le rapport de la BAD3 cité
précédemment informe que 51% du trafic international de
marchandise du Mali passe par le port de Dakar et 0,1% pour celui de
Nouakchott. Cela place la région de Kayes en tête du transit des
marchandises avec 51,1% du trafic international de marchandise du Mali.
En fonction du rapport BAD et des enquêtes menées
au carrefour de Diéma, les camions proviennent :
3 Banque Africaine de Développement, rapport
49
- Pour 99% de Dakar avec des produits d'importation dont les
plus fréquents sont : ciment 50%, fer de construction 15%, les
carburants 10%, le riz, le poisson de mer, etc.
- Pour 1% de Nouakchott avec des produits d'importation dont
les plus fréquents restent : la farine, la poudre du lait, l'huile, le
sucre etc.
Aussi, il ressort de l'enquête que 95% des
véhicules en provenance de Bamako sont vides. Ces véhicules
partent vides aux ports d'approvisionnement (Dakar et Nouakchott) pour se
charger aux produits d'importation du Mali (carte des flux de transport
marchandise en annexe II).
En outre, parmi les camions en provenance de Bamako, seulement
3% de ces véhicules sont chargés en chevron (bois), en fruits
(mangue, pastèque), en céréales (mil, etc.) pour la
Mauritanie. Le reste des 2% est chargé en balle de coton, ou se charge
en cours de route en bétail et en mil pour le Sénégal
selon les périodes.
Par ailleurs, les enquêtes nous révèlent
que la ville de Diéma, reçoit en moyenne 7 camions de
marchandises par semaine pour ses propres consommations. Ils sont
généralement chargés de fruits et légumes (en
provenance de Sikasso, de Kita), de ciments (pour les grossistes de
Diéma) et de carburants pour les stations d'essence. Des camions aussi
sont déchargés au carrefour de façon normale, mais
très souvent frauduleusement.
Le graphique ci-après récapitule les flux de
marchandises à partir du carrefour de Diéma. Graphique
n°8 : Les flux de marchandises au carrefour de
Diéma
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Echanges en %
ECHANGES COMMERCIAUX
Source : Enquête de terrain, Juin
20014
50
Enfin, nous constatons que la ville de Diéma tire peu
de profit aux flux importants de marchandises qui transitent au carrefour. La
ville ne dispose ni d'entrepôt, ni de magasin pour le stockage des
marchandises en cas de panne d'un camion, elle ne dispose pas de chaîne
de froids ou de chambres froides pour la conservation des produits
périssables. La construction de magasins ou de chambres froides
constitue des opportunités d'affaire pour la ville. Cependant, nous
avons constaté lors des enquêtes que les produits importés
(ciment, fer de construction, le sucre, la poudre du lait, la farine etc.)
coûtent moins chers à Diéma qu'à Bamako.
3.2. Les activités au carrefour
Le carrefour de Diéma offre aux voyageurs, aux
résidants et autres visiteurs différents services le plus souvent
informels. D'après nos enquêtes, certains résidants de
Diéma considèrent le carrefour comme le centre commercial ou
quartier commercial. Dans le cadre de cette étude, nous avons pu les
classer en trois catégories : les activités du commerce, des
services et le transport inter-cités ou inter-villageois.
3.2.1. Le commerce :
Le commerce général occupe une place importante.
D'après le tableau ci-dessous le nombre de boutique de commerce
général est passé de 89 en 2011 à 112 en 2013, soit
une augmentation de 23 boutiques en deux ans. Il concerne les produits de
première nécessité comme le riz, le sucre, le lait en
poudre, le thé vert, l'huile, les boissons gazeuses, etc. ; en gros des
produits tournés vers la satisfaction du voyageur. Aussi, nous avons
constatés des boutiques spécialisés en vente de pneus et
des pièces de rechange pour les gros porteurs (camions, bus etc.) ainsi
que les voitures personnelles.
Tableau n°4 : les activités du
commerce général
Activités/ Services
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Boutiques (en activité) de
commerce général
|
89
|
108
|
112
|
115
|
Pharmacie
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Point de vente carte de
recharge téléphonique
|
|
|
|
12
|
Vendeur essence ambulant
|
|
|
|
19
|
Source : Enquête ADTRK, Juin 2014
51
D'après nos enquêtes 90% des propriétaires
de boutique sont des étrangers venus de la Mauritanie, seulement 10%
sont des Maliens de Diéma et venus d'autres localités : Nioro du
Sahel, Kayes, Nara, Kolokani etc.
Au cours des enquêtes, nous avons constaté en
moyenne la présence de deux (02) ouvriers ou aides-vendeurs
salariés aux côtés des propriétaires de boutique,
qui assurent le stockage et la sortie des produits.
3.2.2. Les services autour du goudron :
Après le commerce, les services viennent en seconde
position. On entend par service autour du goudron l'ensemble des métiers
qui ont été créés à la suite de la
réalisation de la route comme le cirage des chaussures, la
réparation des véhicules ..., mais aussi des services au sens
réel du terme comme les banques, les assurances, les agences des
compagnies de transport etc.
Tableau n°5 : les services au carrefour de
Diéma
Services
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Restaurants modernes
|
4
|
5
|
5
|
4
|
Dibiteries (grillades
de viande)
|
42
|
44
|
22
|
26
|
Gargote (vendeur de café et du riz) sous des hangars
|
36
|
52
|
52
|
58
|
Bar et Maison de
passe
|
4
|
6
|
5
|
6
|
Latrines publiques
|
4
|
|
32
|
38
|
Garage (lavage auto- moto)
|
|
|
2
|
2
|
Banque
|
1
|
1
|
2
|
2
|
Assurance
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Agences des
compagnies de
transports
|
8 : Gana Transport et Ganan Express, Sonef, Benso,
Kingui, Bani, Rimbo, Diéma Transport, Binké
|
10
|
11
|
6
|
Places de syndicats de Transports
|
3 : place Nord (pour Nioro), Ouest
(pour Diangounté Camara) et Est (pour Dioumara)
|
3
|
3
|
3
|
52
Garages auto
(réparation des
véhicules)
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Garage (réparation
des pneus de véhicules et de moto)
|
16
|
27
|
35
|
26
|
Ateliers de Soudure
|
8
|
10
|
10
|
10
|
Stations services
|
4
|
4
|
4
|
5
|
Boutiques de vente
des sociétés de communication (Orange Mali,
Canal +)
|
|
1
|
4
|
5
|
Source : Enquête ADTRK, juin 2014
Lors des enquêtes, nous avons recensé des
activités liés à la restauration (vendeurs de café,
riz ou de viande grillée), des réparateurs de véhicules et
de pneus, des stations d'essence mais aussi de la prostitution (maison
close).
En outre, nous avons recensé des services
spécialisés comme la banque, l'assurance, les boutiques Orange
Mali qui n'étaient pas présents à Diéma avant la
réalisation de la route. La présence nombreuse des gargotes et
des dibiteries : qui assurent une forme de restauration rapide. Elles sont
prisées par le voyageur parce qu'elles s'adaptent mieux aux contraintes
temps du voyage. Cependant, elles sont sujettes à des problèmes
d'hygiène ;
- une offre de services variée et en évolution :
ces services sont créateurs d'emplois, ils concernent les stations
services, les garages auto, les ateliers de soudure, banque, assurance,
pharmacie, etc. ;
- la présence d'un poste de gendarmerie, de la douane et
de la protection civile ;
- par ailleurs, la pratique de la prostitution en
évolution et de façon évidente.
3.2.2.1. Le transport inter-cité ou
inter-villageois
En plus de ces trajets nationaux et internationaux, il existe,
par ailleurs, des trajets locaux que nous nommons inter-cité ou
inter-villageois, c'est-à-dire entre Diéma et Nioro et
Diéma et les gros villages du cercle (Diangounté,
Lakamané, Béma, Madiga-Sacko et Dioumara). Les véhicules
alimentant ces trajets sont essentiellement des minibus et des
taxis-brousses.
Au cours de l'enquête, nous avons identifié trois
trajets permanents dont chacun possède sa place au carrefour. Ces
minibus constituent souvent une sorte de correspondance aux compagnies comme
Bani Transport ou Gana Transport sur Nioro.
53
Carte n°7 : Flux de transport
inter-cité ou inter-villageois
La carte ci-dessus montre que le trajet Diéma-
Béma- Nioro représente 59% des trafics inter-cités, celui
de Diéma- Diangounté- Lakamané- Sandaré- et
Diéma-Dioumara- Didiéni-Kolokani- Bamako représentent 23%
et 18%. Cependant, la mobilité reste très faible (à part
les jours de foire) entre la ville de Diéma et les villages de
Madiga-sacko au Sud et Groumera au Nord de la ville de Diéma,
écartés du réseau routier
3.3. Les relations entre le carrefour et ses
territoires environnants
Lieu d'échanges et de transits, le carrefour offre aux
résidents et aux voyageurs divers services. Ce positionnement
géographique stratégique a conféré à
Diéma un rayonnement d'envergure régionale, nationale voire
internationale.
Au plan régional, grâce à l'introduction
des semences améliorées et des techniques nouvelles de
production, celles-ci favorisées par l'arrivée de nouveaux
producteurs venus d'ailleurs, Diéma est devenue le grenier aux
céréales sèches. Elle ravitaille en céréales
sèches (mil, sorgho) les cercles de Kayes, Nioro du Sahel et
Yelimané (carte des flux de céréaliers en Annexe VI).
Quand la production céréalière chute dans le bassin de
Diéma, c'est toute la bande du sahel occidental dans la région de
Kayes qui en subit les effets.
54
Au plan national et international, quand Diéma est
coupé de Bamako les prix des produits augmentent et ralentisse les
échanges commerciaux entre Bamako et Dakar. On se rappelle de la rupture
du pont en 2012 à Guémou, village situé à 15 km de
Diéma sur l'axe Dakar-Kayes-Guémou-Diéma-Bamako qui a
provoqué l'arrêt du trafic international de marchandises.
Au-delà du rayonnement régional et national, le
carrefour a une zone d'influence propre qui tire profit ou qui subit du
carrefour.
Au cours des enquêtes auprès des personnes qui
fréquentent le carrefour, nous avons pu classer cette zone en trois
catégories :
- Une zone de forte influence : qui se
dessine autour d'un rayon de 30 kilomètres entièrement dans le
cercle de Diéma. Dans cette zone, on observe des gros villages tels que
Dianguirdé, Madiga Sacko, Tinkaré, etc. Nous avons
constaté que sur les résidents (populations résidantes)
qui fréquentent le carrefour 80% viennent de cette zone. Ils viennent
:
o s'approvisionner en produits divers surtout les
commerçants de ces localités : carburants, farine, sucre,
thé, huile, etc. ;
o pour des travaux de soudure, de réparation de
charrettes, de moto, etc. ;
o des services bancaires (western union, transfert d'argent),
des achats de médicaments et des accessoires de téléphones
mobiles.
- Une zone de moyenne influence : dont le
rayon est entre 30 et 45 Km de Diéma. on y trouve des gros villages
comme Diangounté Camara, Groumera, Torodo (dans la Commune de
Dianguirdé), Guemoukouraba (dans le Cercle de Kita) et Diabidiala (dans
le Cercle de Nioro). Cette zone intermédiaire fréquente le
carrefour pour des services peu courants ailleurs qu'à Diéma
comme la banque, les assurances, les travaux de soudure et de
mécanique.
- Enfin, une zone de faible influence : qui
se manifeste essentiellement par la fréquentation du Marché de
Diéma (les jours de foire) qui exerce une forte attirance sur les
forains à cause de son abondance en produits et du fait qu'il se situe
dans un circuit entre Grouméra- Diéma- Madiga Sacko dont les
jours de foire sont respectivement Mercredi, Jeudi et Samedi. Nous avons
constaté que 75% des forains
55
de Groumera préfèrent continuer sur Diéma
(50 Km) que d'aller au marché de Béma (25 Km) et pourtant se
tenant le même jour.
En résumé, l'influence du carrefour est visible
dans tout le Cercle de Diéma et au-delà. Cependant, les
territoires environnants ont aussi leur influence sur le carrefour. Les
activités menées au carrefour se spécialisent davantage
aux produits ou services demandés par les passagers ou acheteurs venus
d'ailleurs : la vente des pneus des gros porteurs par exemple. Actuellement au
carrefour, il y a une boutique uniquement dédié à la vente
des pneus.
Le graphique ci-dessous illustre les trois zones décrites
précédemment. Graphique n°9 : Zone
d'influence du carrefour et de la ville de Diéma
56
CHAPITRE 4 : LE CARREFOUR UNE ZONE SPONTANEE QUI
NECESSITE DES AMENAGEMENTS URBAINS
4.1. Les enjeux d'aménagement au carrefour
Le carrefour, de part sa position stratégique de
développement des activités économiques (le transport, le
commerce etc.) à cause des flux importants de transport et de son
influence sur les territoires voisins, est devenue un lieu prisé pour
l'installation des activités. Tous les opérateurs
économiques (commerçants, artisans, gargotières etc.) de
Diéma veulent avoir une place au carrefour. A l'absence de
l'aménagement préalable du site, cela a été traduit
par une occupation anarchique de l'espace, par une production importante de
déchets solides anarchiques, mais aussi par des difficultés de
stationnement des véhicules qui occasionnent des accidents de
circulation.
