3.2. Typologie des femmes en matière de
contraception
Nous nous proposons dans cette section de définir une
typologie des femmes en fonction de la pratique contraceptive. Nous
commencerons par dresser le profil des femmes en utilisant l'ACM, après
quoi nous ferons recours aux méthodes de classification pour affiner
notre analyse. Les
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année
variables utilisées pour la suite de nos analyses sont
celles retenues à l'issu de l'analyse bidimensionnelle
précédente (Tableau 9).
3.2.1. Profil des femmes selon la pratique
contraceptive
Le problème étant d'identifier les relations
existantes entre la pratique contraceptive et les modalités des
variables explicatives, l'analyse des correspondances multiples (ACM) semble
être la méthode d'analyses des données la mieux
indiquée pour ressortir le profil des différents groupes de
femmes. Les interprétations des différents axes sont faites sur
la base du tableau 28 (Annexe G). Nous interprétons globalement les
contributions, les proximités et les oppositions entre les
modalités des différentes variables, en privilégiant les
modalités suffisamment éloignées du centre du graphique
(celles dont le cosinus carré est supérieur à la moyenne
des cosinus carrés). Les variables « statut sérologique
» et « délai d'intervention » ont été
envoyées en illustratives, car les modalités qui les constituent
ne contribuaient presque pas à la formation des axes retenus (ces
contributions étaient en général de 0,0).
3.2.1.1.Choix du nombre d'axes factoriels
L'application de la règle du coude sur l'histogramme
des valeurs propres conduit à retenir les sept premiers axes factoriels.
Ces sept axes cumulent 44,55 % de l'inertie totale du nuage initial
projeté.
Figure 16 : Histogramme des 29 premières
valeurs propres
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Source : Auteur (Données du CPC)
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Toutefois, seules les trois premiers axes seront
interprétés, ceci dans le but de ne pas rendre le travail lourd
et aussi parce que ces axes ressortent suffisamment d'informations relatives
avec notre problématique. Par ailleurs, ne seront
interprétés sur ces axes que les modalités ayant un
cosinus carré au moins égal à la moyenne des cosinus
carrés sur chaque axe.
3.2.1.2. Interprétations des axes, plan et
espace factoriel
? Le premier axe restitue 12,07 % de l'inertie totale du
nuage. Les modalités qui contribuent le plus à la formation de
l'axe sont : la modalité « célibataire » du statut
matrimonial (10,86 %), la modalité « Non » pour le fait de
vivre avec le partenaire (9,66 %) et la modalité « 0-1 » du
nombre d'enfants vivants (8,63 %). Ces modalités font également
parties des mieux représentées sur cet axe (le cosinus
carré moyen est de 0,13).
Cet axe oppose deux types de populations. D'une part nous
avons les femmes célibataires âgées d'au plus 20 ans, qui
ne vivaient pas sous le même toit que leur partenaire et n'avaient jamais
eu de conversations sur les méthodes contraceptives avec ce dernier.
Notons également que ces femmes n'avaient pas repris les rapports
sexuels, ou les avaient repris un peu plus tardivement comparativement aux
autres femmes (plus de 120 jours après l'accouchement). Par ailleurs,
elles avaient au plus un enfant, et trouvaient que le partenaire ne
s'était pas impliqué dans la précédente
grossesse.
D'autre part, nous avons des femmes mariées
âgées de plus de 30 ans, qui vivaient avec leur partenaire, et
ceci depuis plus de 5 ans. Le partenaire était très favorable
à l'utilisation des méthodes contraceptives et s'était
largement impliqué dans la précédente grossesse. En outre,
les couples concernés par ces femmes avaient repris les rapports
sexuels, mais ne désiraient plus avoir d'enfants (ces couples avaient au
moins deux enfants).
Globalement, le premier axe cristallise
l'opposition/proximité des femmes selon les caractéristiques
sociodémographiques. Il oppose les femmes de plus de 30 ans, qui
vivaient dans des couples stables avec un partenaire présent, aux jeunes
femmes de moins de 20 ans, qui ne vivaient pas avec leur partenaire : c'est
l'axe de la stabilité matrimonial.
? Le deuxième axe renferme 7,62 % de l'inertie totale.
La modalité « non » de la variable qui traduit la reprise des
rapports sexuels est celle qui contribue le plus à la formation de cet
axe (10,74 %), suivi de la modalité « 5 et plus » du nombre
d'enfants vivants (10,22 %), et de la modalité « les deux » du
désir d'avoir d'autres enfants (8,23 %).
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Stéphane, Elève Ingénieur d'Application de la Statistique,
4ème année
Il ressort de cet axe une opposition entre deux groupes de
femmes :
Le premier groupe concerne les femmes âgées entre
20 et 30 ans, ayant au plus un enfant, qui vivaient avec leur partenaire depuis
au moins un an (il s'agit ici de la variable durée de la relation),
avaient repris les rapports sexuels et partageaient le désir de leur
partenaire d'avoir d'autres enfants ; chacune de ces femmes trouvaient que son
partenaire était impliqué dans le déroulement de la
précédente grossesse, et ce dernier était favorable
à l'utilisation des méthodes contraceptives.
