2.2. Cadre empirique de la recherche
Il faut commencer par faire ressortir l'insuffisance de
littérature sur les cultures maraîchères au Bénin,
plus précisément dans l'Atacora-Donga. Malgré cette
carence de littérature sur les cultures maraîchères dans la
zone d'investigation s'agissant des aspects socio-économiques, il existe
néanmoins quelques recherches dont les résultats sont plus ou
moins concluantes et ont servi dans le cadre de la présente recherche.
Assogba et al. (2007), ont montré que parmi les légumes
locaux, les légumes feuilles occupent une place
prépondérante. Ainsi, de
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nombreuses espèces de légumes feuilles soit
spontanées (Vitex, feuilles de moringa, talinum, etc.), soit les
légumes feuilles cultivés comme les amarantes (Amaranthus
hybridus et Argantea), la grande morelle (Solanum macrocarpum), le Corchorus
olitorius etc... sont consommées dans les sauces. Selon Agli, (2000), la
consommation des légumes feuilles locaux est plus élevée
dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Cependant Assogba et
al. (2002) ont estimé dans leur étude que la
contribution économique et sociale de la production des légumes
en zones urbaines et périurbaines est limitée par plusieurs
facteurs dont les attaques d'insectes et des pathologies, le difficile
accès aux terres, et les risques liés à
l'écoulement des légumes.
Par ailleurs, et selon Amoussougbo (1993), la
problématique du droit foncier en milieu urbain constitue un obstacle
aux investissements des producteurs dans des aménagements ou de
nouvelles techniques de production. De même, l' utilisation excessive
d'engrais due à l'exiguïté des aires
maraîchères et la mauvaise utilisation des pesticides
présentent des conséquences sur la santé des consommateurs
du fait de la présence des résidus dans les légumes et sur
l'environnement par contamination de la nappe phréatique.
Sur le plan économique, les maraîchers sont
souvent confrontés à des risques élevés dus aux
attaques d'insectes et pathologies ayant pour conséquences une
augmentation des coûts de production et une diminution des prix de vente
du fait du faible niveau du pouvoir d'achat des consommateurs (Adégbola
et Singbo, 2001). Contrairement à ces problèmes souvent
très documentés, les informations relatives aux facteurs
déterminant la lutte contre les ravageurs sont marginales. Selon ces
auteurs, cette étude qui vise donc à évaluer les facteurs
socio- économiques qui influençant l'utilisation des pesticides
chimiques pour la production des légumes en zones urbaines et
périurbaines a permis de montrer que les superficies disponibles pour le
maraîchage varient fortement d'une zone à une autre et en fonction
des exploitations.
Les emblavures les plus élevées s'observent au
niveau des exploitations de la vallée de l'Ouémé,
où le maraîchage constitue des activités traditionnelles.
De même, la disponibilité des terres permet aux populations
d'accéder à des surfaces non moins négligeables. A
contrario, les surfaces les plus faibles sont observées dans la zone
intra urbaine qui, dans la plupart des grandes villes de l'Afrique, est
confrontée de plus en plus au problème foncier.
Dans la ville de Cotonou, les sites maraîchers sont
installés dans des domaines publics sans
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une réelle politique foncière
(Hounkpodoté et Tossou, 2001). Cette situation explique également
la faible proportion des maraîchers à l'accès direct
à la terre (achat, héritage et don) dans la zone intra urbaine ;
ce qui n'est pas le cas dans les vallées. La rentabilité des
principaux légumes qui dominent dans les différents
systèmes de culture dans chaque zone traduit la
spécificité de l'agriculture urbaine et péri urbaine au
sud du Bénin en matière de la diversité culturale. La zone
de la vallée supporte des coûts plus faibles que celle des autres
zones. Cela signale la faible intensification du maraîchage dans la
vallée. La culture de l'oignon qui supporte des coûts additionnels
plus élevés en zone côtière est celle qui
génère également des bénéfices additionnels
plus élevés que les autres cultures dans les deux zones. En zone
Intra urbaine, la laitue constitue la culture qui suit l'oignon de la zone
côtière. Par contre, la tomate dans la zone de la vallée,
première culture en termes de rentabilité financière dans
cette zone, génère des bénéfices plus faibles que
l'oignon dans la zone côtière et la laitue en zone Intra urbaine.
Cependant, dans les alternatives de culture que présente chaque zone, la
culture de tomate donne les meilleurs résultats financiers. En effet,
pour chaque unité monétaire (FCFA) investie dans la production
des légumes, le producteur obtient 5,71 Francs CFA de
bénéfice additionnel pour la tomate dans la vallée contre
2,15 FCFA pour l'oignon en zone Côtière et 1,8 FCFA pour la laitue
en zone intra-urbaine (Hounkpodoté et Tossou, 2001). Le maraîchage
donne donc une meilleure productivité marginale des investissements dans
la vallée.
En Septembre 2011, l'Université de Lubumbashi en RD
Congo a mené une recherche sur les facteurs influençant le profit
de la culture du gombo dans les conditions pédoclimatiques de
Lubumbashi. Les résultats ont démontré que le gombo est
l'une des spéculations les plus rentables par rapport aux autres
cultures maraîchères. Toutefois, ils estiment que
l'élément réduisant le profit que pourraient tirer du
gombo les producteurs est le transport. Ils concluent alors que pour
améliorer le profit tiré du gombo, il faudrait d'une part
minimiser les coûts de transport, les écarts entre les prix de
marché et ceux à la production et d'autre part maîtriser
l'itinéraire technique.