4.1.1. La circulation et le stationnement
L'abondance de véhicules de toutes sortes au carrefour,
cause d'énormes difficultés de circulation à
l'entrée et à la sortie sur environ deux kilomètres. Ce
désordre pose des problèmes de stationnement et provoque de
nombreux accidents.
Selon nos enquêtes, nous dénombrons en moyenne
110 camions qui stationnent au carrefour pendant au moins trois heures de temps
selon les périodes de la journée. Les causes de ces
stationnements sont entre autre (poste de contrôle de la douane,
réparation du véhicule, pour se reposer et manger).
Et en absence d'une gare routière (un lieu
aménagé pour le départ et l'arrivé des autocars et
camions de transport), ces stationnements anarchiques créent des
encombrements fatigants pour les chauffeurs qui, du coup
préfèrent observer leur temps de repos dans les villages
environnants de Diéma comme Diangounté Camara, Dioumara, Torodo,
et même Sandaré, etc.).
Par ailleurs, dans le cercle de Diéma, nous avons
recensé de nombreux accidents sur les personnes ainsi que sur le
bétail. Cette situation peut être dû au fait que le sens de
déplacement du bétail est Nord- Sud/ Sud- Nord et celui des
routes est d'Est-Ouest, surtout que les axes routiers manquent suffisamment de
panneaux de signalisation de passage des animaux.
57
Photo n°5 : Stationnement
désordonné des remorques et semi-remorque au
carrefour
Source : A. TRAORE, Mai 2014
4.1.2. L'occupation anarchique du site :
Au carrefour, l'évolution des activités a
provoqué une occupation anarchique de l'espace parce qu'il n'y a aucune
forme d'organisation, aucune anticipation. Il s'apparente à une zone de
non droit où chacun se débat comme il peut.
Au cours de nos enquêtes, nous avons observé des
vendeurs ambulants d'essence à côté des dibiteries
(grillades viandes) ou encore des stations d'essence à côté
des ateliers de soudure, cela constitue un danger permanent d'incendie.
Aussi, il ressort de nos enquêtes des
spéculations foncières du domaine public de la part des
occupants. Certains boutiquiers font installer devant leur boutique des
gargotières, des dibitiers (grilleurs de viande) ou d'autres vendeurs
ambulants au prix de 1000 Francs CFA par jour soit 30 000 Francs CFA par
mois.
D'autres occupants sont installés par la Mairie, mais
aucun plan d'occupation d'espace n'existe pour le carrefour car sa mise en
place est postérieure à l'élaboration du Schéma
Directeur d'Urbanisme de la ville de Diéma et environs.
58
Ces différents facteurs mettent les occupants du
carrefour dans des conditions d'insécurité juridique et
administrative. Ainsi, le développement des activités s'en trouve
fortement entravé.
Photo n°6 : les Grilleurs de viande
installés devant des boutiques
Source : A. TRAORE, Mai 2014
4.2. La réalisation de la gare routière
de Diéma, un début d'aménagement urbain
Dans le souci de sauvegarder le rond point central et les
abords de la route contre l'occupation anarchique des vendeurs et des
transporteurs ; et de contenir les flux de transport, la Mairie de Diéma
en partenariat avec sa ville jumelle Chilly Mazarin (France) a initié la
réalisation d'une gare routière. La réalisation de cette
infrastructure a été identifiée lors les diagnostics de la
commune après la réalisation de la route.
L'objectif principal du projet est de décongestionner
le carrefour qui est devenue aujourd'hui le centre ville de Diéma.
Le projet est bâti sur une superficie de neuf (09)
hectares avec un coût de réalisation de 35 Millions de Francs CFA
soit 8% pour la commune de Diéma, 29% pour l'Etat Malien et 63% pour la
ville de Chilly Mazarin. Il comprend deux volets : un volet construction et un
volet organisation et gestion des infrastructures. Le volet construction
consiste :
- La clôture en grillage de l'ensemble des neuf hectares
avec 36 m de mur pour l'entrée ;
- La construction d'un bloc de trois latrines ;
59
- La construction d'un magasin de stockage des colis et des
bagages ; - La construction de trois hangars de 6,5x 12 m ;
- Le terrassement des aires de stationnement.
Le volet organisationnel consiste à la mise en place
d'un comité de gestion et son appui à travers des formations en
gestion des infrastructures marchandes.
La réalisation d'une gare routière de ce type,
nous paraît insuffisante au vu du nombre de véhicules et de
personnes qui transitent par jour au carrefour.
D'abord le modèle de construction proposé ne
peut pas contenir les flux de transport (en moyenne 861 véhicules par
jour). Parmi ces véhicules en moyenne 110 camions marquent un
arrêt (au moins trois heures de temps selon les périodes de la
journée).
Le projet ne prévoit ni la construction de magasins ou
de comptoirs pour les commerçants, ni de dortoirs pour les chauffeurs
qui désirent passer la nuit à Diéma. Il ne réserve
pas non plus d'espace dans la gare pour les différents métiers
recensés au carrefour.
Enfin, il nous paraît difficile de mettre dans une
même cour les véhicules de transport voyageurs et les
véhicules de transport marchandises. Pour cela, la Mairie devrait revoir
son projet de réalisation de gare routière surtout qu'elle a de
nouveaux partenaires sur le projet : Agence Française de
Développement (AFD) et la région Nord-Pas-de-Calais qui envisage
de réaliser des pools logistiques de transport dans la région de
Kayes.
CHAPITRE 5 : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE
DE LA MISE EN PLACE DU CARREFOUR
« Un réseau routier bien construit et bien
entretenu est essentiel à la croissance économique et à la
lutte contre la pauvreté dans les pays en développement »
[Rapport Banque Mondiale, 2008].
C'est par ces propos que nous commençons ce chapitre.
Le cas du Mali est surtout particulier, sans débouché sur la mer
; l'importance de la route se situe à plusieurs niveaux.
Au plan national, la réalisation des axes routiers a
été un facteur de développement des échanges
commerciaux (transport des marchandises), et la réduction des
coûts de transport.
60
Au plan régional, ils ont permis le
désenclavement des zones de production en améliorant
l'écoulement des produits agricoles dans les villes (Diéma,
Kayes, Nioro), réduisant ainsi les coûts de transport.
Enfin, en plus de ces facilités de transport et de son
coût, cela s'est traduit localement par le développement des
métiers, par la valorisation des produits locaux au travers de la mise
en place des petites unités de production et de transformation et
l'amélioration des recettes fiscales de la collectivité
locale.
5.1. Le développement des métiers source
de création d'emploi et de revenus
L'arrivée de la route a favorisé le
développement des métiers existants et l'apparition de nouveaux
métiers dans la ville. Ces métiers sont la plupart
localisés au carrefour le long de la route goudronnée à
cause de l'abondance des flux humains, mais aussi à l'intérieur
de la ville. Ces métiers le plus souvent nouveaux pour la ville de
Diéma sont facteur de création d'emplois et de revenus pour la
population.
Au cours de nos enquêtes, nous avons recensé au
carrefour 197 pratiquants d'un métier. Ces métiers constituent de
l'auto-emploi pour le promoteur de l'atelier ou de l'activité. De plus,
nous avons recensé 53 ouvriers ou aide-ménagères
salariés.
Lors de l'enquête adressée aux artisans, 70% des
artisans enquêtés déclarent gagner 90 000 à 125 000
Fcfa par mois de leur activité et 30% affirment encaisser 150 000
à 180 000 Fcfa par mois. Certains artisans confirment qu'avant la mise
en place du carrefour, ils gagnaient moins de 50 000 Fcfa par mois. Ces
chiffres témoignent du poids du carrefour dans l'économie de
Diéma et de la vitalité des activités.
Aussi, l'enquête révèle que 95% de ces
patrons d'atelier ou promoteurs d'activités sont des étrangers.
Ils sont venus d'autres villes du Mali (Nioro, Kolokani, Bamako, Ségou),
mais aussi des pays voisions (Mauritanie, Burkina Faso, Tchad etc.).
Les activités pratiquées occupent le domaine
public, à cet effet ils payent à la Mairie la taxe communale en
raison de 1000 Fcfa par mois par activités.
En outre, il ressort des enquêtes la présence des
vendeurs ambulants (nous les avons estimés à 200 selon les
périodes de la journée) qui n'ont pas de place fixe. Ils ne
payent ni impôt ni taxe à la collectivité. Ces vendeurs
ambulants le plus souvent des ruraux venus des villages environnants prennent
des produits (biscuit, bouteille d'eau, carte de recharge
téléphonique
61
etc.) aux boutiquiers et les revendent aux voyageurs ou autres
acheteurs en augmentant le prix du produit de 5 à 10% selon les
produits.
5.2. L'apparition de nouveau mode de transport facteur
d'insertion socioprofessionnelle des jeunes en chômage
Signalé précédemment, les
déplacements et mobilités sont surtout basés sur les
moyens privés (Moto, voiture personnelle, charrette etc.). Le transport
collectif est représenté à Diéma par des mototaxis.
Ces mototaxis assurent le déplacement entre le carrefour et les zones
d'habitation à l'intérieur de la ville et entre le carrefour et
les villages environnants.
Selon les données de l'Agence de Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK), la ville de Diéma
comptait en 2008 quatre mototaxis. En 2010, le nombre des mototaxis a connu une
augmentation, il a passé de quatre à onze mototaxis. Au cours de
nos enquêtes en juillet 2014, nous avons dénombré dix huit
mototaxis dans la ville de Diéma. Le tableau ci-dessous illustre
l'évolution des mototaxis dans la ville.
Tableau n°6 : L'évolution des
mototaxis dans la ville de Diéma
Années
|
Nombre
|
2008
|
4
|
2010
|
11
|
2012
|
16
|
2014
|
18
|
Source : ADTRK, Juillet 2014
Nos observations sur le terrain montrent que les dix huit
mototaxis font en moyenne deux cent quatorze (214) fois par jour l'aller-retour
entre la zone d'habitation et le carrefour, ce qui fait en moyenne douze (12)
fois l'aller-retour par jour et par mototaxi : ce qui correspondrait à
135 000 Fcfa par mois en raison de 800 Fcfa par chargement. En plus des
mototaxis entre le carrefour et les zones d'habitation de Diéma,
d'autres mototaxis assurent les liaisons entre le carrefour et les villages
proches de la Commune de Diéma (Tinkaré 4 Km, Nafadji 3 Km,
Fangouné 7 Km, etc.). Dans le cercle de Diéma, nous avons
dénombré environ 200 mototaxis.
62
Ces mototaxis sont un véritable facteur de
création d'emploi. Elles constituent de l'auto-emploi pour les
propriétaires et de l'emploi salarié pour les conducteurs.
Ceux-ci sont estimés à 218 conducteurs de mototaxis.
L'enquête révèle aussi l'existence des conducteurs qui sont
propriétaires de leur moto.
5.3. Les petites unités de production et de
transformation, véritable facteur de valorisation des produits
locaux
L'ouverture de la ville a favorisé l'intensification de
la production par l'introduction des semences améliorées et
parfois l'introduction de nouvelles semences telles que la pastèque qui
n'était pas cultivée à Diéma.
L'augmentation de la production et l'introduction de nouvelles
cultures amènent certains producteurs à s'organiser en
coopérative ou association. Ces coopératives le plus souvent
féminines transforment ou conservent (système de warrantage) les
produits locaux pour les revendre à des prix un peu plus
élevé. Dans la ville de Diéma, nous avons recensé
22 unités de production. Celles-ci sont dominées par les
boulangeries artisanales qui représentent 50% de ces unités. Le
tableau ci-après fait l'état du nombre des unités et des
emplois salariés dans la ville de Diéma.
Tableau n°7 : les unités de production
et de transformation pour la ville de Diéma
Nombre d'unité de production ou de transformation
|
22
|
Nombre de salariés
|
56
|
Source : Enquête de terrain, Mai 2014
Parmi ces unités, deux ont attirés notre
attention. Il s'agit de la coopérative Mouso-Counda (association des
femmes) qui transforme le mil en farine enrichie ; celle-ci entre dans
l'alimentation des nourrissons, elles font aussi de la savonnerie. Cette
coopérative regroupe 78 femmes. Elles confirment générer
une recette mensuelle de 250 000 Fcfa. Les bénéfices de
l'activité sont partagés entre les membres de la
coopérative.
La seconde unité est le GTE Sahel Nônô qui
est une mini-laiterie chargé de la conservation et de la vente du lait.
