3. Une culture des armes
Le terme janjawids, ces milices armées par Khartoum,
existe depuis longtemps au Darfour. Il désignait avant le conflit, les
bandits qui sévissaient dans cette région marquée par
l'insécurité et le surarmement.
Depuis la fin des années soixante-dix, les armes ont
afflués au Darfour, apportée en partie par les différentes
rébellions Tchadiennes qui s'y sont longuement implantées avec
l'aide de leurs soutiens Libyen, soudanais et français.
Dans les années quatre-vingt, des cargos entiers
d'armement furent également amenés par la Libye du colonel
Kadhafi à qui le régime soudanais avait virtuellement
cédé le Darfour en échange d'une aide militaire dans sa
guerre contre les rebelles du sud.
Pour assouvir son rêve de créer une ceinture
arabo-musulmane entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, Kadhafi
forma à cette époque les légions arabes.
92 D. Poirier et H. Teinturier, « Darfour :
les sources de la crise »sur Radio-Canada.Ca, 27 Octobre
2004.Consulté le 4 Avril 2010.
93 P. Hugo, Géopolitique de l'Afrique,
SEDES, Paris, 2007, p.139
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Pour cela, il a recruté dans toute la bande
sahélienne et notamment au Darfour, où ces troupes étaient
entraînées. Par ailleurs, les Darfouriens et notamment les membres
des certains tribus arabes avait déjà été largement
utilisés par le pouvoir de Khartoum dans la lutte contre la
rébellion du sud. Elles y ont acquis la culture des razzias et des
violences envers les civils. (94 )
4. Un climat de manipulation ethnique
La division souvent mise en avant entre Arabes et Noirs est
partiellement artificielle. Personne au Darfour n'est arabe au sens où
l'attend le public occidental et la société du Darfour a
longtemps connu des nombreux intermariages. Les appartenances peuvent de plus
être changeantes, comme le prouve le cas de Zaghawa, longtemps
considérés comme arabes, parce que nomades, mais devenus des
victimes noires du conflit.
Contrairement aux affirmations du ministre Bernard Kouchner,
qui dans une tribune en décembre décrivait la
réalité du Darfour comme « des milices arabes poursuivant
des populations noires des musulmans intégriste tentant d'imposer la
charia à des musulmans modérés, un conflit ethnique et un
Etat complice », toutes les communautés du Darfour sont
également musulmanes et chaque camp compte son lot d'intégristes.
Néanmoins a partir du milieu des années 1980, certains
intellectuels et membres de l'administration ont crée le rassemblement
arabe, un groupe de pression à l'idéologie ouvertement
raciste.
Leur présence et leurs liens avec Khartoum ont
contribués à donner aux tensions intercommunautaires un
caractère de plus en plus ethnique et cristalliser la division entre
Noirs et Arabes.
D'autant qu'elle s'est ajoutée et combiné aux
légions arabes de Kadhafi qui, elles aussi, dispensaient une
idéologie panarabe et considéraient les Noirs comme
inférieurs. Cette technisation des conflits économiques et
politiques a encore été renforcée par la gestion
administrative de la région par le gouvernement.
Non seulement, reprenant une méthode mise en place par
le colon anglais, il a subvertit les structures traditionnelles en
contrôlant les nominations, mais il a aussi procédé
à
94 D. Poirier et H. Teinturier, op. cit,
consulté le 04 Avril 2010.
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un redécoupage des divisions administratives
systématiquement favorables aux groupes arabes. (95 )
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