2.2.3. Action sur le taux
d'intérêt
En intervenant par le taux d'intérêt, les
autorités monétaires agissent sur le prix de la monnaie. Les
banques centrales disposent des deux instruments quant à ce : le
concours à un taux fixe (discompt rate policy ou politique de
réescompte) et les interventions sur le marché des capitaux (open
market Policy).
A. Politique de réescompte
Le taux de réescompte est abordé comme
instrument de la politique monétaire. Lorsqu'une banque commerciale se
retrouve à cours des liquidités, elle peut s'adresser à
l'institut d'émission en lui demandant de réescompter une partie
de titres représentatifs de ses créances sur l'économie
qu'elle dispose dans son portefeuille.
Quand la banque centrale prête aux banques, on dit
qu'elle le fait à travers la fenêtre. En répercutant la
hausse ou inversement la baisse du taux de réescompte sur le coût
du crédit, les banques changent les conditions dans lesquelles
s'opère le financement de l'économie.
Le principe de la politique monétaire par le taux
directeur consiste pour l'institut d'émission à utiliser la
maîtrise qu'elle exerce sur la liquidité des banques afin d'agir
sur leur taux, en leur donnant plus ou moins de latitude pour assurer leur
trésorerie, en rendant plus ou moins coûteuse cette
trésorerie.
Cette action se ressent en premier lieu sur le
marché interbancaire avec in fine, étant donnée la place
centrale des banques au sein du système financier, une large diffusion
de ses effets sur l'ensemble des conditions de financements de
l'économie et des placements financiers.
Ainsi, comme instrument de la politique monétaire
de la banque centrale, le taux directeur influe, par le truchement des taux
créditeur et débiteur, sur les activités des banques et
par ricochet, influe sur la marge d'intérêt bancaire. Dans la
mesure où les banques fixent leurs taux de base en fonction des taux
inte rbancaires, le processus de diffusion peut être
présenté comme suit :
Graphique N°1 : Processus
séquentiel des taux d'intérêt
Taux de base
Taux directeur
Taux interbancaire
Taux débiteur
Demande de crédit
Taux créditeur
Collecte de dépôt
Source :
Mukundi Nyembo E., cours des questions spéciales en théories et
politique monétaire, L2 Économie monétaire, Faseg, UPN,
Kinshasa, inédit.
Quand bien même que la politique de
réescompte soit le principal instrument de la politique monétaire
dans les économies d'endettement comme celle de la République
Démocratique du Congo, elle se place de plus en plus au second plan dans
les pays où prédomine la finance du marché à
l'instar des États Unis d'Amérique.
En France par exemple, à partir de 1971 et la mise
en application du rapport de MARJORLIN-SADRIN-WORMSER, les autorités
monétaires ont voulu marginaliser la procédure du
réescompte au profit des opérations à taux variables.
Toutefois, la banque centrale peut, par ailleurs, agir
directement sur le marché monétaire et sur le marché
financier, en achetant ou en vendant des titres négociables afin
d'influencer sur les cours de ces titres et donc leur taux
d'intérêt. Cette politique est désignée chez les
Anglo-saxons« open market policy ».
B. Open market policy
Les interventions de la banque centrale sur le
marché dépendent d'un pays à un autre, de la grandeur d'un
marché à un autre.
Dans le pays où le marché est étroit,
les interventions des autorités monétaires concernent le
marché interbancaire ou au besoin le marché monétaire.
Dans ce cas, les interventions visent les modifications des taux
d'intérêt des banques. Telle était la situation de la
France avant l'Euro.
En principe, cette première modalité
d'intervention de l'institut d'émission sur le marché
monétaire stricto sensu parait loin d'être qualifiée d'open
market au sens américain. Une autre modalité d'intervention est
celle qui s'effectue sur le marché monétaire au sens large. Les
titres qui servent de support ou produits dans ce cas, ce sont les effets de
commerce, mais principalement et surtout les bons du trésor.
Alors que dans le premier cas, l'intervention sur le
marché monétaire pour réguler la liquidité
bancaire, il ya hésitation de parler d'open market policy, dans ce
second cas, les interventions visent l'achat ou la vente des titres sur le
marché financier.
Les opérations d'open market consistent donc en la
vente et l'achat des obligations d'État par la banque centrale sur le
marché financier. Ces opérations ne sont faisables que dans les
économies où le marché des capitaux est profond.