Selon les responsables de l'unité, ils encaissent une recette mensuelle
de 800 000Fcfa et emploient 05 ouvriers salariés permanents.
63
Conclusion partielle :
Les installations économiques du carrefour et les flux
de transport constituent une opportunité de développement pour la
ville et ses territoires environnants.
D'abord au niveau des flux de véhicules, les lois sur
la décentralisation autorisent la Mairie à instituer des taxes
communales telle que : la taxe sur le traversé des véhicules, la
taxe de chargement des véhicules. Malheureusement, la Mairie de
Diéma tire peu de profit par manque de connaissance du nombre de
véhicule qui transit ou qui se charge par jour au carrefour.
Au niveau des activités, le même problème
de connaissance des activités se pose. En outre celles-ci se trouvent
confrontées à un problème d'organisation et de gestion.
A travers les deux premières parties de notre rapport,
nous constatons que la ville de Diéma fait face à un
problème de gestion de son territoire et de méconnaissance des
opportunités qui lui sont offertes.
Pour pallier à ces difficultés, nous pensons que
la mise en place d'un dispositif de veille permanente permettrait à la
ville de Diéma de mieux gérer et de valoriser les
activités liées au développement du carrefour.
TROISIEME PARTIE
64
INTERETS, ENJEUX, PERSPECTIVES ET RECOMMADATIONS
POUR LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF D'OBSERVATION DANS LA COMMUNE
DE DIEMA
65
Il s'agit de proposer aux acteurs de développement les
méthodes et outils de connaissance des territoires, afin de faciliter la
prise de décision et de favoriser le partenariat entre acteurs.
Dans les parties précédentes, nous avons
constaté que la ville de Diéma fait face à
d'énormes difficultés de gestion et de planification de son
territoire. Celles-ci sont dues en partie à la non disponibilité
de l'information géographique et à l'absence d'un dispositif
commun de partage d'information et de suivi des dynamiques en oeuvre sur son
territoire.
Cette dernière partie de notre rapport tentera
d'analyser le besoin d'information à Diéma et
l'intérêt de disposer d'un outil d'observation permanent. Il
s'agit aussi de donner, à partir de l'exemple de Diéma, une
démarche cohérente de mise en place d'un dispositif de veille
dans d'autres territoires du Mali.
CHAPITRE 6 : QU'EST-CE QUE L'OBSERVATION ET QUELS
OUTILS POUR OBSERVER ?
6.1. Aperçu historique
L'observation est une pratique ancienne, elle tire ses
origines de la science de l'astronomie. A partir du 20è siècle,
les premières expériences de suivi systématique de
certaines catégories de population voit le jour, avec des objectifs
d'abord démographiques, puis médicaux.
Cependant, le terme d'observatoire appliqué aux
sciences sociales ne commence à se répandre dans la langue
française qu'à partir des années 1960 et concernant
l'économie plutôt dans les années 1970 (J L. Dubois et
I. Droy)4 .
Les observatoires sociaux et territoriaux ont connu un fort
développement aux cours des dernières décennies du fait de
la diffusion des technologies de l'information et de la communication et de la
décentralisation ((Marie-H. de Sède-Marceau, A. Moine et S.
Thiam, 2009)5. Cela a été favorisé par le
développement des moyens informatiques dans les années 1960
jusqu'aux années 1980, la diffusion des outils de cartographie
assistée par l'ordinateur, le développement des applications
informatiques sur les bases de données et des applications web ont
favorisé l'émergence des SIG et des méthodes d'analyse
statistique multicritères. La mise en oeuvre d'un projet d'observation
se focalise sur des pratiques et des données.
4 Tiré de l'article « L'observatoire : un instrument
pour le suivi de la pauvreté ».
5 Tiré de l'article « Développement
d'observatoires territoriaux, entre complexité et pragmatisme ».
66
Cependant, la disponibilité et la qualité des
données expliquent l'efficience des résultats du projet
d'observation. Ainsi qu'est-ce qu'un observatoire ? Quelles sont ses
composantes ?
6.2. Définition du concept :
Pour appréhender le terme de l'observatoire
territorial, il conviendrait d'avoir une vue sur la notion de l'observation
territoriale qui constitue le fondement.
« L'observation peut-être définie comme
l'action d'observer, de considérer avec une attention suivie la nature,
l'homme, la société, afin de mieux les connaître »
(DE SEDE MARGEAU)6.
Autres définitions de l'observation « C'est une
surveillance attentive à laquelle on soumet un être vivant, un
phénomène, un système » (Dictionnaire le Robert,
1992)7. C'est aussi « l'action de regarder avec attention
les êtres, les choses, les évènements, les
phénomènes pour les étudier, les surveiller, en tirer des
conclusions » (Dictionnaire Larousse, 2014).
A travers ces différentes définitions, nous
comprenons que l'observation est un moyen de produire des connaissances sur des
phénomènes qui peuvent être physiques, naturels ou sociaux
; donc applicable dans plusieurs domaines. Ces définitions nous montrent
également qu'elle permet de caractériser l'état d'une
situation donnée et de décrire les phénomènes
observés sur le territoire. Cela permet d'établir une
référence (à l'instant t0) qui servira de base pour la
mesure de l'évolution des phénomènes. Ce qui nous
amène à confirmer que l'observation assure les fonctions de
description, d'analyse, de suivi des phénomènes sur un territoire
donné et dans le temps. De ce fait, elle est le fondement pour
bâtir des diagnostics partagés et de définir et
d'évaluer des actions de développement.
Cependant, elle est liée à un
phénomène, à une thématique sur un territoire
donné, support sur lequel elle fonde son objet.
Selon Alexandre MOINE « le territoire est un
système complexe évolutif qui associe un ensemble d'acteurs d'une
part, l'espace géographique que ces acteurs utilisent, aménagent
et gèrent ».
Partant de cette définition et selon toujours le
même auteur, ce système est composé de deux
sous-systèmes absolument indissociables, qui sont les acteurs d'une
part, réunis par leurs jeux mutuels qui conduisent à
l'utilisation, à l'aménagement et à la gestion d'un
deuxième sous-
6 Tiré du cours de Master II AGPS 2012/2013 «
Méthodes et pratiques de l'observation territoriale ».
7 Tiré du cours de Master II AGPS 2012/2013 «
Méthodes et pratiques de l'observation territoriale ».
67
système qui est l'espace géographique,
composé de lieux et d'objets qui interagissent au gré de leurs
localisation et surtout par le biais des aménités et des
contraintes que ces derniers offrent aux acteurs ».
A comprendre cette définition du concept du territoire
sous l'angle de la complexité et en perpétuel évolution,
le territoire doit être observé, décrit et compris par les
acteurs qui l'utilisent, l'aménagent et le gèrent pour
dégager ses spécificités et mesurer l'ampleur des
enjeux.
Enfin, nous retenons que : « L'observation territoriale
vise à travers la mutualisation des connaissances à fournir des
clés d'interprétation, des systèmes complexes que
représentent les territoires » (DE SEDE MARGEAU et al.
2009).
Cette définition nous permet d'appréhender
d'autres dimensions de l'observation territoriale, à savoir le partage
d'information et le partenariat multi-acteurs sur un territoire donné
pour faciliter la compréhension des territoires. A cet effet, elle
partage les mêmes principes que l'intelligence territoriale8 :
participation, partenariat et approche globale.
Comme le souligne Jean Jacques GIRARDOT « Si,
l'intelligence territoriale ne se réduit pas à un dispositif
d'observation territoriale, qui constitue seulement son artefact, les
observatoires territoriaux coopératifs et participatifs sont les outils
des « partenariats de développement » multisectoriels, qui
doivent permettre : le partage et la mutualisation des données, la
création d'espace d'échange et d'information des citoyens ».
De ce fait, l'observation territoriale constitue un puissant catalyseur de
l'intelligence territoriale.
Cependant, l'observation et l'intelligence territoriale
s'appuient mutuellement pour favoriser une meilleure gouvernance. Elles ont en
commun la production de connaissance et la définition des actions de
développement fondé sur l'exploitation d'un système
informatique de suivi des phénomènes ou de systèmes
d'information.
Ce système d'information ou observatoire est un
dispositif permettant de suivre un ou divers phénomènes ou
indicateurs et leur évolution dans le temps sur un territoire
déterminé, avec des acteurs qui ont un objectif commun
(développement de leur territoire) et des attentes diverses.
8 « L'intelligence territoriale se décrit donc
comme l'organisation de l'ensemble des connaissances utilisées et
partagées par un ensemble d'acteurs dans le cadre d'un territoire
donné, afin d'observer et d'analyser collectivement pour une meilleure
gouvernance » (A.MOINE, Cours M2 AGPS 2012-2013).
68
Par ailleurs, les définitions d'un tel outil sont
diverses et assez polysémiques, pour les besoins de cette étude
et du contexte de développement de Diéma, la définition
qui correspond le mieux est la suivante : « Un observatoire est un
dispositif d'observation (du territoire pour ce qui nous intéresse) mis
en oeuvre par un ou plusieurs organismes, pour suivre l'évolution d'un
phénomène, d'un domaine ou d'une portion de territoire dans le
temps et dans l'espace. La plupart des Observatoires se présentent sous
la forme d'applications informatiques dans lesquelles des données sont
agrégées et restituées sous la forme synthétique de
tableaux, cartes, et/ou d'indicateurs statistiques » (IT. Pornon, 02).
« Cependant, les observatoires peuvent aussi se
présenter sous la forme de dispositifs inter institutionnels de suivi
non instrumentés. Dans les faits, leurs modes de fonctionnement
s'apparentent alors davantage à ceux de services études en charge
de la production régulière d'indicateurs, de tableaux de bords
sur une thématique et/ou un territoire donné »9
Ces différentes définitions, nous permettent
d'appréhender les contours d'un observatoire territorial. Elles
permettent d'assigner cinq objectifs complémentaires aux observatoires
territoriaux. Il s'agit de :
- la collecte et la structuration des données
dynamiques : un observatoire doit caractériser l'état d'une
situation donnée et de décrire les phénomènes sur
le territoire. Cette première étape permet d'établir une
référence (à l'instant T0) qui servira de base pour la
mesure de l'évolution des phénomènes.
Il doit ensuite caractériser l'évolution des
phénomènes, pour cela il doit intégrer des mises à
jour répétées.
- l'évaluation de l'impact des politiques publiques :
un observatoire à souvent comme mission la définition et
l'évaluation des politiques publiques ou des actions de
développement. Il s'agit de rendre objective une situation et de
disposer d'un état des lieux partagé du territoire.
- L'instauration d'un lieu d'échange entre les acteurs
: un observatoire constitue un lieu d'échange entre les
différents acteurs. Il fédère des acteurs qui ne
travaillaient que dans une logique sectorielle. Alors que l'observatoire
s'appuie sur une démarche participative globale associant l'ensemble des
acteurs du territoire.
- l'aide à la décision : un observatoire est un
outil de connaissance du territoire. A ce titre, il facilite la prise de
décision pour les élus. Il est aussi présenté comme
un outil
9 Tiré du cours de Master II AGPS : Méthodes et
pratiques de l'observation territoriale, DE SEDE MARCEAU).
69
au service de la réflexion de ses
bénéficiaires par la valorisation des données qu'il
collecte. Dans ce cas, il joue les fonctions de prospective (prévoir un
futur meilleur).
- la communication : un observatoire doit communiquer
auprès des élus et de leurs techniciens, des partenaires et du
grand public, sur l'évaluation des politiques et financements publics.
Cette communication concerne aussi bien la promotion d'une action que son
évaluation dans une optique d'orientation des actions politiques.
Bref, il ressort de l'analyse des définitions et des
objectifs ci-dessus cités qu'un observatoire est un outil de
connaissance des territoires au travers des diagnostics partagés pour
une vision partagée du développement ; mais aussi un outil de
partage d'information et de renforcement de partenariat entre acteurs au
travers de l'organisation des concertations régulières.
6.3. Les composantes d'un observatoire territorial
:
Selon les analyses précédentes et des approches
développées par le laboratoire ThéMA10 , un
observatoire territorial tout comme un système d'information comprend
trois composantes principales : la composante organisationnelle, la composante
informationnelle et la composante technologique. L'analyse correcte de ces
composantes participe à la réussite d'un projet d'observation.
6.3.1. La composante organisationnelle d'un projet
d'observation :
Plusieurs acteurs interviennent dans le développement
d'une commune. Toutefois, ces acteurs n'ont pas les mêmes perceptions du
devenir de leur territoire, ils évoluent tous dans des secteurs
précis de développement de leur territoire. Au travers de leur
perception et de leur point de vue, ils expriment des besoins d'information qui
vont déterminer les phénomènes observés sur une
thématique précise. Cette diversité des perceptions et des
points de vue des acteurs ont des répercussions sur le modèle de
donné devant accueillir les informations et les futurs traitements
possibles. Elle permettrait d'élaborer des indicateurs pertinents, de
concevoir le Modèle Conceptuel de Données (MCD) et de
préparer les futures requêtes. Bref, elle a une
répercussion sur l'organisation technique des données.
