WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

( Télécharger le fichier original )
par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION GENERALE

De 1946-1960, le Togo a vécu sous le multipartisme. Les différents partis s'opposèrent quant à l'échéance d'accès à l'indépendance. Ces difficultés liées à l'accès à l'indépendance se cristallisèrent plus tard et on assista à une première tentative d'institution du parti unique en 1961. Celui-ci fut accusé d'avoir mis à mal l'harmonie sociale. Ce projet fut écourté par un coup d'Etat en 1963 qui fut suivi d'un autre en 1967. Les partis politiques identifiés comme le noeud furent à nouveau dissous. En lieu et place, il fut créé un parti unique : le RPT qui monopolisa l'activité politique jusqu'en 1990.

Né de la volonté des dirigeants soucieux de résoudre définitivement les problèmes de violences à caractères politiques, le RPT sous la direction de son président-fondateur le général d'armée Gnassingbé Eyadema ambitionnait d'épouser les aspirations du peuple du moins dans sa majorité. La réalisation de l'unité supposant la mise en oeuvre de divers moyens, le parti ne ménagea aucun effort pour y parvenir. De la politique de réconciliation nationale à celle d'un développement équilibré du pays, le tout dans l'esprit d'une justice sociale équitable, tout fut mis en oeuvre pour aboutir à l'unité.

Au regard de son oeuvre, l'on peut affirmer que le RPT a vécu et il a tant soit peu contribué à l'édification de la nation. En dépit de ces efforts fournis dans l'édification de l'unité nationale, le parti laissa voir les limites de la volonté politique avec le retour en force des anciens maux après deux décennies d'accalmie.

Les effets pervers inhérents au parti unique (verrouillage politique, la personnalisation du pouvoir et la main mise du parti sur l'Etat) et certains comportements tels que ceux qui ont consisté à vilipender les précédents régimes, ont constitué un handicap à l'atteinte des résultats. Ils ont au contraire, creusé un fossé entre les tenants du pouvoir et une partie de la population nostalgique des précédents gouvernants qui d'ailleurs n'ont pas rallié l'initiative politique.

D'abord instrument d'union comme l'indique son nom même ainsi que sa devise et son hymne, le parti fut utilisé à d'autres fins notamment, pour consolider le pouvoir du chef. L'unité nationale a été plus un moyen de consolidation du pouvoir et de main mise du parti sur l'Etat qu'un but et le parti unique fut le tremplin. La recherche de l'unité s'est faite au mépris des droits de l'homme (liberté d'expression, syndicale, etc.).

Le parti unique avait fait fi dans son fonctionnement, de la « palabre127(*) », une des pratiques usuelles dans la résolution des conflits en Afrique. La pensée unique qu'il a véhiculée a contrairement, à ce que l'on avait souhaité contribué aux cassures sociales constatées avec l'avènement du multipartisme. Les frustrations et les rancoeurs ont été étalées au grand jour, mettant en cause la cohésion nationale tant souhaitée.

L'institution du parti unique a été en général précédée par un coup d'Etat conséquence d'une crise social, politique et économique. Son déclin a été également marqué par les soulèvements populaires, preuve que la politique du parti unique n'a pas été concluante.

La politique du parti unique avait l'avantage d'éviter les manifestations les plus tangibles du manque d'unité lié à la diversité et à l'adversité culturelle par la maîtrise des relents tribalistes et des conflits segmentaires. Ainsi, peut-on dire que le parti unique a été une réponse conjoncturelle à une situation historique donnée caractérisée par la volonté de réaliser l'unité nationale. Mais cette politique devait s'ouvrir peu à peu et disparaître dès lors qu'elle avait permis d'atténuer les clivages sociopolitiques et les conflits qui existaient.

L'unité nationale ne saurait être une donnée. Elle semble plutôt être une fin. En tant que telle, l'édification de l'unité nationale est une quête permanente. Elle doit consister à : créer une communauté politique homogène par réduction des tensions et des disparités, faire disparaître les éléments de division, les facteurs de tension, les situations conflictuelles qui sapent l'unité nationale, promouvoir le respect de la différence ainsi que des libertés fondamentales, promouvoir le bien être des populations sans lequel toute entreprise est vouée à l'échec. Bref, aujourd'hui elle pourrait passer d'une part, par la mise en oeuvre des recommandations de la CVJR.

Au Togo, plusieurs facteurs expliquent les difficultés rencontrées dans les réalisations de l'unité nationale : les contrastes naturels, le déséquilibre socio-économique qui a des causes aussi humaines que naturelles. L'unité nationale prônée est menacée par deux phénomènes qui empoisonnent la vie politique nationale. Le premier, c'est l'usage qu'ont fait les leaders politiques de leur origine soit pour s'attirer l'électorat, soit pour se donner une assise politique. Le deuxième, c'est la bipolarisation de la politique sur une base régionaliste qui voudrait que le pouvoir en place soit assimilé à une région avec pour conséquence d'être rejeté par les ressortissants de l'autre région mais soutenu par « sa » région et qui limiterait l'une des pratiques les plus importantes de la démocratie, l'alternance au pouvoir, la recherche dangereuse d'une rotation ou d'une succession des régions aux commandes de la nation. Dès lors, on peut soutenir avec la CVJR que : « les mémoires collectives ethniques demeurent encore aujourd'hui les principaux cadres des références des individus et groupes sociaux »128(*) et qu'il demeure donc posé la question de l'identité nationale collective, indispensable à l'unité nationale.

Au terme de ce travail, notre sentiment est d'avoir contribué à la connaissance de l'histoire du Togo. Les recherches futures pourraient-elles permettre d'étayer, de préciser et compléter les présents résultats.

* 127 Débat coutumier entre les hommes d'une même communauté. C'est aussi une technique de consultation et de discussion permettant d'associer toutes les catégories sociales d'une communauté à la décision.

* 128 Rapport final de la Commission vérité justice réconciliation volume 1, 2012, p. 56.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand