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1. ETAT DE LA QUESTION
L'état de la question est défini par WAT MILS
comme « une théorie de progrès scientifique, le
progrès étant cumulatif, il n'est pas l'oeuvre d'un homme, d'une
quantité des gens qui révisent, critiquent et
élargissent.
Car, ajoute Jean CASENEUVE (1), la recherche
scientifique « ne peut progresser que dans la mesure où à
tous les niveaux, les chercheurs ont assimilé l'oeuvre de leurs
prédécesseurs et ne s'explosent pas à l'illusion de
découvrir ce que d'autres ont déjà trouvé depuis
longtemps ».
En effet, cette étude n'est pas la première sur
l'analyse de la gestion d'une crise ou d'un conflit par le conseil de
sécurité des nations Unies.
Bon nombre des travaux antérieurs ont retenus notre
intérêt.
Amani BYENDA (2), dans son étude sur la
contribution de l'union africaine dans la résolution du conflit de
Darfour pense que ce conflit s'explique par des causes nationales,
régionales et internationales. Dans sa genèse, le conflit du
Darfour s'inspire fortement des idéologies islamistes, religieuses,
ethniques, frontalières entre le Nord et le Sud et d'ici
récemment des ressources pétrolières devenues le malheur
du peuple soudanais.
L'auteur pense que les ambitions personnelles, les motivations
idéologiques, les calculs géographiques, les retombées du
conflit israélo-arabes, les visées pétrolières et
hydrauliques, contribue à envenimer le conflit ou la multiplication des
acteurs.
Ainsi toutes les tentatives effectuées depuis le
début de la crise pour faire cesser les combats sont demeurés
vaines et les conséquences ne font que s'accentuer du jour le jour.
Selon l'auteur, dans le but de résoudre pacifiquement
les différends qui ont éclatés depuis Juillet 2003, entre
les régimes de Khartoum et les principaux mouvements et groupes rebelles
soudanais, l'UA participe sous deux formes d'interventions : d'une part elle
participe par l'entremise des procédés diplomatiques et
juridictionnels et d'autres par sous formes d'opération militaire des
maintient de la paix.
L'auteur termine par établir le bilan largement
négatif des actions de l'UA, tout en proposant certaines innovations de
l'organisation pour améliorer ses interventions.
1 J. CASENEUVE, Méthodes de recherche
scientifique, Paris, Payot, 1989.
2 A. Amani BYENDA, l'Union Africaine et sa
contribution dans la maintien de la paix au Darfour, Bukavu, UOB, TFC,
2007-2008, Inédit, p.26
2
Faisant une analyse comparée des Missions des Nations
Unies au Darfour et en Somalie, Magadju TEGEMEO (3), pense que si
pour l'ONUSOM on parle d'un échec de la Mission, il nous est difficile
d'en dire autant pour la MINUAD car bien que celle-ci n'ait encore atteint ses
objectifs, elle continue à poursuivre son action au Soudan et continue
à s'activer pour la réussite.
Parlant du mandat de la MINUAD, il constate que son objectif
principal était de mettre fin au conflit apposant le mouvement rebelle
à l'armée soudanaise et aux milices soutenues par le gouvernement
soudanais.
L'auteur constate qu'à part le fait que la MINUAD s'est
efforcé à apporter son soutien à la médiation
conjointe UA/ONU, aucun de ses objectifs n'a jusque là été
atteint.
Au fait, MUDOSA Yissa (4) dans son étude sur
les modes internationaux des règlements des différends, pense que
la scène internationale est un monde de compétition où
chacun cherche le pouvoir, la puissance et la domination.
De cette domination peuvent naître des différends
conduisant ainsi au conflit.
Selon lui, il n'a jamais été contesté que
les Etats parties à un différend, soient parfaitement libres de
choisir tout mode de règlement qui leur parait approprié.
Leur liberté ne connait pas en principe d'autres
restrictions que celle dont ils sont engagés à faire usage de
l'une ou l'autre technique particulière.
Ainsi MUDOSA pense que la Communauté Internationale
semble encourager les modes diplomatiques et juridictionnels dont les
caractéristiques sont :
- La médiation, l'enquête, la conciliation
internationale, l'arbitrage et le règlement judiciaire.