En outre, la multiplicité des acteurs et de leur point
de vue ont des répercussions sur l'organisation administrative de
l'observatoire. Dès lors que les partenariats s'établissent, la
question de légitimité de l'observatoire se pose. Le statut
associatif apparait a priori adapté à l'observatoire. Un
comité de pilotage ou conseil d'administration peut être
constitué, il
10 Théoriser et Modéliser pour
Aménager (ThéMA)
70
pourrait être composé d'élus,
représentants de l'Etat, représentants des associations ou
syndicats des commerçants, les chambres consulaires. Un comité
technique qui est l'instance technique, assure le bon déroulement et
valide les étapes de construction de l'observatoire. Il pourra
être constitué d'agents techniques issus des services
déconcentrés de l'Etat, des collectivités territoriales et
autres services techniques producteurs de données (ONG et projets de
développement). Un animateur qui serra chargé d'animer
l'observatoire. Il devra disposer de moyens techniques d'animation pour mener
à bien les différentes phases d'élaboration de
l'observatoire.
6.3.2. La composante informationnelle d'un projet
d'observation :
La réussite d'un projet d'observation dépend de
la capacité de maîtriser l'information, de son acquisition
à sa valorisation. Pour valoriser au mieux les données, la
création d'une base de données est nécessaire. Celle-ci se
définit comme étant « un ensemble structuré
d'informations, stocké sur un support informatique, conçu et
réalisé pour que sa consultation et sa modification soient
aisées, rapides et sûres, même par plusieurs utilisateurs
concurrents ».
En ce qui nous concerne, l'information géographique ou
la base de données géographique fait référence
à l'ensemble des données thématiques ou descriptives qui
caractérisent les éléments géographiques. Les
phénomènes ou éléments géographiques sont
des objets ponctuels, surfaciques ou linéaires.
Ces bases de données qu'elles soient spatiales ou non
permettraient de stocker les informations sur un support informatique, pour que
son analyse et son accès soient faciles et rapides. Elles garantiraient
la fiabilité de l'information fournie et faciliteraient des mises
à jour régulières.
Pour mener à bien cette activité, le recours
à la modélisation est une étape sine quoi none. Encore
appelée abstraction des données, elle consiste à
élaborer des modèles de données et de traitement
adaptés au problème posé. Cela permettrait à la
base de données issues de la modélisation de répondre aux
besoins des utilisateurs, de prendre en compte leurs diverses perceptions et
les spécificités du territoire concerné et de la
thématique abordée.
Cette modélisation n'est pas possible sans faire
recours aux matériels informatiques et aux applications.
71
6.3.3. La composante Technologique d'un projet
d'observation
Dans la mise en oeuvre d'un observatoire territorial, le
recours aux technologies de l'information est de plus en plus fort. Que
ça soit pour stocker des données dans un tableau, pour
élaborer des graphiques ou des cartes ou encore pour diffuser des
informations traitées sur des pages web dynamiques ou statiques. De ce
fait, il fait recours aux logiciels de gestion de base de données
relationnelle notamment Microsoft Office Access et OpenOffice Base pour la
conception des bases de données relationnelles et les outils SIG
singulièrement Qgis, Arcgis et Mapinfo pour la réalisation des
bases de données géographiques.
« Les observatoires territoriaux sont assimilés
à de véritables Systèmes d'Information (SI)
composés de bases de données et d'applications. Ils constituent
une véritable mémoire des territoires à l'instar des SI
d'entreprises, considérés comme la mémoire des
organisations qu'ils renseignent. La conception d'observatoires territoriaux
suit ainsi les mêmes étapes que la conception des systèmes
d'informations »11.
Cependant, l'utilisation de ces outils informatiques
nécessite des connaissances pluridisciplinaires sur la création
des bases de données, sur la cartographie thématique notamment la
connaissance de la sémiologie graphique et les analyses statistiques
multicritères, enfin le développement d'application informatique
ou web.
Enfin, à quoi sert ce dispositif et quelle
nécessité pour les bénéficiaires ?
CHAPITRE 7 : LA NECESSITE DE DISPOSER D'UN
DISPOSITIF
D'OBSERVATION A DIEMA
Le processus de la décentralisation engagé au
Mali en 2000, a élargi les attributions et les compétences des
collectivités locales. En effet, celles-ci doivent pouvoir planifier et
évaluer les actions de développement de leur territoire. Elles
doivent également pouvoir mobiliser les ressources de la commune
(humaines, financières et matérielles), afin de mettre en oeuvre
leurs programmes de développement.
Dans le cas spécifique de Diéma, la
réalisation des axes routiers internationaux a fait de Diéma un
carrefour international ouvert à l'économie nationale et
sous-régionale. Maintenant,
11 Tiré de l'article « Développement
d'observatoires territoriaux, entre complexité et pragmatisme »
Marie-H. de Sède-Marceau, Alexandre Moine et Souleymane Thiam.
72
la ville doit faire face aux flux important de transport,
à l'évolution rapide de sa population et à
l'étalement de son espace.
Pour atteindre le défi de la planification quotidienne
et de faire face aux dynamiques engagées à la suite de la
réalisation de la route, les acteurs en charge du développement
de Diéma se doivent connaître la structure, le fonctionnement, les
enjeux et les spécificités de leur territoire. Cela suppose
l'élaboration des diagnostics partagés qui permettront aux
acteurs d'avoir une vision commune de développement du territoire et de
prioriser les actions.
Dans ce contexte, l'utilisation des méthodes
d'observation et de mesure spécifiques des dynamiques en oeuvre nous
paraît incontournable. Ces outils et méthodes d'observation
permettraient de caractériser les dynamiques (démographiques,
économiques et spatiales) et de suivre leur évolution dans le
temps, afin de rationaliser la gestion du territoire communal.
Dans ce chapitre, nous tenterons d'analyser les besoins
d'information à Diéma et les conditions d'obtention de celles-ci.
Ensuite, nous étudierons les expériences de suivi des
phénomènes sur le territoire de Diéma (les observatoires
thématiques de l'ADTRK) afin de les valoriser au mieux.
7.1. Les besoins d'information à
Diéma
« L'information est un élément
résultant du traitement d'un ensemble de données dans le but d'en
dégager des indications synthétiques. Elle peut être
qualitative ou quantitative »(Prélaz-Droux, 95)12. Selon
le Dictionnaire Larousse c'est donc «Un élément de
connaissance susceptible d'être codé pour être
conservé, traité, communiqué » (Larousse, 93).
Ces différentes définitions nous permettent de
savoir que l'information est le fondement de la connaissance. Elle permet aux
acteurs d'un territoire de comprendre la structure, le fonctionnement et les
enjeux de leur territoire. Cependant, elle est issue du traitement d'un
ensemble de données, elles-même fruit de l'observation.
En ce qui nous concerne, l'information géographique
issue de la donnée géographique, qui constitue l'ensemble des
données thématiques et descriptives qui caractérisent les
éléments géographiques. Les phénomènes
géographiques sont des phénomènes ponctuels, linaires et
surfaciques ou zonaux.
12 Tiré de l'article « Développement
d'observatoires territoriaux, entre complexité et pragmatisme »
Marie-H. de Sède-Marceau, Alexandre Moine et Souleymane Thiam.
73
Les ponctuels renvoient à la position (le carrefour,
les boutiques, les métiers, les dépôts d'ordure etc.) donc
facilitent le repérage. La connaissance des faits ponctuels permet de
s'imprégner de la réalité localisée et de prendre
sa position.
Les phénomènes linéaires concernent les
flux, les routes et pistes, les réseaux électriques et
téléphoniques. Ils expriment les échanges commerciaux
entre deux pays. Actuellement, la ville de Diéma est le lieu de transit
de plus de 50% du trafic international des marchandises du Mali.
L'interconnexion des phénomènes linéaires donne des
réseaux. La connaissance de la dynamique des réseaux permet
d'orienter les actions de développement et de faire des projections.
Elle est utile dans l'action quotidienne. La circulation des véhicules
n'est pas facile au carrefour à cause des stationnements anarchiques.
Aussi devient-il nécessaire de réaliser des aires de
stationnement de véhicule pour minimiser les embouteillages et les
accidents.
Les phénomènes d'extension spatiale
s'étendent au champ. Ce sont des phénomènes zonaux. Le
zonal exprime l'aire d'un phénomène (l'aire du carrefour, les
zones d'influence du carrefour, l'aire de la commune de Diéma, les zones
d'intervention de l'ADTRK). Ainsi, on a une large vision de la zone à
aménager, qui facilitera la priorisation des actions par secteur ou par
quartier. Il permet une connaissance spatiale du milieu (zone d'habitation,
zone industrielle, quartier spontanée).
Selon l'analyse des parties précédentes, les
besoins d'information exprimés à Diéma sont
généraux et spécifiques :
Dans le cadre de la révision du schéma Directeur
d'Urbanisme de la ville et de l'évaluation des politiques publiques, les
acteurs ont besoins d'analyser des informations dans tous les secteurs de
développement du territoire (primaire, secondaire et tertiaire). La
constitution d'une base de données sur les secteurs de l'économie
faciliterait la révision du schéma prévue par la loi
chaque 05 ans.
Dans le cadre des dynamiques en oeuvre sur le territoire de
Diéma, les acteurs ont exprimé des besoins d'information
géographique pour analyser et suivre l'évolution de l'occupation
du sol. Cela permettrait de connaître les modes d'occupation de l'espace
et leur évolution, la configuration du site, afin d'anticiper sur les
installations anarchiques des activités ou des quartiers
spontanés.
Ils ont également exprimé des besoins
d'information géographique pour analyser et suivre les flux de transport
afin de mesurer leur impact positif en terme de création de richesse
(métiers, commerce, recette fiscale communale etc.) et leur impact
néfaste en terme d'accident, de maladie sexuellement transmissible
(virus Sida, Ebola). Cela permettrait de connaître les
74
activités économiques menées sur le
territoire, afin d'augmenter substantiellement les recettes fiscales de la
commune. Mais aussi, d'élaborer des plans de lutte contre les maladies
et les accidents.
Ces besoins d'information en général et
d'information géographique en particulier identifiés, de quels
moyens les acteurs de Diéma disposent-ils ?
7.2. Les conditions d'obtention de la statistique
officielle et de l'information géographique à Diéma
Au Mali, l'Institut National de la Statistique (INSTAT),
Etablissement Public à caractère scientifique et technologique
est l'organisme de référence en matière de la statistique
officielle. Il est chargé de promouvoir la recherche, la formation et le
développement dans le domaine de la statistique. Il s'agit plus
spécifiquement de coordonner les méthodes, les moyens et les
travaux statistiques et produire les données et indicateurs
nécessaires à la gestion économique et sociale. De ce
fait, il est l'organisme de collecte et de centralisation de l'information
statistique officielle (
http://instat.gov.ml/index.aspx).
Tout comme l'INSTAT, l'Institut Géographique du Mali
(IGM), Etablissement public à caractère administratif
chargé de participer à l'élaboration de la politique
nationale de cartographie et de topographie. Il est l'organisme de
référence en matière de l'information géographique
au Mali.
Si le premier est représenté au niveau
régional et local par les Services de la Planification, de la
Statistique, de l'Informatique, l'Aménagement du territoire et de la
Population (SLPSIAP) ; le second est seulement représenté au
niveau de la région. Donc l'IGM n'a pas de représentation au
niveau local, cela prouve déjà la difficulté
d'accessibilité des fonds topographiques disponibles et la
réalisation des cartes de détail. Les informations
géographiques produites par l'IGM ne sont pas accessibles sur
l'internet.
Cependant, l'INSTAT est représenté au niveau
local par le SLPSIAP. Ce service joue un rôle de collecte et de
centralisation de l'information statistique au niveau local. Les informations
statistiques centralisées au niveau local sont les données du
recensement général de la population et de l'habitat, les
rapports annuels des services techniques déconcentrés de l'Etat
et des collectivités territoriales, et les ONG.
Cependant, nous avons constaté lors de l'enquête
qu'un grand nombre d'information existant au niveau de certains services
techniques déconcentrés de l'Etat ne sont pas centralisés
au
75
niveau du SLPSIAP : les données du comptage routier de
la Subdivision des routes, les statistiques de la santé, les
quantités de production agricole par commune. Le tableau ci-dessous
récapitule les statistiques officielles disponibles à
Diéma.
