B. L'insécurité sociale
Un facteur important d'insécurité est
l'insécurité sociale liée à l'absence de salaire
permettant de « maîtriser » son existence à partir de
ses propres ressources ».
Le risque social ainsi définit par castel produit une
forte insécurité, bien connue dans le passé : celle des
travailleurs non propriétaires et non assurés des moyens de
substance stables et à long terme.
Cette insécurité sociale permanente «
dissout les liens sociaux et mine les structures psychiques des individus
(39) et empêche de construire une future possible.
Pour assurer quand même la protection des
salariés sans propriétés, une issue a été
d'attacher des protections et des droits à la conditions du travailleur
lui - même ». Le travail devient emploi, avec un statut et des
protections sociales, le salariat concrétisant un ensemble des
périodes précédents, la retraite est un exemple de ces
droits. Ces garanties représentent la « propriété
sociale » des individus. L'Etat social devient un « réducteur
des risques ». (40)
Mais l'Etat ne peut assurer ce rôle de régulateur
des risques sociaux qu'à deux conditions : que l'on soit en
période de croissance, et que chaque individu appartienne à un
collectif protecteur qui lui garantit sur des règles « expressions
d'un compromis entre des partenaires sociaux collectivement constitués
». (41)
A partir des années 70, l'Etat et les catégories
socioprofessionnelles homogènes commencent à s'effriter «
l'Etat national social » s'avère incapable de réguler le
marché et d'endiguer la montée du chômage de masse.
La « concurrence entre égaux » remplace petit
à petit la solidarité, la gestion du monde du travail
dévient « fluide et individuelle » c'est la « mise en
mobilité généralisées des relations de travail des
carrières professionnelles et des protections attachées au statut
d'emploi ». (42)
38, Robert Castel, Op .cit p.23. 39Robert
Castel, Op .cit, p.29.
40 Idem, p. 32
41 Idem, p. 41
42 Idem, p. 43
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Dans ce contexte, où se développe la notion
« d'exclusion », qui ne mène pas à l'effondrement des
liens sociaux car « la décollectivisions est elle-même une
situation collective », les plus démunis sont les plus
habités par le sentiment d'insécurité, leurs
revendications sont liées au « ressentiment, mélange d'envie
et de mépris » (43).
Il se crée alors deux grandes classes : celles des
inclus ou de ceux qui réussissent à vivre dans cette nouvelle
forme de société et étant relativement en
sécurité, et les autres, les exclus en proie à
l'insécurité sociale et totalement désocialisés.
Ces exclus sont des « collections d'individus » qui
ont en commun le partage d'un même manque. Les individus exclus se
sentent seuls, livrés à eux-mêmes personnels à
eux-mêmes. Ce sentiment d'incertitude et d'insécurité
personnels, qui entraîne un sentiment général donne lieu
à des revendications communes entre ces individus différentes
mais réunis par le même manque de sécurité.
(44) Ce qui crée des crises et des guerres civiles à
l'exemple du soudan où la marginalisation du Darfour a amené ses
fils à la guerre pour un partage équitable des ressources avec le
Nord.
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