Le principe de la politique monétaire avec
l'instrument d'open market est qu'en vendant sa propre monnaie sur
marché en contrepartie des obligations de l'État, la banque
centrale vise à accroitre la liquidité de l'économie au
travers de la base monétaire, et donc de l'offre de la monnaie, par
cette nouvelle injection.
En revanche, en achetant la monnaie centrale en
contrepartie des obligations d'État ou d'autres titres similaires,
l'institut d'émission vise à ponctionner la liquidité de
l'économie.
En effet, réduisant la liquidité au sein de
l'économie, la banque centrale freine l'ascendance de la base
monétaire, par ricochet de l'offre de monnaie, et des
spéculations autour de la monnaie nationale.
Par pratique de l'open market, la banque centrale invite
les banques à lui faire des propositions, soit en taux
d'intérêt qu'elles sont disposées à payer pour
obtenir un montant donné de monnaie centrale, soit en quantité de
monnaie centrale souhaitée au taux d'intérêt fixé
par la banque centrale. La tendance se manifeste à combiner les deux
modalités d'intervention des banques centrales sur le marché
monétaire. C'est la technique d'adjudication.
Ces interventions de la banque centrale influent sur le
marché via deux mécanismes :
· L'effet de liquidité : l'achat ferme de
titre par la banque centrale élargit la liquidité bancaire et
corollairement baisse le taux d'intérêt, alors que la vente la
réduit et, conséquemment, hausse le taux
d'intérêt ;
· L'effet signal : dépend de la
perception qu'ont les acteurs du marché sur la crédibilité
de la politique monétaire.
En pratique, les effets de signal et de liquidité
s'exercent simultanément : ainsi, une baisse du taux au jour le
jour, pilotée par la banque centrale induit mécaniquement un
effet de liquidité de même qu'elle peut signaler aux acteurs du
marché la confiance des autorités quant à
l'évolution future du taux de change et de l'inflation.
Contrairement au système des réserves
obligations qui affecte la demande de la monnaie centrale par les banques au
travers de la constitution ou l'utilisation de leurs réserves, l'open
market policy comme politique de réescompte affecte et la base
monétaire et le taux d'intérêt interbancaire, deux
objectifs opératoires de la politique monétaire.
Par ailleurs, l'open market policy se démarque de
la politique de réescompte dans la prise d'initiative. Elle provient des
privés (banques) pour la politique de réescompte, alors qu'elle
l'est de la banque centrale pour l'open market Policy.
La technique d'open market, d'abord
privilégiée aux États Unis et au Japon, s'est
étendue en Europe et a été adoptée par la BCE. Dans
sa définition initiale, cette technique désignait les
opérations d'achats et ventes fermes (définitives) par la banque
centrale de titres publics.
Aujourd'hui, elle concerne toutes les opérations
qu'effectue la banque centrale sur les marchés, que ces
opérations soient définitives (achats ou ventes fermes) ou
temporaires (pensions). Elles peuvent porter sur des titres publics ou
privés.
Pour clore ce point, il sied de noter que les instruments
de la politique monétaire affectent les activités des banques,
spécifiquement l'intermédiation financière, parce qu'elles
sont liées à la monnaie centrale. En effet, la difficulté
de trésorerie des banques peuvent avoir une triple
origine :
· La reconstitution de leurs réserves à
la suite des billets et des crédits qu'elles accordent ;
· L'existence des transferts à
l'étranger ;
· L'obligation de conformer les réserves
obligatoires.
N'étant pas à mesure de résoudre ce
problème de la trésorerie par les ressources propres ou celles
collectées, les banques recourent au marché
généralement interbancaire. Les systèmes bancaires
étant structuralement plus emprunteurs que préteurs, sur le
marché interbancaire l'équilibre est quasiment rompu, la demande
de la monnaie centrale excédant l'offre. Les banques finissent par se
refinancer auprès du préteur en dernier ressors, l'institut
d'émission qui, in fine, a la main mise sur toutes les activités
financières.
Dans centaines économiques, et à une
centaine époque, les actions sur les liquidités bancaires n'ont
pas permis aux banques centrales de contrôler efficacement l'expansion de
l'offre de monnaie. A cet effet, elles ont fait recours à des
interventionnismes directs ou l'action sur la distribution du
crédit.
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