Tableau n°8 : Statistiques officielles et
l'information géographique disponibles à Diéma
Type de
statistiques
|
Fréquences de
production
|
Format des
données
|
Niveau de
désagrégation
|
Sources
|
Recensement Général de la
Population et
de l'Habitat
(RGPH)
comprend les
données sur :
le sexe, l'âge,
lieu de naissance, lieu
de résidence, niveau d'instruction, type
d'activité
|
RGPH2009 RGPH1998 RGPH1987 RGPH1976
|
Format numérique
de type PDF
|
Village, quartier,
commune, cercle,
région
|
- SLPSIAP
Diéma ;
- Site internet
INSTAT
|
Recensement
Général de l'Agriculture et le Cheptel :
populations exploitations agricoles, superficies, équipement
|
RGA 2004/2005
RGA 2014 (en cours)
|
Format numérique
de type PDF
|
Commune, cercle, région,
|
- Secteur
d'Agricultur e de Diéma ;
- Site internet
INSTAT
|
Le comptage
routier
|
Rapport semestriel
du comptage
|
Format numérique
|
Poste de comptage par axe routier et
|
Service Subdivision des routes de Diéma
|
76
comprend les
données sur
les flux
Véhicules Personnels, les
taxis, les
minibus, les
autobus, les
camions, les
remorques, les citernes.
|
routier (Janvier et Juin 2014)
|
de type
Excel
|
par
cercle/département
|
|
Les résultats
des campagnes agricoles :
quantités de production, superficie exploitée,
rendement
|
Rapport annuel
2013
|
Format numérique
de type Excel
|
Sous-secteurs, cercle
|
Secteur
d'agriculture de Diéma
|
Système d'Alerte Précoce (SAP) :
quantités de céréales disponibles
dans les
banques de
céréales, le
prix des
denrées
alimentaires,
|
Rapport trimestriel
|
Format numérique
de type Excel
|
Foires par
communes, cercle
|
Secteur
d'agriculture de Diéma
|
Les données
|
Rapport annuel
|
Format
|
Sous-secteurs,
|
Secteur de l'élevage
|
77
sur le secteur
de l'élevage
portent sur : le
nombre du
bétail : bovin,
caprin ; la
quantité de lait
produit, la
quantité de
viande.
|
2013
|
numérique
de type Excel
|
cercle
|
de Diéma
|
Les données
socio-
|
Rapport annuel
|
Format numérique
|
Villages,
communes, cercle
|
Service
Développement
|
sanitaires
sont : le
nombre des
centres de
santé,
infrastructures hydrauliques,
scolaires, le
nombre des
associations et coopératives
|
2013
|
de type
Excel
|
|
social de Diéma
|
Les données
|
Rapport de
|
Format
|
Ville de Diéma
|
Agence de
|
sur les
|
synthèse
|
numérique
|
|
Développement
|
dynamiques :
|
semestrielle
|
de type
|
|
Territorial en
|
flux humains,
flux
commerciaux, les métiers au
carrefour, les mototaxis
|
- Janvier
2011, 2012, 2013, 2014)
|
Excel
|
|
Région de Kayes
|
|
- Juin 2011,
|
|
|
|
78
|
2012,
2013,
2014)
|
|
|
|
Système d'Information Sanitaire (SIS) : natalités,
mortalités,
taux de fécondité, consultation prénatale
etc.
|
Rapport annuel
2013
|
Format numérique
de type Excel
|
Villages,
communes, cercle
|
Centre de Santé de Référence de
Diéma
|
Logiciel de
Cartographie
de la République du Mali
|
Production de
1999
|
format numérique
de type raster
|
Villages Communes Cercle Région
|
Mission de la
Décentralisation du Mali
Données du recensement général de
population 1998
|
Photographie aérienne de la ville de Diéma
|
Production de
2012
|
Format numérique
de type image raster
|
Ville de Diéma
|
ADTRK
|
Source : Enquête auprès des services techniques de
Diéma
Les données décrites ci-dessus
représentent la statistique officielle et de l'information
géographique au niveau local (commune, cercle) de Diéma. La
plupart des données sont au format numérique de type PDF pour les
données de l'INSTAT (recensement de la population et du recensement de
l'agriculture). Ces données sont accessibles sur le site internet de
l'INSTAT. Les autres données décrites ci-dessus à part les
données du Secteur d'agriculture
de Diéma sont au format numérique de type Excel
et PDF. Cependant, elles ne sont pas accessibles sur l'internet.
Aussi, on observe dans le tableau ci-dessus, l'existence d'un
Système d'Information Sanitaire (SIS). Le SIS est un système
d'information national chargé de centraliser les informations sanitaires
(naissances, mortalités, fécondités, consultations
prénatales etc.) par aires de santé et par cercle. Dans le cercle
de Diéma il y a 22 aires de santé ou 22 Centres de Santé
Communautaire (CSCOM). Les aires de santé ne correspondent pas forcement
aux entités communes. Certains villages d'une commune se retrouvent dans
l'aire de santé d'autres communes.
On observe également, l'existence d'un système
d'information géographique national dénommé «
Cartographie de la République du Mali ». Il a été
réalisé en 1999 par le Bureau de la Mission de
Décentralisation avec l'aide des partenaires financiers. Ce
système permet d'afficher des images raster des communes, cercles,
régions et la limite de la République du Mali. Il permet
d'afficher également la position des villages par commune, les
infrastructures (éducatives, sanitaires, hydrauliques etc.) par village.
Aussi, il permet l'affichage des routes, pistes, cours d'eau etc. bref toutes
les infrastructures à l'échelle (communes, cercles,
régions et nationales). Il est le lieu par excellence pour
acquérir de l'information géographique (image raster) au Mali.
Cependant, les données qui accompagnent ce système d'information
sont issues des données du recensement de la population de 1998, alors
que le pays a connu un autre recensement de la population en 2009. Avec ce
recensement le système devrait être mise à jour mais ce
jour cela n'est pas fait. Ce système n'est pas non plus accessible sur
l'internet. Pour faire la mise à jour des données, il faut faire
recours aux outils SIG (Qgis, Arcgis, Mapinfo).
79
Graphique n°10 : Fenêtre de la
cartographie de la République du mali (extrait commune de Diéma
à droit)
80
Enfin, on dénote l'existence de la photographie
aérienne (format numérique de type raster) de la ville de
Diéma datant de 2012. Cette image a été fourni à
l'ADTRK par l'Agence d'Urbanisme et d'Aménagement de Saint-Omer dans le
cadre de la coopération décentralisée entre la
région de Kayes et la région Nord Pas de Calais. Cependant, cette
photographie ne montre pas toutes les parties de la ville de Diéma,
notamment la partie Nord.
7.2.1. Les difficultés constatées sur les
données disponibles :
La première difficulté est l'insuffisance de
partage d'information entre les services producteurs de données et
l'absence de lieu périodique d'échange d'information au niveau
communal. Alors que, les textes sur la décentralisation prévoient
la tenue trimestrielle du Comité Communal d'Orientation, de Coordination
et de Suivi des Actions de Développement (CCOCSAD). Ce comité n'a
jamais été tenu dans la commune de Diéma. Cela se traduit
par la non centralisation et la non remontée de certaines données
au niveau du SLPSIAP, service chargé de centraliser et de remonter des
données au niveau régional et national. Il pose également
le problème de coordination des actions car certains services ou ONG de
la place mènent les mêmes activités ou collectes les
mêmes données sur le même territoire communal.
Aussi, nous avons constaté que les données
produites par certains services notamment le Secteur d'Agriculture de
Diéma ne sont pas informatisées, pourtant le service est
doté d'outil informatique. Cela pose le problème de l'utilisation
de l'outil informatique dans ces services et souvent de la disponibilité
car certains services ne sont pas dotés de l'outil informatique.
81
Nous avons constaté également que le niveau de
désagrégation de la plupart des statistiques disponibles
n'atteint pas le niveau quartier ou village et souvent même le niveau
commune. Les données du secteur d'Agriculture et de l'Elevage sont
diffusées par sous-secteur13 qui est un groupement de
plusieurs communes. Quand le service observatoire et cartographie de l'ADTRK a
voulu analyser les données sur les résultats de la campagne
agricole 2013, afin d'alerter les décideurs du niveau
d'insécurité alimentaire. Il a été confronté
à un problème de données (quantité de production
céréalière) par commune. L'analyse de la production
céréalière par sous-secteur ne permet pas de savoir
quelles sont les communes déficitaires ou excédentaires. De ce
fait, l'analyse par sous-secteur classe les 5 sous-secteurs (donc toutes les
communes) du cercle de Diéma en situation du déficit
céréalier alors qu'il y a des communes où la production
céréalière est supérieure à la
consommation.
L'indisponibilité de l'information statistique au
niveau village et souvent même au niveau commune pose le problème
de la qualité des données et renforce la méconnaissance du
territoire.
Enfin, les données statistiques disponibles localement
ne sont pas validées publiquement (ateliers de restitution publiques).
Alors que les ateliers de restitution des données collectées sont
des occasions de validation de ces données et de vérification de
leur véracité.
Comme nous venons de le constater, un grand nombre
d'information statistique et géographique existe ou est annuellement
collecté sur le territoire de Diéma. Cependant, l'accès
à ces informations n'est pas toujours aisé car elles ne sont ni
centralisées à un seul lieu, ni accessibles sur l'internet.
Ainsi, la qualité de l'information disponible n'est pas toujours
avérée et les possibilités d'analyse sont limitées.
D'où des expériences de centralisation, d'analyse de
données et de leur diffusion sous forme de carte, graphique et de
tableau synthétique furent amorcées dans les territoires de
l'ADTRK.
7. 3. Les avantages et limites des observatoires
existants : les observatoires thématiques de l'ADTRK
13 Calqué sur l'ancien découpage
administratif du Mali (arrondissement, cercle, région). Le sous-secteur
correspond au niveau arrondissement. Avec la mise en oeuvre de la
décentralisation les arrondissements ont été
éclatés en trois voir quatre communes selon la taille des
arrondissements.
82
L'Agence de Développement Territorial en Région
de Kayes (ADTRK) dans ses missions d'accompagnement des collectivités
territoriales et groupements de collectivités dans la connaissance de
leur territoire a initié depuis 2010 la mise en place des observatoires
thématiques sur ses territoires d'intervention (Diéma,
Bafouabé et Kéniéba) :
- Observatoire Routes, Métiers et Accidents ;
- Observatoire des industries extractives et sites d'orpaillage
(en cours) ; - Observatoire de l'emploi (en cours).
L'objectif principal de ces observatoires est de produire des
connaissances sur les territoires d'intervention de l'Agence dans les
thématiques retenues.
Il s'agit plus spécifiquement de :
- L'aide à la décision : il s'agit d'offrir aux
membres de l'agence, un appui à la définition et à
l'évaluation des actions dans une logique d' «
observation-information-action-évaluation».
- Le partage : il s'agit de créer un espace
d'échange au sein duquel les acteurs locaux peuvent construire une
vision partagée sur le diagnostic et les actions à conduire sur
le territoire.
Pour l'atteinte de ces objectifs, le service chargé de
l'animation de l'observatoire au sein de l'ADTRK procède au recueil des
données relatives aux routes, métiers et accidents. Ce recueil
est en effet organisé conjointement avec le comptage routier (comptage
de véhicule par jour) de la subdivision des Routes de Diéma qui a
lieu chaque six mois (Janvier et Juin). Les données recueillies sont
centralisées dans une base de données sous Excel qui sert
également de logiciel de traitement (filtre, trie et graphique etc.).
Elles sont souvent exportées sous MAPINFO pour des fins cartographiques
(données sur les lieux d'accident).
Cet observatoire a permis à l'ADTRK la
définition des indicateurs pertinents de suivi des
phénomènes liés à la route depuis 2011. Le tableau
ci-dessous récapitule l'ensemble des indicateurs suivi au cours des
quatre dernières années.
Tableau n°9 : Les indicateurs de suivi des
phénomènes liés à la route
Indicateurs
|
Fréquences de
|
Niveau de
|
Format
|
Sources des
|
83
|
suivi
|
désagrégation
|
de
données
|
données
|
Flux de
véhicules
|
Rapport Semestriel
- Janvier
2011, 2012,
2013, 2014
- Juin 2011,
2012, 2013, 2014
|
Poste de
comptage par
communes, cercle
|
Format numérique
de type Excel
|
Subdivision des
routes
|
Flux humains
|
Rapport semestriel
- Janvier
2011, 2012,
2013, 2014
- Juin 2011,
2012, 2013, 2014
|
Poste de
comptage par
communes
|
Format numérique
de type Excel
|
ADTRK
|
Flux
marchandises
|
Rapport semestriel
- Janvier
2011, 2012,
2013, 2014
- Juin 2011,
2012, 2013, 2014
|
Commune de
Diéma
|
Format numérique
de type Excel
|
Agence de
Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK)
|
Flux transport
inter-cités
|
Rapport semestriel
|
Commune de
Diéma
|
Format numérique
de type Excel
|
Agence de
Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK)
|
Flux des
mototaxis
|
Rapport semestriel
|
Village,
Commune, cercle
|
Format numérique
de type Excel
|
Agence de
Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK)
|
84
Métiers au
carrefour
|
Rapport semestriel
- Janvier
2011, 2012,
2013, 2014
- Juin 2011,
2012, 2013, 2014
|
Commune de
Diéma
|
Format numérique
de type Excel
|
Agence de
Développement
Territorial en Région de Kayes (ADTRK)
|
Lieux d'accident
|
Rapport semestriel
|
Village,
commune, cercle
|
Format numérique
de type Excel
|
Brigade
Territoriale de la
Gendarmerie de Diéma
|
Il a permis dès 2011 de constituer une base de
données sur les flux de transport (flux de véhicules, humains,
commerciaux), et les activités économiques (métiers,
commerce) au carrefour de Diéma. Il a aussi permis de constituer une
base de données sur les lieux d'accident à l'échelle du
cercle de Diéma. Les moyens utilisés pour répondre aux
objectifs fixés restent la production semestrielle (diffusion papier)
des rapports de synthèse (rapport connaissance du carrefour de
Diéma, connaissance des Marchés/Foires et installations
économiques de Diéma). Ces rapports sont diffusés lors des
sessions ordinaires (ont lieu chaque trois mois et les sessions sont publiques)
du conseil communal de Diéma.