Faisant l'étude sur la gestion des conflits, Christine
MARSAN (5) présente le conflit comme partie prenante de la
vie sociale.
Selon elle, depuis Darwin, tous les scientifiques se mettent
d'accord pour dire que l'évolution de la vie passe par
l'agressivité et le conflit.
L'auteur pense que lorsqu'il s'agit de guerre ou de conflit
armé, la violence manifestée se traduit par des nombreux morts et
un long cortège d'atrocités rendant le conflit négatif et
incitant d'avantage à l'éviter.
3 M. TEGEMEO, analyse comparée des missions
des Nations Unies au Darfour et en somalie, Bukavu, UOB, TFC, 2008-2009,
Inédit, p.60
4 J. MUDOSA, Modes internationaux de
règlement des différends : cas de la péninsule de Bakasi,
TFC, Bukavu, UOB, 2007 - 2008 Inédit.
5 C. MARSAN, Gérer les conflits,
Paris, Dunod, 2005. p. 287.
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Ainsi, le conflit est des natures riches, complexes,
variées aux multiples composants qui le rendent d'autant plus
intéressant.
Finalement l'auteur pense que le conflit est envisagé
de manière positive tant qu'il est l'occasion de croissance et qu'il
peut être résolu dans le respect de l'autre, de ses arguments, de
ses convictions et de sa différence.
SUY, E (6) étudiant les conflits en Afrique
: « Analyses des crises et pistes pour une prévention globale
», pense que ces trente dernières années ont vue se
produire en Afrique de grands bouleversement sociaux consécutifs aux
conflits armée et interethnique.
Il considère que la forme de la contestation politique
privilégié par les parties au conflit a souvent été
la violence armée, la guerre, les coups d'Etat sanglants ou les
rébellions armées semblent avoir été le mode de
règlement des différends auquel les protagonistes des crises en
Afrique ont le plus souvent recouru.
Selon le chercheur, la coopération internationale dans
ce domaine a souvent été de nature « réactive »
dans la mesure où elle cherchait avant tout à limiter l'impact ou
la durée des conflits en cours.
L'approche « proactive » qui recouvre des mesures
cherchant à éviter le déclenchement du conflit n'a pas
encore été suffisamment exploitée.
Se contentant de ne réagir que lorsque les conflits se
déclenchent, la communauté internationale dirigeant son
intervention vers des mesures curatives répondant à
l'immédiat.
Portant défi de cette évidence et des
conséquences politique qu'en des intérêts
géopolitiques des grandes puissances, fut incapable de susciter des
dialogues de paix constrictive lors du règlement de ces conflits.
L'auteur pense que, afin de coopérer efficacement avec
la société africaine, il devient impératif de
connaître non seulement les enjeux apparents des crises politiques en
Afrique mais également d'étudier les ressorts anthropologiques,
culturels et sociaux qui sous - tendent la dynamique réelle des tentions
et crises sur ce continent.
Dans son ouvrage : « le Darfour : un génocide
ambigu » M Prunier (7) pense que le Soudan, pays le plus vaste
d'Afrique et l'un de plus pauvre du monde, reste en proie aux sanglants
déchirements et aux tragédies humanitaires.
6 E. SUY, Conflit en Afrique : analyse des crises et pistes
pour une prévention, Bruxelles, fondation roi Baudouin/MSF, 1997,
p. 9.
7 M. Prunier., le Darfour, un génocide ambigu,
8 D. Colard, les relations internationales de 1945
à nos jours, 8ème éd., paris, Armand
colin, 1977 - 1999. P.354.
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Selon l'auteur, il serait erroné de réduire le
conflit principal de la nation soudanaise à un antagonisme inextricable
entre le nord arabe musulman et le sud africain chrétien ou animiste.
L'auteur pense que voir l'actuel conflit du Darfour sous l'angle social d'un
affrontement entre Arabe et Noirs musulmans est un simplisme ne rendant pas
compte de l'imbroglio soudanais.
M. Prunier nous décrit la confiance et l'attente de la
paix qu'à la population après la résolution 1769 du
conseil de sécurité consacrant la force hybride (ONU/UA).
Si bon nombre d'auteurs ont analysé l'évolution
et l'impact des conflits sur la scène internationale, à travers
cette étude nous voudrons comprendre l'implication du C.S dans la
gestion de la crise du Darfour.
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