Selon LS Aho Glédé [3],
l'hôpital est un lieu de référence, un service noble
où des soins de qualité sont administrés aux clients par
des professionnels de santé dans le but de les soulager, de les mettre
en confiance et en toute sécurité. Mais l'on constate parfois
d'énormes problèmes d'infections communément
appelées infections nosocomiales liés aux hôpitaux que
contractent les malades, le personnel et les visiteurs. En effet, l'un des
problèmes cruciaux et angoissants dans les services de chirurgie est
l'infection des plaies opératoires. Ces IPO sont liées à
de nombreux facteurs de risques aussi bien endogènes qu'exogènes.
[4]. Cependant, l'acte chirurgical peut entrainer des
complications aux patients car peut être un facteur potentiel
d'incidents, d'accidents ou d'infections. L'infection est la complication
première et la plus fréquente des interventions chirurgicales
dans les services de chirurgie. Selon le Guide technique
d'hygiène hospitalière, les infections des plaies
opératoires concernent en moyenne 7% des opérés à
travers le monde en l'absence d'antibioprophylaxie. Elles représentent
20 à 25% des infections nosocomiales et viennent en deuxième
position après les infections urinaires [5].
Aux Etats-Unis en 2005, 5 à 10% de la
mortalité hospitalière était incriminable aux infections
des plaies opératoires (IPO) [6].
En Europe un rapport fait au cours de
l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé
(OPEPS) en juin 2006 par VASSELLE A.,
admettait communément que, en France, 6 à 7% des hospitalisations
étaient compliquées par une infection nosocomiale, soit environ
750 000 cas sur les 15 millions d'hospitalisations annuelles.
Les études épidémiologiques comparatives du
même rapport (OPEPS) plaçaient la France dans la moyenne
européenne estimée entre 6 et 9% pour les infections nosocomiales
acquises en unité de soins intensifs et après une intervention
chirurgicale. Les causes de ces infections étaient liées à
des bactéries endogènes, et/ou exogènes, virus, des
facteurs liés à une intervention invasive tels que l'intervention
chirurgicale, les drains chirurgicaux, les cathéters urinaires
etc. Par ailleurs la gravité de ces infections peut
être exacerbée par l'utilisation d'antibiotiques qui
sélectionnent des bactéries aux traitements [7].
BRUN-Buisson dans leur étude intitulée «les
infections nosocomiales : bilan et perspectives", font
ressortir que les infections post-opératoires représentent la
2ème cause de mortalité et de morbidité en chirurgie, les
interventions étant de plus en
18
plus lourdes et pratiquées chez les malades de plus en
plus graves et/ou immunodéprimés . C'est la 2è me cause
d'infection nosocomiale (11% des infections nosocomiales) ; le taux d'incidence
est de 3 à 7% dans la littérature et environ 3% d'après
les réseaux de surveillance, mais très variable en fonction de la
pathologie, du type de chirurgie et des différents facteurs de risque ;
ce taux peut donc être ajusté dont le plus reconnu est le score
NNIS du CDC. La mortalité attribuable
aux infections post-opératoires est très variable en fonction du
terrain et du type d'intervention, pouvant aller jusqu'à 5% ;
l'augmentation de la durée d'hospitalisation d'environ 5 à 15
jours ; ce sont les infections les plus couteuses, avec un cout total
avoisinant les 3 milliards de franc par an [6].
Dans les pays africains, les études
réalisées ont beaucoup plus portés sur la
détermination des taux de prévalence et d'incidence, des germes
en cause, des facteurs de risque, des mesures de prévention et de lutte
contre les IN. Dans le bulletin de l'OMS sur les infections
liées aux soins de santé en Afrique [8], la
prévalence des IN à l'échelle de l'hôpital variaient
entre 2,5% et 14,8% dans les services de chirurgie, l'incidence cumulative
variait de 5,7% à 45,8%. Le plus grand nombre d'études se
concentrait sur l'infection du site opératoire, dont l'incidence
cumulative variait de 2,5% à 30,9%. Une étude préliminaire
de facteurs pathogéniques en chirurgie ostéo-articulaire à
Kinshasa menée par MUTOMBO D.-P. et coll. a
montré que sur 189 patients qui ont subi des interventions chirurgicale,
étaient compliquées d'une infection de la plaie soit 19%
[9]. Ces IPO étaient liées à des facteurs
comme l'insuffisance du matériel, à présence d'un corps
étranger dans la plaie (particulièrement à
l'ostéosynthèse du fémur) et à l'administration non
planifiée de l'antibioprophylaxie. DARA. D a
déterminé dans son étude en 2008 portant sur la
prévalence de l'infection des plaies opératoires à
l'hôpital de Zone de Ouidah que sur un total de 521 opérés,
119 avaient développé une infection de la plaie opératoire
soit 22,8%. Cette situation était due entre autres à
l'insuffisance d'hygiène hospitalière, au non-respect des
règles d'asepsie parle personnel soignant mais aussi au non-respect des
délais des pansements des plaies opératoires
[10].