Le partage d'information a permis la connaissance assez fine
des phénomènes observés et la réalisation d'action
:
- Il a permis l'identification des lieux d'accident à
l'échelle du cercle (voir en annexe la carte accidentogènes du
cercle de Diéma). Cela a permis aux communes concernées de
réaliser des ralentisseurs obligatoires (casse dos d'âne) sur ces
lieux d'accidents. C'est ainsi que trois ralentisseurs obligatoires ont
été réalisés à Torodo (commune de
Dianguirdé), trois à Dioumara (commune de Dioumara), trois
à Diangounté Camara (commune de Diangounté Camara) sur
l'axe Bamako-Diéma-Kayes-Dakar. Cette décision a permis de
diminuer substantiellement les accidents sur l'axe routier.
- Il a permis l'évaluation du potentiel fiscal (voir en
annexe les résultats de l'évaluation) des équipements
marchands (installations économiques au carrefour et le Marché)
au travers du recensement des activités économiques.
85
Les résultats de l'évaluation du potentiel
fiscal ont montré que la Mairie de Diéma peut gagner 14
679 600 FCFA par an sur ses équipements marchands, alors
qu'avant l'évaluation la Mairie ne gagnait que 600 000 FCFA par
an. Dès lors le conseil communal a décidé de
mettre le Marché et les installations économiques du carrefour en
gestion déléguée. Cela a favorisé le partenariat
public/privé et augmenté les recettes fiscales de la Mairie.
A partir delà, nous constatons que l'observatoire
routes, métiers et accidents a atteint pleinement ces objectifs :
à savoir l'aide à la prise de décision et la
cohérence d'action par le biais du partage d'information. A notre avis
ses modes opératoires correspondent parfaitement à la
démarche d'observatoire efficient.
Le graphique ci-dessous illustre le processus de la prise de
décision par le biais de l'observation.
Graphique n°11 : De l'observatoire à
l'action
Source : Cours de Master II AGPS, Méthodes et pratiques
de l'observation, Mme Marie-Hélène de Sède Marceau
Au-delà de la connaissance du territoire, de
l'augmentation des recettes fiscales, l'Observatoire routes, métiers et
accidents a favorisé un partenariat entre l'ADTRK, la subdivision des
routes de Diéma et la Brigade Territoriale de la Gendarmerie de
Diéma à travers la mise à disposition des données.
L'ADTRK a joué un rôle moteur et un rôle de médiateur
entre les différents partenaires
Malgré ces résultats encourageant,
l'observatoire routes, métiers et accidents a été
confronté à d'énorme difficultés d'ordre technique,
organisationnelle. Nous constatons que les données (nombre et lieu
d'accident) fournies par la gendarmerie ne sont pas informatisées et
certains cas d'accident ne sont pas enregistrés car ces données
comparées à celle des cas d'accident pris en charge par les
services de la santé ne correspondent pas. Nous avons constaté
également que lors de la restitution des rapports de synthèses
les élus demandent des informations sur :
- L'état de l'occupation du sol dans la ville ;
- Les quantités de production agricole par village ;
86
- Le nombre d'unité de production et de transformation
dans la commune ; - Le nombre d'emploi crées dans la commune ;
- Les secteurs pourvoyeurs d'emploi dans la commune.
Ces différentes thématiques ou indicateurs ne
sont pas malheureusement observées dans l'observatoire routes,
métiers et accidents. Cela révèle les limites actuelles de
l'observatoire dans la mise à disposition des informations, cette
insuffisance est due surtout au manque de moyens. Le coût estimatif du
budget de mis en oeuvre de l'observatoire routes, métiers et accidents
est de Six Million Cinq Cent Cinq Mille Francs (6.505.000 FCFA)
dont 90% du budget est financé au travers des fonds issus de la
coopération décentralisée.
Tableau n°10 : Budget de mise en oeuvre de
l'Observatoire Routes, Métiers et Accidents
87
Activités
|
|
Activités détaillées
|
Moyens
|
Quantité
|
Coûts en Fcfa
|
Total Fcfa
|
Source de
financement
|
Information sensibilisation
|
et
|
Atelier de partage
d'information ou de
restitution des
informations traitées
par l'observatoire
|
Prise en charge des
participants à l'atelier (hébergement,
restauration etc.)
|
4
|
250 000
|
1 000 000
|
ADTRK à travers
les fonds de la coopération
décentralisée
|
Logistiques moyens
informatiques
|
et
|
Achat de moto
|
|
1
|
400 000
|
400 000
|
Fonds projet de
coopération décentralisée
|
Achat Ordinateur
portable
|
|
1
|
275 000
|
275 000
|
Fonds projet de
coopération décentralisée
|
Achat GPS
|
|
1
|
200 000
|
200 000
|
Fonds projet de
coopération décentralisée
|
Logiciel SIG libre
(Qgis 2.0)
|
|
|
|
|
|
|
|
Enquête « Comptage routier au carrefour »
|
09 enquêteurs
|
2 fois par an
|
315 000
|
630 000
|
Subdivision des
routes à travers le
|
88
Collecte des données
|
|
|
|
|
|
font de l'Etat
|
Recensement des
Données de la campagne agricole
|
Prise en charge
fonctionnement des animateurs du secteur d'agriculture
|
1 fois par ans
|
-
|
-
|
Secteur
d'agriculture à
travers le
financement de
l'Etat
|
Recensement des
activités au carrefour
|
04 enquêteurs
|
2 fois par ans
|
10 000
|
40 000
|
ADTRK à travers
les fonds de la coopération
décentralisée
|
Données sur les
accidents
|
Frais de
fonctionnement de
l'animateur
|
12 mois de
l'année
|
50 000
|
600 000
|
ADTRK à travers
les fonds de la coopération
décentralisée
|
Animation de
l'observatoire
|
Centralisation,
Analyse des données,
Organisation des rencontres autour de l'observatoire
|
Salaire d'un animateur
|
12 mois
|
280 000
|
3 360 000
|
ADTRK à travers
les fonds de la coopération
décentralisée
|
Total
|
|
|
|
|
6505000 FCFA
|
|
89
Au-delà de la contrainte financière, nous
déplorons aussi l'absence d'atelier d'échange pour discuter entre
acteurs les produits de l'observatoire qui serait dû à un manque
d'engagement des partenaires dans le partage d'information. Dès lors que
les différents partenariats se sont établis pour alimenter
l'observatoire en données, les différents partenaires ne se sont
plus rencontrés pour réfléchir et débattre sur les
résultats de l'observatoire. Ces différentes contraintes
débouchent à des questionnements sur la pertinence des
indicateurs observés, sur la prise en compte des attentes d'observation
des bénéficières et même de la
nécessité de l'observation territoriale.
90
CHAPITRE 8 : PROPOSITIONS TECHNIQUES,
ORGANISATIONNELLES ET METHODOLOGIQUES DE LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF
D'OBSERVATION DANS LA COMMUNE DE DIEMA
Les contextes de développement de la ville de
Diéma font que celle-ci est confrontée à d'énormes
difficultés de gestion de son territoire dues singulièrement aux
dynamiques démographiques, économiques et spatiales ; elles
même amorcées à la suite de la réalisation des axes
routiers.
Ces dynamiques sont peu ou mal connues par les acteurs de
développement par défaut d'un dispositif adéquat
d'observation des phénomènes.
Si le dispositif existant a permis de constituer une base de
données sur les flux de transport et les métiers autour du
goudron (cartes issues de l'analyse de cette BD sont en Annexes I, II et III :
carte des flux de transport et des activités économiques), il n'a
pas pu assurer un système de diffusion efficace des informations
traitées. Celles-ci sont utilisées seulement quand le conseil
communal a besoin de prendre une décision. Ce dispositif traite
essentiellement les données sur les flux de transport et les
activités connexes (métiers, le commerce etc. autour du goudron),
les autres dynamiques (spatiales, démographiques, industrielles (petites
unités de production)) sont exclues de ce dispositif d'où son
insuffisance en matière de disposition et de partage d'information. Ce
qui nous amène à proposer un dispositif d'observation pour la
commune de Diéma et des communes Maliennes en général. En
plus des dynamiques de transport, celui-ci intégrerait les dynamiques
spatiales, démographiques et économiques.
Cependant, l'étude de dispositifs existants
(observatoires thématiques) a permis de dégager les limites de
l'observatoire, mais aussi les bases techniques, organisationnelles et
méthodologiques d'un tel outil. Nous constatons également dans
cette étude que quatre points devront être
considérés dans un projet de création d'observatoire : ses
objectifs, son organisation et fonctionnement, les moyens mis en oeuvre, et ses
produits.
8.1. Les objectifs de l'observatoire :
8.1.1. L'objectif principal :
L'objectif principal de cet observatoire est de promouvoir le
développement économique local à travers la mise à
disposition d'informations pertinentes pour les décideurs de la commune
de
91
Diéma au travers de la connaissance des
activités économiques et des opportunités d'affaire sur le
territoire de Diéma.
Il s'est apparu dans les parties précédentes du
rapport et des études nationales d'évaluation des
collectivités territoriales du Mali que l'une des difficultés des
communes Maliennes en général et de la commune de Diéma en
particulier est la mobilisation des ressources financières propres
(taxes et impôts sur les activités). Nous pensons que cette
difficulté est en grande partie due à la méconnaissance
des activités économiques et de la mauvaise gestion du secteur
économique dans les communes. La mise en oeuvre d'un dispositif local de
veille permettrait de mieux cerner ces activités et de créer un
lien de partenariat entre les différents acteurs.
Cette connaissance des activités et des
opportunités d'affaire permettrait d'aider et d'orienter les porteurs de
projet et les élus dans leur prise de décision.
Dans ce cadre la mission fondamentale de cet observatoire
consisterait alors à caractériser la situation de
l'activité économique et de ses effets sur les dynamiques
démographiques et spatiales de la commune. Il s'agit en effet de
réaliser une analyse des dynamiques économiques,
démographiques et spatiales sur la commune de Diéma.
8.1.2. Les autres objectifs : Il s'agit plus
spécifiquement :
- de recueillir les données auprès des acteurs
producteurs de données, afin de mieux caractériser
l'activité économique, et l'évolution démographique
et spatiale ;
- d'instaurer un lieu d'échange trimestriel permettant
aux acteurs de réfléchir et de débattre sur les
résultats de l'observatoire et du développement de la commune
;
- enfin, il s'agit de permettre aux acteurs au travers du
partage d'information, de construire une vision partagée sur le
diagnostic et les actions à conduire sur le territoire.
Pour atteindre ces objectifs l'observatoire devrait
répondre à plusieurs missions. 8.1.3. Le
développement des missions de l'observatoire :
L'Observatoire de la commune de Diéma aurait trois
missions principales :
92
- La centralisation des données permettrait de
faciliter l'accessibilité afin d'initier des actions cohérentes
et avoir une vision globale du territoire ;
- L'alimentation du centre de ressource documentaire de
l'ADTRK aux produits de l'observatoire permettrait de mettre à
disposition des acteurs du développement l'information susceptible de
les intéresser ;
- La coordination entre les acteurs de Diéma pour
organiser des méthodes communes à chacun afin d'éviter de
faire un travail redondant.
8.2. L'organisation et le fonctionnement de
l'observatoire de Diéma
Le développement d'une commune fait intervenir de
nombreux acteurs, ce qui suppose que divers partenaires interviendraient dans
la mise en place et le fonctionnement de l'observatoire de Diéma dont
singulièrement :
- Les décideurs politiques (élus et
représentant de l'Etat) pour décider les actions de
développement de la commune ;
- Les techniciens ou l'administration encadrant le
développement communal (Service Local de la Planification et de la
statistique, le Secteur d'Agriculture, les industries animales, la Subdivision
des Routes, la Perception, les Impôts, la Douane, la gendarmerie, ANPE et
les projets de développement etc.) ;
- Les organisations faitières telles la chambre locale
d'agriculture, la chambre des métiers, la chambre du commerce est
représenté à Diéma par le Syndicat des
commerçants ;
- Les organisations de la société civile.
