2.3. Les enjeux
politiques de la politique économique
Dans les pays démocratiques, la réussite
économique d'un gouvernement en place conditionne fortement les chances
de réélection du parti ou de l'alliance au pouvoir. Les
considérations proprement politiques peuvent jouer un rôle
important dans la conception même et la conduite de la politique
économique. Ainsi, les équipes au pouvoir vont s'efforcer en
principe de se représenter devant les électeurs dans le contexte
d'une conjoncture favorable, sachant que cela ne peut manquer d'influencer le
choix de ceux-ci. Dès lors, la politique économique peut se
définir au rythme des rendez-vous électoraux et parfois, des
mesures peu justifiées du point de vue de la stabilisation
macro-économique peuvent être adoptées et occasionner des
difficultés ultérieures parfois coûteuses à
corriger.
2.4. La contrainte
liée à l'endettement public
Le recours à l'emprunt pour financer les
dépenses publiques entraine un effet "boule de neige" et pose un
problème à long terme de soutenabilité des finances
publiques. L'effet boule de neige de la dette est un cercle vicieux
d'auto-alimentation de la dette. Une dette importante implique le versement
d'intérêts considérables aux épargnants
créanciers de l'État. Le poids de ces intérêts
aggrave le déficit et conduit à un nouvel endettement public qui,
à son tour, conduira à un niveau d'intérêts encore
plus important, etc. quant à la soutenabilité de la dette, c'est
la capacité d'une économie à payer le service de la dette
et donc de faire face au remboursement de sa dette ; dans le cas contraire
on parle d'insolvabilité.Par ailleurs, l'utilisation du déficit
budgétaire se heurte à plusieurs critiques théoriques des
économistes libéraux :
Ø l'effet d'éviction : le
recours à l'emprunt pour financer le déficit budgétaire
provoque un déplacement de l'épargne disponible vers le secteur
public au détriment des autres agents économiques.
Ø l'effet Laffer : selon
l'économiste Arthur Laffer, l'impôt est une source de
désincitation au travail. Au-delà d'un seuil d'imposition, les
individus sont incités à réduire leur activité
économique. Cela a deux effets majeurs : un frein pour la croissance
économique, puisque l'activité se ralentit et une baisse des
recettes de l'État.
Ø l'effet Ricardo-Barro : selon la
théorie de l'équivalence ricardienne (Ricardo-Barro), les
anticipations des agents économiques peuvent limiter l'efficacité
d'une politique budgétaire. Dans le cas d'une politique de relance
financée par l'emprunt, les agents économiques anticipent une
hausse future des impôts.
Ø les « fuites » dans une
économie ouverte : l'effet multiplicateur n'est pas garanti,
notamment dans le cas des économies à haut degré
d'ouverture sur l'étranger. Il peut être affaibli par deux fuites
principales : l'épargne, et la consommation de produits importés.
La pratique de la politique économique, aujourd'hui
comme hier, reste délicate. En général, les
économies sont plus solides aujourd'hui dans la mesure où les
mécanismes marchands sont plus robustes et les institutions mieux
organisées et mieux gérées. Devenues plus complexes, elles
sont devenues plus délicates à faire fonctionner et plus
vulnérables au retournement de conjoncture, par le biais des
anticipations d'agents qui réagissent aux modifications de leur
environnement.
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