A l'instar de ces taux variables, le Burkina Faso
n'est pas en reste. Selon l'annuaire statistique 2013 [11],
81.559 interventions ont été réalisées
dans les structures de santé (CMA,CHR, cliniques privées, CHU)
pour césarienne, appendicectomie, laparotomie, hernie, hydrocèle,
GEU et autres. Au CHU-Y.O
19
(Centre Hospitalier Universitaire Yalgado OUEDRAOGO), Une
étude menée du 1er Janvier au 30 juin 2006 par OUATTARA.
A et coll. dans le service de Gynécologie et
Obstétrique, a révélé que sur 902 patientes qui ont
bénéficié d'un acte chirurgical et ont été
hospitalisées dans ledit service, 52 cas ont présenté une
IPO soit une incidence de 5,8% [12]. Dans son étude
menée en 2011 sur les déterminants de l'infection du site
opératoire au service de Chirurgie au CHUP-CDG, ILBOUDO. I
a révélé que sur 12 enfants hospitalisés
après une intervention chirurgicale, 3 enfants ont eu une suppuration du
site opératoire, soit 25% d'incidence ; cette situation était
liée à la compétence du personnel en PI et à
l'organisation du travail [13]. Une étude sur le profil
bactériologique des infections du site opératoire au centre
hospitalier universitaire Sourou Sanou de Bobo Dioulasso menée par
OUEDRAOGO. AS et coll en 2007 sur 6 mois au bloc
opératoire a révélé que sur 681 patients
opérés et hospitalisés, 159 patients ont contracté
une infection du site opératoire soit un taux d'incidence de 23, 35%.
Les facteurs liés aux malades tels que le manque d'hygiène, les
tares, l'âge, la résistance de l'hôte, l'état de
nutrition et le terrain avaient été incriminés
[14]. N'DO. J a révélé dans son
étude en 2012 portant sur les facteurs de risques d'infection de la
plaie opératoire chez les femmes opérées du service de la
maternité du CHR de Ouahigouya, douze cas de suppurations. Ces
suppurations étaient liées à l'insuffisance des
règles de PI, à l'insuffisance du matériel
medico-techniques et à l'organisation du service. [15].
Au CHR de Banfora, PALE. W dans son étude en 2011 sur
l'étude de la pratique de pansement aseptique des plaies
opératoires au CHR de Banfora note que sur un total de 220 patients
hospitalisés, 05 cas de suppurations postopératoires ont
été notifiés, soit 02,27% ; cette situation était
due entre autres aux délais des pansements des plaies
opératoires, à la connaissance des bonnes pratiques de pansement
et aux mesures de PI. [16]
L'hôpital de district Saint Camille de Nanoro n'est pas
aussi à l'abri des IPO. A notre connaissance, aucune étude n'a
exploré le problème des infections des plaies opératoires
bien qu'elles sont rencontrées. Les registres de consultation de
l'année dernière font ressortir 20 cas d'infection post
opératoires sur plus de 357 interventions soit 05,60%. Les
autorités sanitaires du CMA ont adopté certaines mesures en vue
de minimiser la survenue de ces infections, il s'agit entre autres: de la
formation du personnel de santé en PI, la dotation de matériel de
traitement des instruments et de protection ... Malgré ces mesures, les
IPO sont toujours observées
20
dans ledit CMA et si rien n'est fait, on assistera à
des situations telles que : le prolongement du séjour hospitalier des
patients entrainant l'élévation du cout de prise en charge
chirurgicale et l'augmentation des taux de morbidité et mortalité
intra hospitalière.
Au regard de toutes ces raisons, nous nous proposons de
conduire notre étude intitulée «les facteurs
favorisant l'infection des plaies opératoires dans le service de
chirurgie à l'hôpital de district Saint Camille de Nanoro »
; dans le but de contribuer à la réduction de ces
infections post-opératoires et d'améliorer la prise en charge
chirurgicale des patients;