I.1.2. Typologie de l'insécurité
On peut distinguer deux grands types de protections :
- Les protections civiles garantissant les
libertés fondamentales et assurant la sécurité des biens
et des personnes dans le cadre d'un état de droit.
Les protections sociales « couvrent » contre les
principaux risques susceptibles d'entraîner une dégradation de la
situation des individus comme la maladie, l'accident, la vieillesse
impécunieuse, les aléas de l'existence pouvant aboutir à
la limite, à « la déchéance sociale ».
(34) Ainsi ces deux types des protections n'étant pas
satisfait créent également deux types d'insécurité
que nous proposons d'étudier :
- L'insécurité civile ou
l'existence de non droit dans un Etat;
- L'insécurité sociale qui est
l'incertitude face à la capacité d'assurer sa substance et donc
son statut social.
32 Dubois Maury, J et Charline, C, les risques
urbains, Armand Colin, Paris, 2002, p. 76
33 Fréderic ocqueteau, « Mutations
dans le paysage français de la sécurité publique
», les analyses de la recherche Urbaine, n° 83 - 84, septembre
1999, p.7- 13.
34 R. Castel : l'insécurité sociale.
Qu'est - ce qu'être protégé ? Le Seuil, coll. La
République des idées, p.5.
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A. L'insécurité civile.
Dans les sociétés traditionnelles, la protection
rapprochée est assurée par l'entourage des individus, ce qui les
rend dépendant d'autrui (famille, communauté), sans leur assurer
pour autant des droits.
Pour souligner que si la société de la
modernité reconnaît l'individu entant que tel, c'est à
l'état d'assurer sa protection car « l'insécurité est
une dimension consubstantielle à la coexistence des individus dans une
société moderne » (35).
L'Etat sera alors le garant de la protection des individus et
de leurs biens, dont la propriété assure la
sécurité face aux « aléas de l'existence »,
c'est grâce à la propriété que l'individu construit
les « conditions de son indépendance ». (36)
Cependant un Etat démocratique ne peut protéger
les citoyens de tout, car se serait au prix de l'extinction des libertés
publiques.
Aujourd'hui, en France, l'exploitation de
l'insécurité a pris des proportions « délirantes
» sans commune mesure avec la réalité objective d'autant
plus si elle est rapportée au passé ou à d'autres
sociétés.
Cependant les individus, survalorisent en tant que tel,
réclament toujours plus de sécurité à l'Etat.
La demande de droit couvre quasiment toutes les sphères
de la vie, y compris les sphères privées.
La mise en place de l'Etat de droit a ainsi pour but d'assurer
la sécurité intérieure des sujets. Le développement
de la démocratie et les respects des droits de l'homme sont donc apparus
comme les corollaires nécessaires de la sécurité.
(37)
Mais entre les Etats, la guerre régnait toujours : si
le sujet pouvait être assuré d'une sécurité
intérieure, la guerre de « tous contre tous » s'illustrait
dans les guerres traditionnelles interétatique,
l'insécurité paraît comme l'état de nature entre les
Etats. Cependant, la fin de la guerre traditionnelle et l'apparition des
nouvelles formes de violence ont modifiés cette définition de
l'insécurité. L'individu moderne voit sa tolérance
à la violence baisser au fur et à mesurer que les protections
civiles et sociales se durcissent.
Ainsi la quête sans fin de protection peut
paradoxalement crée ce sentiment d'insécurité
marqué par une véritable « frustration
sécuritaire». (38)
35 R. Castel, Op. cit, p.15.
36 Idem, p. 18.
37Robert Castel, Op .cit, p 11.
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Cette demande de sécurité absolue n'étant
jamais comblée, le sentiment d'insécurité est sans cesse
alimenté par la demande même de sécurité : «
ainsi, l'exaspération du souci sécuritaire engendre
nécessairement sa propre frustration, qui nourrit le sentiment
d'insécurité ».
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