La mise en oeuvre de l'observatoire nécessite la
coordination de ces divers partenaires, afin d'assurer le pilotage des
activités de l'observatoire. La définition du rôle et
responsabilité de chaque partenaire permettrait de mettre en place un
système de gestion efficace de l'information et de connaître les
acteurs fournisseurs et utilisateurs de données. Tout ceci serait
précisé dans un cahier des charges qui permettra de formaliser la
commande.
8.2.1. Proposition de méthodes pour l'organisation
de l'observatoire
L'opérationnalisation de l'observatoire de Diéma
nécessite la mise en place d'un certain nombre d'instances.
93
94
L'observatoire de la commune de Diéma serait
piloté par l'ADTRK à travers son Service Observatoire et
Cartographie. L'ADTRK accompagne les collectivités territoriales membre
dans la connaissance de leur territoire et dans la définition des
politiques publiques de développement. De ce fait, elle
bénéficie des financements de la Région Nord-Pas de Calais
à travers la coopération décentralisée avec la
Région de Kayes et du département du Pas de Calais en
coopération décentralisée avec le cercle de
Kéniéba pour le développement des dispositifs
d'observation dans ses territoires d'intervention. Elle bénéficie
également les cotisations de ses membres.
Le service Observatoire et Cartographie de l'ADTRK aurait
comme rôle d'informer et de sensibiliser l'ensemble des acteurs du
processus de la mise en oeuvre de l'observatoire. Il assurerait la tenue des
réunions et l'élaboration des rapports d'étape. Il serait
aussi chargé de l'animation de l'observatoire.
Pour assurer la légitimité de l'observatoire les
instances suivantes mérites d'être créées :
- un comité de pilotage : qui serait composé des
membres du conseil communal (Maire et conseillés), les
représentants de l'Etat (Préfet ou sous-préfet), les
techniciens, les opérateurs économiques, les leaders
communautaires. Ce comité serait l'instance de validation de chacune des
étapes de la mise en oeuvre de l'observatoire et sera l'occasion de
former les élus et représentants de l'Etat au processus de mise
en oeuvre de l'observatoire. Il devrait aussi jouer le rôle de
coordination, d'orientation et de suivi des actions de l'observatoire.
- Un groupe de travail inter-service pourrait être
crée, composé des représentants ou chargés de la
statistique des services partenaires. Le groupe de travail inter-service serait
diriger par le service observatoire et cartographie de l'ADTRK. Il serait
chargé de définir les indicateurs pertinents du
développement de la commune. Il serait aussi chargé
d'élaborer un cahier des charges en précisant les objectifs, les
fonctionnements et organisations du futur observatoire, et en
définissant les rôles et responsabilités de chaque
partenaire.
Dès le lancement du projet d'observation, le groupe de
travail inter-service pourrait établir un plan d'action annuel avec un
budget y afférent.
Pour assurer la coordination entre les instances du projet
d'observation, le groupe de travail inter-service se réunirait chaque
mois pour évaluer les actions programmées dans le plan
d'action. Cela permettrait de lever les obstacles. Le groupe
de travail fournirait un compte rendu de réunion au comité de
pilotage. Celui-ci se réunirait chaque mois une semaine après la
réunion du groupe de travail inter-service pour examiner et valider les
propositions d'orientation faites par le groupe de travail.
Les décisions prises par le comité de pilotage
et les résultats produits par l'observatoire seront restitués
à l'ensemble des acteurs du projet dans un cadre de concertation
trimestriel. Cela permettrait d'alimenter la réflexion sur le
développement de la commune en général et de
pérenniser les actions de l'observatoire.
8.2.2. Proposition de démarche pour la gestion de
l'information
La gestion de l'information comprend plusieurs dimensions : la
production ou la collecte des données, la structuration et le traitement
des données, la diffusion des données. Cependant, avant toutes
collectes ou analyses des données, il faudrait au préalable
identifier les indicateurs qui seraient contenus dans l'observatoire.
L'identification des indicateurs devrait se faire avec la participation de
toutes les parties prenantes.
8.2.2.1. Proposition des indicateurs pour la mise en
oeuvre de l'observatoire de Diéma
Dans le cadre de la mise en oeuvre de l'observatoire de la
commune de Diéma, la tâche d'identification des indicateurs serait
attribué au groupe de travail inter-service qui serait crée lors
de l'atelier d'information et de sensibilisation. Ces indicateurs seront
validés par le comité de pilotage crée à cet effet.
Il s'agirait de définir les indicateurs permettant de
caractériser les dynamiques économiques, démographiques et
spatiales de la commune de Diéma.
Déjà, à partir de l'étude des
contextes de développement de la ville de Diéma (Partie I et II
du présent rapport) et des entretiens que nous avons eu avec les
élus, les techniciens de l'Etat et des collectivités
territoriales et des projets de développement ; nous pouvons nous
permettre de proposer des indicateurs pertinents sans pour autant
présager quoique ce soit.
95
Tableau n°11 : Proposition des indicateurs
suite aux besoins d'information exprimés par les acteurs de
Diéma
Indicateurs
|
Fréquence
s de productio n
|
Niveau de
désagrégatio n
|
Disponibi lité de la donnée
|
Format de données
|
Sources
|
Evolution
démographique
(population totale, population féminine, population
masculine, taux de la population jeune etc.)
|
RGPH2009 RGPH1998 RGPH1987 RGPH1976
|
Village, commune, cercle, région
|
Disponibl e
|
Format numérique
de type Access
|
INSTAT
|
Des données de
l'état civil :
déclaration de
naissance, décès,
mariage, divorce
|
Rapport semestriel
|
Village, commune
|
Disponibl e
|
Format numérique
de type Access
|
Mairie de
Diéma
|
Occupation du sol
(évolution du foncier
constructible, les
lotissements, les
dépôts d'ordure,
etc.)
|
Rapport semestriel
|
Ville de
Diéma
|
disponibl e
|
Format numérique
de type image
raster et vectoriel
|
ADTRK
|
Industries :
- unité de production ;
- unité de transformati on
|
Rapport semestriel
|
Villages, commune
|
Disponibl e
|
Format numérique
de type Access
|
ADTRK
|
96
- sites de
carrière.
|
|
|
|
|
|
Commerce :
- les
boutiques ;
- les métiers ;
- le
commerce informel ; (vendeurs ambulants) ;
- évolution des prix des denrées alimentaires
|
Bulletin semestriel
|
Villages, commune
|
Disponibl e
|
Format numérique
de type Access
|
ADTRK
Pour les prix
des denrées alimentaires fournies par le Système
d'Alerte
Précoce basé
au secteur
d'agriculture
|
.
|
|
|
|
|
|
Transports : (flux
de véhicules ; flux humains ; transport
inter-cité, les
mototaxis ; les
accidents)
|
Bulletin semestriel
|
Villages, commune
|
Disponibl e
|
Format numérique
de type Access
|
pour les flux
de véhicules
les données
sont fournies
par le service
de la
|
|
|
|
|
|
Subdivision des Routes de
|
|
|
|
|
|
Diéma ;
pour les flux humais,
transport inter-
cité, les mototaxis sont
fournies par
|
|
|
|
|
|
l'ADTRK ;
|
97
|
|
|
|
|
les données
sur les
accidents sont fournies par la gendarmerie et
le centre de
santé de référence.
|
L'agriculture
|
Rapport
|
Commune
|
disponibl
|
Format
|
Secteur
|
(Superficies, rendements et les productions agricoles)
|
annuel (campagne s agricoles)
|
|
e
|
numérique
de type Acces
|
d'agriculture
|
Evolution de
|
Rapport
|
Commune
|
disponibl
|
Format
|
Agence
|
l'emploi
|
semestriel
|
|
e
|
numérique
de type Access
|
Nationale pour
la Promotion
de l'Emploi
|
|
|
|
|
|
(ANPE)
|
Source : tableau issu de l'enquête des données
existantes, Septembre 2014
Le tableau ci-dessus fait l'état de la statistique
officielle disponible localement et les indicateurs suivis. A part les
données de l'INSTAT accessibles sur l'internet, les autres
données sont collectées et utilisées aux besoins du
service qui les produisent. Elles ne sont pas accessibles sur internet, mais on
les retrouve dans les rapports d'activités des services qui les
détiennent. Cependant, ces données ne sont pas directement
analysables à cause des problèmes de format de données,
problème de granularités spatio-temporelles non adaptées
etc. elles nécessitent une structuration nouvelle et de traitement
adapté sous un logiciel de base de données relationnelle.
8.2.2.2. Proposition du recueil d'information :
Signalée précédemment, la création
d'une base de données couplée à un SIG passe par la
collecte et la saisie des données sous les logiciels de base de
données et des outils SIG. Ce rôle est dévolu au service
Observatoire et cartographie de l'ADTRK. Ce service assure la collecte et la
mise à jour des données sur les territoires d'intervention de
l'ADTRK. De ce
98
99
fait, il bénéficie d'un frais de fonctionnement
mensuel de Cinquante Mille Francs (50 000 Fcfa) pour ses
déplacements à l'intérieur de la commune de
Diéma.
Dans le cadre de l'observatoire de Diéma, la collecte
concernerait les indicateurs contenus dans le tableau n°12 ci-dessus. Elle
s'effectuerait au niveau des services producteurs principalement le Service
Local de la Planification, de la Statistique, de l'Informatique, de
l'Aménagement du territoire et de la Population (SLPSIAP), le Service de
la Subdivision des Routes, le Secteur d'Agriculture, le service des archives de
la Mairie, le service local de l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE). Les
données fournies par l'ADTRK sont déjà centralisées
car elle serait le siège de l'observatoire. L'objectif étant de
valoriser au mieux les données existantes.
8.2.2.3. Proposition de structuration et de traitement
des données
Signalé plus haut, les données disponibles
posent des difficultés d'analyse car elles ne donnent pas de
précisions sur la manière de leur collecte (données
agricoles, emplois) et les objectifs de leur collecte. Certaines données
n'apportent pas des informations détaillées jusqu'au niveau
village donc incomplètes. D'autres contiennent des informations d'autres
communes et elles ne sont pas systématiquement collectées. De ce
fait, ces données ne permettent pas une analyse globale du territoire et
elles sont incompatibles à l'analyse spatio-temporelle.
Pour augmenter la qualité des données, un
travail de structuration et de traitement de données devrait être
effectué. Pour cela, il faudra l'utilisation des outils de gestion de
données tels que les Système de Gestion de Base de Données
(SGBD) et le Système d'Information Géographique (SIG). Pour cela,
l'expérience de l'ADTRK en matière de traitement et d'analyse de
l'information devrait être valorisée. Comme ont l'a vu dans
l'étude de dispositif existant, elle consiste à la
création d'une base de données couplée à un SIG.
Pour le cas de Diéma, une base de données socio-économique
serait crée sous le logiciel Access qui permettrait de créer
différentes tables et de les relier par le biais des requêtes.
Ensuite, les données géographiques pourraient être
exportées ou reliées à des données
alphanumériques sous Qgis, afin de procéder à des analyses
spatio-temporelles (carte des activités économiques autour du
goudron dans le cercle Diéma en Annexe III). L'utilisation du logiciel
SIG libre (Qgis 2.0) permettrait de diminuer le coût de
l'observatoire.
La mise en place d'une base de données
socio-économique permettrait de valoriser les données disponibles
et d'augmenter la disposition d'information de l'observatoire.
8.2.2.4. La diffusion de l'information
La diffusion de l'information traitée est une phase
importante de l'observation. Pour réussir une bonne diffusion de
l'information traitée, il convient de :
- définir les acteurs cibles (élus, techniciens,
opérateurs économiques, porteurs de projet etc.) de la diffusion,
il s'agit de savoir au préalable leurs attentes par rapport aux
informations diffusées (cette partie a été
traitée dans les besoins d'information) ;
- déterminer les « média ou moyens »
de diffusion en fonction des moyens disponibles (papier, radio, internet,
réunion d'information).
Dans le cadre du dispositif d'observation de Diéma, la
diffusion de l'information sous forme de Bulletin (donc diffusion papier)
trimestriel d'information de l'économie locale destinée aux
acteurs de développement (élus, techniciens, opérateurs
économiques etc.) et à toutes personnes intéressées
par ses informations (organisations de la société civile, les
porteurs de projet sur le territoire etc.) semble correspondre au contexte de
développement de la commune de Diéma. Nous avons constaté
lors des entretiens auprès des acteurs concernés directement
(élus, techniciens, opérateurs économiques) par
l'observatoire que 80% n'ont pas accès à l'internet. Nous avons
constaté également le manque de collaboration entre les services
qui détiennent les données.
Nous pensons que la communication « diffusion papier des
informations traitées » sous forme de bulletin permettrait de
créer des liens de collaboration entre l'ensemble des partenaires et de
faire découvrir aux acteurs de développement l'ampleur des
dynamiques économiques et spatiales dans la commune de Diéma.