Le deuxième groupe concerne les femmes
âgées de plus de 30 ans, ayant au moins cinq enfants, vivant avec
leur partenaire depuis plus de cinq ans, qui n'avaient pas encore repris ou
avaient repris tardivement (relativement aux autres) les rapports sexuels et
n'avaient eu aucune conversation sur les méthodes contraceptives avec ce
dernier ; chacune de ces femmes trouvait que son partenaire n'était
impliqué dans le déroulement de la précédente
grossesse, et un seul membre du couple désirait avoir d'autres
enfants.
En résumé, cet axe présente mieux
l'opposition entre les caractéristiques du couple ; il oppose
précisément les jeunes femmes, qui se trouvaient à leur
première grossesse et qui étaient en quelque sorte en train de
bâtir leur relation, aux femmes matures dans la relation, qui avaient
déjà atteint leur nombre d'enfants désirés : c'est
l'axe de la maturité de la relation.
? Le troisième axe restitue 6,11 % de l'inertie totale.
Les modalités qui contribuent le plus à la formation de l'axe
sont : la modalité « supérieur » du niveau
d'instruction de la femme (11,81 %) et la modalité « secondaire
» du domaine d'activité (9,12 %).
Sur cet axe, les femmes catholiques âgées de plus
de 30 ans et qui ne vivaient pas avec leur partenaire, qui avaient un niveau
d'instruction supérieur, exerçaient une activité du
secteur tertiaire, avaient participé à une consultation sur la
planification familiale, et qui avaient repris les rapports sexuels dans un
délai allant de 90 à 120 jours après l'accouchement, sont
opposées aux femmes âgées entre 20 et 30 ans vivant sous le
même toit que leur partenaire, ayant un niveau d'instruction secondaire
ou moins, qui exerçaient une activité du secteur secondaire ; en
outre, ces dernières n'avaient participé à aucune
consultation sur la planification familiale, n'avaient pas encore repris ou
avaient repris tardivement (relativement aux autres) les rapports sexuels et
avaient au moins deux enfants.
? Le plan factoriel 1-2 résume l'information contenue
sur les deux premiers axes factoriels, et restitue 19,69 % de l'inertie totale
du nuage. Il décrit clairement l'opposition entre les femmes
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qui utilisaient au moins une méthode contraceptive
(moderne ou traditionnelle), et les femmes qui n'utilisaient aucune
méthode. La figure ci-dessous schématise l'information contenue
dans ce plan.
Figure 17 : Plan factoriel 1 - 2.
Source : Auteur (Données du CPC)
- Les utilisatrices des méthodes contraceptives : les
femmes qui utilisaient une méthode contraceptive avaient en
général entre 2 et 4 enfants, avaient déjà repris
les rapports sexuels, ceci dans un délai d'au plus 60 jours après
l'accouchement et vivaient sous le même toit que leur conjoint. Ce
dernier était plutôt favorable à l'utilisation des
méthodes contraceptives, et était très impliqué
dans la précédente grossesse.
- Les non utilisatrices des méthodes contraceptives :
en ce qui concerne les femmes qui n'utilisaient aucune méthode
contraceptive, elles n'avaient pas encore repris les rapports sexuels ou les
avaient repris tardivement relativement aux autres femmes (plus de 120 jours
après
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l'accouchement) ; de plus, elles n'avaient pas eu de
conversation sur les méthodes contraceptives avec le partenaire et au
moins un membre du couple souhaitait avoir d'autres enfants.
? L'espace formé par les trois premiers axes factoriels
restitue 25,80 % de l'inertie total du nuage. Cinq grands groupes de femmes
peuvent se distinguer sur la figure 18 :
- Le premier groupe est constitué des femmes
âgées de plus de trente ans, qui avaient au moins cinq enfants, et
qui ne désiraient plus en avoir d'autres ;
- Le second groupe est constitué des femmes
mariées qui entretenaient une relation avec leur partenaire depuis plus
de cinq ans ;
- Le troisième groupe est constitué des femmes
qui vivaient sous le même toit que leur partenaire, avaient entre deux et
quatre enfants et avaient repris les rapports sexuels depuis l'accouchement.
Ces femmes trouvaient que leur conjoint était impliqué dans le
déroulement de la grossesse précédente, et ce dernier
était favorable à l'utilisation des méthodes
contraceptives : ce profil caractérise les femmes qui utilisaient une
méthode contraceptive ;
- Le quatrième groupe est constitué des femmes
qui avaient au plus 30 ans, qui entretenaient une relation avec leur partenaire
depuis au plus cinq ans et désiraient avoir d'autres enfants. De plus
ces femmes n'avaient pas repris les rapports sexuels depuis l'accouchement, ou
les avaient repris dans un délai supérieur à 120 jours,
et, n'avaient eu aucune conversation sur les méthodes contraceptives
avec le conjoint : ce profil caractérise les femmes qui n'utilisaient
aucune méthode contraceptive ;
- L'ultime groupe est celui constitué des femmes
célibataires, et donc qui ne vivaient pas sous le même toit que
leur partenaire ; aussi, ces femmes avaient au plus un enfant vivant.
L'on note cependant que toutes les modalités ne sont
pas forcément bien représentées dans notre espace de
projection, et certains groupes de femmes ne se distinguent pas clairement
selon l'utilisation ou non des méthodes contraceptives. On conclue qu'on
ne pourrait s'arrêter à ce niveau d'analyse pour définir
nos profils, et donc une classification est nécessaire pour
résoudre cette difficulté et affiner notre analyse.
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Source : Auteur (Données du CPC)
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Figure 18 : Espace formé par les trois
premiers axes factoriels.
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