Section 3ème. Connexion entre Conflits, Crise et
Guerre
Il n'existe pas de synonymes entre les notions de conflit, de
guerre et de crise car il y a des comportements antagonistes ou hostiles qui ne
recourent pas, pour leurs résolutions à la violence armée
collective organisée.
Si la notion de guerre renvoie doublement à celle de
conflit, une guerre étant la manifestation extrême à
laquelle peut conduire un conflit et type particulier de conflit armé,
tout conflit n'est pas pour autant une guerre. Certains comme Alain BIROU,
estiment que la guerre est une forme particulière de conflits.
(78)
Charles DEBRACH et co-auteurs, estiment que la guerre peut
désigner des conflits où il y a pas d'affrontements armés
(hypothèse de la guerre froide), des conflits qui n'intéressent
principalement qu'un seul Etat (guerre de sécession, guerre civile) ou
qui mettent en jeu des entités non étatique. (79 )
Pour Carl Van CLAUSEWITZ, la guerre est un acte de violence
destinée à contraindre l'adversaire à exécuter
notre volonté.
Pour Quincy WRIGHT, la guerre, « contact violent entre
entité distinctes mais similaires », est la condition légale
permettant à deux ou plusieurs groupes de mener un conflit armé
»,
76, Philippe Hugo, op. cit p.137.
77 Ibidem
78 Alain. B, Vocabulaire pratique des
sciences sociales, Paris, éd. Ouvrière, 1966, p.55
79 Charles. D et Alii, lexique des sciences
politiques, Paris, 7e éd. Dalloz, 2001, p.197.
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Gaston BOUTHOUL, la guerre est une « lutte et sanglante
entre groupements organisés..., méthodique... limitée dans
le temps et l'espace et soumise à des règles juridiques
particulières extrêmement variables. (80 )
Au-delà de leurs particularités, ces
définitions ont pour point commun de rappeler ce qui constitue la
spécificité du phénomène « guerre » : la
guerre est un acte de violence armée, organisé collectif.
La présence de la violence armée rappelle qu'une
guerre n'est pas l'équivalent d'un conflit qui, au sens d'interaction
mettant en jeu des attitudes hostiles et/ou des comportements antagoniste ne
devient une guerre qu'avec la pratique de l'homicide organisé.
La notion de crise qui, de la psychiatrie gagne la psychologie
et s'applique à toute période critique à la quelle un
individu doit faire face, l'obligeant le plus souvent à prendre une
décision ou à subir une transformation.
Cette notion de période critique s'est ensuite
appliquée aux sociétés. JJ. Rousseau écrit : «
nous approchons de l'Etat de la crise et du siècle des
révolutions » et Goethe déclare : « toutes les
transitions sont des crises et la crise n'est elle pas maladie ?
La crise peut également être conçue comme
étape vers un meilleur équilibre social.
Il s'agit toujours d'une situation de conflit de forte
intensité, de remise en cause des valeurs (crise culturelle), des
rapports entre les générations ou entre les
générations ou entre les groupes sociaux (crise sociale), en tout
cas d'une période d'inquiétude et d'une crise de confiance. Il y
a :
? Crise d'identité
? Crise économique
? Crise gouvernementale : en régime parlementaire signifie
chute du gouvernement.
? Crise de régime : menace sur les institutions.
(81 )
? Crise internationale : conflit d'intérêt et/ou de
prestige qui peut amener la rupture des
relations diplomatiques, des représailles, des sanctions
et même entraîner un conflit armé si des négociations
ne débouchent pas sur un règlement pacifique.
La notion de crise recouvre un grand nombre des situations,
Elles se distinguent suivant leur caractère (individuel ou collectif)
leur nature (physiologique, économique, sociale), leur durée et
leur intensité.
Par delà cette
hétérogénéité, elles présentent des
caractéristiques semblablement fondamentales.
80 G. hermenet, op cit, p.72
81 M. GRAWITZ, lexique des sciences sociale,
Dalloz, Italie, octobre 2004, p.99
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Eléments objectifs : nécessité de faire
des choix concernant des enjeux importants, engageant le plus souvent l'avenir
de façon irréversible une rupture avec le passé.
Mais il faut insister sur les facteurs subjectifs qui
conditionnent le sentiment d'importance de l'enjeu. La crainte ou l'espoir
devant les changements à venir dépendent des avantages ou
inconvénients attachés à la situation de chacun et
créent une tension caractéristique de toute crise quelle qu'elle
soit. (82 )
Pour Souja FAGERBERG- DIALLO (83 ), la crise est
l'une des 5 étapes du conflit, notamment : le pré conflit, la
confrontation, la crise, les résultats du conflit et le poste conflit.
Là où existe des tiraillements, où éclate la crise,
c'est parce qu'il n'y a pas eu de concertation, de bonne communication entre
deux parties, ou bien que les règles claires et précises font
défaut(ou ne sont pas respectées).
La situation se traduit en crise, cela signifie que des
personnes sont en désaccord (se querellent, se bagarrent dans la
colère, s'affrontent dans la violence) armée. (84 )
La tension est le résultat d'un conflit des forces,
énergies rencontrant un obstacle. L'Etat de tension est un
symptôme d'un conflit dans le groupe. (85 )
82 M. GRAWITZ, op cit,p.100
83 S. FAGERBERBERG -DIALLO(S/dir.), Recherche et
Maintien de la paix, stratégie pour une gestion des conflits,
Dakar, Ares, 1999, p.11.
84 Idem, p.13
85 M. GRAWITZ, op cit, p.396.
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