La diffusion du bulletin (sous forme de restitution publique
en invitant l'ensemble des acteurs concernés) pourrait être
l'occasion de mettre en place un lieu d'échange ou un cadre de
concertation trimestriel permettant de mettre en débat les produits de
l'observatoire et de renforcer les relations entre les différents
partenaires.
100
Graphique n°12 : Schéma d'organisation
et du fonctionnement de l'observatoire
8.3. Le partenariat pour assurer la dynamique
d'acteurs autour de l'observatoire
L'un des objectifs de l'observatoire de la commune de
Diéma est de favoriser le partenariat entre l'ensemble des acteurs du
développement de la commune de Diéma.
A ce titre l'implication de tous les acteurs dans toutes les
étapes de la mise en oeuvre du projet est primordiale. Ils sont en amont
(mise à disposition des données des acteurs producteurs) et en
aval (partage d'information traitée) du projet d'observation.
Pour assurer la pérennité de l'observatoire, le
partenariat et ses modalités devrait être définis. Cela ne
serait possible sans au préalable identifier l'ensemble des acteurs
concernés et de leur classification selon leur statut et leur
catégorie.
Ces différents acteurs (élus, techniciens,
opérateurs économiques, porteurs de projet etc.) pourraient avoir
des intérêts communs en termes de mutualisation de données
et des compétences et la prise en compte de leurs opinions. Cela
permettrait de faciliter leur adhésion dans le projet d'observation et
de pérenniser l'alimentation de l'observatoire. Ils pourraient aussi
avoir des intérêts divergents, dans ce cas le projet d'observation
devrait prendre en compte les attentes des divers acteurs dans le cahier des
charges, afin que le projet réponde à leurs aspirations. Pour
pérenniser le travail collaboratif et l'alimentation de l'observatoire
aux données, les partenariats entre l'observatoire et les services
fournisseurs de données devraient être sanctionnés par la
signature des conventions.
101
CONCLUSION GENERALE :
Pour gagner le défi de l'urbanisation galopante et du
développement économique local, les collectivités
Maliennes doivent se doter des dispositifs d'observation afin de
connaître leur territoire. Cette connaissance du territoire est une
étape préalable à la prise de décision et à
l'évaluation de leur politique de développement. Comme nous
venons de le constater dans l'étude de cas de la commune de
Diéma, la mise en oeuvre d'un dispositif d'observation est bien possible
dans les communes du Mali.
Cette étude de la mise en oeuvre d'un dispositif
d'observation dans la commune de Diéma, nous a montré qu'un grand
nombre d'informations statistiques est collecté au niveau local, mais
qu'il faudrait réunir les conditions pour les valoriser au mieux. Ces
informations sont éparpillées au sein des services
déconcentrés de l'Etat, des collectivités territoriales,
des ONG et projet de développement. Elles sont incomplètes, elles
ne permettent pas de faire des analyses poussées au niveau quartiers ou
villages, souvent même au niveau commune (le cas des données de la
production agricole par ex-arrondissement au lieu de par commune). Certaines
informations ne sont pas informatisées ce qui pose le problème de
la maîtrise des outils informatiques de la part des acteurs et de la non
disponibilité des données au format numérique de type base
de données. A part les données démographiques et du
recensement de l'agriculture de l'INSTAT aucune autre information n'est
disponible sur l'internet et ces données ne sont pas directement
analysables car elles sont du type de fichier PDF. Aussi, nous avons
constaté l'absence de travail collaboratif entre les différents
services.
La mise en oeuvre de l'observatoire de la commune de
Diéma se ferrait en cinq étapes successives. Il s'agit de
l'information et de la sensibilisation des acteurs (élus, techniciens,
opérateurs économiques, porteurs de projet etc.) du
développement. Cette action serait l'occasion de former les
décideurs au processus de la mise en oeuvre d'un observatoire. Elle
serait aussi l'occasion de mettre en place un comité de pilotage
composé d'élus, représentant de l'Etat (préfet ou
sous-préfet), des chefs de services, des représentants des
organisations de la société civile. En outre, un groupe de
travail inter-service serait mis en place et serait composé par les
techniciens chargés de la statistique au niveau des services techniques.
Il serait dirigé par le service observatoire et cartographie de
l'ADTRK.
La seconde étape consisterait au renforcement des
capacités des techniciens des services producteurs de données
(chefs de service et agents chargés de la statistique) à
l'utilisation des technologies de l'information notamment à la
création et à l'exploitation des bases de
102
données. Cette formation permettrait d'augmenter la
qualité des données fournies et elle serait assurée par
l'ADTRK.
La troisième étape serait consacrée
à l'identification des acteurs et à l'élaboration d'un
cahier des charges précisant les objectifs d'observation et les besoins
d'information des bénéficiaires. Cette action serait
assurée par le groupe de travail inter-services.
La quatrième étape serait fondée sur la
création d'une base de données socio-économique sur la
commune de Diéma. Cette base de données serait crée sous
le logiciel Access et les données géographiques seront
exportées sous Qgis pour l'analyse spatio-temporelle.
Enfin, la cinquième étape serait la diffusion
sous format papier "Bulletin trimestriel d'information" de la commune de
Diéma. Ce bulletin serait diffusé auprès d'un large public
(élus, techniciens, opérateurs économiques, porteurs de
projet et partenaires techniques et financiers etc.). Il permettrait d'informer
et de sensibiliser les décideurs de l'évolution des
phénomènes (quartier spontané, accidents de la
circulation) afin qu'ils puissent engager des actions d'anticipation sur
l'évolution du phénomène. Cette connaissance
préalable aux actions permettrait aux élus de prendre les bonnes
décisions et de coordonner les politiques publiques afin d'éviter
les actions similaires sur le territoire communal. Il permettrait aussi
à l'ensemble des acteurs du développement de la commune de
connaître les Atouts, les Faiblesses, les Opportunités et les
Menaces du territoire par le biais d'élaboration des diagnostics
partagés. Cela permettrait aux acteurs d'avoir une vision commune du
développement de leur territoire et de renforcer le partenariat
multi-acteur.
103
BIBLIOGRAPHIE
Documents généraux et spécifiques
:
- « Contribution de la délégation malienne
à la réunion d'experts sur la coopération régionale
sur le transport en transit : solutions pour les pays en développement
sans littoral et les pays en développement de transit »
L'expérience du Mali Genève (Suisse) du 27 au 28 septembre
2007.
- Groupe de la Banque Africaine de
Développement, Mali/Sénégal Programme
d'aménagement routier et de facilitation du transport : le corridor
routier Bamako-Dakar par le sud.
- Politique globale du transport de fret au Mali, novembre
1993.
- Plan d'Urbanisme Sectoriel de la ville de Diéma,
Mairie de Diéma, 2008.
- Plan Stratégique d'Assainissement de la ville de
Diéma, 2009
- Transports routiers de marchandises et développement
économique : une nécessité incontournable ?
- Schéma Directeur d'Urbanisme de la ville de
Diéma et environs, Mairie de Diéma, 2004.
Rapports et cours de Master II AGPS
- De Sède-Marceau MH, «
Méthodes et pratiques de l'observation territoriale », cours de
Master II AGPS, Année 2012-2013.
- Fréderic LEVRAULT, Nathalie RENOUX,
Jean-Marie VINATIER, Observatoire Territorial des Pratiques Agricoles
(OTPA) « Guide de recommandations pour l'élaboration d'un
observatoire territorial des pratiques agricoles », 2007, P.66.
- MOINE A., « Analyse de
réalisations en matière de développement local et
d'observation », Cours de Master II AGPS, 2012-2013.
- PONS S, « Mise en place d'un
dispositif de veille économique au Mali » Mémoire de Master
II AGPS - 2012-2013.
- Plan Bleu : Mobilité urbaine et
développement durable en Méditerranée : Diagnostic
prospectif régional. Plan Bleu, Valbonne 2010. (Les Cahiers du Plan Bleu
9).
- Sophie THOMAS « Mise en place d'un
observatoire touristique sur le territoire de rhône pluriel »,
Licence Professionnelle Aménagement du territoire et Urbanisme Option
Espaces périubains Promotion 2006-2007
- TRAORE. A, rapport « Connaissance du
carrefour de Diéma », version 2011, 2014.
104
- TRAORE. A, rapport « Connaissance des
Marchés et foires de Diéma », Mars 2012.
- TRAORE. A, rapport « Etat de
l'assainissement et d'approvisionnement en eau potable de la ville de
Diéma, Mars 2013.
- TRAORE. A, rapport « Connaissance de la
situation alimentaire dans le cercle de Diéma », Avril 2014.
- TRAORE. A, rapport « Observation sur les
dynamiques économiques induises par la route dans la région de
Kayes », Février 2015.
Les articles
- Anne Piponnier, « Observer pour
gouverner : information, prescription et médiation dans les
observatoires numériques territoriaux », Études de
communication [En ligne], 34 | 2010, mis en ligne le 01 juin 2012,
consulté le 09 décembre 2014. URL :
http://edc.revues.org/1767
- De Sède-Marceau Marie-Hélène,
Moine Alexandre, Thiam Souleymane, « Le
développement d'observatoires territoriaux, entre
complexité et pragmatisme », L'Espace géographique
2/2011 (Tome 40) , p. 117-126 URL :
www.cairn.info/revue-espace-geographique-2011-2-page-117.htm
- Jean-Jacques Girardot « Intelligence
territoriale et participation » 3e Rencontre « TIC et
Territoire : quels développements ? » de Lille ISDM N°16- Mai
2004 - Article N°161 - http ://
www.isdm.org
- Jean Luc Dubois et Isabelle Droy «
Observatoire : un instrument de suivi de la
pauvreté »
http://core.kmi.open.ac.uk/download/pdf/7359076.pdf
- PASCAL BERION « Analyser les
mobilités et le rayonnement des Villes pour
révéler les effets territoriaux des grandes
infrastructures de transport » les Cahiers Scientifiques du Transport
N° 33/1998 - Pages 109-127
Les sites internet et observatoires consultés sur
l'internet
Institut National de la Statistique du Mali,
http://instat.gov.ml/index.aspx
http://www.togoreforme.com/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=239:impor
tance-de-la-route-dans-le-developpement-socio-economique-dun-pays&catid=62:actualites&Itemid=120
Observatoire du Marché Agricole (OMA) Mali :
http://www.oma.gov.ml/
Observatoire de l'Emploi et de la Formation du Mali :
http://www.oef-mali/
Observatoire Régional des Métiers de
Provence-Alpes-Côte d'Azur : www.orm-paca.org/
Observatoire Régional de la Santé Réunion :
www.ors-réunion.org/
Observatoire Régional du Tourisme de Bretagne :
http://pro.tourismebretagne.com/.
105
Observatoire Régional de l'Emploi et de la
Formation-Alsace :
http://portailweb.region-alsace.eu/sites/oref/
Observatoire Régional de l'intégration et de la
ville, Alsace : www.oriv-alsace.org/
Observatoire Socio-économique Régional de
Franche-Comté http://www.oserfc.org/
106
ANNEXES
107
Annexe I : Carte des flux de transport routier dans la
région de Kayes
Annexe II : Carte des flux de transport marchandise
dans la région de Kayes
108
Annexe III : Carte des activités
économiques autour du goudron dans les principales localités du
cercle de Diéma
109
110
Annexe IV : Carte des lieux d'accidents dans le cercle
de Diéma
Annexe V : Extrait d'évaluation du potentiel
contributif des équipements Marchands de la ville de
Diéma
Identification des types d'équipement
|
Nombre d'activités
|
Taux (prix unitaire des espaces occupés par
activités)
|
Quantité (nombre de foire hebdomadaire dans
l'année)
|
Total
|
a) Jour de foire
|
Hangars aménagés
|
235
|
100
|
48
|
1 128 000
|
Hors Hangars
|
311
|
50
|
48
|
746 400
|
Marché à bétail (Garbal)
|
Bovins
|
110
|
150
|
48
|
792 000
|
Ovins/ Caprins
|
152
|
50
|
48
|
364 800
|
Véhicules au marché
|
28
|
1 000
|
48
|
1 344 000
|
Total Jour de foire
|
4 375 200
|
b) Jour Ordinaire
|
111
Hangars aménagés
|
108
|
100
|
312
|
3 369 600
|
Hors Hangars
|
93
|
50
|
312
|
1 450 800
|
Véhicules
|
10
|
1 000
|
312
|
3 120 000
|
Total Jour Ordinaire
|
7 940 400
|
c) Activités au carrefour
|
Activités au
carrefour (gargotes, dibiteries, etc.)
|
197
|
1 000 / mois
|
12
|
2 364 000
|
Total activités au carrefour
|
2 364 000
|
TOTAL GENERAL (a+b+c)
|
14 679 600
|
Annexe VI : carte des flux de
céréales
|