Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à 1990.( Télécharger le fichier original )par Balowa KOUMANTIGA Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013 |
2.3- La planification, un objet de développement harmonieuxSous le régime du parti unique, le Togo confirme et renforce les bases du développement planifié qui, sur une base bi-décennale, devait le conduire au décollage économique à l'horizon 1985. Les tableaux ci-dessous nous résument pour le premier, les prévisions de financement et pour le second les financements réalisés pour les quatre plans quinquennaux de 1966 à1985. Tableau n° 5 : Tableau récapitulatif des montants des financements prévus des quatre plans quinquennaux de développement économique et social (en millions de francs courants)
Source : Tableau réalisé par nous même sur la base des données du Ministère du plan et de l'industrie, 20 ans d'efforts de planification pour le développement du Togo, p.139. Tableau n° 6 : Tableau récapitulatif des montants des financements acquis des quatre plans quinquennaux de développement économique et social (en millions de francs courants)
Source : Tableau réalisé par nous même sur la base des données du Ministère du plan et de l'industrie, 20 ans d'efforts de planification pour le développement du Togo, p.139. Un rapprochement entre les deux tableaux nous permet de constater les taux de réalisation suivant : développement rural 50% ; ressources humaines 29% ; infrastructures économiques 100% ; socioculturel 57% ; industrie, Commerce et artisanat 145% et un taux global d'environ 88%. Quel bilan peut-on dresser des efforts de décollage économique et de développement ? La politique de l'égalité sociale permit sur le plan scolaire une diversification et une abondance de compétences sur le plan national. Elle aboutit à la réforme de l'enseignement en 1975. Sur le plan sanitaire elle permit l'extension de la couverture sanitaire par le rapprochement des centres de soins avec pour conséquence la réduction du taux de mortalité, la lutte contre les grandes pandémies et l'augmentation de la population qui passa de 2,10 millions d'habitants en 1971 à 3,24 millions en 198799(*). Les efforts sur le plan agricole ont été couronnés par l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Sur le plan industriel, c'était la diversité des unités industrielles ainsi que de la production. Sur le plan culturel, la politique de l'authenticité culturelle au delà des préjudices, a permis pour un temps soit peu de remettre la culture traditionnelle à l'honneur par la promotion des habitudes authentiques (habillement, alimentation...). Bien menée, elle pouvait avoir des incidences économiques notamment, permettre de promouvoir les produits locaux et donc de booster la production locale. Ces efforts ont été accompagnés par le concours de l'aide extérieure au développement qui représente en 1990, 203 484 000 dollars dont 54% en dons et 56% sous forme de prêts100(*). Pour les trois derniers plans quinquennaux (voir le tableau ci-dessous) et pour les secteurs des équipements administratifs et de l'industrie, du commerce, et de l'artisanat elle représente environ 75% du financement total. Tableau n° 7 : Tableau récapitulant deux secteurs avec leur financement interne et externe
Source : 20 ans d'efforts de planification pour le développement du Togo : Méthodologie, évolution macroéconomique, bilan physique, bilan financier, p. 135. Globalement les quatre plans ont connu un succès. Ils ont été financés à hauteur de 87,73% et le PIB a connu une nette évolution passant de 43,5 milliards de francs CFA en 1965 à 312,8 milliards de francs CFA en 1985. Le taux de croissance annuel moyen fut de 10,4% et le PIB a plus que doublé de 1970 à 1977, triplé de 1970 à 1980 et quadruplé de 1970 à 1984. La période 1967 - 1977 fut celle de croissance économique accélérée induite par une conjoncture favorable (hausse des cours des matières premières). Ceci ne doit pas occulter certains écueils liés tant à la gouvernance qu'aux aléas de la conjoncture mondiale. Cette période de relative prospérité fut suivie d'une période de tassement de la croissance occasionnée par une conjoncture défavorable (baisse des cours des matières premières, crise énergétique, sécheresse) doublée d'une mauvaise gouvernance (corruption, gabegie, favoritisme, laxisme) qui a occasionné au niveau des investissements des éléphants blancs (Menthon 1993 : 164). Il s'ensuivit un blocage du développement qui imposera la suspension du système de planification et la mise en oeuvre des systèmes d'ajustement structurels de la banque mondial et des plans financiers du Fonds monétaire international qui seront poursuivis tout le long de la décennie 1990. En fait, du fait des évolutions divergentes de ses ressources et de ses emplois, l'économie togolaise est devenue structurellement débitrice. Les politiques d'ajustements mises en oeuvre depuis la fin de la décennie soixante-dix (70) n'ont guère inversé cette tendance en raison, principalement, de l'atrophie de l'investissement. En effet, les résultats attendus de la mise en oeuvre des PAS n'ont pas été effectifs. Ces programmes ont perpétué la dépendance du Togo vis-à-vis de l'extérieur. Les ressources financières reçues de l'extérieur ont servi à payer en priorité la dette de l'extérieur. Or, pour réaliser un développement auto-entretenu, il avait fallu dégager une épargne intérieure suffisante pour l'investissement101(*). Il faut ajouter à cela la faiblesse de l'épargne nationale, la pression démographique, le problème des investissements complémentaires, l'apathie administrative, et la conjoncture internationale qui ont été d'énormes difficultés pour l'économie togolaise et qui ont repoussé le décollage économique aux calandres grecs. Les difficultés économiques des années 1980, leurs répercutions sociales auxquelles s'ajoutent les antécédents politiques ainsi que les abus du parti unique, constituèrent une matrice aux soulèvements de 1990. * 99 Direction de la statistique, Ministère du plan et des mines. * 100 Rapport du PNUD sur l'aide au Togo en 1990, Menthon 1993 : 258. * 101 Dans l'état actuel des choses, l'épargne privée (ménages et entreprises), est quasi inexistante si l'on sait l'importance de la consommation au revenus dans nos économies encore largement auto-consommatrices. |
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