CONCLUSION
L'étude de la persistance des conflits fonciers s'est
déroulée dans la commune de Hiré plus
précisément dans la ville de Hiré et le village de
Bouakako.
L'objectif était de décrire les
déterminants sociaux de la recrudescence des conflits fonciers en
dépit de l'existence d'un comité de gestion de ces dits conflits.
De de façon spécifique, cette étude s'est portée
sur l'analyse des idéologies associées au foncier, la
détermination des rapports sociaux à la base de l'appropriation
du foncier et la description du cadre social de gestion des conflits.
Pour mener l'étude, plusieurs techniques de
collecte de données ont été utilisées, notamment
l'entretien non structuré, l'observation systématique et les
enquêtes de terrain ont permis de recueillir des données
permettant de cerner le fait social.
La méthode utilisée pour l'analyse
des données est l'analyse herméneutique telle que
préconisée par Isabelle Bertrand, elle-même inscrite dans
la perspective de Dilthey.
L'option épistémologique de cette recherche est
sous-tendue par l'approche théorique inductive.
Cependant, plusieurs difficultés ont été
rencontrées lors de cette recherche. D'abord, la familiarité avec
l'univers social étudié. Ensuite, les difficultés
langagières. Par ailleurs, les difficultés de communication
inhérentes à une situation de tensions et de conflits
récurrents dans cette zone. Et enfin, quelques contraintes liées
à la disponibilité de certains participants à
l'étude.
Afin de répondre aux objectifs de l'étude, les
entretiens ont été réalisés auprès de
migrants, d'autochtones, de la société minière et de
membres du comité de gestion des conflits. De l'ensemble de ce corpus de
texte, le choix a été orienté vers trois entretiens
jugés pertinents auxquels nous avons appliqué la méthode
de l'analyse herméneutique cas par cas. A la suite, l'application de
l'analyse herméneutique transversale a permis de dégager les
catégories générales d'analyses qui émergent des
trois discours.
Les stratégies d'appropriation ou de conservation de la
propriété foncière mises en oeuvre par les acteurs, la
déconstruction statutaire des détenteurs de terre et la
fabrication des perceptions différenciées du statut du
comité de gestion ne sont autres que le produit de la
réinterprétion de la rente foncière. Celle-ci sous-tend
des logiques de compensations par la création de catégories
sociales sur une base ethnique.Elle traduit une forme d'interaction qui sert
d'appui aux acteurs pour la légitimation de leurs actions.
Mieux, la réinterprétation de la rente
foncière renvoie à la redéfinition perpétuelle des
contrats d'usages de la terre qui positionne les autochtones comme
détenteurs exclusifs des terres.Ainsi donc, la rente foncière
devient une ressource symbolique qui permet aux autochtones face à une
inégale détention foncière au profit des migrants de
redéfinir les rapports fonciers avec les allochtones/allogènes.
Au sien des familles, les ainés s'approprient individuellement la rente
foncière pour réajuster leurs statuts et positions dans la
cellule familiale et en dehors de celle-ci.
La compétition est une ressource sociale qui accentue
la recrudescence des conflits. Les relations de conflits et de concurrence sont
mobilisées par les acteurs pour justifier l'absence de
propriété de la terre aux fins d'une réappropriation
privative de celle-ci. C'est une ressource sociale qui alimente l'appropriation
du foncier.
Du point de vue des résultats obtenus,
l'hypothèse qui se dégage appréhende la persistance des
conflits fonciers comme un fait social lié auxlogiques de fonctionnement
du cadre social.
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