Toujours, conformément au présent thème,
Fanou (2008) a mené des recherches sur la rentabilité
financière et économique des systèmes de production
maraîchers au Sud-Bénin en appliquant par contre la Matrice
d'Analyse des Politiques. Fanou (2008) affirme que la tomate et le chou sont
des cultures maraîchères cultivées en zone urbaine et
péri-urbaine du Sud-Bénin. Elles contribuent à la
sécurité alimentaire et constituent une source importante
d'emplois et de revenus. Cependant l'usage excessif des pesticides chimiques de
synthèse, et
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de l'eau pour l'irrigation, engendre de nombreux
problèmes sanitaires, environnementaux et économiques. Il affirme
que les cultures maraîchères sont pour la plupart rentables.
Toutefois, l'étude n'est pas axée vers l'estimation des revenus
issus des cultures maraichères mais plutôt sur les
éléments qui justifient sa rentabilité. Les
résultats ont montré que les systèmes de production
utilisant les technologies améliorées sont financièrement
et économiquement rentables. Les systèmes de production de la
zone de bas-fonds composés de variété locale
traitée avec l'insecticide coton sont plus rentables. Ils sont suivis
sur la côte des systèmes de production utilisant l'irrigation
motorisée, l'insecticide coton et les variétés
améliorées.
Savi (2009) a travaillé sur la rentabilité
financière et l'efficacité économique de la production du
crincrin dans la vallée du Mono. Il s'est beaucoup appuyé sur les
maraîchers des communes de Athiémé, Grand Popo et Lokossa ;
une zone qui demeure un des berceaux de la production maraîchère
au Bénin. Pour cette analyse, il a eu à utiliser plusieurs
méthodes. Les tests non paramétriques pour des données
qualitatives, les analyses de statistiques descriptives. L'approche
stochastique des frontières de production et de coût a
été utilisée pour évaluer les niveaux
d'efficacité technique, allocative et économique des
unités de production. Il en ressort que la production du crincrin dans
cette zone est très rentable. Bien qu'il existe des axes
d'amélioration pour de meilleures efficacités que ce soit
techniques allocatives ou économiques, la production du crincrin dans la
vallée du Mono génère assez de ressources à ceux
qui s'y adonnent. Elle est essentiellement pratiquée par des femmes.
Aussi, Savi (2009) s'est alors évertuée à rechercher les
facteurs pouvant expliquer ces niveaux de performances remarquées dans
les unités de production du crincrin dans la vallée. Il en
ressort que les déterminants des efficacités sont essentiellement
la taille du ménage, la superficie totale emblavée en crincrin,
l'application de pesticides qui apparaissent tous significativement
négatifs.
Pour réduire la pénibilité du travail au
niveau de la transformation du gombo, des efforts de mécanisation du
tranchage des fruits et de modernisation du séchage ont
été entrepris mais sans grand succès. La demande de
consommation du Bénin en gombo est de 43.893 tonnes. Comparé
à l'offre disponible (47.403 tonnes), le pays paraît autosuffisant
en matière de gombo. Malgré cette autosuffisance, le pays connait
une période de pénurie qui va de mai à juillet. Pour ces
auteurs, le gombo se produit seulement en culture pluviale au Nord. Du fait, la
partie Nord dépend en partie des productions de décrue du
Sud-Bénin de février à mars ; le gombo séché
venant compléter cet apport. Cette étude a
révélé que le département de
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l'Atacora (1er producteur de gombo au Bénin)
et réunissant avec la Donga 36% de la production nationale de gombo
dispose des atouts naturels pour se positionner sur le marché de gombo
au Bénin. Mais ces deux départements ne produisent que du gombo
pluviale qui en même temps qu'elle est abondante au Nord l'est aussi au
Sud. L'Atacora-Donga gagnerait donc, d'après Onibon et Ofio, à
mieux à se positionner sur la production de contre saison du gombo pour
peu qu'elle réduise le coût de production et améliore la
productivité.
La production du gombo au Bénin est
évaluée en moyenne à 16.438 tonnes avec un rendement de
3.441kg/ha. La production du gombo a contribué depuis 2007 à plus
de 15% du P11B maraîcher soit environ 2% du P11B agricole (Onibon et
al., 2011). Pour ces auteurs, le département de l'Atacora,
premier producteur du gombo au Bénin, et réunissant avec la Donga
36% de la production nationale de gombo, dispose des atouts naturels pour se
positionner sur le marché de gombo au Bénin. Parmi les grandes
zones de production maraîchère au Bénin, outre les zones
urbaines et périurbaines, certaines zones comme les alentours des
retenues d'eau et les vallées sont de grands pôles qui fournissent
divers produits maraîchers aux consommateurs urbains. Plusieurs auteurs
affirment cependant que la culture maraîchère au Bénin est
essentiellement pluviale, se reposant presque exclusivement sur les
légumes locaux (piment, tomate, grande morelle, crincrin et Gombo). Ces
cultures se pratiquent selon eux une seule fois dans l'année au cours de
la période de décrue (période de basses eaux). Je veux
citer Singbo et Nouhoeflin, (2005). Toujours, dans le même ordre
d'idées, Ofio et Onibon (2011) affirment que dans la commune de
Kèrou, seul le gombo pluvial est produit car la partie Nord du
Bénin dépend en partie des productions de décrue du
Sud-Bénin.
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